Inti Solidarité Nicaragua Amérique Centrale - Dossiers2024-03-15T20:43:32+00:00urn:md5:907eed53dfae03cc7337bbe6fa447ee4DotclearGUATEMALA Assassinat de Domingo Choc, médecin traditionnel et guide spirituel mayaurn:md5:576ce56a08c4c965438c049fe34089ba2020-11-19T21:11:00+01:002020-11-19T21:15:18+01:00Ruth MOUGELDossiers<p><img src="http://asso-inti.org/public/.Domingo_Choc_s.jpg" alt="Domingo Choc.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Domingo Choc.jpg, nov. 2020" />
Au Guatemala, la police a arrêté deux hommes et deux femmes soupçonnés de meurtre après qu’un guide spirituel autochtone Maya respecté a été torturé, aspergé d’essence et brûlé vif après avoir été accusé de sorcellerie. Cela s'est passé en été 2020.<br /></p>
<p>Domingo Choc Che, 55 ans, expert en phytothérapie traditionnelle qui avait travaillé avec des chercheurs de l’University College London, a été saisi samedi soir dans sa maison du village de Chimay par un groupe de personnes.<br /></p>
<p>Les ravisseurs l’ont accusé d’avoir organisé une cérémonie sur une tombe familiale et l’ont torturé et battu pendant plus de 10 heures avant de l’incendier dimanche matin, selon un procureur local. Trois autres suspects sont toujours en fuite.<br /></p>
<p>Une vidéo largement partagée de ses derniers moments montre Choc Che en flammes et implorant de l’aide avant de s’effondrer. Personne ne vient à son aide.
Son assassinat a suscité l’indignation au Guatemala et au-delà, et évoque de sombres souvenirs de la guerre civile génocidaire du pays, au cours de laquelle la population indigène a été soumise à une cruauté systématique.<br /></p>
<p>«Nous sommes indignés. Comment est-il possible que notre propre peuple se comporte de façon aussi ignorante? » a déclaré Jose Che, le secrétaire de l’association des conseils spirituels Relebaal Saqe du Guatemala.<br /></p>
<p>«Il y a depuis longtemps de la discrimination et du racisme contre les Mayas. Ils ne respectent pas notre cosmovision, notre spiritualité. »
Choc Che était un ajilonel, ou spécialiste de la médecine maya, mais il avait participé à une série de projets de recherche scientifique et travaillé à conserver les connaissances traditionnelles et les remèdes à base de plantes.<br /></p>
<p>« Nous avons perdu une bibliothèque de connaissances et un grand-père qui avait une vaste connaissance de la médecine et de la façon de prendre soin de la terre », a déclaré Mónica Berger, sociologue et anthropologue à l’Université de la vallée du Guatemala.<br /></p>
<p>Choc Che était l’un des 30 participants à un projet lancé en mai 2019 pour documenter les plantes médicinales traditionnelles dans le département reculé de Petén. Le projet a été lancé en collaboration entre University College London, Zurich University et University of the Valley.<br /></p> <p>« C’est une atrocité, une énorme violation des droits humains les plus fondamentaux et laisse un sentiment d’impuissance », a déclaré Michael Heinrich, biologiste à l’UCL. «Le projet doit se poursuivre dans sa mémoire.»<br /></p>
<p>Ce meurtre a donné lieu à des comparaisons avec la sombre histoire de la guerre civile qui a duré 36 ans au Guatemala.<br /></p>
<p>Entre 1960 et 1996, plus de 200 000 personnes ont été tuées et 45 000 autres disparues, dont beaucoup de civils. Selon une commission vérité de l’ONU, 80% des victimes de violations des droits de l’homme pendant la guerre étaient des autochtones, ce qui a conduit l’ONU et l’église catholique à désigner la violence contre les peuples autochtones comme des actes de génocide.<br /></p>
<p>« Il était un exemple d’un Guatémaltèque respectueux et tolérant qui parlait entre les cultures et les générations », a déclaré Berger. « Mais maintenant, sa mort est devenue le symbole d’un problème systémique. »<br /></p>
<p>Les accords de paix de 1996 reconnaissent pour la première fois les droits des peuples autochtones à leurs traditions et à leur spiritualité. Mais la persécution continue contre ceux qui pratiquent le spiritisme maya, qui est souvent appelé «sorcellerie» par les groupes religieux chrétiens conservateurs.<br /></p>
<p>« Avant les accords de paix, il y avait une claire persécution des guides spirituels mayas et des herboristes traditionnels », a expliqué Claudia Samayoa, l’une des fondatrices de l’organisation des droits de l’homme Udefegua.<br /></p>
<p>«Mais le Guatemala n’a pas réussi à démanteler cette vision de l’époque coloniale selon laquelle la« sorcellerie »mérite la mort», a déclaré Samayoa. «Il existe des églises néo-pentecôtistes et certaines expressions du catholicisme qui continuent de considérer la pratique de la spiritualité maya comme une forme de sorcellerie.»</p>
<p>.</p>Qui sont les Mayangnas ?urn:md5:96ce97ae9946e051d6868115bc3a444b2020-04-27T09:53:00+02:002020-04-27T09:53:00+02:00Ruth MOUGELDossiers<p>Le nom mayangnas peut se traduire par « nous sommes les fils de notre père le soleil ». On les désigne aussi sous le nom de « sumus ». C’est ainsi que plusieurs populations indigènes furent désignées par les colons espagnols et anglais mais ceci avait une connotation méprisante.<br /></p>
<p>La Côte Atlantique du Nicaragua, décomposée à présent en deux régions autonomes : celle de l’Atlantique Nord, RAAN, et de l’Atlantique Sud, RAAS, fut autrefois un territoire vide. La première population qui l’a habité a été celle des Mayangnas.<br /></p>
<p>Leur origine reste néanmoins incertaine. Venaient-ils du Nord ou du Sud ? Tout ce que l’on sait est qu’ils étaient déjà présents avant l’arrivée d’autres tribus, comme par exemple les Wayah, nom qu’ils donnaient aux Miskitos.<br />
<img src="http://asso-inti.org/public/.sauda_28-2-2020_2_m.jpg" alt="sauda_28-2-2020_2.jpg" title="sauda_28-2-2020_2.jpg, avr. 2020" /></p> <p>Des anthropologues affirment que les Mayangnas sont le seul groupe autochtone de la Mosquitia nicaraguayenne et qu’ils vivaient aussi dans la région atlantique du Honduras. Ils représentaient la population la plus nombreuse de l’Amérique Centrale à l’époque de la colonisation. Leur territoire s’étendait du Rio Patuca au Honduras au Rio Rama au Nicaragua. Par ailleurs les plus récentes études des anthropologues concluent qu’ils existent depuis plus de 6.000 ans, et on les trouve également au Mexique où ils se décomposent en trois groupes linguistiques :<br /></p>
<p>♣ le groupe Macro-Maya<br /></p>
<p>♣ le groupe Utozapoteca<br /></p>
<p>♣ le groupe Utoazteca-Chibcha<br /></p>
<p>La séparation des Chibchas des Utoaztecas a eu lieu au Mexique il y a 8.000 ans et fut le début d’une lente migration des premiers vers le sud.<br /></p>
<p>Les langues mayangna, miskitu et rama descendent de ces groupes Chibchas. D’autres auteurs s’accordent à dire que les peuples Mayangnas, Miskito et Rama sont apparentés aux Chibchas de Colombie, ceci en se référant aux similitudes des langues et des coutumes. Cependant, le plus probable est que les ancêtres de Mayangnas s’établirent au Nicaragua et au Costa Rica pendant la lente migration des Chibchas du Mexique vers la Colombie.<br /></p>
<p>Les noms des rivières et des villages témoignent de leur présence. Quelques exemples :<br /></p>
<p>Waspuk (rivière nébuleuse) – Bilwi (feuille de couleuvre) (aujourd’hui Puerto Cabezas)<br /></p>
<p>Wawa (une sorte de sauterelle) – Bilwas (rivière de serpents) – Saupuka (terre de nuages)<br /></p>
<p>Pisîs (une sorte de courge) – Waspam (une sorte de liane) – Saulala (terre jaune) – Asang (colline)<br /></p>
<p>Il n’existe pas de recensement récent. On estime la population actuelle des deux régions autonomes de la Côte Atlantique à 35 000 habitants. Au total, on dénombre neuf territoires. Sauni As est le premier à avoir reçu de l’Etat du Nicaragua un « titre de propriété territoriale » en mai 2005. D’autres territoires ont reçu leur titre de propriété en 2007, 2009 et 2010.<br />
<img src="http://asso-inti.org/public/.sauda_28-2-2020_5_m.jpg" alt="sauda_28-2-2020_5.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="sauda_28-2-2020_5.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>Se raconte aussi une autre origine : les Mayangnas seraient venus d’Asie pour fuir une situation d’esclavage. Ils se seraient alors enfuis vers l’Est. Après un long exode et de nombreux dangers et difficultés ils seraient arrivés à une terre appelé Nicarao. Cette terre les enchanta et leur permit de vivre tranquillement de la chasse et la cueillette, ceci jusqu’à l’arrivée d’une autre tribu, les Wayah (Miskitos) qui mirent fin à leur tranquillité.<br /></p>
<p>Avec la colonisation par les Anglais qui se sont appuyés sur des Miskitos, des guerres éclatèrent et les Mayangnas se dispersèrent en plusieurs groupes à l’intérieur du pays.<br /></p>
<p>Mythes, légendes, cosmovision<br />
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<p>Un de ces mythes raconte qu’à l’embouchure du rio Patuca au Honduras se trouve un grand rocher sur une colline dans lequel on voit un cordon ombilical, symbole de la naissance du père de tous les indigènes actuels.
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<img src="http://asso-inti.org/public/sauda_28-2-2020_9.jpg" alt="sauda_28-2-2020_9.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="sauda_28-2-2020_9.jpg, avr. 2020" /></p>
<p>La cosmognie des Mayangnas est dominée par la dualité dont les éléments sont inséparables : le masculin et le féminin, le bien et le mal, le jour et la nuit, l’été et l’hiver, la sécheresse et la pluie etc. S’il y a une altération cela provoque un déséquilibre qui dénature tous les composants de la nature.<br />
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<p>Le festival de SAUDA du peuple mayangna<br /></p>
<p>La célébration de la cérémonie annuelle de Sauda est la principale expression culturelle du peuple mayangna. Elle réaffirme l’origine et l’existence des communautés et territoires, les relations sociales et culturelles. Elle confirme dans leur rôle les pouvoirs locaux, territoriaux et nationaux. Les fêtes de Sauda représentent un fait social total à caractère rituel, symbolique et sacré. C’est avec elles que débute le calendrier agricole.
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<p>À l’heure actuelle l’invasion de leurs territoires par des colons est à l’origine de tensions et de changements importants. C’est pour cela que les festivités de Sauda sont devenues des manifestations culturelles très importantes pour la cohésion entre les différentes générations et le maintien des traditions rituelles et spirituelles.<br />
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<p>La signification de la SAUDA <br />
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<p>C’est l’expression du peuple mayangna qui se manifeste dans leur pensée cosmogonique par des cérémonies, des rituels, des repas, des purifications et évoquent les divinités Maisahna et Ituwaneh. Ce sont des espaces de convivialité, de réflexion, de prise de décisions et d’édiction de normes destinées à réguler la vie quotidienne en équilibre et harmonie avec la mère nature. La Sauda permet de recréer et de revivre les traditions sacrées et de renforcer la relation avec les pouvoirs surnaturels des divinités et la terre. C’est une célébration de gratitude pour les récoltes, la chasse, la pêche, les fruits sauvages. Elle permet la transmission des connaissances accumulées tout au long de l’histoire. Les Mayangnas voient la nature comme un tout dont l’homme n’est qu’un des éléments au sein de toute la création.<br />
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<p>Histoire de la SAUDA<br />
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<p>Dans le passé cette fête avait lieu au début de chaque nouvelle année du calendrier ancestral formé par une corde (quipu du Pérou) avec laquelle on faisant un nœud lors de chaque lune jusqu’à la date de la fête. Lors de celle-ci les habitants des différents villages se rassemblaient pour échanger leurs vécus.
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<p>Le personnage qui ouvrait les cérémonies s’appelait Ditalyang ce que signifie « celui qui a des connaissances ». Il était à la fois médecin, leader politique, enchanteur, voyant, guide spirituel et conseiller.
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<p>Le bâton Tulnak fut un élément très important dans les rites et cérémonies. C’était un instrument d’invocation, afin de diriger l’énergie, dessiner les symboles ou un cercle au sol ou encore indiquer la direction d’un danger. Il était élaboré dans du bois de l’Arawa, un arbre que l’on trouve uniquement dans certains endroits du territoire mayangna. Il était sculpté avec des symboles de la nature et décoré de plumes de différents oiseaux.<br /></p>
<p>L’encensoir pour diffuser des parfums était soit en terre, soit en métal ou constitué seulement d’un coquillage. Il restait allumé pendant toute la durée de la cérémonie.<br /></p>
<p>La musique : les musiciens ont toujours été présents avec des instruments en terre, des flûtes, des tambours, des harmonicas et des crécelles dans le but d’altérer la conscience et de créer chez les participants un état hypnotique ou de méditation. Ils accompagnaient des chants et des danses et interprétaient des mélodies de la nature et les chants des oiseaux.<br /></p>
<p>Les plantes sacrées furent aussi utilisées pour provoquer des visions : le datura, le tabac, des champignons, des feuilles de certains arbres.<br /></p>
<p>Il y avait obligation d’abstinence sexuelle et de jeûne. Les femmes ne participaient pas aux cérémonies. Elles préparaient les repas et les boissons. Les hommes participant à la cérémonie enduisaient leur corps avec des pigments de certains arbres ou des fleurs et devenaient pratiquement méconnaissables. Les hommes n’étaient vêtus que d’une bande d’écorce et les femmes d’un tissu autour de la taille jusqu’aux chevilles.<br /></p>
<p>La nourriture et la gastronomie : pendant longtemps, les ressources naturelles permettaient une grande variété de nourritures grâce à la chasse, la pêche et l’agriculture. À présent, l’alimentation n’est plus aussi riche du fait de la destruction des forêts par les colons. Pour les Mayangnas, manger signifie davantage que la seule nécessité de se nourrir. Pour eux les aliments sont un héritage des dieux et des ancêtres. Pendant les festivités, les femmes élaboraient des plats à base de manioc, de maïs, de bananes et de différentes viandes comme le sanglier, les dindes et des poissons. Les boissons étaient faites à partir de bananes, du maïs, de patates douces et de fruits. La chasse étaient également très ritualisée. Les hommes devaient s’abstenir de relations sexuelles et devaient se purifier par des bains aux plantes médicinales. Les chasseurs utilisaient des flèches, mais aussi des armes à feu et des chiens.
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<p>Quelle signification a la SAUDA pour les Mayangnas à l’heure actuelle ?<br /></p>
<p>La terre n’appartient à personne en particulier mais est le patrimoine de toute la communauté. Elle appartient à la fois à un ordre naturel et surnaturel. Les Mayangnas se considèrent comme les enfants de la déesse de la création Maitukiwana et maintiennent avec elle une relation de respect et d’équilibre. L’homme n’est donc pas l’élément principal de l’univers et la terre n’est pas seulement un moyen de production. La terre et le territoire ne sont pas seulement une aire géographique, mais l’expression d’une relation collective incluant le sol, le sous-sol, l’eau, les animaux et les plantes. C’est aussi un espace sacré avec les montagnes et ses étranges formations, les rivières avec les cascades, les bois où le rayon du soleil a du mal à pénétrer et qui sont d’accès difficile.<br />
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<p>Les Mayangnas considèrent que les forces de la nature sont plus grandes qu’eux-mêmes et ont un caractère sacré. Les territoires sont le patrimoine des ancêtres et ils se sentent l’obligation de transmettre cet héritage à leurs descendants.
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<p>Pour les Mayangnas l’agriculture n’est pas une simple activité de production d’aliments, mais est la preuve de l’existence de la vie représentée par les grains, les semences ou la pluie … Le paysan mayangna travaille et s’intègre dans la partie sacrée de la terre-mère. Il prépare sa parcelle avec une cérémonie en demandant pardon aux esprits pour la perturbation qu’il crée par son intervention. La cérémonie de la SAUDA est destinée à assurer bien sûr une bonne récolte, mais aussi d’honorer les dieux et les esprits afin d’établir des relations bénéfiques entre l’homme et les pouvoirs spirituels garantissant la régénération.
Les Mayangnas avaient toute une panoplie de dieux liés à la nature jusqu’à l’arrivée de l’église morave au début des années 1900. Depuis lors, de nombreuses traditions, coutumes et pratiques ancestrales ont été abandonnées. C’est à ce moment-là que des missionnaires, d’abord allemands, puis nord-américains, ont pénétré dans leurs communautés. Ces missionnaires n’ont pas seulement introduit une nouvelle religion, mais aussi de la discorde et du racisme parmi les indigènes ce qui a abouti à une profonde déculturation. Face à cette situation, les Mayangnas ont élaboré une résistance afin de préserver la souveraineté territoriale, conserver une organisation sociale et les croyances ancestrales. Afin d’échapper au contrôle des colonisateurs anglais, ils se sont réfugiés dans les forêts, près des rivières. En définitive, leurs croyances et celles des missionnaires ont fini par, plus ou moins, fusionner. Il n’a pas de refus complet des croyances antérieures, ni d’acceptation intégrale de la nouvelle religion.<br />
<br /></p>
<p>Le gouvernement de la Nation Indigène Mayangna et les gouvernements territoriaux par leur programme « Education et Culture » se chargent de promouvoir la recherche et la diffusion de toutes les expressions, manifestations, connaissances et pratiques du peuple mayangna.
<br /></p>L’éducation au Nicaragua et dans les autres pays d’Amérique Centrale en 2017 Réalités et défisurn:md5:1b3417171ad9979337a93b2fa8bf4e612017-04-24T19:56:00+00:002017-04-24T19:56:05+00:00Ruth MOUGELDossiers<p><br /></p>
<h3>Introduction<br /></h3>
<p>Dés le premier voyage de Ruth au Nicaragua en 1986 et sa rencontre avec Rosario Pasquier la question de l’éducation a été immédiatement centrale et, comme vous le savez tous, cela ne s’est jamais démenti depuis lors puisque c’est pour cet objectif que Ruth a fondé l’association INTI en février 1992, il y a 25 ans. Nous vous avons rendu compte de l’action actuelle de l’association lors de l’assemblée générale du 22 février dernier au cours de laquelle nous avons eu le bonheur d’accueillir Rosario et sa nièce Ileana.<br /><br />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.taller_madron_o_m.jpg" alt="taller_madron_o.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="taller_madron_o.jpg, avr 2016" />
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taller de pintura Madrono<br /></p>
<p>Personne ne niera que l’éducation est effectivement au centre de l’histoire de toutes les nations et qu’elle fut et demeure soumise à des enjeux politiques, idéologiques et économiques. Cela fut vrai lors de la Révolution française : elle crée en 1791 un Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative qui lance une enquête sur les établissements d’instruction publique et en 1792 un ministère de l’Instruction publique pour ouvrir l’enseignement primaire à tous. Ensuite au XIXème avec Napoléon 1er, la Restauration et les révolutions de 1830 et 1848, sans omettre la défaite de la France face à l’Allemagne durant la guerre de 1870 et la « Commune de Paris » qui a suivi, il y eut de nombreuses vicissitudes jusqu’à ce que Jules Ferry fasse adopter en 1880 une loi rendant l’école laïque, obligatoire et gratuite de 6 à 13 ans. Pour la mise en œuvre concrète, le mouvement a bénéficié de l’action de grands pédagogues tels que Ferdinand Buisson (1841 – 1932) par ailleurs co-fondateur et président de la Ligue des droits de l’homme (prix Nobel de la Paix en 1927 avec l’allemand Ludwig Quidde).<br />
<br /></p> <p>Au Nicaragua aussi, le fondateur du FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale), Carlos Fonseca (tué au combat en 1976) considérait qu’il était tout aussi important d’apprendre aux militant-e-s à utiliser les armes que de leur enseigner à lire et à écrire. Victorieux le 19 juillet 1979 après plusieurs années de lutte contre la dictature de la famille Somoza, mais plus de 100 ans après la France, les sandinistes ont ainsi fait de l’alphabétisation l’une des priorités de leur programme politique. En effet le taux d’analphabétisme était alors de l’ordre de 50 % et pour marquer cette volonté le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du ministre Fernando Cardenal a décidé de lancer la « croisade de l’alphabétisation » qui a duré 5 mois (de mars à août 1980) et qui a mobilisé de l’ordre de 100.000 personnes, majoritairement des jeunes des villes, tous volontaires et bénévoles et qui ont agi dans les profondeurs du pays (60.000) ainsi que dans les villes (40.000). À l’époque, il y avait un fossé entre les habitant-e-s des villes, qui, pour la plupart, avaient accès à un certain niveau d’éducation et les personnes vivant à la campagne, qui, souvent, n’allaient pas à l’école et vivaient dans des conditions très précaires. Mais le contexte était difficile et dangereux : 66 « brigadistes » ont été tués par ces contre-révolutionnaires durant la croisade.<br />
<br /></p>
<p>Cette croisade s’inspirait directement de la méthode élaborée par le grand pédagogue brésilien Paolo Freire (1921-1997) auteur notamment de l’ouvrage « Pédagogie des opprimés » dans lequel il expose son concept de conscientisation comme potentiel de transformation de la réalité sociale, celle-ci étant en elle-même un processus éducatif. « L’éducation reproduit les dynamiques qui caractérisent le processus historico-social. C’est un acte de savoir et un moyen d’action pour transformer la réalité qui doit être connue ». Paolo Freire a été fortement critiqué – et derrière lui, la croisade de l’alphabétisation - pour avoir dit que toute alphabétisation est politique et qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais d’éducation neutre. Mais qui réellement peut soutenir que c’est erroné ?<br />
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<p>Un exemple vécu. Tout récemment Javier Pasquier, frère de Rosario, a rendu visite avec émotion à la communauté rurale du Rio San Juan qu’il fut chargé d’alphabétiser en 1980. Au retour de cette expérience il est devenu instituteur à Managua puis a été sélectionné pour faire des études d’agronomie en France à l’INRA durant un an en 1985. Il fut le premier Nicaraguayen que nous avons connu. Ensuite, il a travaillé au Centre d’information et d’études pour la réforme agraire dirigé par Orlando Nuñez puis après la défaite électorale des sandinistes de 1990 il est entré dans l’ONG CIPRES fondée par le même Orlando Nuñez. Présentement il est à la tête de la FECODESA, l’une des 5 fédérations de coopératives agricoles du Nicaragua.<br />
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<p>Nous vous avons déjà parlé de cette « croisade de l’alphabétisation » mais si vous voulez en savoir davantage vous pouvez consulter le blog https://terrezer.wordpress.com/nicaragua/histoire-du-nicaragua dont le titre est « Aventure d’un coopér-acteur et d’une coopér-actrice au Nicaragua » qui a été créé par un jeune couple suisse originaires du Valais et de Lausanne faisant un séjour volontaire de 3 années dans le pays en expérimentant de nouvelles méthodes d’enseignement. <br />
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<p>En 2007 le dirigeant sandiniste Daniel Ortega a été réélu comme président du Nicaragua. Les archives de la « croisade nationale d’alphabétisation » ont été alors inscrites au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO en 2007. Dans cette logique, le gouvernement a repris les efforts d’éducation au bénéfice de tous entrepris en 1980 et largement abandonnés durant les gouvernements d’inspiration néolibérale entre 1990 et 2007, avec en particulier la méthode d’alphabétisation « Yo si puedo » (Oui, moi je peux) utilisée à Cuba.<br />
<br /></p>
<p>L’association de parents d’élèves « Doris Maria Morales Tijerino » que nous soutenons travaille dans cet esprit et dans cette direction. Les élèves qui l’ont fréquenté jusqu’au baccalauréat ont généralement de bons résultats à l’université.<br />
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<p>Le gouvernement du Nicaragua a élaboré le « Plan stratégique d’éducation 2011-2013 » destiné à être inclus lui-même dans le « Plan national de développement humain 2012-2016 » et reprenant 5 politiques éducatives nationales :<br /></p>
<p> Davantage d’éducation : accès et couverture<br /></p>
<p> Meilleure éducation : qualité à travers la formation et les capacités des professeurs<br /></p>
<p> Autre éducation : valeurs différentes de celles du modèle éducatif néolibéral<br /></p>
<p> Gestion éducative participative et décentralisée (responsabilité partagée)<br /></p>
<p> Toutes les éducations : intégration, articulation entre sous-systèmes en fonction d’un continuité éducative depuis la naissance jusqu’à la mort.<br />
<br /></p>
<p>Un nouveau plan stratégique d’éducation 2014-2017 et un nouveau plan de développement humains sont entrés en vigueur et, pour les financer, le Nicaragua a obtenu de la Banque Mondiale un nouveau prêt à faible taux d’intérêt.
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<br /></p>
<p>Il existe à Managua un « Musée de l’alphabétisation » (http://www.miracrida.org) confiée à l’association d’éducation populaire Carlos Fonseca Amador présidée par M. Orlando Pineda.<br /><br /></p>
<p>Cependant les défis à affronter demeurent immenses notamment du fait de la pauvreté et cela est vrai de toute l’Amérique Centrale, bien qu’à un degré moindre au Costa Rica et à Panama. <br /></p>
<p>Ce sont ces défis que nous vous exposons ci-après à partir des données disponibles pensant qu’il faut examiner les choses avec réalisme pour espérer les affronter avec succès, ce, bien entendu, avec la participation active de nos amis du Nicaragua et, également, notre solidarité.</p>L’éducation au Nicaragua et dans les autres pays d’Amérique Centrale en 2017 Réalités et défisurn:md5:1724585bd9fbf068cd2c295710f4d60d2017-04-24T19:53:00+00:002017-04-24T19:53:52+00:00Ruth MOUGELDossiers<h3>Introduction<br /></h3>
<p>Dés le premier voyage de Ruth au Nicaragua en 1986 et sa rencontre avec Rosario Pasquier la question de l’éducation a été immédiatement centrale et, comme vous le savez tous, cela ne s’est jamais démenti depuis lors puisque c’est pour cet objectif que Ruth a fondé l’association INTI en février 1992, il y a 25 ans. Nous vous avons rendu compte de l’action actuelle de l’association lors de l’assemblée générale du 22 février dernier au cours de laquelle nous avons eu le bonheur d’accueillir Rosario et sa nièce Ileana.<br /><br />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.taller_madron_o_m.jpg" alt="taller_madron_o.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="taller_madron_o.jpg, avr 2016" />
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taller de pintura Madrono<br /></p>
<p>Personne ne niera que l’éducation est effectivement au centre de l’histoire de toutes les nations et qu’elle fut et demeure soumise à des enjeux politiques, idéologiques et économiques. Cela fut vrai lors de la Révolution française : elle crée en 1791 un Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative qui lance une enquête sur les établissements d’instruction publique et en 1792 un ministère de l’Instruction publique pour ouvrir l’enseignement primaire à tous. Ensuite au XIXème avec Napoléon 1er, la Restauration et les révolutions de 1830 et 1848, sans omettre la défaite de la France face à l’Allemagne durant la guerre de 1870 et la « Commune de Paris » qui a suivi, il y eut de nombreuses vicissitudes jusqu’à ce que Jules Ferry fasse adopter en 1880 une loi rendant l’école laïque, obligatoire et gratuite de 6 à 13 ans. Pour la mise en œuvre concrète, le mouvement a bénéficié de l’action de grands pédagogues tels que Ferdinand Buisson (1841 – 1932) par ailleurs co-fondateur et président de la Ligue des droits de l’homme (prix Nobel de la Paix en 1927 avec l’allemand Ludwig Quidde).<br />
<br /></p> <p>Au Nicaragua aussi, le fondateur du FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale), Carlos Fonseca (tué au combat en 1976) considérait qu’il était tout aussi important d’apprendre aux militant-e-s à utiliser les armes que de leur enseigner à lire et à écrire. Victorieux le 19 juillet 1979 après plusieurs années de lutte contre la dictature de la famille Somoza, mais plus de 100 ans après la France, les sandinistes ont ainsi fait de l’alphabétisation l’une des priorités de leur programme politique. En effet le taux d’analphabétisme était alors de l’ordre de 50 % et pour marquer cette volonté le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du ministre Fernando Cardenal a décidé de lancer la « croisade de l’alphabétisation » qui a duré 5 mois (de mars à août 1980) et qui a mobilisé de l’ordre de 100.000 personnes, majoritairement des jeunes des villes, tous volontaires et bénévoles et qui ont agi dans les profondeurs du pays (60.000) ainsi que dans les villes (40.000). À l’époque, il y avait un fossé entre les habitant-e-s des villes, qui, pour la plupart, avaient accès à un certain niveau d’éducation et les personnes vivant à la campagne, qui, souvent, n’allaient pas à l’école et vivaient dans des conditions très précaires. Mais le contexte était difficile et dangereux : 66 « brigadistes » ont été tués par ces contre-révolutionnaires durant la croisade.<br />
<br /></p>
<p>Cette croisade s’inspirait directement de la méthode élaborée par le grand pédagogue brésilien Paolo Freire (1921-1997) auteur notamment de l’ouvrage « Pédagogie des opprimés » dans lequel il expose son concept de conscientisation comme potentiel de transformation de la réalité sociale, celle-ci étant en elle-même un processus éducatif. « L’éducation reproduit les dynamiques qui caractérisent le processus historico-social. C’est un acte de savoir et un moyen d’action pour transformer la réalité qui doit être connue ». Paolo Freire a été fortement critiqué – et derrière lui, la croisade de l’alphabétisation - pour avoir dit que toute alphabétisation est politique et qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais d’éducation neutre. Mais qui réellement peut soutenir que c’est erroné ?<br />
<br /></p>
<p>Un exemple vécu. Tout récemment Javier Pasquier, frère de Rosario, a rendu visite avec émotion à la communauté rurale du Rio San Juan qu’il fut chargé d’alphabétiser en 1980. Au retour de cette expérience il est devenu instituteur à Managua puis a été sélectionné pour faire des études d’agronomie en France à l’INRA durant un an en 1985. Il fut le premier Nicaraguayen que nous avons connu. Ensuite, il a travaillé au Centre d’information et d’études pour la réforme agraire dirigé par Orlando Nuñez puis après la défaite électorale des sandinistes de 1990 il est entré dans l’ONG CIPRES fondée par le même Orlando Nuñez. Présentement il est à la tête de la FECODESA, l’une des 5 fédérations de coopératives agricoles du Nicaragua.<br />
<br /></p>
<p>Nous vous avons déjà parlé de cette « croisade de l’alphabétisation » mais si vous voulez en savoir davantage vous pouvez consulter le blog https://terrezer.wordpress.com/nicaragua/histoire-du-nicaragua dont le titre est « Aventure d’un coopér-acteur et d’une coopér-actrice au Nicaragua » qui a été créé par un jeune couple suisse originaires du Valais et de Lausanne faisant un séjour volontaire de 3 années dans le pays en expérimentant de nouvelles méthodes d’enseignement. <br />
<br /></p>
<p>En 2007 le dirigeant sandiniste Daniel Ortega a été réélu comme président du Nicaragua. Les archives de la « croisade nationale d’alphabétisation » ont été alors inscrites au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO en 2007. Dans cette logique, le gouvernement a repris les efforts d’éducation au bénéfice de tous entrepris en 1980 et largement abandonnés durant les gouvernements d’inspiration néolibérale entre 1990 et 2007, avec en particulier la méthode d’alphabétisation « Yo si puedo » (Oui, moi je peux) utilisée à Cuba.<br />
<br /></p>
<p>L’association de parents d’élèves « Doris Maria Morales Tijerino » que nous soutenons travaille dans cet esprit et dans cette direction. Les élèves qui l’ont fréquenté jusqu’au baccalauréat ont généralement de bons résultats à l’université.<br />
<br /></p>
<p>Le gouvernement du Nicaragua a élaboré le « Plan stratégique d’éducation 2011-2013 » destiné à être inclus lui-même dans le « Plan national de développement humain 2012-2016 » et reprenant 5 politiques éducatives nationales :<br /></p>
<p> Davantage d’éducation : accès et couverture<br /></p>
<p> Meilleure éducation : qualité à travers la formation et les capacités des professeurs<br /></p>
<p> Autre éducation : valeurs différentes de celles du modèle éducatif néolibéral<br /></p>
<p> Gestion éducative participative et décentralisée (responsabilité partagée)<br /></p>
<p> Toutes les éducations : intégration, articulation entre sous-systèmes en fonction d’un continuité éducative depuis la naissance jusqu’à la mort.<br />
<br /></p>
<p>Un nouveau plan stratégique d’éducation 2014-2017 et un nouveau plan de développement humains sont entrés en vigueur et, pour les financer, le Nicaragua a obtenu de la Banque Mondiale un nouveau prêt à faible taux d’intérêt.
<br />
<br /></p>
<p>Il existe à Managua un « Musée de l’alphabétisation » (http://www.miracrida.org) confiée à l’association d’éducation populaire Carlos Fonseca Amador présidée par M. Orlando Pineda.<br /><br /></p>
<p>Cependant les défis à affronter demeurent immenses notamment du fait de la pauvreté et cela est vrai de toute l’Amérique Centrale, bien qu’à un degré moindre au Costa Rica et à Panama. <br /></p>
<p>Ce sont ces défis que nous vous exposons ci-après à partir des données disponibles pensant qu’il faut examiner les choses avec réalisme pour espérer les affronter avec succès, ce, bien entendu, avec la participation active de nos amis du Nicaragua et, également, notre solidarité.</p>L’éducation au Nicaragua et dans les autres pays d’Amérique Centrale en 2017 Réalités et défisurn:md5:a37545bee3ad4a8ee760c7b2d44776422017-04-24T19:46:00+00:002017-04-24T19:46:55+00:00Ruth MOUGELDossiers<h3>Introduction<br /></h3>
<p>Dés le premier voyage de Ruth au Nicaragua en 1986 et sa rencontre avec Rosario Pasquier la question de l’éducation a été immédiatement centrale et, comme vous le savez tous, cela ne s’est jamais démenti depuis lors puisque c’est pour cet objectif que Ruth a fondé l’association INTI en février 1992, il y a 25 ans. Nous vous avons rendu compte de l’action actuelle de l’association lors de l’assemblée générale du 22 février dernier au cours de laquelle nous avons eu le bonheur d’accueillir Rosario et sa nièce Ileana.<br /></p>
<p>Personne ne niera que l’éducation est effectivement au centre de l’histoire de toutes les nations et qu’elle fut et demeure soumise à des enjeux politiques, idéologiques et économiques. Cela fut vrai lors de la Révolution française : elle crée en 1791 un Comité d’instruction publique de l’Assemblée législative qui lance une enquête sur les établissements d’instruction publique et en 1792 un ministère de l’Instruction publique pour ouvrir l’enseignement primaire à tous. Ensuite au XIXème avec Napoléon 1er, la Restauration et les révolutions de 1830 et 1848, sans omettre la défaite de la France face à l’Allemagne durant la guerre de 1870 et la « Commune de Paris » qui a suivi, il y eut de nombreuses vicissitudes jusqu’à ce que Jules Ferry fasse adopter en 1880 une loi rendant l’école laïque, obligatoire et gratuite de 6 à 13 ans. Pour la mise en œuvre concrète, le mouvement a bénéficié de l’action de grands pédagogues tels que Ferdinand Buisson (1841 – 1932) par ailleurs co-fondateur et président de la Ligue des droits de l’homme (prix Nobel de la Paix en 1927 avec l’allemand Ludwig Quidde).<br />
<br /></p> <p>Au Nicaragua aussi, le fondateur du FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale), Carlos Fonseca (tué au combat en 1976) considérait qu’il était tout aussi important d’apprendre aux militant-e-s à utiliser les armes que de leur enseigner à lire et à écrire. Victorieux le 19 juillet 1979 après plusieurs années de lutte contre la dictature de la famille Somoza, mais plus de 100 ans après la France, les sandinistes ont ainsi fait de l’alphabétisation l’une des priorités de leur programme politique. En effet le taux d’analphabétisme était alors de l’ordre de 50 % et pour marquer cette volonté le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du ministre Fernando Cardenal a décidé de lancer la « croisade de l’alphabétisation » qui a duré 5 mois (de mars à août 1980) et qui a mobilisé de l’ordre de 100.000 personnes, majoritairement des jeunes des villes, tous volontaires et bénévoles et qui ont agi dans les profondeurs du pays (60.000) ainsi que dans les villes (40.000). À l’époque, il y avait un fossé entre les habitant-e-s des villes, qui, pour la plupart, avaient accès à un certain niveau d’éducation et les personnes vivant à la campagne, qui, souvent, n’allaient pas à l’école et vivaient dans des conditions très précaires. Mais le contexte était difficile et dangereux : 66 « brigadistes » ont été tués par ces contre-révolutionnaires durant la croisade.<br />
<br /></p>
<p>Cette croisade s’inspirait directement de la méthode élaborée par le grand pédagogue brésilien Paolo Freire (1921-1997) auteur notamment de l’ouvrage « Pédagogie des opprimés » dans lequel il expose son concept de conscientisation comme potentiel de transformation de la réalité sociale, celle-ci étant en elle-même un processus éducatif. « L’éducation reproduit les dynamiques qui caractérisent le processus historico-social. C’est un acte de savoir et un moyen d’action pour transformer la réalité qui doit être connue ». Paolo Freire a été fortement critiqué – et derrière lui, la croisade de l’alphabétisation - pour avoir dit que toute alphabétisation est politique et qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais d’éducation neutre. Mais qui réellement peut soutenir que c’est erroné ?<br />
<br /></p>
<p>Un exemple vécu. Tout récemment Javier Pasquier, frère de Rosario, a rendu visite avec émotion à la communauté rurale du Rio San Juan qu’il fut chargé d’alphabétiser en 1980. Au retour de cette expérience il est devenu instituteur à Managua puis a été sélectionné pour faire des études d’agronomie en France à l’INRA durant un an en 1985. Il fut le premier Nicaraguayen que nous avons connu. Ensuite, il a travaillé au Centre d’information et d’études pour la réforme agraire dirigé par Orlando Nuñez puis après la défaite électorale des sandinistes de 1990 il est entré dans l’ONG CIPRES fondée par le même Orlando Nuñez. Présentement il est à la tête de la FECODESA, l’une des 5 fédérations de coopératives agricoles du Nicaragua.<br />
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<p>Nous vous avons déjà parlé de cette « croisade de l’alphabétisation » mais si vous voulez en savoir davantage vous pouvez consulter le blog https://terrezer.wordpress.com/nicaragua/histoire-du-nicaragua dont le titre est « Aventure d’un coopér-acteur et d’une coopér-actrice au Nicaragua » qui a été créé par un jeune couple suisse originaires du Valais et de Lausanne faisant un séjour volontaire de 3 années dans le pays en expérimentant de nouvelles méthodes d’enseignement. <br />
<br /></p>
<p>En 2007 le dirigeant sandiniste Daniel Ortega a été réélu comme président du Nicaragua. Les archives de la « croisade nationale d’alphabétisation » ont été alors inscrites au Registre Mémoire du Monde de l’UNESCO en 2007. Dans cette logique, le gouvernement a repris les efforts d’éducation au bénéfice de tous entrepris en 1980 et largement abandonnés durant les gouvernements d’inspiration néolibérale entre 1990 et 2007, avec en particulier la méthode d’alphabétisation « Yo si puedo » (Oui, moi je peux) utilisée à Cuba.<br />
<br /></p>
<p>L’association de parents d’élèves « Doris Maria Morales Tijerino » que nous soutenons travaille dans cet esprit et dans cette direction. Les élèves qui l’ont fréquenté jusqu’au baccalauréat ont généralement de bons résultats à l’université.<br />
<br /></p>
<p>Le gouvernement du Nicaragua a élaboré le « Plan stratégique d’éducation 2011-2013 » destiné à être inclus lui-même dans le « Plan national de développement humain 2012-2016 » et reprenant 5 politiques éducatives nationales :<br /></p>
<p> Davantage d’éducation : accès et couverture<br /></p>
<p> Meilleure éducation : qualité à travers la formation et les capacités des professeurs<br /></p>
<p> Autre éducation : valeurs différentes de celles du modèle éducatif néolibéral<br /></p>
<p> Gestion éducative participative et décentralisée (responsabilité partagée)<br /></p>
<p> Toutes les éducations : intégration, articulation entre sous-systèmes en fonction d’un continuité éducative depuis la naissance jusqu’à la mort.<br />
<br /></p>
<p>Un nouveau plan stratégique d’éducation 2014-2017 et un nouveau plan de développement humains sont entrés en vigueur et, pour les financer, le Nicaragua a obtenu de la Banque Mondiale un nouveau prêt à faible taux d’intérêt.
<br />
<br /></p>
<p>Il existe à Managua un « Musée de l’alphabétisation » (http://www.miracrida.org) confiée à l’association d’éducation populaire Carlos Fonseca Amador présidée par M. Orlando Pineda.<br /><br /></p>
<p>Cependant les défis à affronter demeurent immenses notamment du fait de la pauvreté et cela est vrai de toute l’Amérique Centrale, bien qu’à un degré moindre au Costa Rica et à Panama. <br /></p>
<p>Ce sont ces défis que nous vous exposons ci-après à partir des données disponibles pensant qu’il faut examiner les choses avec réalisme pour espérer les affronter avec succès, ce, bien entendu, avec la participation active de nos amis du Nicaragua et, également, notre solidarité.</p>La situation de l’Education au Nicaraguaurn:md5:55615a3b1404b91c763f2e54111e3dee2017-04-24T19:07:00+00:002017-04-24T19:34:29+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Sources : étude de l’UNESCO de 2013<br /></p>
<p>Ministère de l’Education (Mined) – www.liaisonneuve.org (2000-20001) – articles de la Prensa (2017) – Commission Centraméricaine pour la réforme de l’éducation (2000)<br /><br /></p>
<p>Pour analyser tout système éducatif, l’UNESCO recommande d’observer trois aspects : l’accès à l’éducation, la qualité de l’éducation, la capacité de l’école à être accueillante ou excluant.<br />
<br /></p>
<h3>L’accès à l’éducation<br /></h3>
<p>Le Nicaragua est un des nombreux pays où la grande majorité des habitants vit la pauvreté au quotidien. La condition financière d’une famille est déterminante quant à son accès à l’éducation dans un système où celle-ci n’est pas gratuite. Au Nicaragua, pour fréquenter l’école, on doit acheter un uniforme dont le port est obligatoire. On doit également payer les frais imposés pour avoir le droit de passer des examens. A cela s’ajoutent les frais d’achat des cahiers, livres et autres fournitures. Pour une famille dont les revenus suffisent à peine de nourrir ses membres, envoyer les enfants à l’école n’est pas une priorité. Souvent ces enfants doivent plutôt travailler pour ajouter un revenu.
<br /></p>
<p>On relève que 8% des enfants travailleurs redoublent parce que le travail a été leur priorité et 7% à cause du manque d’argent. On peut donc considérer la pauvreté comme un obstacle à l’amélioration de la qualité de vie puis qu’elle ne permet pas à ceux qui en souffrent le plus de s’en sortir par le biais de l’éducation.
Par ailleurs, les parents des enfants travailleurs ont été peu ou pas scolarisés.<br /><br /></p>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/./.Doris_Bacheliers_m.jpg" alt="Doris_Bacheliers.jpeg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Doris_Bacheliers.jpeg, avr 2017" />
Doris - Bacheliers 2016</p> <p>L’étude de l’UNESCO révèle qu’il y a une brèche de connaissances entre les élèves des écoles publiques et privées, ces derniers ayant en général plus de ressources socio-économiques et un milieu plus favorable à l’étude.<br /></p>
<p>La proportion d’enfants âgés de 4-6 ans ayant la possibilité de fréquenter la maternelle est encore très faible. Selon le rapport de l’UNESCO de 2004, elle n’atteignait que 27% au Nicaragua.<br /></p>
<p>La situation a dû s’améliorer un peu depuis cette date.<br /><br /></p>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/./.Doris_Primaires_m.jpg" alt="Doris_Primaires.jpeg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Doris_Primaires.jpeg, avr 2017" />
Doris Elèves ayant terminé l'enseignement primaire au Doris<br /></p>
<p>Même si les écoles accueillent des enfants handicapés, les enseignants ne sont souvent pas formés pour leur donner l’éducation dont ils ont besoin. Et comment s’occuper d’eux individuellement dans des classes surchargées ?<br /></p>
<p>La scolarité primaire universelle n’est pas encore atteinte au Nicaragua, elle se situe à 82%. Pour le secondaire, elle se situe à 36%. (les chiffres récents n’étant pas disponibles, la situation s’est sans doute un peu améliorée)<br /></p>
<p>Le gouvernement devra aussi prendre des mesures pour prolonger la scolarité à 12 ans car actuellement seulement les 6 années d’enseignement primaire sont obligatoires.<br /><br /></p>
<h3>La qualité de l’éducation<br /></h3>
<p>En 2000, le rapport « Demain est trop tard » avait signalé l’alarmant retard accumulé par les pays d’Amérique Centrale pour relever leurs défis éducatifs : une gestion centralisée inefficiente et peu favorable aux innovations, un investissement insuffisant et inéquitable, la faible valorisation du métier d’enseignant, conséquence, en partie, du niveau à la faiblesse des salaires, et enfin, l’absence de normes d’évaluations pour mesurer les résultats des élèves.<br /></p>
<p><br /></p>
<p>Les évaluations des apprentissages des élèves révèlent un niveau modeste. Les résultats obtenus dans les tests sont décourageants et posent sérieusement la question de la qualité de l’enseignement.<br /></p>
<p>Ainsi, au Nicaragua, moins de 8% des élèves du CE2 atteignent le niveau considéré comme « performance élevée » en espagnol et en mathématique et ce pourcentage s’abaisse à 3% pour le Honduras.<br /></p>
<p>Ainsi le niveau éducatif atteint par la population reste globalement insuffisant.<br /><br /></p>
<p>Malgré l’extension de la couverture scolaire dans l’enseignement de base, on constate encore l’existence de niveaux élevés d’analphabétisme.<br /></p>
<p>Une des voies pour réduire les inégalités à l’école est de concentrer les ressources disponibles sur les élèves les plus défavorisés, donc de repenser les politiques actuelles de financement tournées davantage vers l’enseignement supérieur, pour les réorienter vers le préscolaire et le secondaire.
<br /><br /></p>
<p>Pour améliorer la motivation des enseignants, il faut mettre en œuvre une politique plus juste des salaires. Les enseignants devront attendre 2019 pour atteindre le salaire moyen de 2014 dans les autres pays d’Amérique centrale, soit 33O $US.<br /></p>
<p>Le salaire actuel est de 216 $US dans le primaire et 233 $US dans le secondaire.<br /></p>
<p>Dans tous les pays d’Amérique centrale, Honduras, Guatemala, Costa Rica, les enseignants ont de meilleurs salaires. Ici le peu qu’ils gagnent les obligent à survivre en faisant d’autres travaux parce que leur salaire ne leur permet pas de vivre dignement. De ce fait, ils n’ont pas le temps de préparer leur classe et ils sont réticents de participer à des journées de formation.<br /><br /></p>
<p>Au Nicaragua il y a 36000 enseignants en maternelle et primaire et 10 000 dans les collèges.<br /></p>
<p>Pour le père Fernando Cardenal (qui fut ministre de l’éducation dans les années 80) une meilleure rémunération est nécessaire pour stimuler les enseignants car leur situation économique affecte la qualité de l’enseignement.<br /></p>
<p>Le recteur de l’université de Managua UNAN s’inquiète du fait que ce métier ne soit plus attrayant pour les bacheliers. Pour compléter les 1170 places vacantes pour les études d’enseignants les membres de son université ont dû se rendre à la campagne et proposer des bourses pour que les bacheliers optent pour ce métier.<br /><br /></p>
<p>Autre sujet de préoccupation : le nombre de jours de classe au Nicaragua. En 1962, le Conseil Culturel et Educatif de l’OEA avait signé un accord sur l’éducation de base, établissant que tous les pays signataires s’engageraient à avoir 200 jours de classe dans l’année scolaire. Actuellement seul le Costa Rica en a 205, le Guatemala et le Honduras 180, le Panama 190, et le Nicaragua 169. De plus, ces 169 jours sont théoriques, car il faut tenir compte de la perte de jours de classe à cause de festivités variées : la préparation de la fête des Mères, la célébration du 19 juillet, les « fiestas patrias »<br />
<br /></p>
<p>La qualité de l’enseignement ne progresse guère : on habitue les enfants à faire travailler leur mémoire mais pas du tout la compréhension des textes. Les mathématiques et les sciences sont considérés comme des matières « difficiles » et de nombreux enseignants n’hésitent pas de décourager les enfants à faire des études scientifiques.
Certes à présent, avec l’ordinateur, l’enfant peut avoir accès à des informations à la fois instructives et ludiques. Des vidéos nous permettent de découvrir qu’on peut enseigner avec des méthodologies très attractives. Mais l’enfant attend que le maître soit son guide. Sans un bon maître, la meilleure technologie ne crée pas de changements.<br />
<br /></p>
<p>Dans la période récente, le gouvernement a multiplié les formations technologiques ainsi que l’enseignement par correspondance, mais les informations manquent pour en mesurer les effets.<br />
<br /></p>
<h3>La capacité de l’école à être accueillante ou excluante<br /></h3>
<p>Les programmes d’étude sont conçus pour les écoles urbaines, alors que 40% des élèves nicaraguayens sont dans des écoles rurales. On attend qu’ils s’adaptent à l’école et non que l’école s’adapte à eux, ce qui est le signe d’une école excluante.
A chaque rentrée scolaire, le gouvernement distribue des ustensiles scolaires et des chaussures. Les enfants ont aussi droit toute l’année à un goûter ce qui représente une aide non négligeable pour les familles.
<br />
<br /></p>
<p>L’année dernière 720 des 1,5 millions d’élèves de l’enseignement primaire et secondaire présentant un handicap furent intégrés dans les établissements publics et privés.
Le Nicaragua participe à la campagne pour l’éducation incluante qui est en cours dans 30 pays d’Amérique Latine, Asie et Afrique et dont le but est de promouvoir un monde sans discrimination.<br /><br /></p>
<p>La fondation Los Pipitos agit depuis longtemps dans ce sens. Tous les ans le Téléton récolte des fonds en faveur des enfants et jeunes handicapés (avec la participation d’élèves du Doris)<br /></p>
<p>Depuis trois ans le professeur Yadis Emmanuel Huembes donne des classes de soutien aux sourds muets du collège Tomas Borge à Mateare. Il milite pour un programme d’études plus adapté aux enfants avec le syndrome de Down et en général pour que les établissements scolaires soient équipés afin de permettre l’accès aux handicapés physiques.<br /><br /></p>
<p>Selon le Ministère de l’Education, 25 écoles d’éducation spécialisée fonctionnent au pays et accueillent environ 3000 enfants et jeunes.<br />
<br /></p>
<p>Une information toute récente du 16 avril 2017 nous apprend que la Banque Mondiale vient d’ approuver un prêt de 55 millions de $US destiné à l’éducation dans le cadre des objectifs 2017-2021 de l’amélioration de la qualité éducative et de soutien aux progrès observés les dernières années.<br /></p>
<p>Ce crédit est remboursable en 20 ans avec une période « de grâce » de 5 ans.<br /></p>
<p>Ce projet inclut :<br /></p>
<p>- le renforcement des capacités pédagogiques des enseignants de la maternelle, primaire et secondaire<br /></p>
<p>- l’amélioration des infrastructures pour rendre les écoles plus sûres et moins vulnérables aux désastres naturels<br /></p>
<p>- des cours de formation continue et accompagnement pédagogique pour environ 52 000 enseignants<br /></p>
<p>- du matériel didactique pour les élèves et les enseignants<br /></p>
<p>- la construction de nouvelles écoles<br /></p>La situation de l’éducation en Amérique Centraleurn:md5:679c1122513b6d4a9b58e7009fa17ae62017-04-24T15:12:00+00:002017-04-24T15:12:51+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>L‘éducation a toujours été reconnue comme facteur décisif pour le développement humain en raison de son incidence sur la vie politique, sociale, culturelle, économique et démocratique des sociétés.
<br /></p>
<p>Malgré les importants efforts faits par les gouvernements d’Amérique centrale, les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des défis.<br /></p>
<p>Nous avons voulu connaître la situation dans les différents pays en nous basant sur plusieurs articles trouvés sur Internet et notamment sur une étude comparative des systèmes éducatifs en Amérique Centrale de Carlos Lopez.<br /></p>
<p>Dans les dernières décennies, il y a eu une préoccupation croissante pour améliorer la qualité de l ‘éducation.<br /></p>
<p>L’objectif de cette étude est de :<br /></p>
<p>- comparer les législations des système éducatifs<br /></p>
<p>- analyser les structures des systèmes éducatifs<br /></p>
<p>- décrire les limitations<br /></p>
<p>- connaître les défis qui se posent dans les pays d’Amérique centrale<br /></p>
<p>L’éducation est un processus social et pour cette raison, il faut prendre en compte tous les paramètres socio-économiques et historiques : la violence, le narcotrafic, le chômage, l’émigration, le niveau de pauvreté, l’espérance de vie, la répartition entre la population citadine et rurale, les conditions de vie, la santé, l’accès à l’eau et à l’électricité, l’habitat.<br />
<br /></p> <h2>Un peu d’histoire<br /></h2>
<p>Les pays d’Amérique centrale ont une histoire commune, en particulier la colonisation par les Espagnols de tout l’isthme, constituant ainsi une seule province.
Les colons se dédièrent alors à différentes activités, en particulier au commerce de produits agricoles et d’élevage. Après l’indépendance (1821), les pays devinrent surtout des fournisseurs de matières premières. Un groupe social très influent a surgi, lié à cette exportation.<br /></p>
<p>L’influence idéologique et culturelle des pays européens et états-uniens a abouti à la division des oligarchies créoles en deux courants politiques : les conservateurs et les libéraux.<br /></p>
<p>Mais dans le nouveau modèle politique la population indigène était discriminée :<br /></p>
<p>- négation de l’héritage précolombien <br /></p>
<p>- la représentation politique réservée pratiquement aux blancs, les indigènes étant forcés d’abandonner leur héritage culturel <br /></p>
<p>- le modèle des colons restait en vigueur.<br /></p>
<p>La subordination aux intérêts des puissances économiques (notamment des USA) influença ainsi durablement les politiques économiques, commerciaux et éducatives.<br />
<br /></p>
<h2>L’éducation en Amérique Centrale<br /></h2>
<p>- Dans la société précolombienne, l’éducation des peuples mayas et maya-quichés se faisait par la transmission des connaissances des anciens aux jeunes, concernant aussi bien les coutumes religieuses que les pratiques traditionnelles en agriculture, surtout la culture du maïs. Elle était différente pour les filles et les garçons.<br /></p>
<p>- Pendant les 300 années de la colonie, l’éducation fut le privilège des classes dominantes et répondait aux intérêts de leur classe. Elle était entre les mains de l’église catholique et était marqué par l’inégalité entre garçons et filles. L’éducation servait à reproduire le modèle socio-économique de cette époque. Ce n’est qu‘après l’indépendance que les Etats prirent progressivement la responsabilité à intégrer tous les citoyens. L’enseignement privé resta admis.<br />
<br /></p>
<h2>Les universités<br /></h2>
<p>Les premières universités s’ouvrirent au 16° siècle sur le modèle européen. Au début l’enseignement se faisait encore en latin. Mais c’est surtout au début du 19° siècle que deux nouveaux modèles surgirent, l’un issu de la Révolution française avec comme principale caractéristique le contrôle central de l’Etat. Ce modèle fut remplacé
par le modèle allemand qui se caractérise par l’autonomie et l’importance de l’enseignement de la science.<br /></p>
<p>La première université en Amérique Centrale fut fondée au Guatemala à la fin du 17° siècle. Ce n’est qu’un siècle plus tard que se créa l’Université de León au Nicaragua.
Actuellement, en Amérique centrale existent 84 universités privées et 201 universités publiques.<br /></p>
<p>L’objectif initial était de former des cadres pour l’église catholique et les autorités coloniales afin de remplacer peu à peu les fonctionnaires espagnoles par des citoyens créoles.<br /></p>
<p>A partir de la 2ième moitié du 20° siècle surgirent les dictatures militaires en réaction au triomphe des mouvements de gauche.<br /></p>
<p>Pendant les différentes guerres de libération, les universités ont joué un rôle important, aussi bien idéologique que militaire, avec une grande participation des étudiants et des enseignants.<br /></p>
<p>A la fin du 20° siècle, une fois les mouvements de gauche écrasés, le modèle libéral s’implante dans toute la région.<br /></p>
<p>Pour l’éducation supérieure cela signifie le gel des fonds, l’abandon de la responsabilité de l’Etat pour l’évaluation et l’accréditation des institutions éducatives, la privatisation de l’éducation à tous les niveaux.
<br />
<br /></p>
<h2>L’enseignement<br /></h2>
<p>Dans tous les pays d’Amérique Centrale l’éducation est un droit. Les objectifs des systèmes éducatifs sont très similaires.<br /></p>
<p>- La formation intégrale des citoyens<br /></p>
<p>- L’apprentissage des valeurs de solidarité, de respect des droits humains, de respect de la nature, de la démocratie et des différentes cultures, d’une manière pacifique de vivre ensemble.<br /></p>
<p>Ce qui les différencie et la façon d’obtenir ces objectifs dépend de la conception idéologique des forces politiques au pouvoir.<br />
<br /></p>
<h3>Le Guatemala<br /></h3>
<p>- gratuité de l’éducation publique<br /></p>
<p>- liberté de choisir le type d’enseignement<br /></p>
<p>- obligation de l’entreprise privée de proposer des formations<br /></p>
<p>- priorité à l’éducation bilingue dans les zones indigènes et à l’alphabétisation en général<br />
<br /></p>
<p>La loi de l’éducation stipule parmi d’autres<br /></p>
<p>- Formation intégrale de l’élève<br /></p>
<p>- Cultiver les valeurs de la protection de la nature et de la personne<br /></p>
<p>- Formation des citoyens à la conscience critique de la réalité nationale afin de pouvoir promouvoir la recherche de solutions économique, sociales et politiques justes<br /></p>
<p>- Former l’élève à ce qu’il contribue au renforcement d’une authentique démocratie et à l’indépendance économique, politique et culturelle à l’intérieur de la communauté internationale<br />
<br /></p>
<p>A cause du conflit armé que le pays a subi pendant des décennies, le gouvernement a ajouté une série d’accords (en 2011) parmi lesquels :<br /></p>
<p>- Participation des citoyens aux discussions de politiques éducatives<br /></p>
<p>- Axer l’enseignement sur les valeurs morales et culturelles, le vivre ensemble démocratique, les droits humains, la diversité culturelle, le travail, la protection de l’environnement, participation, concertation et culture de la paix
<br />
<br /></p>
<h3>El Salvador<br /></h3>
<p>Former les citoyens à l’amour de la patrie avec un profond respect de la dignité humaine, aptes à construire une société démocratique qui concilie les intérêts individuels avec ceux de la communauté, qui protège l’environnement et développe des sentiments de solidarité et de compréhension entre les nations
<br />
<br /></p>
<h3>Le Nicaragua<br /></h3>
<p>A la différence des autres pays, le Nicaragua n’a adapté une législation plus adaptée du processus éducatif qu’il y a quelques années. La loi générale de l’éducation établit en 2006 comme principale but, le plein développement de la personne.<br /></p>
<p>- L’accès à la science, la technologie et la culture <br /></p>
<p>- l’acquisition d’une capacité critique qui promeut le développement scientifique et technologique en vue d’une amélioration de la qualité de vie de la population<br /></p>
<p>- préparer les citoyens à l’égalité des opportunités dans les différentes situations de la vie où ils peuvent exercer un rôle dans la société<br />
<br /></p>
<h3>Costa Rica<br /></h3>
<p>Ce pays, contrairement aux autres pays d’Amérique centrale n’a connu aucun conflit armé depuis la moitié du 20ième siècle ce qui a abouti à une grande stabilité politique, économique et sociale.<br /></p>
<p>La législation du système éducatif date de 1957, même s’il y a eu quelques adaptations au contexte actuel.<br /></p>
<p>La liberté d’enseignement, l’obligation de 9 années de scolarité et la gratuité sont les principaux piliers de l’enseignement au Costa Rica.<br /></p>
<p>Les objectifs sont :<br /></p>
<p>- promouvoir la formation de citoyens qui aiment leur patrie, avec un profond sentiment de responsabilité et de respect des droits humains<br /></p>
<p>- démocratie, tolérance et participation citoyenne
<br />
<br /></p>
<h3>Panama<br /></h3>
<p>Le pays avait établi une loi de l’éducation en 1946 qui s’est depuis adaptée aux nouvelles réalités, parmi elles :<br /></p>
<p>- impulser et fortifier le folklore et les expressions artistiques de toute la population, des groupes ethniques du pays, ainsi que la culture régionale et universelle<br /></p>
<p>- stimuler l’habitude de l’épargne, le coopérativisme et la solidarité ‘en 2011)
<br />
<br /></p>
<p>Quelques données socioéconomiques<br />
<br /></p>
<p>L’Amérique centrale occupe à peu près 2,7% de la superficie de l’Amérique Latine, mais 7,2% de sa population (2011)<br /></p>
<p>Les pays avec la plus forte densité d’habitants sont :<br /></p>
<p>El Salvador avec 298,4 habitants au km2, le Guatemala avec 132, et le Costa Rica avec 91, le Nicaragua étant le moins peuplé avec 44,5, pratiquement à égalité avec le Panama (2010)<br />
<br /></p>
<p>La part de la population rurale en Amérique Centrale représente le double de celle de autres pays d‘Amérique Latine : 41,4% en Amérique centrale contre 20,5% en Amérique Latine.<br /></p>
<p>Honduras 49,5% suivi du Guatemala 42,8% et le Nicaragua 41,7<br />%</p>
<p>Le Guatemala, le Honduras, El Salvador et le Nicaragua ont la population la plus jeune d’Amérique Centrale.<br /></p>
<p>Cela signifie qu’ils doivent consacrer un budget plus important pour les programmes éducatifs et de santé.<br /></p>
<p>- La moyenne de scolarisation des jeunes de 18-24 ans est de 36,9% en milieu urbain et de 15,4% en milieu rural.<br /></p>
<p>- Le taux de fécondité le plus élevé se rencontre au Guatemala et au Honduras. C’est aussi dans ces deux pays que l’espérance de vie est la plus faible.<br /></p>
<p>- Les personnes en situation de pauvreté se trouvent dans les zones rurales au Honduras et au Nicaragua (les sources datent toutefois de 2007)<br /></p>
<p>La pauvreté oblige les enfants et les jeunes à s’intégrer dans des activités productives. En moyenne 10,9% des 14-17 ans travaillent en plus de leurs études<br /></p>
<p>)<br /></p>
<pre></pre>
<p>PIB en $US/habitant (2015) <strong>Panama </strong> 6 471,7- population en millions 3,9 - revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 18 192<br /></p>
<pre>PIB en $US/habitant (2015) <strong>Costa Rica</strong> 6 308- population en millions 4 ,9 -revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 13 413<br /></pre>
<pre>PIB en $US/habitant (2015 <strong>El Salvador</strong> 3 424,3-population en million 6,4 -revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 7 349<br /></pre>
<pre>PIB en $US/habitant (2015) <strong>Guatemala</strong> 2 634-population en millions 15,9 -revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 6 929<br /></pre>
<pre>PIB en $US/habitant (2015) <strong>Honduras</strong> 1 916-population en millions 8,3 -revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 3 937,7<br /></pre>
<pre>PIB en $US/habitant (2015) <strong>Nicaragua</strong> 1 069,6-population en millions 6,2 -revenu national brut par hab. et parité de pouvoir d ‘achat en $US 4 456,5<br /></pre>
<p><br /></p>
<p>Observation : Le PNUD établit une comparaison des pays membres de l’ONU à travers l’IDH (indice de développement humain) qui se veut plus riche et plus réaliste que la simple comparaison du PIB. Pour cela il corrige ce dernier par un indice de parité de pouvoir d’achat. En effet si certains produits technologiques ont un prix presque identique au Nicaragua qu’en France, ce n’est pas le cas de la nourriture et du logement.
<br /><br /></p>
<p>Les pays d’Amérique Centrale se rencontrent parmi les 40 pays les plus inégaux du monde (2011)<br /></p>
<p>Le Honduras occupe la place 138 (sur 147 pays)<br /></p>
<p>Panama 136, Guatemala 134, Nicaragua 124, El Salvador 105<br /></p>
<p>Une des conséquences de ces inégalités est l’analphabétisme et la dénutrition qui est le plus élevée au Guatemala, suivi du Nicaragua et de Panama.<br /></p>
<p>Si le Costa Rica est le pays avec le plus bas indice de dénutrition, il présente le plus fort pourcentage de jeunes avec du surpoids.<br /></p>
<p>Il est significatif qu’un pourcentage non négligeable de bébés naisse avec un poids inférieur à la moyenne quand les mères sont dénutries.<br /></p>
<p>La mortalité infantile reste aussi élevée (entre 20 et 25 pour 1000 nouveau-nés) sauf au Panama et au Costa Rica.
<br />
<br /></p>
<p>Un autre phénomène que l’on peut observer est le redoublement scolaire. En Amérique Centrale environ 5O% des élèves de 6ième sont des redoublants. Ce chiffre s’élève à 80% dans le secondaire (2007)<br /><br /></p>
<p>En dehors des conséquences de la pauvreté qui se reflètent dans la dénutrition et la santé, s’ajoute le manque de ressources des parents pour financer le matériel nécessaire pour assister à l’école.<br />
<br /></p>
<p>L’habitat joue aussi un rôle dans la réussite scolaire. Dans la région existe un grand déficit d’habitations qui se reflète dans l’entassement, l’insalubrité et les maladies.
C’est particulièrement le cas au Nicaragua tandis que le Costa Rica présente les meilleures conditions. A ceci s’ajoute qu’un pourcentage important de la population n’a pas accès ni à l’eau potable ni à l’électricité.
<br />
<br /></p>
<p>La différence dans l’usage d’Internet est flagrante. Si au Costa Rica et au Panama 43,7 et 43,4% ont Internet, il n’est que de 20,7 au Salvador, 16,5 au Guatemala, 13,1 au Honduras et 11,7 au Nicaragua.<br /></p>
<p>Par contre les personnes qui ont accès à Internet font un grand usage des réseaux sociaux.<br /></p>
<p>Et il faut observer aussi l’importance de la téléphonie mobile au Nicaragua, 114 abonnements pour 100 habitants alors qu’en France le taux est de 1004. Beaucoup d’usagers utilisent leur smartphone pour se connecter et il y a des accès Wifi dans de nombreux parcs publics.
<br />
<br /></p>
<p>Le chômage touche toute la population centraméricaine. Il affecte surtout les femmes et les jeunes.<br /></p>
<p>Dans certains secteurs il manque du personnel qualifié. En moyenne seulement 4,6% des personnes de plus de 25 ans ont des études universitaires complètes et ce pourcentage diminue considérablement dans des pays comme le Guatemala (1,7%) et le Nicaragua (1,8%) (données de 2010)
<br />
<br /></p>
<p>L’insécurité est un autre facteur qui affecte le développement de la région<br /></p>
<p>Homicide par 100 000 habitants – PNUD 2014<br /></p>
<p>El Salvador 41,2<br /></p>
<p>Guatemala 39,9<br /></p>
<p>Honduras 90,4<br /></p>
<p>Nicaragua 11,3<br /></p>
<p>Panama 17,2<br /></p>
<p>Costa Rica 8,5<br />
<br /></p>
<p>C’est au Guatemala et au Salvador qu’il y a le plus de vols. Les auteurs des délits sont en grande majorité des jeunes entre 14 et 17 ans qui ne travaillent pas et ne vont pas à l’école (14,2%) et ce pourcentage augmente) 22% pour les 18 à 24 ans.
<br />
<br /></p>
<p>La désertion scolaire (données de 2007)<br />
<br /></p>
<p>Sur 100 élèves inscrits en première année de primaire, combien terminent le secondaire, soit après 11 années de scolarité ?<br /></p>
<p>Guatemala 12<br /></p>
<p>Honduras 40<br /></p>
<p>Salvador 42<br /></p>
<p>Nicaragua 26<br /></p>
<p>Costa Rica 60<br /></p>
<p>Panama 56<br />
<br /></p>
<p>Pourcentage de réussite en lecture et mathématiques en 3ième année de primaire<br />
<br /></p>
<h4>Guatemala - lecture 13% -mathématiques10<br />%</h4>
<h4>Honduras -lecture 13% -mathématiques 11<br />%</h4>
<h4>Salvador -lecture 28% -mathématiques 16<br />%</h4>
<h4>Nicaragua -lecture 16% -mathématiques 12<br />%</h4>
<h4>Costa Rica -lecture 55% -mathématiques 63<br />%</h4>
<h4>Panama -lecture 20% -mathématiques 12<br />%</h4>
<p><br />
<br /></p>
<h3>Pourcentage d’enseignants diplômés par niveau<br /></h3>
<p><br /></p>
<p>Guatemala<del></del> pas de données disponibles<br /></p>
<p>Salvador - primaire 93,2 - secondaire 87,5<br /></p>
<p>Honduras -primaire 36,4 -secondaire -<br /></p>
<p>Nicaragua -primaire 72,7 -secondaire 58,9<br /></p>
<p>Costa Rica--primaire 86 -secondaire 83<br /></p>
<p>Panama-primaire 91,3 -secondaire 90,7<br />
<br /></p>
<h4>Nombre d’années de scolarisation<br /></h4>
<p>Panama 12,3 – Costa Rica 13,9 – Nicaragua 11,5 – Salvador 12,3 – Guatemala 10,9<br />
<br /></p>
<h3>Evaluation et accréditation<br /></h3>
<p>De nouvelles universités ont proliféré et entrent en concurrence avec les universités de l’Etat. L’évaluation et l’accréditation universitaire est aussi un processus politique puis que ses objectifs vont dépendre des conceptions idéologiques et des intérêts des classes dominantes. Il existe dans l’isthme des organisations chargées de l’évaluation et d’accréditation.<br /></p>
<p>Le CCA (Conseil Centraméricain d’accréditation de l’Education supérieur) s’est créé en 2003 au Panama. L’existence de cet organisme régional est un avantage pour les universités car il facilite la reconnaissance des titres universitaires.
<br />
<br /></p>
<p>Guatemala<br /></p>
<p>L’éducation supérieure publique est coordonnée par l’Université de San Carlos et le Conseil Supérieur Universitaire (CUS)<br /></p>
<p>L’éducation supérieure privée est à la charge d’un Conseil composé par 2 délégués de l’université nationale, 2 délégués des universités privés et un délégué des collèges professionnels. Il y a aussi une agence spécifique pour les carrières de l’agronomie.<br />
<br /></p>
<p>El Salvador<br /></p>
<p>En 2008 s’est créée une commission d’accréditation par un décret présidentiel. Elle est composée de 7 membres nommés par le Ministère de l’éducation et le conseil de l’éducation supérieure.
<br />
<br /></p>
<p>Honduras<br /></p>
<p>En 2010 le Conseil de l’Education supérieure a approuvé la création du système hondurien d’accréditation de la qualité de l’éducation supérieure ayant comme objectif de garantir un service de qualité.
<br />
<br /></p>
<p>Nicaragua<br /></p>
<p>En 2011 entre en vigueur la loi 704 qui a créé le système national pour assurer la qualité de l’éducation et réguler l’organisation et le fonctionnement du Conseil National de l’évaluation et d’accréditation du système éducatif national (CNEA)<br /></p>
<p>Cette loi oblige notamment les institutions d’éducation supérieure à :<br /></p>
<p>- posséder un plan de développement stratégique et les mécanismes de suivi et d’évaluation<br /></p>
<p>- proposer au moins 4 carrières professionnelles<br /></p>
<p>- les enseignants doivent avoir au minimum le grade académique qui est proposé et la connaissance spécifique de la matière qu’ils enseignent.<br />
<br /></p>
<p>Costa Rica<br /></p>
<p>L’Assemblée Nationale a promulgué en 2002 la loi du système nationale de l’accréditation de l’Education supérieure (SINAES). L’accréditation est valable 4 ans et un renouvellement doit être sollicité.<br /></p>
<p>La loi exige :<br /></p>
<p>_ être autorisé pour opérer au Costa Rica comme institution d’éducation supérieure universitaire<br /></p>
<p>_ d’avoir des dispositifs internes pour réaliser des auto-évaluations<br /></p>
<p>_ de ne pas avoir été sanctionné
<br />
<br /></p>
<p>Panama<br /></p>
<p>C ‘est en 2006 que l’Assemblée nationale a créé le système national d’évaluation et d’accréditation par la loi n° 30<br /></p>
<p>Actuellement la participation des universités au processus d’évaluation et d’accréditation est volontaire.<br />
<br /></p>
<p>Le Guatemala n’a pas de système d’évaluation.<br />
<br /></p>
<h3>CONCLUSIONS<br /></h3>
<p>L’éducation est un processus social dont l’objectif est reproduire le système socio-économique du pays. Pour cette raison n’importe quelle analyse éducative doit prendre en compte le contexte dans lequel il se déroule.<br /></p>
<p>_ La région centraméricaine est conformée par un ensemble de pays avec une grande densité de population par rapport au reste de l’Amérique Latine<br /></p>
<p>_ La population est très jeune. Le taux de fécondité est supérieur à 2%, sauf au Costa Rica et au Panama où l’espérance de vie est de 79 ans tandis qu’elle est entre 70 et 76 ans dans les autres pays.<br /></p>
<p>_ La moitié de la population est pauvre et presque 7% vivent l’extrême pauvreté, surtout en milieu rural.<br /></p>
<p>_ Le Costa Rica et Panama ont un PIB par tête s’élève à environ le double de la moyenne des autres pays de l’isthme<br /></p>
<p>_ La pauvreté et l’inégalité font que 14% des centraméricains sont dénutris, le plus affecté étant les enfants de moins de 5 ans.<br /></p>
<p>_ Les pays les plus pauvres de la région souffrant d’un déficit d’habitations décentes entre 40 et 60%, il en résulte l’absence d’espace personnel et d’un minimum de confort comme l’eau courante et l’électricité.<br /></p>
<p>_ Beaucoup de parents émigrent à la recherche d’un emploi et les enfants sont laissés à la charge des grands-parents ou autres familiers qui ne surveillent pas suffisamment la scolarité.<br /></p>
<p>_ La scolarisation des 5-17 ans oscille entre 78 et 91% dans la région. Toutefois plus de la moitié de ceux qui assistent à l’école ont déjà redoublé ou abandonné l’école pendant une période.<br /></p>
<p>_ Beaucoup d’enseignants n’ont pas une formation suffisante (environ 24% des instituteurs et 20% dans le secondaire) On devrait aussi ajouter la faible rémunération des enseignants.</p>Buen Vivir : A la recherche d’une alternative post capitalisteurn:md5:b8f8622fc506061ef8ea539fb1a837802016-04-17T13:00:00+00:002016-04-17T13:02:44+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Fernando de la Cuadra, ALAI – 12 mars 2016
C’est un long article très intéressant qui fait le lien avec la cosmogonie des peuples de l’Altiplano des Andes et les différentes démarches en Europe pour proposer une autre façon de penser la réalité. Dans le concept du Buen Vivir les êtres humains sont en harmonie avec la nature et les autres peuples dont la différence nous enrichit quotidiennement. C’est la reconnaissance des différentes valeurs et formes de concevoir le monde, le respect de tous les êtres qui vivent dans notre maison commune, la terre.<br /></p>
<p>Je m’apprêtais donc de traduire et résumer cet article lorsque je cherchais un complément d’information sur le groupe M.A.U.S.S. (mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales) dont il était question dans l’article.<br /></p>
<p>Je me contente donc de copier quelques passages et vous recommande bien sûr de lire l’intégralité sur les sites. (Ruth)<br /></p>
<h2>Ecologie, culture populaire et culture de la pauvreté<br /><br /></h2>
<p>Thierry Brugvin <br /></p>
<p>Introduction<br /></p>
<p>……
La pauvreté conviviale et volontaire relève du « vivre ensemble sur les principes de simplicité, de solidarité, de frugalité, de partage, du sens de l’équité ». De plus, la satisfaction des besoins essentiels physiques, matériels et psychologiques est une des conditions du bien vivre. La simplicité volontaire vise à se simplifier la vie et d’accroître leur bonheur de vie, une « vie bonne » grâce au détachement des besoins non essentiels.<br /></p>
<p>Une partie des mouvements écologistes (notamment la justice environnementale) prône une écologie des pauvres, c’est-à-dire une écologie non pas contre les pauvres, mais au service de tous. De plus, certains d’entre eux, en particulier dans les pays en développement, défendent un mode de vie qui puisse être compatible avec une répartition des ressources écologiques non renouvelables. Mais ils ne font pas qu’en faire la promotion ils le vivent concrètement.<br /></p>
<p>La culture de la pauvreté est en relation avec la puissance des pauvres. Cette dernière permet d’affirmer la fierté de sa culture, voir d’une culture de la pauvreté, même s’il faut savoir éviter l’écueil d’une société à deux vitesses, dans laquelle la pauvreté deviendrait un secteur en soi, ad vitam aeternam, permettant aux plus riches de vivre égoïstement.<br /></p> <p>Entre les excès que sont l’attitude caritative conduisant à une politique libérale fondée d’un côté et de l’autre l’attitude idéaliste naïve, manipulatrice ou instrumentalisée aboutissant à une politique décroissante libérale, il existe une troisième voie. Cette dernière peut être qualifiée de mouvement pour la justice environnementale ou d’écologie de la pauvreté ou encore d’écologie de la sobriété heureuse (du buen vivir). Cette nouvelle voie regroupe certains membres d’anciens groupes : le courant écologiste, le mouvement égalitariste pour la justice sociale, celui de la simplicité volontaire, la culture des pauvres, la culture populaire et traditionnelle…..<br /></p>
<p>La pauvreté conviviale et volontaire fait la promotion de la frugalité heureuse, d’un mode de vie simple et de bon sens, c’est-à-dire de ce qui est nécessaire et suffisant pour bien vivre. A la différence de la misère, la pauvreté volontaire « se base sur un choix délibéré » et « la quête d’une richesse plus libératrice de toute dépendance matérielle superflue. Elle exclut les plaisirs qui dégradent la relation personnelle » aux autres et à soi même…..<br /></p>
<p>La satisfaction des besoins psychologiques est une des conditions du bien vivre. Parallèlement, aux besoins essentiels physiologiques et au besoin de puissance sur soi-même, il existe d’autres besoins psychiques essentiels à la « vie bonne », tel qu’en parle en particulier le philosophe Paul Ricœur. La « sobriété heureuse » telle que la formule Pierre Rabhi vise à retrouver une harmonie intérieure et extérieure, psychique et écologique. Elle vise aussi à développer les qualités psychologiques de l’être humain (se détacher du besoin de posséder, de consommer, du pouvoir, de s’oublier dans l’activisme…). Qualités qui sont nécessaires d’acquérir, afin de pouvoir réellement mettre en œuvre cette autolimitation, en vue d’un partage équitable des ressources entre tous les êtres vivants.<br /></p>
<p>Selon le psychologue Maslow, les cinq besoins fondamentaux principaux sont les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, les besoins d’appartenance, le besoin d’estime de soi et d’accomplissement de soi . …<br /></p>
<p>La pauvreté conviviale et la sobriété heureuse supposent donc la satisfaction de ses besoins physiques, matériels et psychologiques. Satisfaire les 5 besoins fondamentaux psychologiques suppose de parvenir à prendre conscience des peurs subconscientes engendrées par leur non-satisfaction, puis de parvenir à s’en détacher psychiquement. Ces 5 peurs sont reliées aux 5 besoins psychiques fondamentaux : la peur de la mort au besoin de vivre, la peur d’être faible au besoin d’être fort, la peur de ne pas être aimé au besoin d’aimer, la peur de ne pas se réaliser au besoin de réalisation de soi même par la création, la peur de ne pas comprendre et donc ne pas maîtriser son environnement au besoin de compréhension du monde. Se détacher de ces peurs suppose non seulement un travail intérieur (psychologique, méditatif, contemplatif, etc.), mais aussi une analyse critique des valeurs de la société, qui soit de nature sociologique et philosophique. La marchandisation capitaliste et le matérialisme nous poussent à nous créer des besoins artificiels et renforcent la dimension névrotique des besoins non essentiels. Les besoins et les peurs névrotiques principaux sont en nombre relativement limité, mais leurs combinaisons et leur pondération sont quasiment illimitées.<br />
<br /></p>
<p>LA SIMPLICITE VOLONTAIRE CONTRE LA SIMPLICITE SUBIE<br /></p>
<p>La simplicité volontaire désigne des personnes ayant choisi de vivre volontairement avec peu de ressources, afin de se simplifier la vie et d’accroître leur bonheur de vie, une « vie bonne » grâce au détachement des besoins non essentiels. C’est « un courant social, un art de vivre ou une philosophie de vie qui privilégie la richesse intérieure par opposition à la richesse matérielle manifestée par l’abondance de la consommation ». Pierre Rabhi, un des principaux leaders du mouvement de la décroissance, la dénomme aussi « sobriété heureuse ». leur pauvreté pourrait alors trouver un remède ». Les plus riches peuvent donc apprendre des plus pauvres, contrairement à ce que la majorité pense souvent, puis le processus peut s’inverser…... …<br />
<br /></p>
<p>LE « BIEN VIVRE » COMME PROJET DE VIE ET IDEOLOGIE<br /></p>
<p>La pensée chrétienne prône depuis son origine le détachement matériel. Aux origines de ces concepts de simplicité, on retrouve l’héritage de la sagesse antique, puis les idées de Saint François d’Assise, que l’on peut considérer comme un des premiers « écologistes ». Il a fait du vœu de pauvreté un des principes des franciscains notamment. La pensée chrétienne prône depuis son origine le détachement matériel.<br />
<br /></p>
<p>Le « Buen vivir » et le « sumak kawsay » proviennent de la culture amérindienne. Le « Buen vivir » est un concept qui est une traduction métisse des mots Sumak Kawsay venant des différentes cultures indigènes, surtout andines. Nés dans les pays d’Amérique du Sud, le « Buen vivir » ou « Sumak Kawsay » sont des mouvements qui sont issus d’une longue recherche d’alternatives de vie dans des luttes populaires, notamment indigènes incluant souvent une approche spirituelle. Le « Buen Vivir » est un concept plus qu’un mouvement. Il est d’abord porté par les mouvements indigènes et écologistes en Équateur, ainsi que d’autres organisations sociales. Il a été repris par le gouvernement de Rafael Correa, économiste et président de l’Équateur, pour rebaptiser le plan de développement du pays, le « Plan national pour le Buen Vivir ». On retrouve ce concept de Buen Vivir en Bolivie avec le Sumak Qamaña sur lequel s’appuie Evo Morales, leader syndical bolivien du mouvement vers le socialisme, le président du pays d’origine et de culture indigène.<br /><br /></p>
<p>David Choquehuanca, le ministre des Affaires Étrangères de Bolivie, résume ainsi « le buen vivir » : « recommencer à être ce que nous avons été ». L’article 8 de la Constitution établit que : « l’État assume et promeut comme étant les principes éthico-moraux de la société plurielle ». Le bien vivre c’est accorder la priorité à la vie, c’est savoir se nourrir, savoir combiner la nourriture adaptée aux saisons, c’est accepter les différences, c’est savoir danser, c’est savoir travailler, mais ce n’est pas “vivre mieux” au plan quantitatif comme dans le cadre du paradigme productiviste.<br /></p>
<p>En France, Paul Ariès, le rédacteur en chef du magazine les Zindignés et l’auteur du livre « le Socialisme Gourmand, le Bien vivre : un nouveau projet politique » réintroduit la culture populaire comme soutien aux mouvements écologistes. Il considère qu’ancrer « dans les racines des civilisations, le projet du bien vivre est aujourd’hui au coeur du débat (…). Indispensable pour reprendre pied, pour permettre (…) aux milieux populaires de se retrouver (…), afin d’assurer la visibilité d’autres façons de vivre avec comme dessein de vivre mieux »…. <br />
<br /></p>
<p>LA SOBRIETE HEUREUSE : UNE REVOLUTION CULTURELLE<br /></p>
<p>La « décolonisation de notre imaginaire » est le premier pas vers l’objection de croissance. Voilà ce qu’explique Serge Latouche et cela suppose un véritable changement de paradigme. François Houtard, dans une allocution à l’assemblée générale des Nations Unies, le 30 octobre 2008, proposait d’une part de remplacer la valeur d’échange par la valeur d’usage, afin de permettre de créer des biens communs et non plus seulement des biens marchands. D’autre part, il suggérait de s’appuyer sur l’interculturalité, afin de parvenir à changer nos systèmes de valeurs respectifs.<br /></p>
<p>En effet, l’obstacle le plus fondamental, pour dépasser le capitalisme consiste à parvenir à dépasser nos modèles de représentation du monde qui nous semblent naturels et éternels, alors qu’ils ne sont que le résultat d’une culture donnée à une époque donnée. Actuellement, il s’agit de l’idéologie hégémonique capitaliste néolibérale (Gramsci), qui est devenue une pensée unique et la fin de l’histoire pour certains, tel Fukuyama….
Une vision du monde fondée sur la reliance est la condition d’une société harmonieuse. Avec la croissance démographique et la division du travail liée à la spécialisation à outrance les sociétés modernes s’éloignent du modèle de la société organique. Dans cette dernière le savoir et les personnes restent reliés entre elles, comme les organes d’un corps. C’est l’approche organique du monde selon Malinowski. Ainsi, dans les sociétés traditionnelles, le guérisseur, l’homme médecine, le chamane articule les fonctions de « gardien » de la santé physique, mais aussi psychique et sociale des membres de sa communauté. Chez les Kogis, un peuple premier de Colombie, lorsqu’une personne commet des actes répréhensibles, l’ensemble du village se réunit pour résoudre ce problème. Ils considèrent qu’il s’agit d’un symptôme d’un dysfonctionnement collectif et non pas seulement une déviance individuelle. Dans cette conception holistique les membres de la communauté sont considérés comme un tout, c’est-à-dire que chacun est relié aux autres de manière interdépendante. Une déviance individuelle résulte donc d’un déséquilibre collectif …<br /></p>
<p>. « L’art de vivre est un art de navigation difficile entre raison et passion, folie et sagesse, prose et poésie (…) Vivre de prose n’est que survivre, vivre, c’est vivre poétiquement », souligne Edgar Morin.<br /></p>
<p>…
L’approche multiculturelle interdisciplinaire peut parvenir à réunir les sociétés et les sciences, afin d’éviter le naufrage de la société occidentale moderne dite civilisée et de parvenir au moins à « une vie bonne » en harmonie. Or, le philosophe et littéraire, Paul Valéry a écrit : « on reconnaît la grandeur d’une civilisation à la façon dont elle traite ses minorités », c’est-à-dire les plus faibles.<br /></p>
<p>La culture de la croissance infinie, de la vitesse extérieure s’oppose à la culture de la lenteur et de la simplicité intérieure. …<br /></p>
<p>Travaillez moins, pour gagner moins, consommer moins et surtout vivre mieux, tels sont les principes de l’écologie de la pauvreté. Le film de Pierre Carles, « Attention, danger travail » qui a fait polémique, défend aussi cette philosophie. Il a filmé des chômeurs qui se plaignaient au début d’être exclus de la vie active et de ne plus avoir de salaires pour vivre. Quelques temps après, ils avaient réussi à s’adapter et parvenaient à vivre avec le revenu minimum d’insertion. Puis ils ont pris goût à vivre tranquillement, sans la contrainte d’un travail aliénant et refusèrent alors de chercher un emploi. Ils affirmaient ainsi en quelque sorte, « la société capitaliste nous a jeté, à présent nous ne voulons plus nous y soumettre ! ».<br /></p>
<p>Dans une perspective productiviste capitaliste ou socialiste étatique, l’injonction consiste à « travailler plus », plus vite, plus efficacement, recherche de la productivité maximum, pour « gagner plus ». Dans le cadre de l’écologie sociale radicale, les personnes entendent partager le travail, pour que tous y aient droit. Ils tentent de travailler moins pour accroître le temps pour soi et pour autrui. Ivan Illich estime qu’il faut parfois savoir « dire non » pour bien vivre dans cette société. Les travailleurs-consommateurs « ne sont même pas capables d’imaginer qu’ils pourraient se soustraire à leur condition de passager, c’est-à-dire jouir de la liberté de l’homme moderne, dans un monde moderne, de se mouvoir par lui-même ».<br /></p>
<p>Les membres des classes aisées exercent généralement des métiers intellectuels et dévalorisent le travail manuel exercés par une large part des classes populaires. Or, Gandhi valorisait au contraire le travail manuel, comme il l’a écrit dans sa publication mensuelle « Navajivan » : « le rouet est la plus importante de mes activités ». Les membres des mouvements alternatifs et écologistes qui se ressourcent auprès des cultures populaires valorisent aussi le travail manuel, car il favorise une vie simple et humble. Il recentre la conscience dans le corps et finalement diminue la tension nerveuse des excès de l’intellect. Mais c’est aussi simplement le moyen de gagner sa vie.<br /></p>
<p>L’approche fondée sur les besoins essentiels et les technologies appropriées (autonomie et identité culturelle) ne doit pas aboutir à un système à deux vitesses. ….<br /></p>
<p>La stratégie des besoins essentiels suppose donc un changement des valeurs et des lois sur lesquelles de notre économie marchande capitaliste. …<br />
<br /></p>
<p>.
CONCLUSION<br /></p>
<p>Les personnes des classes populaires qui parviennent à « bien vivre » sont celles qui disposent d’un capital culturel et/ou social suffisant ou adapté, malgré la pression idéologique de la société de consommation. Elles développent ainsi des modes de vie fondés sur la « sobriété heureuse ». Elles sont ainsi des exemples pour les plus riches. Ces cultures populaires, les cultures des pauvres et les cultures traditionnelles ne devraient donc pas être considérées comme des sous cultures et être sujet à l’opprobre par les élites. Elles devraient plutôt être replacées au même rang que les cultures dominantes en étant respectées à leur juste valeur, c’est-à-dire comme des cultures différentes, mais de niveau égal, voire supérieur, sur certains points. La perspective n’est donc plus seulement relativiste, mais aussi égalitariste. Les classes disposant de capitaux culturels et économiques élevés, qui en prennent conscience, tels les bourgeois-bohèmes commencent à copier certains modes de vie des classes populaires, même s’ils restent parfois une incohérence entre leurs valeurs, leurs discours et leurs pratiques. À la différence des « bohèmes » ou des « pauvres heureux » qui parviennent à vivre une véritable sobriété heureuse et donc disposent d’une empreinte écologique plus soutenable. Les changements de comportements des « minorités actives » peuvent contribuer à transformer les valeurs de la société en changeant les modes de vie et de consommation des classes dominantes. Cela aura des répercussions sur les autres classes sociales, qui cherchent généralement à les imiter.<br /></p>
<p>La sobriété n’est pas toujours heureuse et elle est généralement contrainte dans les classes pauvres ou populaires. Pourtant, lorsque la simplicité devient volontaire, elle peut devenir un mode de vie vertueux au plan psychologique, social et écologique. De plus, cela peut aider les cultures traditionnelles, les classes populaires et les plus pauvres à retrouver une fierté liée à leurs pratiques et leurs valeurs et leurs savoirs faire traditionnels. Car lorsqu’ils les méprisent, ils se considèrent alors comme des classes dominées ou en retard de développement. Ce qui conduite alors les individus des classes populaires à chercher à imiter les classes les plus riches qui cherchent à réussir leur vie par la quête matérialiste. Or, sans une identité culturelle forte (et non un nationalisme guerrier), sans la satisfaction des besoins essentiels et sans une certaine autonomie économique, il ne peut y avoir un développement social, économique et écologique pérenne.<br /></p>
<p>Une attitude est fondée sur des valeurs qui lorsqu’elle est systématisée et généralisée devient une politique. Il y a donc un équilibre à trouver entre deux attitudes excessives vis-à-vis de la pauvreté, qui deviennent deux types d’orientations politiques libérales. Il y a d’un côté l’attitude caritative classique consistant assimiler la pauvreté et la sobriété heureuse, à la seule misère matérielle et psychologique, tout en stigmatisant les pauvres. Soit en les plaignant pour leur mode de vie, c’est l’attitude plus ou moins caritative. Soit en considérant qu’ils sont responsables de cette misère et donc qu’ils la méritent. C’est la politique capitaliste libérale.<br /></p>
<p>L’attitude excessive opposée est l’attitude idéaliste naïve. Elle consiste à magnifier la pauvreté en imaginant qu’elle favoriserait systématiquement un mode de vie fondée sur la sobriété heureuse. Or, elle est souvent synonyme de misère, c’est-à-dire de non-satisfaction des besoins vitaux essentiels physiques, matériels et sociaux, de même que de frustrations psychologiques. L’attitude idéaliste naïve peut conduire volontairement ou non, à la politique décroissante libérale. Elle consiste à prôner une décroissance pour les pauvres, dans le but qu’ils ponctionnent le moins possible les ressources non renouvelables, afin que les plus riches puissent continuer le plus longtemps possible, à croître, à consommer et faire bombance. Ce qui aboutit à une société à deux vitesses au plan social, économique et écologique, dans laquelle les plus pauvres ne pourraient satisfaire que leurs besoins essentiels et cela à l’infini, sans résorber l’écart avec les plus riches. C’est une injustice au plan de l’égalité économique, mais aussi écologique, car les ressources non renouvelables sont limitées à terme.
Entre les excès que sont l’attitude caritative conduisant à une politique libérale fondée d’un côté et de l’autre l’attitude idéaliste naïve, manipulatrice ou instrumentalisée aboutissant à une politique décroissante libérale, il existe une troisième voie, celle de la politique sociale de la sobriété heureuse ou de l’écologie de la pauvreté. Il s’agit donc d’une attitude fondée sur les valeurs de la simplicité volontaire incluant une politique de redistribution des richesses et de justice environnementale. Cette dernière consistant à créer des lois permettant une préservation de l’environnement sans pénaliser prioritairement les plus pauvres. Cela consiste à privilégier par exemple des systèmes de quotas égaux de droit à consommer, à polluer par individu, plutôt que des écotaxes exerçant une pression plus forte sur les personnes les plus pauvres économiquement.</p>Visite chez les paysans au nord du Nicaragua près de Pueblo Nuevo et Totogalpaurn:md5:c8927ddad89fd241d7b9dda8ca337b582015-12-13T15:01:00+00:002015-12-13T15:43:50+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Par l’intermédiaire de Javier Pasquier, nous avons eu la possibilité de voir de quelle façon quelques paysans gèrent leur activité.<br /><br /></p>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/./.Rio_Abajo_Jairo_Videa_vice-president_coop_semences_m.jpg" alt="Rio_Abajo_Jairo_Videa_vice-president_coop_semences.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Rio_Abajo_Jairo_Videa_vice-president_coop_semences.jpg, dec 2015" /></p>
<p>Après un voyage en bus express direction Somoto de plus de 3 heures, nous étions attendus à un carrefour par deux jeunes hommes qui nous ont transporté en moto à Rio Abajo, un petit village de la commune de Pueblo Nuevo. Nous y avons été aimablement accueillis. <br /></p> <p>Après le repas, Jairo, le paysan dont nous étions les hôtes nous a montré ses terres. Il cultive avant tout du maïs, des haricots et des tomates.
Nous ne connaissions pas le « capote », une plante dont les rhizomes poussent sous terres et qui sont consommés cuits avec du miel.
En plus, il y a aussi des bananes, des mangues, des goyaves, et mandarines et des noix de coco, ainsi que des poules et des oies qui vivent en liberté. Les tomates sont vendues par des intermédiaires jusqu’à Managua et les haricots ne sont pas semés exclusivement pour l’autoconsommation.<br />
<br /></p>
<p>Jairo fait partie d’une coopérative qui produit des semences certifiées. Ce programme est initié par le CIPRES qui organise aussi des rencontres avec des paysans du Costa Rica, du Honduras et du Guatemala.<br /></p>
<p>Le fils de Jairo nous expliquait le procédé de la préparation des semences et de leur commercialisation et montrait des photos de l’installation financée par la FAO.<br /></p>
<p>Le jour suivant, il y avait d’abord l’élevage au programme. Le paysan ne possède que trois vaches, chacune avec son veau.<br />
<br />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.Rio_abajo_frere_Daniel_Rodas_traite_vache_m.jpg" alt="Rio_abajo_frere_Daniel_Rodas_traite_vache.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Rio_abajo_frere_Daniel_Rodas_traite_vache.jpg, dec 2015" /><br />
<br /></p>
<pre></pre>
<pre>Pour la traite, les vaches en liberté sont attachées à un poteau pour que le veau puisse téter un peu, puis la traite se poursuit à la main. Avec environ 6 litres de lait par jour, la production est loin de celle de nos régions. Dans le village il y a aussi très peu de pâturages, raison pour laquelle il sème du taiwan comme complément. Le taiwan est une plante apparentée à la canne à sucre et elle est récoltée à la machette, puis hachée à l’aide d’un vieil engin dont le moteur produit des nuages de fumée.<br /></pre>
<p><br />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.Rio_Abajo_broyage_canne_taiwan_m.jpg" alt="Rio_Abajo_broyage_canne_taiwan.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Rio_Abajo_broyage_canne_taiwan.jpg, dec 2015" />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.Rio_Abajo_Daniel_Rodas_lieu_alimentation_des_vaches_m.jpg" alt="Rio_Abajo_Daniel_Rodas_lieu_alimentation_des_vaches.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Rio_Abajo_Daniel_Rodas_lieu_alimentation_des_vaches.jpg, dec 2015" /></p>
<pre></pre>
<p>En plus des vaches, quelques bœufs sont élevés pour labourer les champs et pour le transport des charges.<br /></p>
<p>Ce paysan, leader de sa communauté, nous a fait visiter les multiples mesures réalisées par eux pour le reboisement et la lutte contre l’érosion, ainsi que les terrains cultivés en agroforesterie, c’est-à-dire des plantations d’arbres offrant de l’ombrage à des plantes alimentaires.<br />
<br /></p>
<p>Le 3ième jour, nous avons visité un centre de formation agricole de la FECODESA. Là se trouve une banque de semences et des vastes terrains d’expérimentation sur lesquels on cultive des variétés de haricots, maïs, sorghos etc. obtenus par croisement de différentes semences.<br />
<br /></p>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/./.El_Mamel_plants_de_sorgho_m.jpg" alt="El_Mamel_plants_de_sorgho.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="El_Mamel_plants_de_sorgho.jpg, dec 2015" /><img src="http://asso-inti.org/public/./.El_Mamel_plan_de_Jamaica_m.jpg" alt="El_Mamel_plan_de_Jamaica.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="El_Mamel_plan_de_Jamaica.jpg, dec 2015" /></p>
<pre></pre>
<p>Car, si auparavant, la saison des pluies débutait en mai, ce ne fut plus le cas les dernières années pendant lesquelles les pluies ne sont tombées qu’en septembre ou octobre.<br /></p>
<p>Ce fut aussi le cas cette année et beaucoup de régions sans possibilité d’arrosages ont perdu pratiquement toute leur première récolte de certaines cultures comme le maïs.<br />
<br />
La FECODESA conseille les paysans sur les mesures à prendre pour réduire ce risque en diversifiant les cultures, par exemple en remplaçant le maïs par le sorgho qui est plus résistant à la sécheresse et en améliorant la structure des sols.<br /></p>
<p>Dans une communauté éloignée de Totogalpa, nous avons visité une famille indigène qui a mis en pratique ces conseils de façon exemplaire et qui pratique aussi la culture biologique. Mais eux aussi ont eu des pertes lors de leur première récolte par rapport aux années précédentes. Heureusement, lors de notre visite, tout était redevenu vert heureusement de sorte que l’on peut espérer une 2ième récolte satisfaisante.<br />
<q></q></p>Les OGM en Amérique Centraleurn:md5:225b7ccb6bc7ff806dba61aded39fcb82014-11-17T14:44:00+00:002014-11-17T15:14:57+00:00Ruth MOUGELDossiers<h2>Guatemala <br /></h2>
<p>(Adital 15-9-2014) extraits<br />
<br /></p>
<p>Sous la pression des mouvements sociaux, la Cour Constitutionnelle a suspendu ce que l’on appelle la « Loi Monsanto » qui était censée entrer en application le 26 septembre 2014.
La soi-disant « Loi Monsanto » * établit et protège la propriété intellectuelle sur les nouvelles variétés végétales au Guatemala. Cela signifie que toute variété de plantes génétiquement modifiée par sélection artificielle, par hybridation ou par altération génétique pourrait être brevetée et le droit du détenteur aurait une durée de 25 ans.
Toute personne qui produirait ou reproduirait la variété sans autorisation serait passible de 4 années de prison et d’une amende allant de 130 à 13 000 $ US<br />
<br />
<img src="http://asso-inti.org/public/./.Mujeres_Guatemala_m.jpg" alt=" " style="display:block; margin:0 auto;" title=" , nov 2014" /></p> <p>Pour la plupart des Guatémaltèques cette loi est synonyme de pauvreté et menace la sécurité alimentaire du pays. On craint que les familles paysannes ne soient surveillées ou punies pour avoir cultivé des haricots ou du maïs, les aliments de base de la population guatémaltèque.<br /></p>
<p>Une autre inquiétude exprimée par le Mouvement des syndicats, des peuples autochtones et des paysans du Guatemala (MSIGG) est que la loi ne soit la porte ouverte à l’introduction massive de semences transgéniques qui ne deviendraient plus accessibles aux paysans. La culture à grande échelle de ce type de semences contaminerait la production alimentaire du pays et éliminerait les variétés natives.<br />
<br /></p>
<p>L’adoption de la loi sur la protection des obtentions végétales était l’une des obligations que le gouvernement du Guatemala avait dû accepter lors de signature de l’accord de libre-échange (CAFTA).<br /></p>
<p>La suspension de la loi est une première victoire.<br /></p>
<p>Si le Congrès n’abolit pas la loi, le mouvement de contestation se poursuivra.<br />
<br /></p>
<p>• Monsanto contrôle 60% du marché mondial des semences et 76% des pesticides et herbicides.<br /></p>
<p>• Les autres multinationales sont : Syngenta, DuPont-Pioneer, Bayer, Basf et Dow Agro Siencis<br />
<br /></p>
<pre></pre>
<h2>!!!!</h2>
<p>El Salvador <br />
(21 août 2014 – 56http://citoyenveilleur.canalblog.com)<br /></p>
<p>Article du 8 juin 2014<br />
<br /></p>
<p>Le gouvernement américain fait dépendre l’aide de 277 millions de dollars promise au Salvador de leur acceptation des graines OGM de Monsanto.<br /></p>
<p>Le président du Centre salvadorien pour les technologies appropriées (CESTA), Ricardo Navarro a exigé que l’ambassadeur américain à El Salvador, Mari Carmen Aponte, arête de faire pression sur le gouvernement d’El Salvador pour acheter des semences génétiquement modifiées de Monsanto plutôt que des semences non-OGM de fournisseurs nationaux.<br /></p>
<p>Au cours des dernières semaines, les Etats-Unis ont poussé le gouvernement du Salvador à signer le deuxième « Millenium Challenge Compact ». L’une des principales conditions de l’accord est prétendument l’obligation d’achat de semences OGM Monsanto.<br /></p>
<p>
Les coopératives du Salvador craignent de perdre la possibilité de produire leurs propres semences certifiées. L’Unité écologique salvadorienne (UNES) lutte également pour garder les semences natives plus résistantes au changement climatique et n’ayant pas besoin de produits chimiques polluants.<br />
<br /></p>
<p>En 2013, le Ministère de l’Agriculture salvadorienne a acquis des semences en majorité de maïs et de haricots pour 25,9 millions de $US au moyen d’un décret exécutif approuvé par le Congrès législatif de décembre 2012. Dans la pratique, il a écarté les entreprises des Etats-Unis.<br /></p>
<p>En janvier 2014, les législateurs ont approuvé un nouveau décret permettant la participation d’entreprises internationales.<br /></p>
<p>Cet appel s’est réalisé en avril et ce sont les mêmes producteurs locaux qui avaient déjà fourni les semences en 2011 qui ont gagné.<br /></p>
<p>Selon l’ambassade nord-américaine, le Salvador viole les clauses du traité de libre-échange (CAFTA). En réalité, elle veut promouvoir les semences de Monsanto.<br /></p>
<p>Il y a 18 entreprises locales susceptibles de perdre le marché des semences. Elles vendent 88 000 quintaux de semences de maïs que le gouvernement distribue annuellement à quelque 400 000 paysans dans le cadre du « Plan de l’Agriculture Familiale ».<br /></p>
<p>La distribution est de 10 kg de semences et 45 kg de fertilisant à chaque paysan.<br /></p>
<p>Ces entreprises commercialisent des semences améliorées par croisement, mais qui ne sont pas transgéniques.<br />
<br /></p>
<h2>Semences natives<br /></h2>
<p>Différentes organisations de défense de l’environnement font un appel aux agriculteurs pour la production de semences natives plus résistantes au changement climatique. Ces organisations promeuvent aussi l’échange de semences et pensent que la productivité pourrait même augmenter en utilisant comme fertilisant seulement du compost selon les pratiques des ancêtres.<br />
<br /></p>
<h2>Nicaragua<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>« Nous ne sommes pas protégés face aux entreprises de semences transgéniques. La lenteur dont font preuve les députés nicaraguayens pour approuver trois lois fondamentales et urgentes pour protéger la biodiversité, la souveraineté et la sécurité alimentaires du pays, laisse le Nicaragua sans les instruments juridiques pour affronter les multinationales qui contrôlent le marché des semences transgéniques, parmi lesquelles Monsanto. » <br /></p>
<p>Ce cri d’alarme fut lancé par Julio Sanchez, membre de l’Alliance de Protection de la Biodiversité, qui fait partie du réseau Rel-UITA et du département de biodiversité du Centre Humboldt durant une conférence de presse convoquée par les organisateurs de la campagne « Semences de notre identité ».<br /></p>
<p>Pendant cette conférence, l’approbation par la municipalité de San Ramon, dans le nord du pays d’une ordonnance pour la protection des semences et la prévention de risques liés aux OGM a été rendue publique.<br /></p>
<p>Pour le moment, la loi de prévention des risques relatifs aux OGM, connue sous le nom de « Loi de Biodiversité » est actuellement entre les mains du premier secrétariat de l’Assemblée Nationale.<br /></p>
<p>Une seconde loi de « Conservation et utilisation soutenable de la biodiversité biologique » est actuellement devant la Commission de l’environnement et n’a pas encore été examinée par l’assemblée nationale.<br /></p>
<p>Cette situation est préoccupante parce que ces deux lois sont en lien avec les accords internationaux du Nicaragua, comme le Protocole de Cartagena et la Convention de diversité biologique.<br /></p>
<p>Il est donc urgent de se protéger de l’assaut des multinationales qui utilisent la crise alimentaire et la hausse du prix du pétrole pour promouvoir les semences OGM destinés à des agrocombustibles.<br /></p>
<p>Ainsi Monsanto s’installe au Guatemala pour distribuer des semences dans dix pays d’Amérique Latine.<br /></p>
<p>À la question de savoir si les semences OGM sont ou non interdites au Nicaragua, Julio Sanchez répond qu’il existe une loi temporaire autorisant le Ministère de l’Agriculture (MAGFOR) à refuser ou à accepter les OGM mais que, pour le moment, il n’a pas autorisé ces semences.
Il y a donc urgence à voter la loi de biosécurité.<br />
<br /></p>
<p>Toutefois cela ne suffira pas. Une fois la loi générale concernant les OGM votée, il faudra formuler toute une série d’instruments pour la mettre effectivement en application.<br />
<br /></p>
<h2>
Les OGM’s au Honduras<br /></h2>
<p>Par Ruy Diaz Diaz 22-9-2014<br />
<br /></p>
<p>En juin 2010, l’administrateur des Services agricoles pour l’Etranger des Etats-Unis, M. Brewer indiqua que le Honduras était le pays leader dans l’incorporation de la biotechnologie dans l’agriculture et le seul pays d’Amérique Centrale avec des cultures OGM.<br /></p>
<p>En 2011, il y avait 29.579 hectares de maïs OGM et les variétés BT (MON810), Roundup Ready (RR) (NK 603), Hercules et UTPRO (MON 89034) sont produites dans sept départements du pays.<br /></p>
<p>Brewer oublie de signaler le Honduras comme berceau de la contamination par la pollinisation de variétés d’origine du maïs.<br /></p>
<p>Les avertissements et même des dénonciations furent négligés par le Ministère et le Secrétariat des Ressources Naturelles (SERNA)<br /></p>
<p>De plus, un article publié dans « The Nation » révéla que l’entreprise de mercenaires Blackwater (appelé maintenant XeServices) vendait des services clandestins d’espionnage à Monsanto.<br /></p>
<p>Les accords avec les multinationales comme Monsanto passent par le canal de deux entreprises qui sont la propriété d’Erik Prince, patron de Blackwater.<br /></p>
<p>C’est dans le cadre de tels accords que furent organisés des actes d’espionnage et d’infiltration dans les organisations de militants contre les OGM.<br /></p>
<p>Dés 2007, Hector Hernandez, ex-ministre du Secrétariat de l’Agriculture et de l’Elevage (SAG) a rendu public le fait d’avoir été menacé par des multinationales produisant des OGM, confrontées possibilité de voir se fermer le marché du Honduras.<br /></p>
<p>Il n’est pas étonnant que Monsanto qui, dès l’origine, a produit des toxiques (agent orange etc.) se soit associé à une autre entreprise de mort comme Blackwater/XeServices).<br /></p>
<p>De son côté, Via Campesina dénonce à présent l’achat de 500 000 actions Monsanto par la Fondation Bill et Melinda Gates.<br /></p>
<p>Comme Monsanto, dans la pratique Gates se consacre à tenter de détruire l’agriculture traditionnelle sur toute la planète à travers l’ »Alliance pour une Révolution Verte en Afrique » (AGRA) fonctionnant comme un cheval de Troie destinée à dépouiller les paysans africains pauvres de leurs semences traditionnelles et les remplacer par ses semences et les OGM.<br />
<br /></p>
<h2>
Le Costa Rica bientôt sans OGM – Au revoir Monsanto<br /></h2>
<p>Article du site Costa Rica.fr<br /></p>
<p>62 cantons (sur 81) ont été déclarés indemnes de la menace OGM au Costa Rica.<br /></p>
<p>Le 12 Août, les cantons Coronado et Alfaro Ruiz, ont enfin rejoint la vague du mouvement citoyen qui défend la chaîne alimentaire et les producteurs nationaux.
Actuellement, il reste 19 cantons à convaincre pour que le Costa Rica soit 100% sans OGM et 100% en faveur de l’équilibre écologique, la santé et la nutrition basée sur la dynamique naturelle de la biodiversité.<br /></p>
<p>En ce qui concerne la municipalité de Coronado, une province de San José, la Commission de l’environnement a mené son enquête durant six mois pour faire une évaluation et proclamer que le canton peut enfin rejoindre ce mouvement vert. Par la suite, la proposition a été accueillie favorablement par le Conseil et votée positivement à l’unanimité.
En vertu de l’accord, les 2 nouveaux cantons se doivent de lancer une campagne d’information pour faire connaître la déclaration à tous les résidents, les institutions, les collectivités et les acteurs nationaux sur le refus d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) dans leur canton.<br /></p>
<p>De plus, ils devront développer une éducation environnementale sur les aspects négatifs (notamment quant aux répercutions écologiques et la santé) de la consommation des OGMs a déclaré le représentant du “mouvement pour la défense des semences indigènes”.<br /></p>
<p>Pour rappel, l’un des acteurs majeurs des OGM au niveau mondial est la firme américaine Monsanto, qui aura maintenant bien du mal à s’implanter au Costa Rica. Il est attendu que les 19 cantons restants soient identifiés rapidement comme “sains” et sans OGM.<br /></p>
<p>Le Costa Rica reste malgré tout l’un des pays utilisant proportionnellement le plus de pesticides au monde même si la tendance générale mène de plus en plus vers des cultures bios dites ici “organicos”.<br /></p>
<p><strong></strong><strong></strong><strong></strong>___
Les militants contre les OGM continuent la lutte et en septembre 2014 la Cour Constitutionnelle a déclaré inconstitutionnel un article organisant les autorisations d’introduire les OGM dans le pays et a, par suite, suspendu toutes les autorisations. Elle s’est fondée sur le règlement de protection phytosanitaire en vigueur dont l’article 132 stipule que toute l’information technique et scientifique dans ce domaine doit rester confidentielle. Ce fut la brèche que Monsanto a utilisé pour négocier la libération de ses semences OGM. Les autorisations en cours sont donc suspendues. C’est une première victoire mais qui n’est toutefois pas définitive.<br /></p>Les énergies renouvelables en Amérique Centraleurn:md5:9f783f000bf542bac7ba290af69390662014-11-17T14:07:00+00:002014-11-17T14:13:50+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Prensa Libre 2-7-2014</p>
<p>Information de Cepal (comision economica para America Latina y Caribe) 2013</p>
<p>Les énergies renouvelables ont augmenté de manière significative par rapport à 2012
Au Nicaragua : + 10,2%
Au Guatemala : + 3,2%</p>
<p>Dans la région, 47,4% de l’énergie a été générée par des ressources hydrauliques<br /></p>
<p>36,3% par des combustibles fossiles (dérivés du pétrole et de charbon)<br /></p>
<p>8,3% par géothermie<br /></p>
<p>5% par des dérivés de la canne à sucre<br /></p>
<p>3% par des éoliennes<br /></p> <p>Les énergies renouvelables représentent en pourcentage du total :<br /></p>
<p>88,2% au Costa Rica<br /></p>
<p>68,6% au Guatemala<br /></p>
<p>60% au Salvador<br /></p>
<p>58,2% au Panama<br /></p>
<p>50,4% au Nicaragua<br /></p>
<p>41 :3% au Honduras<br /></p>
<p>La croissance annuelle de consommation électrique a été de 3,2% en moyenne en 2013<br /></p>
<h2></h2>
<p>Amérique Centrale, leader en énergies renouvelables, mais avec des défis à résoudre<br /></p>
<p>(Panama ACAN-EFE – octobre 2013)<br /></p>
<p>L’Amérique centrale s’est convertie en leader mondial des énergies renouvelables, surtout hydraulique, mais devra résoudre une série de défis pour réduire sa dépendance vis à vis du pétrole dans la production d’électricité.<br />
<br /></p>
<p>L’isthme centraméricain dispose pratiquement de toutes les ressources d’énergie renouvelable comme le vent, l’eau, le solaire et la géothermie.
Les pays pourraient, avec ces ressources, satisfaire 100% de leurs besoins en électricité.<br />
<br /></p>
<p>Mais pour le moment, 7 millions de personnes sont encore privées d’énergie électrique et près de la moitié de la population cuisine encore avec du bois.
Dans l’ensemble des pays 62% de l’électricité est produite par des sources renouvelables et 38% correspond à des dérivés du pétrole.<br />
<br /></p>
<p>La principale source de la région est hydroélectrique (env. 45%) suivi de la géothermie (env. 10%), tandis que la biomasse et le vent produisent environ 8%.<br />
<br /></p>
<p>Au Costa Rica, 70% de la production locale d’électricité provient des barrages et au Salvador, 25% provient de la géothermie.<br /></p>
<p>Le Nicaragua est le pays où sont en cours le plus de projets (59) - en partie financés grâce à la coopération avec la Finlande – suivi par le Guatemala (44), le Salvador (36), le Costa Rica (27), le Panama (24), le Honduras (23), le Bélice (17) et enfin la République Dominicaine (13)<br /></p>
<p>L’un des pays qui a le plus développé les énergies renouvelables au cours de dernières années a été le Nicaragua. Le CEPAL révèle que sur les cinq milliards de dollars US qui ont été investis dans la région centraméricaine pendant la période 2006 – 2012, 1 500 millions ont été destinés aux projets du Nicaragua.<br /></p>
<p>Selon le CEPAL - une organisation dépendant des Nations Unies dont le siège principal est à Santiago de Chili - ce sont les énergies par éoliennes, géothermiques et solaires qui se sont le plus développées dans cette région.<br />
<br /></p>
<p>En 2013, le Panama a mis en oeuvre des projets d’énergie renouvelable pour une valeur de 1 300 millions de $US,<br /></p>
<p>Le Costa Rica pour 1 100 millions<br /></p>
<p>Le Honduras pour 585 millions<br /></p>
<p>Le Guatemala pour 433 millions et
Le Salvador pour 22 millions<br />
<br /></p>
<p>Il est important de souligner que le Costa Rica tire déjà 93% de son énergie de sources renouvelables,<br /></p>
<p>El Salvador 58%,Le Guatemala 57% et Le Honduras 38%<q></q></p>
<p>En ce qui le concerne, le Nicaragua qui, pendant plus de 7 ou 8 années avait souffert de coupures de courant et qui avait une grande dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles, a investi pour remplacer ceux-ci à hauteur de 58% par des sources d’énergie éolienne, géothermique, hydroélectrique et par la biomasse.<br />
<br /></p>
<p>L’Amérique Centrale a été une des régions du monde ayant le plus souffert des chocs pétroliers car elle dépendait des importations. Cependant la situation s’améliore rapidement. Par exemple le Nicaragua et le Costa Rica ont installé l’année dernière des parcs éoliens d’une capacité respective de 1,38 mégawatt et 1,2 gigawatt.<br />
<br /></p>
<p>Selon le CEPAL, l’énergie en Amérique Centrale provient pour 50% de sources hydrauliques, de 35,3% de dérivés de pétrole et charbon, pour 8% de la géothermie, 4,1% des éoliennes et pour 2,6% des déchets de la canne à sucre, soit 54,9% d’énergie renouvelable.<br />
<br /></p>
<h2></h2>
<p>Rapport de la Banque Mondiale du 22-10-2013 – Nicaragua<br /></p>
<p>Extraits<br /></p>
<p>L’article relate une visite de l’installation géothermique Polaris de San Jacinto, département de Leon.<br /></p>
<p>Pour l’an 2020 le Nicaragua espère pouvoir générer 90% de son énergie par des ressources renouvelables.<br /></p>
<p>Le Nicaragua a beaucoup de possibilités grâce à sa chaîne de volcans, d’une excellente exposition au vent et au soleil ainsi que différentes sources d’eau qui permettrait de générer 5 800 mégawatts par an. <br /></p>
<p>Le réseau électrique est encore peu développé et les tarifs sont parmi les plus chers de la région. <br /></p>
<p>Ce n’est qu’en 2006 que le gouvernement a pris des mesures pour changer le modèle existant. Actuellement 58% de l’énergie provient de ressources renouvelables.<br /></p>
<p>La géothermie utilise les grands réservoirs d’eau qui se trouvent à des centaines de Km de profondeur et, entrant en contact avec le magma, forment de la vapeur. Les centrales géothermiques canalisent cette vapeur vers des générateurs et au refroidissement, l’eau retourne dans les profondeurs. C’est donc une ressource propre et inépuisable. Elle a aussi des effets très positifs sur la réduction des effets de serre.<br /></p>
<p>Une autre source d’énergie est le troisième parc éolien Eolo construit par le Nicaragua au bord du lac Cocibolca (ou lac Nicaragua), département de Rivas.
Avec ses 22 éoliennes, il génère quelque 44 mégawatts. Ce projet permet d’épargner 20 millions de dollars US par an et depuis sa mise en marche, il a réduit de 82 000 tonnes les émissions de dioxyde de carbone.</p>L’accroissement de l’industrie minière en Amérique Centrale produit des mythes, des paradoxes et des réalités tragiques.urn:md5:029464fd9f30dc776b13afd51e51c31a2014-11-17T13:57:00+00:002014-11-17T13:59:44+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Par Giorgio Trucchi – source Opera Mundi 1+2<br />
<br /></p>
<p>Durant les deux dernières décades, l’industrie minière a retrouvé une grande importance en Amérique Centrale, parce que les gouvernements ont nettement restreint leurs contrôles et abandonné leur politique de régulation de cette activité et surtout en raison de la hausse de la demande et des prix. Par exemple l’once de 28 g d’or valait 300 dollars US en 2013 soit 350 % de plus que 15 ans auparavant. Cette industrie est aussi en expansion du fait de la très forte demande de la Chine en acier.<br /></p>
<p>Selon l’étude « Impact des mines en Amérique Centrale » réalisée en 2011 par le CEICOM (Centre d’investigation sur l’investissement et le commerce) 14% de tout le territoire centraméricain a été concédé à des entreprises minières, essentiellement canadiennes. La CIDH (Commission Interaméricaine des droits humains) évalue d’ailleurs à entre 50 % et 70 % la part des seules entreprises canadiennes dans les industries extractives de toute l’Amérique Latine.<br /></p>
<p>Le Honduras, le Nicaragua et le Guatemala sont les pays comportant le plus grand nombre de concessions attribuées aux entreprises, aussi bien nationales que multinationales.<br /></p> <p>Parmi ces trois pays, celui qui a le plus grand nombre de concessions est le Honduras. Le « Diagnostic de la situation minière au Honduras 2007-2012 » réalisé par ICEFI (Centre Centraméricain d’Etudes Fiscales) met en évidence que ce pays a attribué 72 concessions et que 102 demandes étaient en cours, mais, selon le Centre Honduriens de Promotion pour le Développement communautaire, il y aurait en réalité 837 projets miniers potentiels, métalliques ou non, ce qui impliquerait une superficie équivalente à presque 35% du territoire national.<br />
<br /></p>
<p>Un autre rapport présenté l’année passée par ICEFI révèle que le Guatemala a attribué 107 concessions minières métalliques et qu’il est sollicité par 359 nouvelles demandes. Si l’on y ajoute les concessions non métalliques, on arrive à la quantité énorme de 973 projets.<br />
<br /></p>
<p>Les mouvements sociaux et populaires guatémaltèques nous alertent sur le fait que la superficie totale des concessions dépassera les 32 000 km2, soit presque 30% du territoire guatémaltèque.<br />
<br /></p>
<p>Le Nicaragua affronte lui aussi une situation très similaire. Dans son rapport « Etat actuel du secteur minier et ses impacts sociaux et environnementaux » (2012-2013) l’organisation écologique Centre Humboldt, révèle que la superficie totale des concessions représente presque 18 000 km2, soit 13,5% du territoire avec un total de 446 projets miniers.<br />
<br /></p>
<p>Cependant, la situation est quelque peu différente au Salvador et au Costa Rica.<br />
<br /></p>
<p>Le Salvador compte un total de 29 projets métalliques et 36 non métalliques, mais aucun n’est en phase d’exploitation. À partir de 2008, plusieurs organisations de la société civile salvadorienne ont entrepris un travail minutieux et approfondi d’information de l’opinion publique sur les effets pervers de l’exploitation des mines métalliques. Elles ont obtenu l’appui du président Mauricio Funes, nouvellement élu et du FMLN, ce qui a conduit à un moratoire de fait de l’extraction à ciel ouvert.<br /></p>
<p>Ceci a permis d’inscrire dans l’agenda parlementaire la discussion sur un projet de loi intégrale dont l’objet sera de réglementer n’importe quel type d’extraction.<br />
<br /></p>
<p>Au Costa Rica – après une grande campagne de conscientisation et de mobilisation - l’Assemblée Législative a adopté à l’unanimité l’interdiction de l’extraction à ciel ouvert, ainsi que de l’usage du cyanure et du mercure dans l’activité minière.<br />
<br /></p>
<h2>Faux mythes<br /></h2>
<p>Récemment il s’est tenu à Managua le 1er Congrès International des Mines au cours duquel des délégués de gouvernements et des entreprises minières, ainsi que des experts en ingénierie et géologie de plus de 25 pays d’Amérique latine, d’Europe, des Etats-Unis et du Canada ont débattu des innovations, des programmes et des progrès dans les domaines de la technologie et de la géologie pour l’exploration et l’exploitation minières.<br />
<br /></p>
<p>Parallèlement des organisations sociales et populaires de toute l’Amérique Centrale ont réalisé un Forum régional alternatif pour la défense des biens communs où elles dénoncèrent les mythes erronés de l’industrie minière et ses graves impacts sociaux et environnementaux.<br />
<br /></p>
<p>Le premier mythe est que l’exploitation minière génère le bien-être et le développement.<br /></p>
<p>« Les entreprises minières s’installent dans un territoire pour un temps déterminé, se dédient à l’extraction des ressources non renouvelables mais au fur et à mesure de l’épuisement des ressources, l’investissement et tout ce qui a été généré disparaît. Ce qui reste ce sont des villages fantômes et un environnement dévasté.
Les gagnants sont les entreprises et non le pays.<br />
<br /></p>
<p>Par exemple, au Nicaragua, en 2013, le principal produit d’exportation fut l’or pour une valeur de plus de 442 millions de dollars US, l’Etat percevant 3 % de la valeur extraite. Mais il faut bien reconnaître que ce taux de 3% est insignifiant face aux énormes gains des compagnies minières.<br /></p>
<p>En définitive, la contribution de l’activité minière à l ‘économie nationale des pays centraméricains reste marginale, oscillant entre 1,25% du PIB au Honduras et 2,5% au Nicaragua.
En comparaison, l’activité agricole au Honduras représente 40% du PIB.<br />
<br /></p>
<p>Le second mythe est que l’extraction minière génère des emplois.<br /></p>
<p>Au Honduras elle concerne une moyenne de 0,2% de la population économiquement active, soit un peu plus de 6.300 emplois.<br /></p>
<p>Au Nicaragua et au Guatemala ce pourcentage dépasse légèrement 2%.<br /></p>
<p>De plus, il s’agit d’emplois peu qualifiés, mal payés et éphémères.<br /></p>
<p>Les entreprises opèrent en moyenne 10 à 15 ans, ensuite elles déménagent ou font des transactions rendant difficile l’identification des propriétaires. Ainsi, il devient compliqué de les rendre responsable des dommages causés à l’environnement, et on observe leur lente disparition. <br />
<br /></p>
<p>L’exploitation verte – le troisième mensonge<br /></p>
<p>Il est mondialement connu que l’extraction est une industrie terriblement contaminante générant des dommages irrémédiables. Elle utilise beaucoup d’eau (autant d’eau dans une journée qu’une famille paysanne en 20 ans) et de poisons,<br /></p>
<p>Ainsi le cyanure – interdit par l’Union Européenne - continue à être utilisé, ainsi que le plomb, l’arsenic, le mercure, le zinc et l’aluminium.<br /></p>
<p>Pour chaque once d’or, il faut remuer 20 tonnes de roche, utiliser en moyenne 4 kg de cyanure et 20. 000 litres d’eau par seconde. De plus pour chaque gramme d’or on a besoin de 2 à 3 grammes de mercure. Ainsi l’eau empoisonnée est stockée dans un bassin, y demeure un temps, mais le risque est grand qu’elle finisse dans les rivières.<br />
<br /></p>
<p>Un spécialiste des mines indique qu’il y a de l’ordre de 8 mines au Honduras n’ayant jamais été traitées correctement et provoquant aujourd’hui de graves problèmes de santé.
Au nombre des autres impacts de particulière gravité, il y a la déforestation, la contamination de l’air par les poussières dues aux explosions et la perte de la couche fertile des sols.
Dans la vallée d’Angeles, une zone très touristique dans les environs de Tegucigalpa, capitale du Honduras, il y a une mine fermée il y a 40 ans mais qui continue à provoquer une contagion par les eaux acides. Ce sont des montagnes de déchets où l’on trouve de tout : mercure, plomb, arsenic, cadmium, aluminium, fer. Quand il pleut, de l’eau couleur sang descend des collines.<br /></p>
<p>Dans la vallée de Siria au Honduras et de San Miguel Ixtahuacan au Guatemala, l’exploitation de la mine a provoqué de graves problèmes de peau, des accouchements prématurés, des malformations génétiques, des avortements, des cécités et des personnes perdaient leur cheveux.<br />
<br /></p>
<p>Criminalisation des protestations<br /></p>
<p>Dans toute l’Amérique Centrale, les protestations contre l’exploitation minière ont toujours été criminalisées. Des dizaines de conflits sociaux ont abouti à la persécution, la répression et l’emprisonnement de centaines de personnes. Plusieurs chefs communautaires et activistes paysans et indigènes ont été assassinés.<br /></p>
<p>Des zones d’exploitations sont militarisées, des communautés sont divisées. On leur refuse une consultation préalable, libre et une vraie information.<br /></p>
<p>La seule réponse possible est de renforcer l’organisation et l’articulation des protestations sur toute la région. Un bon exemple est le Mouvement contre l’extraction minière (M4)<br />
<br /></p>
<p>Les Etats complices<br /></p>
<p>Cette situation et les effets que l’on observe ne seraient pas possibles sans la coresponsabilité des autorités nationales. Une des stratégies utilisées est la soumission de la législation nationale aux intérêts du capital minier pour pouvoir ainsi contenir et criminaliser les protestations sociales.<br /></p>
<p>Dans beaucoup de cas, ces lois et règlements ne sont pas seulement contraires à la constitution mais violent aussi la convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du travail) qui protège les droits des peuples indigènes.<br /></p>
<p>Mais la tendance est plutôt vers le renforcement des droits accordés aux entreprises minières.<br /></p>
<p>Ainsi, au Honduras l’approbation d’une nouvelle loi des mines a provoqué beaucoup de problèmes. Cette loi est entrée en vigueur l’année dernière et l’on compte déjà 11 assassinats directement liés à la mine. Plus de 60 personnes ont été condamnées pour s’être opposées à l’activité minière.<br /></p>
<p>Le modèle d’extraction est la conséquence du renforcement du modèle néolibéral où les corporations cooptent leurs dirigeants avec ceux des Etats, finissent par faire disparaître ces derniers comme institutions démocratiques en assumant le contrôle des politiques nationales, conclut Pedro Landa.<br /></p>Le peuple Pechurn:md5:f82d9b87eb4b2401b4e15d5cf645ffa52013-10-27T08:29:00+00:002013-10-27T08:36:09+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Le peuple indigène Pech du Honduras propose une réserve anthropologique comme ultime refuge de survie.
Résumé d’un article de Ollantza Itzamma du 24 septembre 2013, complété par d’autres informations trouvées sur le Web</p>
<p>Qui est le peuple Pech ?<br /></p>
<p>Le peuple indigène Pech est l’un des six peuples originaires du Honduras et l’un des rares peuples nomades de l’Amérique Centrale.<br /></p>
<p>L’origine de ce peuple n’est pas bien connue, toutefois on suppose qu’il est arrivé d’Amérique du Sud, il y a 3000 ans.<br /></p> <p>Lorsque les Espagnols arrivèrent sur le continent, les Pech étaient établis sur les îles de la Bahia, sur les rives des fleuves Aguan et Patuca et dans l’actuel département Francisco Morazan. Ce peuple nomade, vivant dans une zone-frontière entre deux civilisations, il s’est approprié à la fois celle du maïs et celle du manioc.</p>
<p>Ils opposèrent une farouche résistance aux Espagnols.<br /></p>
<p>Un peu plus tard, les pirates anglais et français armèrent les Miskitos pour briser la résistance des Pech. Un grand nombre d’entre eux furent capturés et livrés aux Anglais comme esclaves. De ce fait ils se retirèrent de plus en plus dans les forêts.<br /></p>
<p>Finalement on chercha à les soumettre par la religion.<br /></p>
<p>Même en fréquentant églises, comme ils fréquentaient avant leurs lieux sacrés, ils ne comprennent pas qu’un Dieu le père a permis qu’en son nom et celui de la bible, on leur ait enlevé les montagnes et les fleuves.<br /></p>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/mapa_Honduras.png" alt="mapa_Honduras.png" title="mapa_Honduras.png, oct 2013" /><br /></p>
<p>Actuellement ce peuple est réduit à 11 communautés dispersées (8 dans le département Olancho, 2 à Gracias a Dios et 1 à Colon) et il est toujours menacé par les éleveurs, les exploitants de bois et les agriculteurs métis.<br /></p>
<p>Leur population est d’environ 5 200 personnes. Beaucoup d’entre eux ont de sérieux problèmes pour subvenir à leurs besoins puis qu’ils n’ont plus de rivières où pêcher, ni forêts où chasser et récolter des fruits sauvages et d’approvisionner en herbes médicinales.<q></q></p>
<p>Ils cultivent le manioc, du maïs, des haricots et des bananes plantains pour subsister.
L’extraction du balsame liquidambar fut une de leurs principales sources de revenu jusqu’à ce que les ladinos aient envahi leurs forêts.<br /></p>
<p>Ils ont gardé leurs instruments de musique traditionnels comme le tambour Tempuca, une sorte de kena et la maraca.<br /></p>
<p>Ils sont représentés par la Fédération des tribus Pech de Honduras (FETRIPH)<br /></p>
<p>Le peuple Pech, étant nomade et peu nombreux, donne des leçons de liberté, de dignité et de courage à l’humanité. Ils fuient l’actuelle occidentalisation du monde.
Ils se distinguent physiquement des populations qui les entourent, ont conservé leur langue, leur alimentation et une partie de leur médecine.<br /></p>
<p>L’organisation sociale du village repose sur la famille élargie. Les femmes Pech participent beaucoup à la vie économique, elles sont artisanes, elles pêchent, vont aux champs, sont guérisseuses. Auparavant la femme était encore plus importante dans la culture Pech, l’influence coloniale et religieuse ayant contribué à une certaine dévalorisation sociale.<br /></p>
<p>Étant d’éternels voyageurs, ils ne construirent pas d’édifices importants et comme ils avaient l’habitude de trouver leur nourriture dans la nature, ils n’éprouvèrent pas le besoin de faire de l’élevage ou des plantations. Mais comme il arrive souvent les sédentaires ont d’eux une vision péjorative les traitant de fainéants, de mendiants etc.</p>
<p>Balsame de liquidambar, un patrimoine Pech<br /></p>
<p>Ce peuple nomade n’eut pas besoin de domestiquer les plantes et les animaux. Ils découvrirent des propriétés médicinales et alimentaires des plantes sauvages.<br /></p>
<p>Le liquidambar est un arbre qui pousse dans les montagnes d’Amérique Centrale (entre 700 et 1400 m d’altitude) mais aucune archive existe qui indiquerait que d’autres peuples de la région en dehors des Pech aient utilisé les propriétés de cet arbre.<br /></p>
<p>Des chroniqueurs et même des anthropologues du siècle passé affirment que les Pech ont extrait ce balsame aromatique pour leurs cérémonies et comme remède. Ils l’ont également commercialisé avec des civilisations mésoaméricaines.<br /></p>
<p>Maintenant ce sont surtout les ladinos qui exploitent cette sève balsamique pour l’industrie des parfums.
Cette sève balsamique est aussi appelée copalme ou ambre liquide.<q></q></p>
<h2></h2>
<p>Le système de culte<br /></p>
<p>Dans le monde social Pech toutes les activités quotidiennes comportent implicitement un caractère religieux ; la nature, la société et l’homme sont considérés comme un tout.<br /></p>
<p>Dans leur cosmogonie, l’éclair est l’origine, ce mot étant synonyme de grand-père.
Le nombre 9 a une importance particulière : le grand-père décida de créer 9 dieux et 9
déesses. Pendant la grossesse, la femme va 9 fois à la rivière, est protégée par 9 wataes (prêtres, guérisseurs, chamanes), donne naissance au bout de 9 mois et les enfants sont fêtés lors qu’ils ont 9 jours.<br /></p>
<p>La consultation et la réserve anthropologique et forestière Pech Montana El Carbon
Ce peuple qui n’a jamais été consulté ni par l’Etat, ni par les entreprises privées, ni par les Eglises pour les différents projets de « développement » et de « civilisation » et se voyant confiné dans les pentes de la montagne El Carbon se réunirent pour discuter de la proposition d’en faire un Parc National.</p>
<p>Cette montagne dont la superficie atteint presque 34 000 h a été habitée depuis l’époque préhispanique par le peuple Pech sur les deux versants. On y trouve beaucoup de sources, une très riche biodiversité, des forêts de liquidambar, plusieurs lieux sacrés Pech et des restes archéologiques.</p>
<p>Lorsque la proposition de déclarer la montagne El Carbon comme parc national fut présentée au Congrès National, le peuple Pech, avec l’appui de la coopération allemande et en coordination avec « l’Institut National de Conservation et de développement forestier, aires protégés et vie sylvestre (ICF) » entrepris une consultation pour ses membres afin qu’ils expriment leurs points de vue et leurs revendications.<br />
<br /></p>
<p>En juillet et août, les réunions et consultations se succédèrent avec une très ample participation de tous les secteurs et la présence des anciens, des caciques et des médecins Pech. Ils analysèrent les bénéfices et les responsabilités qu’une réserve anthropologique forestière implique pour une communauté indigène.
Finalement c’est à l’unanimité qu’ils firent la demande au Congrès Nationale de déclarer la montagne El Carbon Réserve anthropologique forestière dans le but de préserver la Mère Montagne et de revitaliser l’identité et la culture Pech.<q>{{</q>}}</p>
<p>Pendant cette période de consultations ne manquèrent ni les cérémonies spirituelles, ni les repas typiques, les chants et les danses.<br /></p>
<p>Lors d’une des réunions, Adrian Fiallos, président de la communauté Pueblo Nuevo Subirana, argumenta : « Ils disent que nous les Pech nous sommes des fainéants, uniquement parce que nous ne déboisons pas la montagne pour faire de l’élevage comme les ladinos. Mais nous ne déboisons pas parce que nous sommes les enfants de la montagne. Sans la montagne, nous ne pouvons pas vivre »<br />
<br /></p>
<p>La protection et l’administration de cette réserve Muäka Usku devront être partagé entre l’ICF et la FETRIPH.
Maintenant le projet doit être approuvé par le Congrès National.
Ce sera la 69ième aire protégé au Honduras ce qui représente 36% du territoire national.
Ce sera aussi un acte de justice pour un peuple qui a résisté et qui résiste à abandonner son identité et son appartenance à la montagne.<br />
<br /></p>2,5 millions d’enfants travaillent en Amérique Centraleurn:md5:6aee487c1246e0ac5a4eb632e0a171962012-08-02T19:01:00+00:002012-08-06T14:24:01+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Le 12 juin est la journée mondiale contre le travail des enfants.<br /><br /></p>
<p>J’ai voulu connaître la situation actuelle en Amérique centrale et je vous propose le résultat de mes recherches sur Internet. En effet, beaucoup d’articles de presse ont paru à cette occasion. Pour les statistiques, j’ai recouru aux rapports de l’OIT (Organisation internationale du Travail) les informations les plus récentes datant de septembre 2009. De toute façon les chiffres donnés ne peuvent qu’être approximatifs et il y a tout lieu à penser que la situation n’a pas vraiment changé.<br /><br /></p>
<p>Pauvreté et travail des enfants sont étroitement liés. En Amérique Centrale, la pauvreté frappe 40% des quelque 45 millions d’habitants.<br /></p>
<p>Il faut donc savoir qu’il s’agit pour eux d’une question de survie pour les enfants concernés et leurs familles lors qu’on se propose d’interdire le travail des enfants.<br /></p>
<p>Déjà dans les années 80, les enfants travailleurs au Nicaragua s’étaient organisés, non pour refuser de travailler, car conscients de cette nécessité, mais pour exiger le respect et l’accès à l’éducation et aux loisirs.<br /><img src="http://asso-inti.org/public/./.ninos_cote_atlantique_s.jpg" alt="ninos_cote_atlantique.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="ninos_cote_atlantique.png, aoû 2012" /><img src="http://asso-inti.org/public/./.fabrication_de_briques_s.jpg" alt="fabrication_de_briques.png" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="fabrication_de_briques.png, aoû 2012" /></p> <p>Tant qu’il y aura la pauvreté, on ne pourra donc que tendre à éliminer les pires formes d’exploitation des enfants.<br /><br /></p>
<p>Les enfants aidant occasionnellement leurs familles – exclues de statistiques – peuvent même trouver du plaisir comme l’écrit Brisamar (11 ans), parrainée par INTI et scolarisée au DMMT (Doris Maria Morales Tijerino)<br /></p>
<p>« Nous avons accompagné ma mère pour récolter du café, nous avons vu plusieurs serpents, Marcelo (9 ans) a récolté presque 3 latas (caisse en bois utilisée comme mesure au Nicaragua) par jour et avec ce qu’il a gagné, il s’est acheté le cartable qu’il voulait ; j’ai récolté deux latas et je me suis aussi acheté mon cartable, ma mère a récolté 3 latas par jour. C’était la première fois que nous le faisions et cela nous a plu. C’était une belle expérience dans la montagne entouré de la belle nature de notre pays avec de l’air pur ; le climat était frais, les arbres énormes, le Cèdre royal, le Caoba et d’autres bois précieux protégés par l’Etat. C’était si beau que nous avions envie de rester, mais ma mère a dû reprendre le travail. »<br /><br /></p>
<pre></pre>
<p><img src="http://asso-inti.org/public/dossiers/.enf_trav_s.jpg" alt="enfants" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="enfants, juil 2008" /><img src="http://asso-inti.org/public/dossiers/.chureca_s.jpg" alt="chureca" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="chureca, juil 2008" /></p>
<h2>Les Etats d’Amérique Centrale et les conventions internationales<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Tous les Etats d’Amérique Centrale ont ratifié les différentes conventions concernant le travail des enfants.<br /></p>
<p>La Convention 138 concerne l’âge minimum pour n’importe quel emploi, en général il est interdit avant 14 ans.<br /></p>
<p>Elle a été signée par le Costa Rica en 1976, par le Salvador en 1996, le Guatemala en 1990, le Honduras en 1980, le Nicaragua en 1981 et le Panama en 2000.<br /></p>
<p>La convention 182 concerne l’interdiction et l’élimination des pires formes de travail des enfants.<br /></p>
<p>Le Costa Rica, le Guatemala et le Honduras l’ont signé en 2001, le Salvador, le Nicaragua et le Panama en 2000.<br /></p>
<p>Tous ces pays ont également signé la convention des droits de l’enfant en 1990.<br /></p>
<p>L’article 32 stipule : Les Etats reconnaissent les droits des enfants d’être protégés contre l’exploitation économique et contre tout travail qui pourra être dangereux ou empêchera son éducation ou qui sera nocif pour sa santé ou pour son développement physique, spirituel, moral ou social.<br /><br /></p>
<h2>Le travail des enfants selon le genre garçons/filles<br /></h2>
<p>_</p>
<p>En Amérique Centrale, les garçons sont plus concernés par le travail que les filles :<br /></p>
<p>Au Costa Rica 4,9% sont des garçons contre 1,4% de filles<br /></p>
<p>Au Salvador 12,9% « 5,3% « <br /></p>
<p>Au Guatemala 25,9% « 16% « <br /></p>
<p>Au Honduras 16,5% « 8,1% « <br /></p>
<p>Au Nicaragua 22,2% « 8,9% «<br /></p>
<p>Au Panama 6,5% « 1,4% « <br /></p>
<p>Cette différence selon le genre est due surtout au fait que c’est dans le secteur agricole que l’on rencontre le plus le travail des enfants, mais cela ne signifie pas qu’il y a davantage de filles allant à l’école ; sauf au Nicaragua qui accomplit un effort particulier dans ce domaine.<br /></p>
<p>Par contre il y a davantage de filles en charge des travaux domestiques.<br /></p>
<p>La déficience d’infrastructure des services de l’eau et de l’énergie exige de consacrer beaucoup de temps à la recherche de l’eau et du combustible.<br /></p>
<p>La différence de sexe dans la participation au travail domestique et au marché augmente avec l’âge. Certains enfants consacrent au moins 14 heures par semaine à des activités économiques et font en plus des travaux domestiques.<br /></p>
<p>Les décisions des familles en ce qui concerne le travail infantile dépendent des ressources des foyers et des bénéfices espérés de l’éducation, du coût de l’éducation et surtout de l’éducation qu’a reçue la mère.<br /></p>
<p>L’augmentation des revenus de la famille augmente l’assistance à l’école et diminue le travail infantile.<br /></p>
<p>L’accès à l’eau est aussi un facteur important dans la décision de faire fréquenter l’école.<br /></p>
<h2>La situation au Guatemala<br /></h2>
<p>Le Guatemala est un pays culturellement très riche et aussi très peuplé. (12,5 millions d’habitants)<br /></p>
<p>2,5 millions d’habitants vivent dans la capitale, soit 1/5ième de la population. 59,4% de la population est indigène, 80% vivent dans la pauvreté et 40% sont analphabètes.<br /></p>
<p>Au Guatemala vivent environ 6000 enfants dans la rue. Ils sont ressortissants de familles qui furent souvent victimes de la guerre civile (1960-1996). Ils souffrent de l’éloignement de leurs lieux d’origine, sont souvent des orphelins et vivent dans la misère.<br /></p>
<p>Ces jeunes vivent et travaillent dans la rue. Souvent il arrive qu’ils rejoignent les « maras », ces bandes juvéniles violentes. S’ils ne veulent pas mourir de faim, ils doivent trouver des petits jobs. Et pour oublier la faim, ils sniffent de la colle. De plus, ils vivent dans l’angoisse des « campagnes de nettoyage », car on les accuse d’être à l’origine de l’insécurité.<br /></p>
<p>Selon les chiffres de l’OIT, le Guatemala a le pourcentage le plus élevé de travailleurs infantiles, soit un à 2 millions, dont 12 000 ont entre 5 et 7 ans et 56% sont des indigènes.<br /></p>
<p>D’autres sources estiment le nombre d’enfants travailleurs entre 800 000 et 2 millions.<br /></p>
<p>Beaucoup d’enfants travaillent aussi à la maison et ne reçoivent donc aucune rémunération et d’autres travaillent dans des emplois qui nuisent à leur santé, comme par exemple :<br /></p>
<p>- casser des pierres pour des matériaux de construction<br /></p>
<p>- dans les ateliers fabricant des feux d’artifices<br /></p>
<p>- dans les plantations de canne à sucre et autres exploitations agricoles<br /></p>
<p>- environ 17 000 filles travaillent comme domestiques<br /></p>
<p>Pour échapper à la misère, les familles viennent à la capitale pour tenter leur chance.<br /></p>
<p>Souvent, tous petits, les parents les emmènent à la décharge pour récupérer des matériaux utilisables qu’ils vendent pour gagner un peu d’argent. Pour l’école, il n’y a pas le temps.<br /></p>
<p>Au Guatemala, l’adoption n’est plus un moyen pour offrir aux enfants orphelins ou abandonnés un vrai foyer, mais est devenue un article d’exportation vers les USA et l’Europe. Beaucoup de parents l’acceptent dans l’espoir que leurs enfants aient un meilleur avenir.<br /></p>
<p>À la frontière entre le Guatemala et le Mexique, l’exploitation sexuelle des mineurs et des enfants est très répandue. Des 15 000 enfants concernés, 95% sont des filles.<br /></p>
<p>Casa Alianza a identifié plus de 2000 victimes d’exploitation sexuelle.<br /><br /></p>
<h2>La situation au Honduras<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Le Honduras a 8 millions d’habitants dont un peu plus de 3 millions ont moins de 14 ans.<br /></p>
<p>Au moins 60% des habitants vivent dans la pauvreté.<br /></p>
<p>Chaque année des dizaines de milliers d’enfants abandonnent leur scolarité pour s’intégrer dans le monde illégal du travail infantile et c’est ainsi selon un rapport de l’UNICEF que commence le cercle vicieux qui reproduit la marginalisation et la pauvreté.<br /></p>
<pre></pre>
<p>L’organisation humanitaire Casa Alianza s’insurge du fait que près d’un demi-million d’enfants honduriens sont soumis à des travaux forcés, tandis que d’autres meurent de faim ou sont victimes de la traite et de l’exploitation sexuelle, sans que les autorités locales ne s’en inquiètent<br /></p>
<p>Beaucoup travaillent dans l’agriculture, la chasse, la pêche, dans les mines et la construction.<br /></p>
<p>Casa Alianza relate également qu’une des conséquences les plus dramatiques est l’abandon de la scolarité puisque cela contribue directement à la reproduction de la pauvreté.<br /></p>
<p>Des enquêtes récentes décrivent la situation de ces mineurs qui souffrent de coups, de blessures superficielles, de fractures, de brûlures etc., souvent mal soignées.<br /></p>
<p>Entre 2008 et 2010, 221 mineurs sont morts de mort violente.<br /></p>
<p>Dans son enquête, la Casa Alianza chiffre la population d’enfants entre 6 et 17 ans à 2 633 967 dont 14,3% d’entre eux travaillent (377 158)<br /></p>
<p>À ce chiffre s’ajoutent environ 9 000 enfants et jeunes vivant dans la rue.<br /></p>
<p>20 000 filles entre 12 et 17 ans travaillent comme domestiques. Elles travaillent sans contrat et sans assurance. Elles se lèvent en premier pour préparer le petit-déjeuner et se couchent en dernier. Tout cela pour un salaire qui va de 700 à 2000 lempiras par mois (29 à 83 €)<br /></p>
<p>Ces adolescentes viennent en général de la campagne.<br /></p>
<p>Une enquête Casa Alianza révèle qu’elles travaillent de 5h du matin à 9h du soir, du lundi au samedi.<br /></p>
<p>Normalement le travail infantile est réglementé au Honduras.<br /></p>
<p>Les enfants doivent avoir 14 ans révolus pour obtenir une autorisation du secrétariat d’Etat du travail et de la sécurité sociale. Les journées de travail ne doivent pas excéder 6h par jour.
Le travail de nuit n’est pas autorisé avant 16 ans.<br /><br /></p>
<h2>La situation au Salvador<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Le Salvador a une population de 6 millions d’habitants.<br /></p>
<p>19% de la population vit avec moins d’un dollar par jour.<br /></p>
<p>30,6% des enfants ont entre 5 et 14 ans. 110 000 enfants entre 5 et 14 ans travaillent, soit 7,2%.<br /></p>
<p>Selon un document de l’ONU, 188 343 enfants de 5 à 17 ans travaillent, la majorité d’eux pour les récoltes de canne à sucre, l’extraction de moules, l’élaboration de feux d’artifices, le tri des déchets ou les services domestiques.<br /></p>
<p>4 enfants sur 10 de ces enfants n’assistent pas à l’école.<br /></p>
<p>53% travaillent dans l’agriculture (récolte de café et de canne à sucre)<br /></p>
<p>16% dans l’industrie<br /></p>
<p>31% dans les services<br /></p>
<p>Les orphelins et enfants de familles pauvres travaillent soit comme vendeurs ambulants ou aident dans les petits commerces informels.<br /></p>
<p>Les situations les plus préoccupantes se rencontrent dans la fabrication de feux d’artifices, la culture et la récolte de la canne à sucre, la recherche de matériaux utilisables dans les décharges et la prostitution.<br /></p>
<p>Parfois les petites filles de 9 ans travaillent déjà comme domestiques.<br /></p>
<p>La récolte du café est certes fatigante –, – mais en général les plantations sont en altitude et à l’ombre - mais la récolte de la canne se passe en plein soleil et demande beaucoup plus d’effort physique, avec en plus le risque de se couper avec la machette.<br /></p>
<p>L’OIT estime qu’il y a entre 5 000 et 30 000 mineurs travaillant dans les plantations de canne à sucre.<br /></p>
<p>Par exemple Coca-Cola achète du sucre salvadorien pour ses boissons sans se préoccuper du fait qu’il est issu en partie du travail infantile.<br /></p>
<p>Pendant la « zafra », la récolte de la canne, un grand nombre d’enfants déserte l’école, car pour certains c’est la seule façon de contribuer au coût de la scolarisation.<br /></p>
<p>Au Salvador il est aussi normalement interdit de travailler avant 14 ans.<br /></p>
<p>L’enseignement est obligatoire et gratuit jusqu’à cet âge mais dans la pratique, il représente des coûts pour les parents (inscription, matériel scolaire, vêtements etc.)
Selon les statistiques de l’UNICEF 93% des enfants étaient inscrits dans les établissements scolaires du primaire, mais seulement 58% dans le secondaire.<br /></p>
<p>À partir de 12 ans, les enfants sont autorisés à faire des travaux légers qui n’affectent pas leur santé et qui ne les empêchent pas de poursuivre leurs études.<br /></p>
<p>La loi limite le travail des jeunes de 14-15 ans à 7h par jour.<br /><br /></p>
<h2>La situation au Costa Rica<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Le Costa Rica a une population de 4,6 millions. 20% de la population est pauvre et 5,7% vit dans la misère. Depuis les années 80 les conditions de vie se sont beaucoup améliorées, mais il reste un grand écart entre la population des villes et de la campagne, surtout en ce qui concerne la mortalité infantile et l’éducation.<br /></p>
<p>Si l’indice de développement humain est relativement élevé (47 en rang sur 177 pays), il existe aussi des zones de grande pauvreté, des régions où il n’y a que du travail temporaire pendant les récoltes.<br /></p>
<p>La plupart des enfants travailleurs viennent de familles vivant dans une grande pauvreté et où chaque membre doit contribuer à la survie.<br /></p>
<p>Le Ministère du travail estime qu’il y a au moins 10% des mineurs au travail.<br /></p>
<p>Entre 5 et 6% des enfants de 5 à 14 ans travaillent, soit env. 50 000 enfants et adolescents.<br /></p>
<p>Parmi eux env. 25 000 réalisent des travaux considérés comme dangereux (70% des garçons et 30% des filles)<br /></p>
<p>Parmi les travaux jugés dangereux il y a l’approvisionnement et la distribution de produits alimentaires, demandant la manipulation de produits pesant entre 20 et 70 kg, et de travailler la nuit de 7h du soir à 7h du matin sur les marchés des grossistes.<br /></p>
<p>43% des enfants travaillent dans l’agriculture, mais l’éradication du phénomène est difficile du fait de sa longue histoire dans les exploitations familiales.<br /></p>
<p>Certains doivent aussi aider à la pêche en mer, d’autres travaillent dans les mines et beaucoup sont vendeurs ambulants.<br /></p>
<p>Ce qui est alarmant c’est l’augmentation de la traite des êtres humains. Des filles venant du Nicaragua, de la République Dominicaine, de la Colombie, du Panama, de la Russie, de la Bulgarie et des Philippines sont emmenées au pays pour une exploitation sexuelle tandis que des filles du Costa Rica sont emmenées aussi pour les mêmes raisons au Japon et aux USA.<br /></p>
<p>Environ 14 000 jeunes filles travaillent comme employées de maison, certaines ayant commencé à un âge très jeune. Très peu arrivent à concilier ce travail avec la poursuite des études.<br /><br /></p>
<pre>Tatiana se lève très tôt, prépare le petit-déjeuner et emmène les petits à la garderie où ils restent pendant la matinée, retourne pour faire le ménage, l’après-midi elle s’occupe des enfants. Sa sœur prend la relève la nuit et ainsi, elle peut aller au cours du soir pendant quelques heures. »<br /><br /></pre>
<pre>Rosita, 14 ans, ne peut jamais s’attarder un peu plus au lit, elle doit se lever très tôt, laver le linge et faire le ménage, préparer les repas pour ses frères et sœurs avant d’aller à l’école. Sa mère est malade et son père au chômage. Quand sa mère va un peu mieux et peut préparer les empanadas ou des pains de maïs, Rosita doit aller dans les villages pour les vendre Son frère, Manuel, l’accompagne à contrecœur et en pleurant car il a honte d’être vu par ses copains de classe.<br /></pre>
<p>En marchant vite, elle a pour une demi-heure pour atteindre l’école. C’est sa dernière année d’école primaire et elle aimerait bien continuer les études. Son rêve est de faire médecine plus tard, mais sa mère qui n’a pas terminé l’école primaire, dit qu’il n’en est pas question, qu’il n’y a pas l’argent pour cela. Pendant les vacances scolaires, elle doit aider une parente. <br /><br /></p>
<p>Yolande a 16 ans et elle est l’aînée de 4 enfants d’Evangelina. Le père d’une des files verse 43 $US de pension alimentaire par mois et c’est avec cela qu’ils vivent dans une toute petite maison sans patio. Parfois Evangelina trouve du travail et Yolanda doit alors assumer toutes les tâches de la maison. Elle a abandonné l’école car ses camarades de classe se moquaient toujours d’elle. Maintenant elle vend des gâteaux, des empanadas et des pains dans la rue. Sa mère n’est pas très rassurée. « Un jour, un homme de la commune m’a touchée. J’ai crié et il m’a laissée, mais l’autre jour, il m’a proposée 10 000 colones (16,5€) si je le laissais me toucher. J’ai refusé » Sa mère la pousse à reprendre l’école et de garder des enfants pour gagner un peu d’argent, mais ne veut plus qu’elle travaille dans la rue.<br /><br /></p>
<p>Un groupe de jeunes se sont exprimé à l’occasion de la journée internationale contre le travail infantile et ils ont souligné l’importance de<br /></p>
<p>- demander un contrat pour définir les tâches à accomplir et d’inclure toujours la clause obligeant à respecter les adolescents et interdisant l’abus physique, émotionnel et sexuel de la part des employeurs<br /></p>
<p>- de s’inscrire dans une organisation où ils peuvent recevoir de l’appui, de l’information et si nécessaire une protection<br /></p>
<p>- de l’exercice par l’Etat d’un meilleur contrôle sur l’emploi des mineurs<br /></p>
<p>Au Costa Rica, la scolarité est obligatoire et gratuite pour les 9 classes d’école primaire.<br /></p>
<p>80% des enfants sont scolarisés. 48% des enfants travailleurs quittent l’école avant la fin.<br /></p>
<p>95% de la population sait lire et écrire.<br /><br /></p>
<h2>La situation au Belize (ex-Honduras britannique – indépendant depuis 1980)<br /><br /></h2>
<p>Population : 327 719 habitants, 36,8% ont entre 0 et 14 ans ((120 600)<br /></p>
<p>Belize est le pays d’Amérique Centrale où le pourcentage de la population atteinte du Sida est le plus élevé. <br /></p>
<p>30% des prostituées ont entre 13 et 18 ans et beaucoup d’enfants ont perdu leurs parents à cause de ce fléau.<br /></p>
<p>4020 enfants de 5 à 14 ans travaillent.<br /></p>
<p>55,3% travaillent dans l’agriculture (plantations d’agrumes, de bananes et de canne)<br /></p>
<p>5,9% travaillent dans l’industrie et le bâtiment<br /></p>
<p>38,8% travaillent dans le secteur des services (cireurs de chaussures, vendeurs ambulants de journaux, nourriture, souvenirs)<br /></p>
<p>L’école est obligatoire de 5 à 14 ans, mais le nombre d’enfants qui quittent l’école est assez élevé.<br /></p>
<p>Seulement ¼ des enfants pauvres continuent leur scolarité au collège.<br /></p>
<p>Seulement 51,9% des enfants travailleurs assistent à l’école.<br /></p>
<p>La loi interdit le travail avant 14 ans.<br /><br /></p>
<h2>La situation au Panama<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Le Panama a une population de 3,5 millions<br /></p>
<p>7% des enfants travaillent<br /></p>
<p>Le gouvernement du Panama applique un programme pour les élèves des écoles publiques et une aide aux familles les plus pauvres à condition que leurs enfants aillent à l’école.<br /></p>
<p>On sait que le travail des enfants est directement lié à la pauvreté. Il m’a donc semblé intéressant de décrire les habitations de ces familles, dont j’ai trouvé les statistiques pour ce pays.<br /></p>
<h5>En ville<strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong>_¨</strong> milieu rural <strong></strong><strong></strong>___ population indigène<br /><br /></h5>
<p>Sol en terre <strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong>28%<strong></strong><strong></strong><strong></strong> 26,9% <strong></strong><strong></strong>___ 54,2<br />%</p>
<p>Sol en ciment, carrelage, <strong>_.72%</strong><strong></strong><strong></strong><strong> 73,1% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 45,8<br />%</p>
<p>3-4 personnes par chambre 16,4%<strong></strong><strong></strong>_ 22,4% <strong></strong><strong></strong>___ 69,4<br />%</p>
<p>moins <strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong> 83,6%</strong><strong></strong><strong>_ 77,6% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 30,6<br />%</p>
<p>accès à l’eau potable <strong></strong>_ 100%<strong></strong><strong></strong><strong>_ 83,5% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 50,7<br />%</p>
<p>pas d’accès<strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong></strong><strong> 16,4% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 49,3<br />%</p>
<p>électricité <strong></strong><strong></strong><strong></strong> 99,2% <strong></strong><strong>_ 60,6% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 10,2<br />%</p>
<p>sans électricité <strong></strong><strong>_ 0,8% </strong><strong></strong>_ 39,4% <strong></strong><strong></strong>___ 89,8<br />%</p>
<p>Sanitaire raccordé<br /></p>
<p>Ou fosse septique <strong></strong> 70,6% <strong></strong><strong>_ 20,4% </strong><strong></strong><strong></strong>_ -<br /></p>
<p>Latrine <strong></strong><strong></strong><strong>_ 29,1% </strong><strong></strong> 71% <strong></strong><strong></strong>___ 39<br />%</p>
<p>N’ont rien <strong></strong><strong></strong><strong>_ 0,3% </strong><strong></strong> 8,6% <strong></strong><strong></strong>___ 61<br />%</p>
<p>Combustible pour cuisiner<br />
Gaz ou électricité<strong></strong>_ 97,2% <strong></strong><strong> 56% </strong><strong></strong><strong></strong>_ 5,9<br />%</p>
<p>Bois, charbon,kérosène<strong> 2,3%</strong><strong></strong><strong></strong>_ 43,7% <strong></strong><strong></strong>___ 94,1<br />%</p>
<p>Ne cuisine pas <strong></strong><strong></strong> 0,4% <strong></strong><strong></strong><strong>_ 0,8% </strong><strong></strong><strong></strong>_ --<br /><br /></p>
<p>Même si la pauvreté régresse, elle touche encore un fort pourcentage des Panaméens. En 2011 la pauvreté touchait 16,4% en milieu urbain et 52,1% en milieu rural.<br /></p>
<p>La pauvreté extrême en milieu urbain était de 3,3% et en milieu rural 26,4%.<br /><br /></p>
<p>Le travail des enfants est très varié. Voici quelques exemples :<br /><br /></p>
<p>- agriculture (riz, maïs, haricots, fruits, café, cacao, légumes)<br /></p>
<p>- vendeurs d’aliments, de boissons et d’articles divers<br /></p>
<p>- transport (encaissement des frais de transport)<br /></p>
<p>- pêche de fruits de mer<br /></p>
<p>- garder des enfants ou des personnes âgées<br /></p>
<p>- aider dans la construction ou dans la menuiserie<br /></p>
<p>- nettoyage<br /></p>
<p>- employée domestique<br /></p>
<p>- couture, broderie<br /></p>
<p>- aide-cuisinier<br /><br /></p>
<h2>La situation au Nicaragua<br /></h2>
<p><br /></p>
<p>Le Nicaragua a une population d’environ 6 millions d’habitants, cela signifie que la population a doublé dans l’espace de 30 ans. 52% sont des femmes.<br /></p>
<p>Et ce sont les foyers où la femme est seule à élever ses enfants qui sont les plus touchés par la pauvreté.<br /></p>
<p>Dans les zones rurales 8 sur 10 habitants sont pauvres.<br /></p>
<p>Actuellement plus de 3,5 millions de Nicaraguayens vivent dans des conditions de pauvreté et parmi eux plus de 2 millions vivent avec moins d’un dollar par jour.<br /></p>
<p>Actuellement 900 000 enfants sont exclus de l’éducation due à la situation économique des familles.<br /><br /></p>
<p>Une enquête de l’OIT datée de 2005 a enregistré 239 220 enfants travailleurs de moins de 17 ans dont
135 380 travaillent dans l’agriculture. L’ONG E-changer parle de 300 000 enfants travailleurs.<br /><br /></p>
<p>Le gouvernement a mis en œuvre un programme pour éliminer les pires formes de travail infantile en 2015 en facilitant l’accès à l’éducation et la santé et en réduisant la pauvreté.<br /></p>
<p>En 1992, avec l’appui d’éducateurs de rue et de quelques ONG’s s’est créé le mouvement des enfants travailleurs (NATRAS)<br /></p>
<p>D’autres initiatives ont suivi luttant toutes pour une plus grande participation ou même d’auto-organisation comme des radios locales pour faire entendre leur voix et sensibiliser l’opinion publique.<br /><br /></p>
<p>En 1998, après un long processus consultatif et avec la participation d’enfants, l’Assemblée Nationale a promulgué un nouveau code de l’enfance et de l’adolescence. D’autres lois en relation avec les droits des enfants ont suivi, comme la loi générale de l’éducation (2005), la réforme de la loi d’adoption (2007), le nouveau code pénal (2008) qui sanctionne les délits contre l’intégrité physique et sexuelle des enfants et adolescents. En 2007, à souligner aussi une loi concernant la paternité et la maternité responsable.<br /></p>
<p>La coordination d’ONG’s travaillant avec des enfants et adolescents CODENI réclame un nouveau code de la famille car l’autre remonte à 1904, ainsi qu’une nouvelle loi sur l’Etat Civil car il y a encore beaucoup d’enfants qui ne sont pas enregistrés officiellement et n’ont donc pas de carte d’identité.<br /><br /></p>
<h2>Le programme AMOUR<br /><br /></h2>
<p>Le Nicaragua est l’un des pays au monde avec la plus grande proportion de population infantile. En 2008, 50,6% de la population avait moins de 19 ans. Chaque femme a en moyenne 3,2 enfants (4,4 en milieu rural et 2,6 en ville). La croissance démographique est de 2,6%.<br /></p>
<p>Cette même année 56,7% de la population infantile vivait en situation de pauvreté, et 27% souffrait de dénutrition.<br /></p>
<p>Les deux priorités du gouvernement Ortega sont de lutter contre la pauvreté et de garantir la sécurité alimentaire. Il a lancé ainsi plusieurs programmes dont celui de « Hambre Cero » (faim zéro) <br /></p>
<p>Parmi les programmes, celui de « Amour » s’adresse directement à la population infantile.<br /></p>
<p>L’objectif est d’appuyer les familles pauvres dont les enfants travaillent dans la rue, ce qui inclut de donner aux mères un travail digne avec des revenus suffisants. Il veut aussi réactiver les CDI (centre de développement infantile), créés dans les années 80 et complètement négligés par les trois gouvernements néolibéraux qui ont suivi. Ces centres doivent garantir une attention professionnelle aux enfants dont les mères travaillent.<br /></p>
<p>Le gouvernement interdit le travail des enfants et ne veut pas voir les enfants mendier ou vendre aux ronds-points de la capitale, mais il n’a pas encore les moyens d’apporter une aide suffisante aux familles.<br /></p>
<p>Selon les statistiques officielles de 2008, plus de 600 000 enfants de moins de 15 ans travaillent pour apporter un soutien à leurs familles.<br /></p>
<p>L’une des conséquences de la pauvreté est la migration massive. Environ 10% des Nicaraguayens vit à l’extérieur pour des raisons économiques. L’argent qu’ils envoient aux membres de leur famille restés au pays est souvent la seule source de revenus.<br /></p>
<p>Seulement à Jinotega, dans une enquête portant sur 517 enfants et adolescents qui ont abandonné l’école, 57% d’entre eux ont reconnu avoir quitté l’école parce que leurs parents ont émigré au Costa Rica ou en Espagne et qu’ils n’avaient donc plus la possibilité de poursuivre leur scolarité.<br /></p>
<p>On appelle les enfants de ces parents les « orphelins de l’émigration »<br /><br /></p>
<p>Une des premières mesures du gouvernement Ortega fut le décret garantissant la gratuité de l’enseignement public primaire et secondaire. Malgré cela les défis en matières d’éducation restent énormes.<br /></p>
<p>40% de la population (2 millions 350 000) sont en âge scolaire.<br /></p>
<p>Malgré cet effort 500 000 enfants (selon d’autres sources, le chiffre serait de 900 000, mais celui-ci inclurait les enfants en âge d’aller à la crèche et à la maternelle) en milieu rural et de familles pauvres sont exclus du système scolaire. Dans la région autonome de la Côte Caraïbe, 25% des enfants indigènes ne vont pas à l’école et de plus l’enseignement bilingue ne progresse que lentement.<br /></p>
<p>Toutefois, grâce à l’introduction d’un repas gratuit, de donations de matériel scolaire, la fréquentation scolaire progresse et l’uniforme scolaire coûteux pour les familles n’est désormais plus obligatoire.<br /></p>
<p>Un autre problème énorme est la violence envers les enfants au sein des familles, dont la violence sexuelle.<br /></p>
<p>Beaucoup de filles mineures se trouvent ainsi enceintes. Et l’avortement, même thérapeutique, reste interdit. Le Nicaragua est l’un des pays qui enregistre le plus haut taux de grossesses d’adolescentes<br /></p>
<p>Un autre problème grave est la prostitution infantile.<br /></p>
<p>Parmi les pires formes de travail au Nicaragua, on trouve les tâches suivantes :<br /><br /></p>
<p>- casser et extraire des pierres (surtout à Chinandega)<br /></p>
<p>- cueillir du café (Matagalpa et Jinotega)<br /></p>
<p>- cultiver la palme africaine (Kukra Hill, Région autonome de l’Atlantique)<br /></p>
<p>- cultiver des oranges (rio San Juan)<br /></p>
<p>- travail dans l’élevage (Boaco et Chontales)<br /></p>
<p>- extraire de la pierre ponce (Masaya)<br /></p>
<p>- semer du tabac (Esteli et Jalapa)<br /></p>
<p>- fabriquer des tuiles et des briques (Leon, Ocotal)<br /></p>
<p>- ramasser des ordures (Managua, Chinandega)<br /></p>
<p>- vendre dans la rue (Managua, Chinandega, Ocotal)<br /></p>
<p>- travailler comme porteur (Somoto<br /></p>
<p>Mais ce qui me semble personnellement le plus terrible, c’est de voir les enfants sur les décharges, et bien sûr la prostitution<br /></p>
<h2>Quelques témoignages<br /><br /></h2>
<p>Axel a 8 ans, il ne va pas à l’école mais sait compter les sous qu’il gagne comme vendeur ambulant. Il vend des mangues coupées en tranches, mais aussi de l’eau fraîche, des chewing-gums, des bonbons et des cigarettes.<br /></p>
<p>Il a 5 frères et sœurs qui vendent dans d’autres lieux de la capitale. Ses parents sont divorcés et le père ne donne rien, seules les chaussures qu’il a au pied, décolorées et trop grandes.
Il aimerait bien aller à l’école, mais l’argent manque pour le matériel scolaire.<br /><br /></p>
<p>Esteban est un adolescent de 15 ans et il travaille dans un atelier de réparation de pneus. Il ne donne pas tout son salaire à la famille, mais contribue à payer les factures d’eau de d’électricité.<br /></p>
<p>Il dit qu’il travaille parce qu’il a envie d’avoir un peu d’argent et pour occuper ses après-midi. Les matins, il va au collège et il est en 3ième année du secondaire. Sa mère l’encourage à continuer ses études. Il aimerait devenir ingénieur en électricité.<br /><br /></p>
<p>Carlos a à peine 11 ans, il est tout mince. On le voit tous les après-midi près d’un poste de police avec sa boîte de cirage. Il fait ce travail depuis 3 ans pour acheter de quoi manger pour ses frères et sœurs. Sa mère vend des textiles au marché oriental. Cependant Carlos va à l’école, ensemble avec ses deux frères en âge scolaire.<br /><br /></p>
<p>Ce qu’Axel et Carlos ont en commun, c’est que selon la législation, ils ne devraient pas travailler puis qu’ils n’ont pas atteint l’age de 14 ans.<br /><br /></p>
<p>À l’occasion de la journée internationale pour éradiquer le travail infantile, l’entreprise de téléphone Movistar a organisé un concours de photos sur ce thème, dont voici trois exemples.<br /></p>
<p>Le programme d’action sociale de Movistar « Pronino » appuie actuellement 4 500 enfants travailleurs dans tout le pays. Ils reçoivent une bourse qui inclut du matériel scolaire, l’uniforme, les repas et un appui psychologique. Les parents et les enseignants sont inclus dans le projet. Les premiers reçoivent des formations qui devraient leur permettre de trouver un emploi et donc ne plus avoir besoin du travail de leurs enfants, des discussions sont organisées pour les enseignants.<br /></p>
<p>Grâce à la coopération avec le Ministère de l’éducation et l’OIT, 9 sur 10 enfants bousiers ont réussi leur année scolaire.<br /><br /></p>
<p>Une autre initiative est menée à Jinotega avec l’appui d’une association suisse (voir www.e-changer.ch)<br /></p>
<p>Fondée en 1994, l’ONG « Tuktan Sirpi » (petit enfant en miskito) accompagne et encadre les enfants et adolescents travaillant dans la rue et sur les marchés de la ville.<br /></p>
<p>Souvent victimes d’abus sexuel, de violences et d’exploitation, beaucoup d’enfants travailleurs cherchent à oublier leur situation en sniffant de la colle ou des solvants.<br /></p>
<p>Dans les années 80, suite à la révolution sandiniste, les familles et les enfants de Jinotega bénéficiaient de nombreux programmes sociaux mis en place par le gouvernement. Puis, les opérations menées par « la Contra » c’est-à-dire une guerre sanglante, financée par le gouvernement nord-américain et la CIA, suivie de programmes de réajustement structurel, ont fortement appauvri la population. La guerre avait vidé les campagnes, forçant des communautés entières à migrer en ville. De nombreux enfants, certains âgés tout au plus de 8 ans, ont alors envahi les marchés et les rues. Il y a une dizaine d’années, quelques 600 enfants travaillaient sur le marché de Jinotega.<br /><br /></p>
<p>Les dernières années, la situation s’est beaucoup améliorée, mais il reste toujours des problèmes de déscolarisation, notamment quand les parents ont émigré à l’étranger pour trouver du travail et que leurs enfants sont confiés à une parente qui a peu de moyens pour les élever.<br /></p>
<p>L’ONG soutient l’engagement des enfants dans des opérations de communication, pour faire connaître leur situation précaire et sensibiliser la population à ce sujet.<br /></p>
<p>Les jeunes participent aussi à la réalisation des programmes de radio et de TV.<br /></p>
<p>Un des jeunes a été invité en Suisse pour parler devant des élèves et étudiants.<br /></p>
<h2>Quelles perspectives ?<br /><br /></h2>
<p>La 3ième conférence mondiale sur le travail des enfants doit se tenir en 2013 au Brésil. Elle donnera suite aux engagements pris lors de la 2ième édition aux Pays-Bas, qui avait souligné l’importance de prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin aux pires formes de travail des enfants.<br /></p>
<p>Ce sera aussi l’occasion de faire bénéficier les participants des expériences réussies dans ce domaine.<br /></p>
<p>En 2013, la conférence évaluera les progrès réalisés et désignera les domaines dans lesquels plus d’efforts doivent être fournis.<br /></p>
<p>CARE International sous l’auspice de l’Union Européenne a inauguré en avril de cette année le projet régional « primero aprendo en Centroamerica» (d’abord j’apprends) qui se déroulera pendant la période 2012-2014.<br /></p>
<p>L’objectif est de faciliter des coordinations intersectorielles, des modèles éducatifs et des alliances pour que les enfants travailleurs jouissent pleinement de leur droit à l’éducation.<br /></p>
<p>Ce projet travaillera au Guatemala avec les enfants domestiques dans le département de Solola, au Salvador avec les enfants exposés au risque d’exploitation sexuelle et de traite dans le département de San Miguel et au Nicaragua avec des enfants travailleurs du secteur agricole à Jinotega .<br /><br /></p>
<h2>Conclusion<br /><br /></h2>
<p>Les enquêtes réalisées ont démontré que malgré l’apport des revenus des enfants peu nombreuses sont les familles ayant réussi à sortir de la pauvreté.<br /></p>
<p>Le travail infantile limite les possibilités d’éducation alors que l’on sait que c’est justement celle-ci qui permet d’améliorer la situation économique.<br /></p>
<p>Il est donc très important que les gouvernements facilitent l’accès aux études et à une formation professionnelle. Il faut une forte volonté gouvernementale pour réaliser ces programmes et surtout une continuité pour garantir la soutenabilité, et donc faire en sorte que le politique ne soit pas interrompu lors d’un changement de la majorité (comme ce fut le cas au Nicaragua par exemple.)<br /></p>
<p>L’éradication du travail infantile est une tache de longue haleine.<strong></strong></p>NICARAGUA : Situation actuelle de l’éducation publique (avril 2012)urn:md5:b4ca114031e4bd1db41abf6c4a0670922012-04-29T08:25:00+00:002013-03-22T16:08:04+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Publié le 19 avril 2012 par Bernard <br /></p>
<p>Cet article est sur le site du Comité Amérique Latine du Jura<br />
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<p>(Sources : deux articles parus dans la revue nicaraguayenne mensuelle « ENVIO » en septembre 2011 et mars 2012).<br /></p>
<p>Bien que la situation de l’éducation publique au Nicaragua continue d’être précaire, et qu’elle ne puisse être planifiée qu’à moyen ou long terme, commençons par reconnaître que durant les trois dernières décennies, le pays a vécu quelques avancées. Les générations actuelles vont à l’école plusieurs années. Récemment encore, le « droit à l’éducation » était seulement, pour les gens, le droit d’aller à l’école. Aujourd’hui on commence à le comprendre comme le « droit d’apprendre ». Et peu à peu, on commence à réclamer une « éducation de qualité »<br /></p> <p>.
Durant des années nous avons pensé ingénument qu’en promouvant un accès massif à l’éducation, nous réussirions à avancer vers l’égalité sociale. Depuis peu, nous nous rendons compte qu’il n’en est pas ainsi : bien que nous ayons élargi l’accès à l’éducation publique et bien que la qualité de celle-ci se soit un peu améliorée, le Nicaragua continue d’être un pays aux énormes disparités, avec un abîme entre les secteurs les plus riches et les pauvres de la société. <br /></p>
<p>La première constatation quant à la qualité de l’éducation publique est qu’il existe une grande inégalité entre, d’une part, les zones rurales et la Côte Atlantique, et d’autre part, les zones plus urbanisées, moins pauvres. Dans les zones rurales éloignées, à Río San Juan, Matagalpa, Jinotega, on trouve des écoles à l’infrastructure très précaire et des enseignants dont la plupart n’ont pas eu l’opportunité de recevoir une formation adéquate. Selon des données de 2008, au Nicaragua le pourcentage moyen d’enseignants « empiriques », c’est-à-dire sans diplôme, sans formation, est de 27,3 % à l’école primaire. Mais il atteint 42 % en zone rurale, et même 58 % à Jinotega et 68 % sur la Côte Atlantique Nord. Ainsi s’installe un cercle vicieux générant l’inégalité, car ceux qui sont nés dans une zone défavorisée reçoivent en plus un enseignement de moindre qualité.<br />
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<p>En 1980 seulement 70 % des enfants de 7 à 12 ans assistaient à l’école. En 2008, (dernière année pour laquelle nous disposons de chiffres) ils étaient 87 %. Au niveau du collège, (13 à 17 ans), on ne voyait que 22 % des enfants en 1980 et 45 % en 2008. Mais il faut noter une stagnation depuis 2005.Quant à l’éducation préscolaire, 29 % des enfants de 3 à 6 ans y avaient accès en 2000 et 58% en 2008. L’avancée du préscolaire est due surtout aux efforts de nombreuses organisations de la société civile qui, durant des années, ont appuyé les préscolaires communautaires. Les enseignantes y sont très mal payées. Mais il faut se féliciter que la société nicaraguayenne commence à se convaincre de l’importance de l’éducation préscolaire et de la nécessité d’offrir aux enfants des stimulations qui leur ouvrent l’esprit.<br />
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<p>Les pays qui ont enregistré des avancées dans leur système éducatif sont ceux où les politiques éducatives sont des politiques d’Etat. Au Nicaragua, l’éducation est la propriété du parti qui gouverne, et chaque ministre a le pouvoir d’imposer des priorités. Ainsi, des décisions sont prises sans évaluation, des changements, – le plus souvent bien intentionnés -, sont imposés sans tenir compte des expériences acquises. Le manque de continuité dans les politiques affecte en permanence le service.L’investissement dans l’éducation n’est pas une priorité et le budget de l’éducation primaire est insuffisant. En 2008 il représentait 4,8 % du PIB et stagne depuis trois ans bien que les impôts aient augmenté. Cela signifie des salaires très bas pour les enseignants : la majorité d’entre eux gagne moins qu’une employée de maison.<br />
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<p>Dans mes expériences professionnelles, donnant des cours à des enseignantes pour les préparer à des campagnes de lecture ou d’alphabétisation, j’ai remarqué que beaucoup d’institutrices motivées, disciplinées et désireuses de voir leurs élèves apprendre, n’ont pas l’idée que ce qui est vital, c’est la compréhension du texte pour pouvoir continuer d’apprendre, et ceci pour toutes les matières. Ignorant cela, elles ont tendance à faire lire mécaniquement, et à faire travailler uniquement la mémoire. Or la mémoire est un instrument mais pas une fin en soi. Nous devrions repenser nos méthodes.<br />
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<p>Il n’existe pas d’étude sur l’absentéisme des enseignants. Or il est bien connu que beaucoup d’enseignants de zones rurales et de Côte Atlantique arrivent le mardi pour enseigner et s’en vont le jeudi. Souvent les élèves ont parcouru à pied un long chemin pour venir en classe et le maître n’est pas là. Quelle motivation demeure pour eux ? Par les parents je sais aussi que certains bavardent avec leur portable tout en donnant des cours à leurs élèves d’école primaire. Ce genre de problèmes perdure parce qu’il n’existe pas de mécanismes ni pour sanctionner ni pour stimuler … Il est nécessaire que le gouvernement investisse dans la formation des enseignants. Mais il faut investir dans ce qui est prioritaire : les Ecoles Normales, le matériel.… Il y a quelques années on a investi dans la création d’un institut appelé IDEAS, pour former les enfants surdoués du pays ! Est-ce bien une priorité ??<br />
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<p>Dans le cadre de la Stratégie Nationale de l’Education, le parti du gouvernement a élaboré un Plan Stratégique 2011-2015, qu’il n’a pas communiqué aux enseignants et qui ne figure même pas sur le site du Ministère de l’Education. L’auteur de cet article a réussi à l’obtenir par des voies officieuses ! Il est regrettable que ce Plan soit administré par un groupe de personnes qui ne communiquent pas avec les autres instances de la société. Ce plan contient des données instructives : on constate que de 2004 à 2009, seulement 42 % des enfants entrés à l’école primaire à 6 ans terminent le cycle primaire.17 % abandonnent l’école dès la première année de primaire. Ce sont les enfants de familles pauvres qui quittent l’école pour diverses raisons ( pas d’argent pour acheter des chaussures, travail infantile pour aider la famille, garder les frères et sœurs plus petits, etc…) Ce Plan Stratégique prévoit d’obtenir que tous les enfants accomplissent les six années de primaire. Mais il faudrait déjà parvenir à ce qu’ils restent jusqu’au bout de la première année ! Il faudrait des objectifs intermédiaires.
L’infrastructure laisse souvent à désirer. Selon les données de la Fondation Nicaraguayenne pour le Développement Economique et Sociale, seulement 48 % des centres éducatifs du Nicaragua disposent d’eau potable et de latrines. 52 % des salles de classes ont besoin de réparations. Beaucoup d’écoles manquent de pupitres, de papier. Dans bien des écoles rurales, les élèves font des km à pied pour venir en classe en apportant leur eau pour boire.<br />
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<p>L’éducation fut une priorité au Nicaragua en 1980, avec la Croisade pour l’Alphabétisation. Tout était orienté pour parvenir à cet objectif qui mérita la reconnaissance de l’UNESCO. Mais depuis, l’éducation ne fut plus jamais une priorité…<br /></p>
<p>Tout est nécessaire.Tout est urgent. La société civile nicaraguayenne compte beaucoup d’organisations qui appuient l’éducation. De multiples campagnes sont lancées dans le but d’améliorer la qualité éducative. Mais ceci n’est pas suffisant. Il faut accroître les efforts et leur incidence. Pour que les déficiences de notre système se corrigent sans nous compromettre le futur, nous devrons nous unir tous, sans distinction de croyances religieuses ni de sympathies politiques, et travailler pour le Nicaragua et pour ses enfants, garçons et filles, avec toutes les énergies possibles.<br /></p>Agrocarburantsurn:md5:3fdd52a4fb2b3e03bf72db0c9869b8a02011-05-31T16:51:00+00:002011-05-31T16:51:40+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>La revue ALTERNATIVES SUD du Cetri (Centre tricontinental) a traité le thème des agrocarburants
Dans de nombreux articles. Comme j’avais l’intention de parler dans cette lettre d’info des problèmes que ces monocultures posent par des exemples au Honduras, au Guatemala et au Nicaragua., Je vous propose de larges extraits de la revue.
L’article complet peut être consulté sur http//www.cetri.be</p>
<p>AGROCARBURANTS (ALTERNATIVES SUD)</p>
<p>Longtemps considérée comme une panacée face aux changements climatiques, la production d’agrocarburants pose problème. En particulier en Asie, en Amérique latine et en Afrique, où elle prend le plus souvent la forme de vastes monocultures – de canne, de palme, de soja… – aux mains de l’agro-industrie. Destination en hausse : les pays riches soucieux de diversifier et de « verdir » leur approvisionnement énergétique.</p> <p>Les impacts fonciers, sociaux et environnementaux observés au Sud tendent à aggraver les déséquilibres, quand ils ne mettent pas en péril l’alimentation même des populations locales, par le changement d’affectation des terres. Déforestation, appropriation privative des ressources, accaparement des propriétés agraires, concentration des bénéfices, pollution des sols et de l’eau, appauvrissement de la biodiversité, exploitation de mains-d’œuvre vulnérables, déplacement de populations, violation de droits humains… les ressorts et les « externalités » de la dynamique sont multiples et à géométrie variable.</p>
<pre></pre>
<p>En matière d’émission de gaz à effet de serre, l’« alternative » des agrocarburants ne ferait pas mieux, dans sa globalité, que les combustibles fossiles. Quant aux « critères de durabilité » – lacunaires – auxquels l’Union européenne et les Etats-Unis entendent soumettre leurs importations, ils changent moins la donne qu’ils ne donnent le change.</p>
<pre></pre>
<p>À quelles conditions une réappropriation équitable et un développement durable de la production et de la consommation d’agrocarburants sont-ils envisageables ? Les solutions passent par une refonte des politiques économiques et agricoles.</p>
<p>Expansion des agrocarburants au Sud : dynamique et impacts
par François Polet
Sociologue, Université de Louvain-La-Neuve (Belgique). Chargé de rédaction, recherche et formation au CETRI. Coordonne les publications Etat des Résistances dans le Sud.
Les cultures pour agrocarburants gagnent du terrain dans la majorité des pays du Sud. Dominées par des plantations industrielles, elles génèrent d’importants impacts problématiques : concentration des terres, destruction des écosystèmes, fragilisation de la sécurité alimentaire. Les systèmes de certification volontaire visant à faire émerger un agrocarburant industriel « durable » aident surtout à « verdir » l’image du secteur.
À la croisée d’enjeux énergétiques, environnementaux, agricoles et commerciaux majeurs, les agrocarburants suscitent de vifs débats depuis plusieurs années. Leurs détracteurs ont gagné de l’audience depuis la crise alimentaire de 2007 et la mise en cause des cultures énergétiques dans l’explosion du prix des denrées alimentaires. La chute des prix mi-2008 n’a pourtant pas réduit la pression sur les avocats des cultures énergétiques, car deux nouvelles accusations émergent depuis peu, étayées par un nombre croissant d’études et de rapports. La prise en compte du « changement d’affectation des sols » causé directement ou indirectement par les agrocarburants remettrait en question leur bilan carbone positif, principal « argument de vente » auprès du grand public. Et la quête de surfaces agricoles qu’ils occasionnent serait une des causes majeures de l’inquiétant phénomène d’« accaparement des terres » dans les pays du Sud. Malgré l’intensité de la controverse, la Commission européenne et les Etats du Nord comme du Sud gardent le cap et relativisent les impacts... ou misent sur l’application de critères de durabilité pour faire émerger des filières « propres ».
……..
L’expansion des agrocarburants au Sud
Croissance accélérée des quantités et des surfaces en jeu
La production mondiale d’agrocarburants a connu un véritable boom à l’échelle mondiale ces dernières années : elle a été multipliée par 5,5 entre 2000 et 2009 pour atteindre 51,78 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) (PB, 2010). Assez logiquement, les superficies consacrées à la production de matières premières agricoles pour cet usage énergétique ont connu une croissance parallèle, passant de 13,8 millions d’hectares en 2004, à 26,6 millions en 2007 et 37,5 millions en 2008, soit 2,3 % des terres cultivables dans le monde (PNUE, 2009), ou 2 fois la surface cultivable de la France, ou encore 38 fois la surface cultivable de la Belgique. Les agrocarburants seraient responsables de 25% de l’accroissement des surfaces agricoles entre 2004 et 2008 (RAC-F, 2008)…………
Au Sud, trois matières premières agricoles dominent nettement la fabrication d’agrocarburants : le soja et l’huile de palme pour le biodiesel, la canne à sucre pour l’éthanol.
Si l’on en croit les programmes officiels, la production d’agrocarburants et l’expansion concomitante des cultures énergétiques devraient encore s’accélérer dans les années à venir dans les pays en développement. ………..
Le rôle déterminant des pouvoirs publics
Au Sud comme au Nord, l’expansion des cultures énergétiques résulte d’abord de l’adoption récente de politiques publiques visant le développement de la production et de la consommation d’agrocarburants. Les coûts de production des agrocarburants étant supérieurs à l’essence et au diesel, le décollage de la consommation mondiale n’aurait tout simplement pas eu lieu sans cette volonté politique.
S’agissant des pays du Sud, il ressort des documents officiels adoptés ces dernières années que ces politiques sont guidées par des préoccupations d’ordre énergétique et économique essentiellement. Il s’agit de réduire la dépendance des économies nationales vis-à-vis d’une ressource, le pétrole, dont le prix sur les marchés internationaux connaît des hausses imprévisibles, source d’une grande vulnérabilité macro-économique, tout en offrant des opportunités de croissance et de création d’emplois dans les secteurs agricole et industriel. Il importe de l’avoir à l’esprit : au Brésil, en Indonésie, en Afrique du Sud et ailleurs, le soutien aux agrocarburants est une question de « développement national », avant d’être une contribution à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les politiques nationales en question jouent à la fois sur la stimulation de la consommation (créer une demande interne) et de la production d’agrocarburants (créer une offre interne). La promotion de la consommation passe par la fixation d’objectifs d’utilisation contraignants ou indicatifs, sous la forme de pourcentages de mélange d’agrocarburants aux carburants classiques. Les mesures adoptées afin de soutenir le développement des capacités de production nationales sont diverses : allègement fiscal ou subventionnement de la production de la biomasse et des unités de transformation, facilitations administratives et fiscales en faveur des investissements extérieurs, facilitation de l’acquisition de terres, investissement dans les infrastructures de stockage et de transport, implication majeure des entreprises publiques pétrolières, bancaires ou agricoles, financement de la recherche (en vue d’améliorer le rendement des variétés, les technologies de transformation, l’adaptation des moteurs des véhicules), etc.
Le poids variable des exportations
L’approvisionnement des pays riches, qui consomment d’ores et déjà davantage d’agrocarburants qu’ils n’en produisent, est l’autre grand vecteur de l’expansion des cultures énergétiques au Sud. L’Union européenne, par exemple, a importé environ 22% des dix Mtep qu’elle a consommé en 2008, année où elle a utilisé 3,3% d’agrocarburants dans son carburant de transport. Ce pourcentage d’importation devrait augmenter à mesure que la consommation européenne se rapproche des 10% de mélange fixés pour 2020 par la directive « énergies renouvelables ». Qui plus est, la réduction prévisible des barrières au commerce international de l’éthanol et du biodiesel devrait renforcer la présence des grands producteurs du Sud, plus compétitifs du fait de l’abondance de terres, du travail bon marché et de normes environnementales moins (voire non-) contraignantes.
En 2009, le Brésil à lui seul a assuré plus de la moitié des exportations mondiales d’éthanol. Il est suivi de très loin par la Chine, le Guatemala, le Nicaragua, le Pakistan, l’Egypte. ……..
Il importe par ailleurs de mentionner le rôle des diplomaties brésilienne, européenne et états-unienne dans le choix récent de plusieurs pays en développement - en Afrique et en Amérique centrale surtout - de se lancer dans la production d’agrocarburants à grande échelle pour l’exportation. ……
L’afflux d’investisseurs internationaux
Si l’Etat a joué un rôle de premier plan dans l’essor des filières et l’émergence d’un marché des agrocarburants, en particulier dans les pays où il conserve une forte capacité d’action (Brésil, Inde, Indonésie, Malaisie), la croissance accélérée du secteur est indissociable de la ruée des investisseurs internationaux sur le nouvel « or vert ». Sans surprise, les acteurs transnationaux les mieux placés sont les firmes de l’agrobusiness qui contrôlent déjà de larges pans de la production des matières premières agricoles, de leur transformation industrielle, de leur transport et de leur distribution. Pour autant, les perspectives de profit attirent de nouveaux et puissants acteurs de secteurs parfois éloignés de l’agro-industrie.
Comme le relève l’organisation Grain, qui compte parmi les observateurs les mieux informés « Les multinationales de cosmétiques vendent du biodiesel. Les grosses compagnies pétrolières raflent toutes les plantations. Les spéculateurs de Wall Street passent des contrats avec les barons féodaux du sucre. Et tout cet argent qui circule autour du monde est en train de réorganiser et de renforcer les structures transnationales, unissant la classe la plus brutale des propriétaires terriens des pays du Sud aux multinationales les plus puissantes des pays du Nord ». ….
………
Impacts « directs » et impacts « indirects ……..
1) forte croissance de la demande globale de matières premières agricoles : car la demande des usines d’éthanol et de biodiesel vient s’ajouter aux demandes « traditionnelles » de produis agricoles – celles de la filière alimentaire et de la filière industrielle – elles-mêmes en croissance ;
2) hausse du prix des matières premières agricoles : car l’offre de produits agricoles ne s’ajuste pas immédiatement à l’augmentation de la demande globale (les investissements nécessaires à l’amélioration de la productivité et la mise en culture de nouvelles terres demandent une ou plusieurs saisons) ;</p>
<pre> conséquences : enrichissement des producteurs agricoles grands et moyens capables de réagir rapidement à cette hausse des prix et moindre accès à l’alimentation pour les consommateurs pauvres (crise alimentaire) (Alternatives Sud, 2008).</pre>
<p>3) hausse plus durable du prix de la terre : car davantage d’opérateurs économiques sont désireux d’investir dans les terres cultivables, en vue de satisfaire une hausse de la demande en produits agricoles perçue comme structurelle du fait qu’elle répond à des tendances économiques de fond (pays émergents) et à des objectifs de consommation fixés par le politique (agrocarburants) ;</p>
<pre> conséquences : compétition autour des terres cultivables, éviction des agriculteurs les plus pauvres (vente volontaire-forcée de leur lopin ou expulsion), concentration des terres dans les mains des gros investisseurs et expansion des exploitations industrielles au détriment de l’agriculture paysanne ;</pre>
<p>4) augmentation graduelle de l’offre de terre cultivable : car la hausse du prix des produits agricoles et de la terre arable incite à accroître les surfaces exploitables ;</p>
<pre> conséquences : mise en culture des jachères, mais surtout déforestation et pressions sur des zones écologiques sensibles (savanes, prairies naturelles, zones humides).</pre>
<p>Impacts sur la petite production agricole et le développement rural
Entre exclusion...
Pour rappel, la production de canne à sucre, de soja et d’huile de palme est depuis plusieurs années dominée par l’agriculture industrielle. Sans surprise, c’est cette production agricole capitaliste - salariée et mécanisée - qui fournit l’essentiel des matières premières aux usines d’éthanol et de biodiesel. À l’instar des autres marchés, l’accès aux filières d’agrocarburants exige donc d’atteindre un seuil minimum de compétitivité et de connexion aux infrastructures et circuits commerciaux. L’insertion des petits producteurs est rendue d’autant plus difficile qu’une tendance à l’intégration verticale se manifeste dans le secteur : de plus en plus d’entreprises se créent avec des investissements simultanés dans les plantations et les unités de transformation. Les prix des matières premières étant un élément crucial de leur rentabilité, ce contrôle de leur approvisionnement leur permet de se protéger contre la volatilité des prix agricoles.
L’exclusion des petits propriétaires est la plus forte lorsque l’organisation de la production agricole-industrielle exige que les unités de transformation aient un contrôle total « en temps réel » sur le rythme de production des matières premières. L’activité agricole est alors assurée par une main- d’oeuvre intégralement salariée. La culture de canne à sucre pour l’éthanol au Brésil obéit à ce schéma purement capitaliste. On peut s’attendre à ce qu’il s’étende dans les pays, notamment africains et centro-américains, où la coopération brésilienne diffuse son « modèle » de l’éthanol.
...et incorporation « adverse » aux filières agrocarburants
Cela signifie-t-il que la petite agriculture de type familiale soit systématiquement marginale au sein des filières agrocarburants ? Le tableau est plus contrasté. La participation des petits et moyens producteurs peut être importante dans certaines filières et dans certains contextes nationaux. …..
Là où elle se produit, l’inclusion des petits agriculteurs aux chaînes de valeur des agrocarburants tend à suivre cette modalité d’incorporation « désavantageuse », bien davantage qu’à profiter des bénéfices théoriques des scénarios « win win » échafaudés par les institutions internationales (Banque mondiale, 2008). …..
L’existence de politiques publiques actives visant à corriger les asymétries entre petits producteurs et secteur agro-industriel en matière de pouvoir de négociation s’avère donc être une condition déterminante à l’émergence d’une incorporation plus équitable aux filières agrocarburants.
De la difficulté à profiter de la hausse des prix
Nous l’avons vu plus haut, à une échelle « indirecte » ou « globale », l’un des effets de l’expansion de la consommation d’agrocraburants est la tendance haussière sur les marchés agricoles internationaux. Or la baisse historique des prix agricoles depuis les années 1970 (liée à la libéralisation agricole et à la mise en concurrence des paysans pauvres avec des gros producteurs états-uniens, européens, argentins, etc. aux niveaux de productivité incomparables), est l’une des premières raisons de la stagnation, voire de la baisse, de productivité de la petite paysannerie et du processus dramatique de paupérisation dans laquelle celle-ci est plongée depuis plusieurs années (Mazoyer, 2002). Pourquoi dès lors le retour à la hausse des prix agricoles n’est-il pas profitable à l’agriculture paysanne ?
Ce paradoxe apparent est lié à la position désavantageuse des petits producteurs vis-à-vis de l’investissement productif (déjà évoquée s’agissant de la participation aux filières agrocarburants) : non seulement le crédit leur est infiniment moins accessible qu’aux gros et moyens producteurs, mais l’exposition au risque de retournement des prix, inhérent à tout investissement, est beaucoup plus lourd de conséquences chez des paysans pauvres n’ayant aucune base financière pour endurer une saison à perte. Or la tendance haussière des prix agricoles de ces dernières années se double d’une grande volatilité à court terme qui a un effet inhibiteur sur cette catégorie de producteurs. Ou qui plonge les plus audacieux dans les affres de l’endettement…
Concentration foncière, prolétarisation, exode rural
L’agriculture familiale a donc les plus grandes difficultés à tirer bénéfice du développement accéléré des filières agrocarburants. C’est par contre elle, et plus globalement les populations rurales pauvres, qui en paient le prix fort, sous la forme d’un recul de leurs droits d’accès aux ressources naturelles indispensables à leurs stratégies de survie quotidienne. L’énorme consommation d’eau des plantations (irrigation) comme des unités de production (lavage, refroidissement), ajoutée à la contamination des eaux de surface et des nappes souterraines, porte préjudice aux communautés villageoises avoisinantes. Mais c’est la prise de contrôle, par des entreprises commerciales ou des élites locales, d’immenses étendues de terre pour la mise en culture de matières premières pour agrocarburants qui constitue la principale menace pour la petite agriculture.
Les agrocarburants sont l’un des principaux moteurs du phénomène récent, et combien inquiétant, d’accaparement des terres en Afrique (surtout), en Amérique latine et en Asie. D’après Laurent Delcourt (2010), 35% environ des 45 millions d’hectares acquis ou en cours de négociation en 2009 à l’échelle mondiale étaient destinés aux cultures énergétiques. Cette acquisition de nouvelles terres s’opère régulièrement au détriment des propriétaires ou usagers antérieurs. …..
a) Les terres visées sont soumises à un régime foncier de propriété privée. Les occupants antérieurs, petits ou gros propriétaires, sont porteurs de droits formalisés sur la terre, sous la forme d’un titre de propriété généralement. Ils acceptent alors de les céder, volontairement ou après avoir subi des pressions, parfois même après des actes de violence. Dans des régions où les rapports de force prévalent sur les rapports de droit, la capacité du propriétaire à refuser la vente ou à en tirer ce qu’il estime être un profit minimal (présupposé de base du libre marché) est intimement liée à son poids social.
Les grands propriétaires de caféiers ou d’orangeraies de la région de São Paulo au Brésil ont réalisé de juteux bénéfices en vendant leurs terres aux usineiros avides d’étendre leurs plantations de canne à sucre. Deux mille kilomètres au Nord, les petits colons amazoniens n’ont eu d’autre choix que d’accepter les offres, même misérables, des sojeiros, au risque de recevoir la visite musclée de leurs hommes de main. Sur cette échelle qui va des formes les plus « libres et préalablement informées » aux formes les plus violentes d’expropriation, le paroxysme est sans doute atteint dans le Choco (Colombie), où l’obtention des terres briguées par les planteurs de palmiers à huile est obtenue par une politique de la terreur (infractions massives aux droits humains) dont les auteurs (secteurs paramilitaires) et les bénéficiaires (compagnies de plantation) sont plus ou moins ouvertement alliés au gouvernement.
b) Les terres visées sont soumises à un régime coutumier : ces terres sont habitées ou utilisées depuis des générations par les populations locales, mais celles-ci ne disposent pas de documents formellement reconnus attestant de leurs droits. Les droits d’usage (agriculture, pâturage, ramassage de bois de feu, etc.) et les droits de propriété sont pourtant socialement reconnus à des individus, des familles ou des communautés, et il y existe des mécanismes variés de gouvernance, mais ils sont faiblement sécurisés et l’Etat estime pouvoir, ou peut légalement, récupérer ces terres moyennant une indemnisation (ILC, 2009). Les cas de cession de terres par des autorités nationales ou coutumières à des firmes d’agrocarburants étrangères, sans consultation préalable des habitants ou usagers traditionnels, se sont multipliés ces dernières années en Afrique, les cas du Ghana, de la Tanzanie et du Mozambique ayant été particulièrement médiatisés.
Qu’elles soient forcées ou librement consenties, ces acquisitions massives de terre pour agrocarburants participent au phénomène de concentration, ou de « re-concentration » (là où des réformes agraires volontaristes ont eu lieu) des meilleures terres (les plus planes, les plus fertiles, les plus chaudes et humides), dans les mains d’un nombre réduit de grands propriétaires de mieux en mieux connectés aux marchés internationaux. Et ce, presque invariablement, au détriment des petits ou moyens paysans et plus spécifiquement des populations « indigènes », « tribales », autochtones (Duterme, 2010). S’ensuit un phénomène de prolétarisation des ex-petits propriétaires, qui trouvent à s’employer comme ouvriers agricoles dans les plantations, ou d’exode rural, lorsque ces ex-petits propriétaires réinvestissent le capital issu de la vente de leur terrain dans l’achat d’un logement en ville……..</p>
<p>Impacts sur la sécurité alimentaire
Depuis la crise alimentaire de 2008, l’expansion des agrocarburants est présentée par certains de ses détracteurs comme un obstacle à la sécurité alimentaire des pauvres, voire, dans une vision néo-malthusienne, comme un nouveau danger compromettant la capacité de la planète à nourrir ses habitants. La réalité est plus nuancée.
Un facteur secondaire de la crise alimentaire...
La formidable poussée de la consommation d’agrocarburants durant les années 2006 et 2007 constitue bel et bien un facteur de la flambée des prix agricoles mondiaux début 2008, avec les mauvaises récoltes, l’absence de stock et la spéculation. Il s’agit cependant d’un facteur ayant temporairement aggravé une situation de vulnérabilité alimentaire structurelle liée à la situation de dépendance vis-à-vis des marchés internationaux dans laquelle des dizaines de pays, autrefois autosuffisants, ont glissé ces dernières décennies. Cette situation de dépendance hautement problématique est le résultat du laminage de la petite production vivrière nationale suite à la libéralisation agricole.
La solution à cette situation passe par la réhabilitation de politiques agricoles et alimentaires nationales actives, protégeant la production domestique des marchés nationaux, intervenant activement sur le marché agricole national, afin de limiter les chutes de prix en cas de surproduction (préjudiciables aux producteurs) et les hausses de prix en cas de mauvaises récoltes (préjudiciables aux consommateurs), et facilitant l’accès des producteurs pauvres aux crédits, aux intrants et aux marchés (Mazoyer, 2002 ; Brunel, 2009). La production d’agrocarburants est compatible avec ce scénario et peut même constituer un revenu supplémentaire pour les petits producteurs et donc devenir une source de sécurité alimentaire. Car ce n’est pas tant l’offre globale en calories alimentaires qui pose problème que le faible pouvoir d’achat des plus démunis (Dufumier, 2004).
...mais une vraie menace pour la souveraineté alimentaire
Si le détournement d’une part grandissante de la production agricole des grands pays exportateurs vers l’industrie des agrocarburants ne fait pas partie des causes structurelles de la sous-alimentation, l’affectation de surfaces à la production d’agrocarburants dans les pays où les terres fertiles sont limitées représente une vraie menace pour la sécurité alimentaire locale. Ce risque est évident lorsque d’immenses superficies traditionnellement consacrées à l’agriculture vivrière sont cédées à des investisseurs extérieurs pour une production d’agrocarburants destinée à l’exportation (à l’instar des autres cultures de rente par ailleurs : fleurs, coton, café, ananas, etc.). Le cas du Guatemala est à cet égard paradigmatique : la poussée de l’agriculture industrielle d’exportation, à laquelle contribue l’expansion de la canne à sucre et des palmiers à huile, tend à aggraver non seulement la dépendance alimentaire externe du pays, mais aussi les taux de dénutrition chronique extrêmement élevés enregistrés dans les régions paysannes et indigènes (Duterme, 2010)…….
Impacts environnementaux
Les agrocarburants ont depuis plusieurs années déjà perdu le qualificatif de « carburant propre ». Les ONG environnementales, passée une brève période de tergiversation, ont les premières tiré la sonnette d’alarme. Les institutions internationales n’ont pas tardé à embrayer. Dès 2008, la FAO prévient que « des impacts négatifs imprévus sur les sols, l’eau et la biodiversité font partie des effets secondaires de la production agricole en général, mais ils sont particulièrement préoccupants en ce qui concerne les biocarburants » (FAO, 2008). Un an plus tard, le Programme des Nations unies pour l’environnement enfonce le clou : « l’augmentation de la production de biocarburants devrait avoir de lourds impacts sur la diversité biologique dans les décennies à venir, essentiellement du fait des pertes d’habitat, de la prolifération des espèces invasives et de la pollution par les nitrates » (PNUE, 2009).
L’expansion des « déserts verts »
Le bilan environnemental douteux des cultures énergétiques est d’abord lié au mode de production prédominant dans les principales filières (canne, palme, soja) : celui des monocultures intensives. La mise en place d’une même culture sur des superficies importantes - des milliers, voire des dizaines de milliers d’hectares - conduit à l’apparition de ce que les militants latino-américains appellent des « déserts verts » : d’immenses paysages uniformisés présentant un appauvrissement drastique de la biodiversité et une vulnérabilité aux maladies. L’exploitation intensive de ces surfaces implique une consommation d’eau à grande échelle par les plantations (irrigation) et/ou par les unités de transformation (12 litres d’eau pour chaque litre d’éthanol de canne à sucre au Brésil), ainsi qu’un recours intensif aux intrants chimiques et, dans le cas du soja sud-américain, aux semences transgéniques.
Le coût environnemental principal des cultures énergétiques ne provient cependant pas tant des pratiques culturales que du « changement d’affectation des sols », de la disparition des environnements naturels à laquelle la mise en place des nouvelles plantations donne lieu directement ou indirectement. Pour rappel, l’expansion agricole serait responsable de plus de la moitié des destructions de forêts dans le monde (Duterme, 2008). Or les agrocarburants sont depuis 2004 responsables de 25 % de l’accroissement des surfaces agricoles (RAC-F, 2008). Les deux champions de la déforestation sont aussi des leaders de la production d’agrocarburants : le Brésil est le premier exportateur d’éthanol au monde et l’Indonésie ambitionne de devenir le premier producteur de biodiesel. Au-delà des forêts tropicales, ce sont les savanes, les prairies naturelles, les zones humides, autant de zones riches en biodiversité, qui sont exposées à l’expansion des cultures énergétiques.
Mais l’aspect le plus sensible politiquement de ce processus massif de changement d’affectation des sols est la libération de carbone dans l’oxygène à laquelle il donne lieu. Les milieux naturels (forêts tropicales ou tempérées, tourbières, savanes, prairies naturelles dans une moindre mesure) constituent des réservoirs de carbone tels que leur remplacement par des cultures agricoles rend le bilan carbone des agrocarburants qui dérivent de ces cultures généralement négatif. Le biodiesel de soja, d’huile palme et l’éthanol de canne qui proviennent d’une culture ayant pris la place d’une forêt tropicale sont respectivement 9 fois, 3 fois et 3 fois plus polluants que le carburant fossile qu’ils remplacent (Lange, 2010). L’empreinte du biodiesel de soja demeure même largement négative quand c’est une savane ou une prairie naturelle qui est remplacée.
………
Civiliser la production industrielle d’agrocarburants ?
Ayant fait l’objet de rapports de plus en plus alarmants de la part des institutions internationales elles-mêmes, les impacts sociaux et environnementaux désastreux de l’expansion des cultures énergétiques ne peuvent plus être ignorés par les instances publiques qui soutiennent le développement des filières. Mesures en « trompe-l’oeil » et tentatives de « responsabilisation » du secteur l’emportent cependant sur les remises en cause nécessaires.
……..Faut-il le rappeler, les Etats du Sud jouent un rôle actif dans l’expansion accélérée des cultures énergétiques sur leur territoire. Les impacts sociaux et environnementaux négatifs de cette expansion, lorsqu’ils sont reconnus comme tels, sont généralement euphémisés et considérés comme la contrepartie inévitable d’une activité qui repose sur les avantages comparatifs nationaux précieux que sont l’abondance de terre et la main-d’oeuvre bon marché. Et même dans les pays qui disposent d’une législation environnementale et sociale poussée, comme au Brésil, où les militants syndicaux et environnementaux estiment que « la loi brésilienne est bien faite », le consensus « développementiste » qui prévaut au sein de l’exécutif empêche l’adoption d’une attitude stricte vis-à-vis des contrevenants. Plus généralement, les grands producteurs, quand ils n’appartiennent pas directement au clan au pouvoir, disposent de relais politiques puissants au sein des parlements, des gouvernements et des appareils de justice qui bloquent, dénaturent ou amortissent les initiatives susceptibles d’entraver leurs activités…….
Les illusions de la certification volontaire
Face à la montée des critiques et des mises en garde quant aux effets sociaux et environnementaux de l’expansion des cultures énergétiques, la Commission européenne a de son côté adopté une série de « critères de durabilité » visant à exclure les biocarburants qu’elle n’estime pas « propres ». Trois critiques peuvent être formulées à l’égard de ces critères. Tout d’abord, ils ne concernent que deux dimensions environnementales des impacts relevés . Les problèmes de sécurité alimentaire, d’accaparement des terres et de respect des droits de base des travailleurs et des communautés locales ne sont pas l’objet de critères contraignants Ensuite, ils ne tiennent (toujours) pas compte de l’aspect crucial du changement d’affectation des sols indirects (CASI), qui déplace les problèmes que l’on croit éviter « au niveau de la plantation ». Ils reflètent enfin la prévalence d’une culture managériale et bureaucratique qui méconnaît les conflits d’intérêts sociaux, économiques et environnementaux, en raisonnant en termes de « bons critères », « de bonnes procédures », de « bons partenariats »...
Et même s’ils étaient appliqués scrupuleusement et permettaient de « civiliser » ces secteurs, en éliminant leurs abus les plus flagrants sur les plans social et environnemental, ces systèmes ne remettraient pas en question, mais au contraire légitimeraient, le modèle des monocultures industrielles tournées vers l’exportation et les impacts négatifs qui lui sont inhérents : concentration des terres et des richesses, perte de souveraineté alimentaire, moindre biodiversité.</p>
<hr />
<p>Honduras</p>
<p>La lutte pour la terre des paysans dans la vallée d’Aguan dans le nord du pays se heurte à la voracité de l’entreprise DINANT du latifundiste Miguel Facussé.
25 paysans ont été assassinés par l’armée privée de Facussé (200 hommes dont des paramilitaires de Colombie) et les assassinats continuent.
Avec toutes sortes d’astuces et avec la complicité du gouvernement, il s’est approprié les terres de 700 familles paysannes pour faire des plantations de palme. Il est actuellement en possession de 20 000 hectares de terre.</p>
<p>En janvier 2009, la Banque Mondiale lui a octroyé un crédit de 30 millions de $US pour augmenter la production d’huile de palme.
L’EDF et la banque allemande DEG sont également impliqués dans ce projet dans le cadre du « Mécanisme de développement propre » des Nations Unis, pour le soi-disant « Biocarburant » .</p>
<p>Du fait d’une importante mobilisation au niveau international à laquelle 76 organisations se sont jointes, une première victoire a pu être obtenue.
La banque allemande DEG a retiré son financement de 20 millions de $US.
EDF Trading Londres, qui fait partie du groupe EDF S.S a décidé de résilier le contrat de 2,8 millions de $US, un contrat que cette société avait avec l’Exportatrice de l’Atlantique S.A. pour l’achat de crédit de carbone dans le Baja Aguan.
La Banque Mondiale de son côté va examiner les nombreuses violations des droits humains pour prendre une décision sur la levée du moratoire de la production d’huile de palme.</p>
<p>GUATEMALA</p>
<p>Le 15 mars 2011 la police a expulsé brutalement plus de 100 familles paysannes de leurs terres. Le bilan est un mort, Antonio Beb Ac, 35 ans et père de famille, ainsi que 9 blessés.
C’est la deuxième fois que ces familles ont été chassées. La première fois par l’entreprise Chabil Utzaj, pour planter de la canne à sucre et installer une raffinerie. Après la faillite de cette entreprise en 2009, les paysans sont retournés sur leurs terres. Le propriétaire de Chabil Utzaj, Carlos Widmann continue a réclamé ces terres et le 14 mars, une juge a ordonné l’expulsion des paysans.</p>
<p>Face à la demande croissante des « agrocarburants » sur le marché mondial, les grandes plantations de canne à sucre et d’huile de palme prennent une telle ampleur que les terres disponibles pour la production alimentaire se réduisent de plus en plus.
Ces monocultures mettent la sécurité alimentaire en danger, détruisent les forêts tropicales et privent les familles paysannes des terres qu’elles avaient cultivées depuis des décennies.
Privées des moyens de subsistance, sans toit, elles dépendent maintenant de l’aide alimentaire.
Une pétition est en cours par « Rettet den Regenwald »</p>
<p>Nicaragua</p>
<p>Le bioéthanol détruit des vies humaines.
Carmen est une militante de ANAIRC, une organisation qui défend les droits des travailleurs de la canne à sucre et qui souffrent d’insuffisance rénale. Ces 800 personnes ont travaillé sur les plantations du groupe Pellas, le plus grand producteur de sucre.
L’éthanol a remplacé le sucre et le rhum comme produit d’exportation le plus important.
Pour couvrir la demande d’éthanol en Europe et aux USA, les plantations de canne à sucre s’étendent et ont déjà atteint 50 000 hectares.
Pour augmenter la production, des pesticides sont utilisés sans précaution pour les ouvriers et l’environnement.
L’eau est contaminée et les habitants n’ont pas les moyens d’acheter de l’eau en bouteilles.
Cette contamination n’est pas seulement le fait de la famille Pellas, mais remonte à des décennies où les arbres fruitiers ont été abattus pour laisser la place à des plantations de coton dont les nord-américains avaient grand besoin, puis ce furent les multinationales de la banane qui utilisèrent des pesticides dont le Nemagon à grande échelle.
Le procès contre les firmes nord-américaines n’a toujours pas abouti et les travailleurs malades vivent dans des conditions de très grande pauvreté.
Après une lutte de plusieurs années, les ouvriers intoxiqués reçoivent une petite pension de l’Etat, mais qui est insuffisant pour assurer l’achat de médicaments et de nourriture..
Le groupe Pellas cependant refuse toute responsabilité.</p>
<pre>Victimes du Nemagon</pre>
<pre>Photo du livre « el parque de las hamacas »</pre>
<p>qui dénonce les conditions de travail des travailleurs agricoles. Ici dans une plantation au Costa Rica.</p>Hondurasurn:md5:73bbe48674f37bbb1bef464c2db0a09b2010-11-18T08:11:00+00:002010-11-18T08:43:57+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>__<img src="http://asso-inti.org/public/paysages/honduras1.png" alt="Honduras" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Honduras, nov 2010" /> Les évènements depuis le coup d’Etat, le 28 juin 2009 qui a destitué le président élu Manuel Zelaya , suivi d’élections contestées et refusées par une grande majorité de la population, se succèdent à un tel rythme qu’il est difficile de résumer la situation.
Pour essayer de voir un peu plus clair, nous traduisons partiellement l’entrevue que le père François HOUTARD a eu avec le journaliste de « Tortilla con sal » le 4 juillet 2010 et quelques évènements des derniers mois relatés par le blog nicaraguaymasespanol.__</p> <p>Réflexions de François Houtard</p>
<p>La résistance hondurienne est une nouveauté dans l’histoire du pais
Ce qui s’est passé au Honduras a eu comme résultat la constitution d’une résistance qui regroupe beaucoup de mouvements sociaux – des mouvements paysans, indigènes, ouvriers, étudiants etc.
Le Honduras est un des pays d’Amérique Latine qui n’a jamais eu une vraie réforme agraire. L’hégémonie économique et politique est détenue par quelques grands groupes locaux appartenant à quelques familles. Et nous nous trouvons face à une situation de tension sociale extrêmement forte et d’une grande inégalité économique.
Le coup d’Etat a eu lieu à cause des nouvelles orientations adoptées dans le champ politique par le président Zelaya comme, par exemple, l’adhésion à l’ALBA. Ce coup d’Etat fut planifié par ces puissantes oligarchies locales, appuyées par quelques secteurs des Etats-unis, justement pour arrêter ce processus.
Heureusement, les mouvements sociaux se sont emparées de la situation pour s’organiser de façon à résister à ce coup d’Etat.
La reconnaissance du gouvernement de Lobo complique la situation de la Résistance
À présent la situation est difficile. Le pouvoir politique et économique est évidemment entre les mains de la droite. Et le problème est que l’actuel régime peut compter sur l’appui des Etats-Unis. Même en Europe, plusieurs pays ont commencé à le reconnaître sous prétexte qu’il est issu d’élections, même si 60% de la population s’était opposée à cette farce.
Ceci crée un problème à la Résistance car l’appui international donne une sorte de légitimité à l’actuel régime. Heureusement une majorité de pays latino-américains ne le reconnaissent pas et refusent la réintégration du Honduras à l’intérieur de la OEA (Organisation des Etats Américains)
Et ils ont exigé que le Honduras ne soit pas invité au Sommet Amérique Latine - ’Europe.
La Commission de Vérité cherche à établir l’histoire de ce qui s’est réellement passé
Le gouvernement actuel n’a évidemment pas intérêt à faciliter le travail de la commission et il faut espérer qu’elle ne rencontre pas trop d’obstacles.
F. Houtard voit trois étapes :</p>
<ul>
<li>écrire l’histoire de ce coup d’Etat en prenant en compte le maximum d’informations</li>
<li>décrire de manière la plus objective possible toutes les violations des droits humains dont été victimes des journalistes et des dirigeants de mouvements sociaux qui furent arrêtés et même assassinés</li>
<li>étudier le problème des droits fondamentaux de l’accès au développement, à la terre, à l’éducation etc de l’ensemble de la population du Honduras.</li>
</ul>
<p>L’extension de la présence militaire en Amérique Latine
Tortilla con sal : Il y a beaucoup de controverses par rapport aux bases nord-américaines en Colombie, mais on parle peu de la base qui va se faire au Costa Rica et de l’extension de la présence militaire nord-américaine au Honduras. C’est un peu comme s’ils voulaient encercler le Nicaragua.
F . Houtard : Je pourrai dire plusieurs choses. Je pense que les réactions autour des bases en Colombie sont plus fortes parce que l’opposition au régime de Uribe est plus forte (ce qui n’est pas le cas au Costa Rica) et cette opposition a des liens au niveau international. Et puis la Colombie est voisine du Venezuela. Cela fait que l’opinion mondiale est plus attentive à ce problème.
En ce qui concerne le Honduras, il y a eu des divergences d’opinion aux Etats-Unis. Le Pentagone et la CIA ont appuyé le coup d’Etat mais le Département d’Etat aurait, lui, préféré attendre les élections.
La base nord-américaine de Palmerola au Honduras est la plus grande de l’Amérique Centrale avec des centaines de militaires. Il est clair que les Etats-Unis veulent garder le contrôle du continent. Leur politique est à mettre en relation avec le contrôle des ressources naturelles, surtout les ressources énergétiques qui tendent à s’épuiser. C’est pour cela qu’au cours des deux dernières années, il y eut une augmentation drastique des dépenses militaires (100 000 millions US$) et qu’ils veulent contrôler les régimes politiques qui cherchent à s’émanciper.
<img src="http://asso-inti.org/public/paysages/honduras2.jpg" alt="honduras2.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="honduras2.jpg, nov 2010" />
4 novembre 2010 – Code du travail
Malgré une forte opposition des différents secteurs de la société, les députés du Congrès National ont approuvé la loi du travail temporaire ou programme d’emploi à l’heure, ce qui signifie un net recul des droits acquis par les travailleurs. Le 3 novembre, des milliers de Honduriens ont manifesté devant le Congrès National pour exiger des députés de ne pas approuver cette loi.
3 novembre 2010 – Des représentants d’organisations de victimes se sont réunis avec la « Commission de la vérité » à Comaguaya pour exposer les violations des droits humains qu’ils subissent dans leurs communautés. Parmi les commissaires se trouvait François Houtard.
1ier novembre 2010 - L’ambassade de Cuba au Honduras a présenté le travail réalisé par les brigades médicales en place depuis 1998. Les médecins, infirmières, techniciens restent en général 2 ans dans le pays avant d’être relayés.
Entre autres actions, ils ont réalisé 670 000 opérations, 115 000 accouchements et 47 000 opérations des yeux.
24 octobre 2010 – Le département d’Etat des Etats-Unis visite le Honduras pour coordonner l’aide militaire et policière au moment où des organisations des droits humains exigent la fin de l’aide à l’armée et à la police à cause de la répression politique et du rôle important des militaires dans le gouvernement.
L’assemblée du FNRP – Frente Nacional de Resistencia Popular – décide de ne pas participer au dialogue avec le gouvernement sur la Constituante afin de ne pas créer de confusion parmi la population.
Le but de la résistance est la refondation du Honduras. Ceci implique un changement politique, social et économique, la participation populaire, la défense des richesses naturelles, les droits des femmes, une réforme agraire profonde, le pluriculturalisme et le multilinguisme, le respect de la propriété communautaire, le respect des droits humains et des droits historiques, la démocratisation de la communication, la fin de la corruption et de l’impunité, etc.
20 septembre 2010 – Manuel Zelaya a été investi en tant que député du PARLACEN (le parlement centraméricain) ce qui est considéré comme un coup politique contre l’oligarchie et le gouvernement de facto de Lobo.
Le conflit agraire au Bajo Aguan
Quelques familles (Miguel Facussé, Reinaldo Canales, René Morales..) possèdent d’immenses extensions de terres dans cette zone, en majorité plantées de palme africaine pour l’agrocarburant.
Elles maintiennent les paysans dans une situation de féodalité. Des paramilitaires sont engagés pour assassiner les leaders des mouvements paysans, le MUCA (Movimiento Campesino de Bajo Aguan)
La consultation populaire pour une Assemblée Nationale Constituante a recueilli
1 342 876 signatures
C’est un immense succès pour le FNRP car la population subit toujours une forte pression et la signature n’allait pas sans risque
<img src="http://asso-inti.org/public/paysages/honduras3.jpg" alt="honduras3.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="honduras3.jpg, nov 2010" />
31 août 2010 - Après 46 jours de lutte, manifestations et grèves de la faim des enseignants, un accord a été signé avec le gouvernement. Rien qu’à Tegucigalpa plus de 4 000 enseignants s’étaient mobilisés.
La répression fut souvent brutale et la police est même intervenue dans l’enceinte de l’Université.
17 août 2010 – Assassinat de trois membres du MUCA de 40, 18 et 14 ans. Ils habitaient le même asentamiento (village improvisé) La Aurora où en juin dernier un autre jeune de 17 ans fut torturé et assassiné.
La Plateforme des droits humains dénonce l’augmentation des menaces, des actes intimidants, de la répression et des assassinats envers les acteurs sociaux et les défenseurs des droits humains. L’Etat cherche de plus en plus à criminaliser les protestations et à réprimer toute action de mécontentement social.
30 juillet 2010 – L’assemblée générale de l’Organisation des Etats Américains OEA s’est réunie pour traiter de la réintégration du Honduras au SICA (Système d’intégration de l’Amérique Centrale), c’est à dire de légaliser les élections. Les Etats-Unis font pression sur les différents Etats et ont obtenu l’appui de 22 pays, tandis que 9 s’y opposent.
Micheletti et l’ex-chef des Forces armées sont accusés par l’organisme de contrôle des droits humains
pour les délits suivants : assassinat, torture et/ou détention illégale de 439 adultes et de 42 enfants pendant le mois de juillet 2009. Des généraux et l’ex-ministre de la défense sont également accusés.
<img src="http://asso-inti.org/public/paysages/honduras5.jpg" alt="honduras5.jpg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="honduras5.jpg, nov 2010" />
Les Honduriens n’oublient pas leurs martyrs.
Sans justice, il ne peut pas avoir de réconciliation.</p>
<h3></h3>
<p>Solidarité avec le peuple hondurien en résistance</p>Le Nicaragua, peuple multiethniqueurn:md5:c6d0c101a738af6ff9d53345f6fb38202010-08-13T08:59:00+00:002010-08-13T08:59:55+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Le 5 juin 2010, le gouvernement sandiniste a remis 6 nouveaux titres territoriaux aux
communautés indigènes de la zone atlantique, accomplissant ainsi une des promesses faite pendant la campagne électorale de 2006. De la sorte 15 des 22 territoires réclamés ont reçu les titres et il est prévu que la titularisation des autres territoires soit terminée en 2011.
Les renseignements suivants viennent de la revue ENLACE</p>
<pre></pre>
<p>Mais d’où viennent ces peuples indigènes ?
Le Nicaragua fut depuis toujours un lieu de passage et l’on peut identifier les différents peuples par les noms des villages, rivières, montagnes.</p> <p>Les Nahuatls sont venus du Mexique et se sont répandus dans presque tout le territoire du Nicaragua ; ce sont eux qui ont laissé le plus de traces. Dans leur culture, ils pensaient que lors de la mort d’une personne, Xolotl venait pour aider l’âme à passer dans le royaume des morts. Le lac de Managua ou Xolotlan signifie le lac consacré à Xolotl. Et ce n’est qu’un exemple parmi les innombrables noms de villages, rivières etc.
Les Chorotegas sont venus du sud du Mexique, plus précisément du Chiapas.
Ils s’étaient établis dans la région de Managua, Masaya, Granada, Carazo, Nueva Segovia et ont donné leurs noms à Diriamba, Nindiri etc (diri signifie mont)
Les Sutiabas descendent d’une tribu du nord, les Hokanos et les Nahoas également des tribus d’indiens d’Amérique du Nord. Les Nicaraos qui ont vécu à Rivas sont les descendants de Nahoas.</p>
<p>Depuis toujours, le Nicaragua comprenait deux grandes régions sans communication entre elles : son versant atlantique ou caraïbe et le Pacifique. Le Pacifique fut peuplé par des indigènes venus du nord et la zone atlantique par ceux du sud. Ce sont des descendants des Arahuacos et des Caribes, de culture chibcha.</p>
<p>Quand les espagnols passèrent par la côte atlantique en 1502, cette région était habitée par 20 groupes qui parlaient des langues différentes. De ces 20 groupes restent les Miskitos, les Sumos ou Mayagnas et les Ramas. Chaque ethnie a sa propre langue et ses coutumes.</p>
<p>Les Miskitos viennent des forêts pluviales de la Colombie et du Venezuela. On présume que ce furent les premiers arrivants. Ils ont gardé leurs coutumes et les enfants reçoivent un enseignement dans leur langue.</p>
<p>On pense que les Ramas viennent de l’Equateur. Un document de 1715 mentionne que 1 300 indiens ramas vivent à Punta Gorda. Ils y habitaient jusqu’à 1774 quand ils furent attaqués par les Miskitos. Beaucoup perdirent leur vie, d’autres furent vendus comme esclaves à des pirates anglais et danois.
Quelque 300 survivants s’établirent alors à Cayos Rama.</p>
<p>Cette population indigène fut décimée pendant les premiers siècles de domination espagnole à cause des mauvais traitements, des maladies importées et des travaux forcés.
Les Espagnols ont alors fait venir les Africains pour les travaux les plus durs. Ceux-ci ont apporté avec eux leurs coutumes, leur religion, les tambours, la marimba et la yucca, tubercule alimentaire de base. Un document de 1638 mentionne que 100 esclaves africains travaillent dans une plantation au rio Coco. En 1770, trois navires danois transportaient 900 esclaves africains. Une mutinerie éclata et les Danois les abandonnèrent près de Bluefields. Leurs descendants sont les créoles actuels.</p>
<p>Les Garifunas sont les derniers arrivés. Ce sont les descendants d’indiennes du Venezuela et de noirs africains. Ils sont venus du Honduras à la Laguna de Perlas à la fin des années 1870 comme bûcherons et travailleurs agricoles (canne à sucre et coco).</p>
<p>À présent, la majorité de la population nicaraguayenne est métissée. Mais beaucoup de coutumes et de mots restent en usage.</p>
<p>L’Université des Régions autonomes de la côte atlantique du Nicaragua URACAN a réalisé une étude sur les populations indigènes vivant dans le pays :</p>
<p>Sur la côte du Pacifique vivent :
o 19 000 Chorotegas
o 97 500 Matagalpas
o 40 000 Nahuas
o 12 000 Nicarao
o 40 500 Sutiaba</p>
<p>Sur la côte de l’Atlantique vivent :
o 125 000 Miskitos
o 43 000 Criollos
o 2 000 Garifunas
o 1 350 Ramas
o 13 500 Mayagnas</p>
<p>Pendant cette longue et douloureuse période durant laquelle s’est formée la nation nicaraguayenne, beaucoup de ces groupes ont perdu leur langue, leurs coutumes ou leurs terres.
À présent, la Constitution de la République reconnaît l’existence des peuples indigènes et leurs droits.</p>
<pre></pre>
<p>Les Ramas
Le groupe des Ramas est le plus petit des peuples indigènes du Nicaragua, soit 1 600 personnes qui vivent principalement de la pêche, de l’agriculture et de la chasse.
Les Ramas ont traditionnellement beaucoup de connaissances de la nature et ont un droit historique sur le territoire.
Ils partagent avec les Kriol un territoire de 4 068 km2 (un peu plus que Mallorca) et 4 413 km2 de mer au sud de Bluefields, la capitale de la RAAS (Région autonome de l’Atlantique sud)
Il y a neuf communautés qui vivent dans la réserve biologique de Bosawas.
Ils élisent leur gouvernement territorial lors d’une assemblée générale avec les représentants des neuf communautés.
Le territoire Rama fut documenté dans des cartes géographiques anglaises, il y a 150 ans.
La langue rama appartient au groupe des langues chibcha d’Amérique du Sud et était pratiquement éteinte.
Le programme d’éducation d’IBIS a commencé un projet pour la faire revivre.
Les Ramas parlent en majorité un dialecte mélangeant le créole anglais avec des mots ramas.
Le processus de titularisation du territoire Rama de la côte caribéenne s’est terminé ce printemps 2010 après 4 années de travail. Ce succès a été permis en partie grâce à l’appui de l’ambassade du Danemark au Nicaragua et du programme IBIS.
Il a fallu pour cela des milliers de photos aériennes, une carte satellite GPS de la forêt et de nombreuses consultations dans les communautés indigènes et métisses isolées. Tout ce processus a donc duré quatre années avec l’aide du Programme d’Appui au Secteur environnement (PASMA) de l’ambassade danoise en collaboration avec IBIS.
Le territoire Rama est une zone interculturelle et protégée où les 1 600 membres du peuple Rama avaient créé une alliance stratégique avec 400 créoles, descendants d’Africains avec lesquels ils cohabitent depuis plus de 100 ans. Ces deniers possèdent une grande capacité de négociation. Ensemble ils ont formé le gouvernement Rama et Kriol (GTR-K) pour faire face aux agressions des colons.
Les deux groupes ethniques furent les premiers au Nicaragua à s’autodéterminer en tant que gouvernement territorial. Ceci implique forcément le droit à la propriété collective de la terre et des ressources.
Un programme environnemental (DANIDA) a décidé de commencer le processus avec le peuple Rama parce qu’il était fondamental d’obtenir des garanties en ce qui concerne la propriété et pour protéger l’écosystème, ainsi que de définir les mécanismes d’administration des aires protégées.
Cependant le gouvernement territorial GTR-K a sollicité IBIS pour administrer et appuyer ce projet.
Un Plan Autonome de Développement et d’Administration (PADA) fut élaboré.
C’est, pour le moment, l’unique document de ce type parmi les peuples indigènes du Nicaragua et il a été très utile pour les relations avec les donateurs internationaux.
La Banque Mondiale financera de nouvelles infrastructures (transport maritime et énergie soutenable), tandis que L’UNESCO contribuera à l’action culturelle.
Le PADA guide le GTR-K dans l’administration de son territoire. Il intervient aussi pour permettre la coexistence des Rama et des Kriol avec les colons métis vivant sur ces terres sans en avoir le droit. Le GTR-K propose aux colons de rester à la condition d’accepter certains codes sociaux et environnementaux.
Le territoire Rama et Kriol se trouve dans les réserves protégées et le GTR-K doit donc l’administrer à la fois comme terres indigènes et comme aire protégée en accord avec les autorités nationales et régionales compétentes. Du point de vue légal et dans la pratique, nous nous trouvons ici devant une option nouvelle où les propriétaires des terres et des ressources biologiques entrent en alliance avec les autorités d’Etat pour protéger ensemble ce territoire.
Le défi du peuple Rama est maintenant la construction d’un modèle économique susceptible de lui assurer l’autofinancement de l’administration territoriale ainsi que la protection de la nature.
Un des éléments de ce modèle se trouvera sans doute dans le tourisme écologique afin de profiter de façon soutenable des forêts tropicales et de l’emplacement stratégique du territoire entre le Costa Rica, le Rio San Juan et Corn Island (l’île du maïs) de la côte caribéenne.
Il faut aussi résoudre les conflits avec les colons métis. Quelques 10 000 personnes se sont installées dans 15% du territoire (la zone du café) où elles ont causé d’énormes dégâts à la nature par la déforestation illégale. Or, un groupe de ces colons ne reconnaît pas la titularisation et le droit de propriété territorial et ils ont réagi par des menaces de mort et des actes de violence envers les Ramas et les Kriols.
Mais les Rama ont fait la preuve de leur capacité d’affronter leurs agresseurs avec des réponses légales grâce à la formation qu’ils ont reçue et ils ont pu dénoncer ces agissements.
Afin d’éviter les conflits, le GTR-K a publié un guide pour obtenir la cohabitation pacifique et a décidé de laisser la zone du café en dehors du processus de titularisation pour le moment, même si les Rama possèdent le droit ancestral sur ces terres.</p>
<p>Les Mayagnas (ou Sumos)
L’apport de PASMA au processus de titularisation a des implications au delà du peuple Rama, car il sert à tous les autres peuples indigènes.
Ainsi les Ramas ont fait part de leurs expériences au peuple Mayagna et ce dernier obtenu un résultat étonnant.
En se basant sur la méthodologie de PASMA, les Mayagnas ont fait leur propre diagnostic territorial avec seulement 10 000$US et ont réussi la titularisation du territoire MAYAGNA SAUNI ARUNGKA en seulement 9 mois.
L’origine de ce peuple n’est pas encore prouvée ; on suppose qu’ils sont venus par le détroit de Bering.
La majorité des villages de la municipalité de Bonanza ont une population mayagna. Des 17 000 habitants de cette municipalité, 5 200 sont mayagna.
Ils sont les gardiens de la Réserve écologique de BOSAWAS. Ils ont gardé leur langue et l’enseignement est aussi donné dans cette langue.
Ils se sont constitués en Nation Indigène Mayagna de Nicaragua avec un système d’autogouvernement et d’autodétermination. Ils ont élu une administration gouvernementale, présidée par Aricio Genaro Celso et créé leur propre drapeau.
Toutefois, ils n’ont pas l’intention de se séparer de la République du Nicaragua.
Le 5 juin 2010 restera un jour très important dans leur histoire grâce à la pleine reconnaissance de leurs communautés par le gouvernement sandiniste.</p>L’évolution récente de la Casa Comunalurn:md5:a6cbb00c3c912c863dc2145f44ab15f22010-05-03T14:13:00+00:002010-05-03T14:13:16+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>L’évolution récente de la Casa Comunal : sa transformation d’association affiliée au « Movimiento comunal nicaragüense » en coopérative multiservices
Le Nicaragua doit faire face à des défis gigantesques pour sortir une part importante de sa population d’une situation d’extrême pauvreté et aussi offrir à sa jeunesse, dont une proportion croissante a une bonne formation, un débouché et une alternative à l’hémorragie de l’émigration.
Pour cela, il mise sur les capacités d’initiative de la base en promouvant activement des coopératives dans tous les secteurs d’activité, dans le domaine rural pour la production alimentaire comme dans le domaine urbain pour l’artisanat, voire la petite industrie, et les services.</p> <p>Le parlement a ainsi adopté le 29 septembre 2004 la « loi générale des coopératives n° 499 ». Les principes de cette loi sont ceux du mouvement coopératif mondial :
• liberté d’intégrer ou de se retirer d’une coopérative
• volonté solidaire ce qui implique un engagement réciproque et des pratiques loyales
• contrôle démocratique : un sociétaire, une voix
• responsabilité limitée aux apports
• équité, ce qui implique la distribution des excédents en proportion de la participation aux opérations
• respect et défense de l’autonomie et de l’indépendance
• éducation coopérative
• développement de la coopération entre les coopératives
• solidarité entre les sociétaires
• égalité en droit et opportunités entre les sociétaires des deux sexes.</p>
<p>Cette loi organise un dispositif pour la reconnaissance et la protection juridique des coopératives, crée un institut nicaraguayen de développement des coopératives et leur accorde un certain nombre d’avantages fiscaux :</p>
<p>• exemption de droits d’enregistrement et publication gratuite des actes dans le journal officiel
• exemption d’impôt foncier
• exemption d’impôt sur les bénéfices
• exonération de TVA sur les importations de biens durables, machines, pièces de rechanges et matière première</p>
<p>L’idée que la Casa comunal se transforme en coopérative a muri lentement, notamment avec la montée en puissance de la Commission des jeunes, de nombreux membres de celle-ci venant de terminer leur cursus universitaire ou allant le terminer prochainement, tout ceci dans le mouvement national décrit ci-dessus.</p>
<p>En outre, le statut coopératif avec la nouvelle force de cohésion qu’il implique offre une réponse adéquate au besoin de sécurité juridique et de reconnaissance tant par la population bénéficiaire que par la municipalité de Chinandega, notamment :</p>
<p>• pour l’activité de microfinance
• pour la légalisation du terrain d’assiette de la Casa Comunal.</p>
<p>Du fait de la réforme agraire réalisée au début des années 1980, la question de la propriété est très sensible au Nicaragua. Comme déjà indiqué, le terrain d’assiette de la Casa Comunal a été mis à disposition par la ville de Chinandega dont celle-ci avait la jouissance mais sans être légalement propriétaire. Pour donner enfin une sécurité juridique et donc permettre des investissements à long terme,l’Etat du Nicaragua a confié a un organisme spécialisé la «Procuraduría de la propiedad » PRODEP la responsabilité de cette légalisation et a obtenu pour cela un financement de la BID (Banque interaméricaine de développement).</p>
<p>Ainsi la PRODEP pourra non seulement légaliser le terrain au nom de la coopérative, mais la Casa Comunal a prêté elle-même en juillet et août 2009 ses locaux et installations à la PRODEP pour son travail portant sur de très nombreuses propriétés dans les quartiers voisins.</p>
<p>Toute cette démarche de formation et de préparation des esprits a été accomplie par Mme Ada SOZA qui avait déjà mené à bien la construction de la Casa en 2000/2001 et qui depuis lors avait su conserver des relations de confiance avec l’équipe d’animation de celle-ci. Elle s’est concrétisée par la rédaction des statuts et l’enregistrement de ceux-ci auprès de l’INFOCOOP, Instituto Nicaragüense de Fomento Cooperativo (Institut Nicaraguayen de Développement Coopératif) et la publication à « La Gaceta – Diario Oficial » (journal officiel) du 27 novembre 2009.</p>
<p>La coopérative a désormais la personnalité juridique sous le nom de COOPERATIVA MULTISECTORIAL CORDILLERA SAN CRISTOBAL « COMUCRIS RL » (registrado en conformidad a la ley, enregistré conformément à la loi) avec les objectifs suivants :</p>
<p>• représenter et défendre les intérêts de ses sociétaires, coordonner, orienter et superviser leurs activités
• faire en sorte que les sociétaires aient des ressources et un niveau de vie digne et juste
• procurer à ses associés une assistance technique et des conseils généraux ou spécialisés
• créer, organiser ou passer des contrats pour l’approvisionnement en commun de biens ou afin de réaliser ses buts et ceux de ses sociétaires comme : fournitures, commercialisation ou mise sur le marché, industrialisation de produits, financements, assurances, audits, fonds de stabilisation
• coordonner et développer des programmes éducatifs de formation et de promotion sociale et mener à bien des campagnes d’éducation coopérative en vue notamment d’y intégrer les femmes
• réaliser des activités et organiser des services techniques, sociaux ou économiques lorsqu’ils n’existent pas encore</p>
<p>Il est prévu que la coopérative pourra agir pour acquérir des produits agricoles pour les transformer et/ou les distribuer ceci dans l’optique du prix juste.</p>
<p>La coopérative est formée de 25 sociétaires parmi lesquels :</p>
<p>• les membres historiques du « Comité Probienestar Comunal » parmi lesquels</p>
<p>o Mme Mireya LINDO
o Mme Martha SALINAS
o Mme Gelsomina SANCHEZ
o M. Celso ROMERO</p>
<p>• Les membres de la Commission des jeunes parmi lesquels :
o M. Humberto ALVARADO
o M. Freddy CANALES
o Melle Yudith RIVERA
o M. Juan Carlos LOPEZ
o M. Juan AVENDAÑO
o Melle Ubania RIVERA
o M. Jorge-Luis SALINAS</p>
<p>La coopérative est dirigée par un Conseil d’Administration de 5 membres :
• Présidente : Mme Gelsomina SANCHEZ
• Vice-Président : M. Juan AVENDAÑO
• Secrétaire : M. Jorge-Luis SALINAS
• Trésorier : Melle Ubania RIVERA
• Porte-parole : Melle Primitiva CENTENO</p>
<p>Elle comporte également un conseil de surveillance (ou de vigilance) de 3 membres :
• Coordinateur : M. Freddy CANALES
• Secrétaire : Melle Carla ESPINOZA
• Porte-parole : M. Juan-Carlos LOPEZ</p>
<p>Enfin, elle comporte trois comités de travail :
• Un comité de commercialisation
• Un comité de bien-être social
• Un comité de crédit, chargé d’élaborer les normes en matière de taux, durée des prêts et garanties sollicitées</p>
<p>Le premier projet de la coopérative COMUCRIS : la création d’un cybercafé et d’un mini-cinéma pour les enfants au bénéfice de la population des deux quartiers</p>
<p>La Casa comunal dispose déjà de trois ordinateurs et d’une imprimante ce qui a lui a permis de donner des cours d’initiation à l’informatique, de nous faire parvenir des éléments comptables, de nous écrire et de nous envoyer des dossiers, mais elle n’a pour le moment pas d’accès au téléphone et donc au réseau internet. En particulier, les membres de la Commission des jeunes communiquent avec nous par internet et nous envoient des photos (puisque la Casa a fait l’acquisition d’une caméra numérique) mais ils doivent pour cela se rendre dans un cybercafé de la ville, une clé USB leur permettant d’enregistrer les fichiers à envoyer ou ceux que nous leur avons adressés.
Or, nous l’avons vu, les quartiers Roberto Gonzalez et David Andino sont très peuplés, avec des familles nombreuses, beaucoup d’enfants et parmi ces familles une sur quatre compte des membres émigrés, lesquels parviennent souvent à leur faire parvenir des ressources (remesas). Malgré le fait qu’un nombre important de foyers se situent sous la ligne de pauvreté, voire d’extrême pauvreté, un nombre croissant de jeunes parviennent à suivre et à terminer des études universitaires, surtout à Léon, la ville voisine qui a la plus longue tradition du pays dans ce domaine, ou même à Chinandega.
L’idée de créer un cybercafé a donc muri dans ce contexte. Les membres de la Commission des jeunes qui justement viennent de terminer ou sont en train de terminer leurs études universitaires sont bien informés – comme désormais leurs homologues du monde entier - des possibilités des TIC (technologies de l’information et de la communication) et voulant en faire profiter leur quartier ont mené une enquête approfondie sur les coûts d’investissement, de fonctionnement et les possibilités de recettes des cybercafés de leur connaissance.</p>
<p>Le projet a donc les objectifs spécifiques suivants :
• Donner accès à internet comme moyen de communication et de connaissance actuel, rapide et relativement peu coûteux, pour les étudiants et adultes, voire pour les enfants de l’école primaire voisine ;</p>
<p>• Fournir un service de téléphonie à bas coût, notamment avec l’étranger ce qui est de nature à renforcer le sentiment de sécurité et de tranquillité des habitants restés sur place ayant pu communiquer facilement avec leurs proches émigrés. La communication devenant plus facile on peut aussi avoir l’espoir que les émigrés s’impliqueront davantage dans les initiatives et le développement de leur quartier ;</p>
<p>• Profiter de la facilité d’utilisation des DVD de films cinématographiques pour proposer, dans la grande salle de la Casa comunal, des séances de mini – cinéma notamment aux enfants, ce après avoir élaboré un programme périodique et une préoccupation éducative. L’installation pourra aussi permettre de projeter des documentaires pour l’animation de discussions sur les questions sociales, de santé, d’éducation des adultes comme la Casa Comunal le pratique depuis sa création. Organiser un petit festival cinématographique est aussi dans les possibilités, car il faut rappeler qu’il n’existe plus aucun cinéma « classique » dans toute la ville . La salle et son installation pourra aussi être louée pour des projections et conférences à des organismes publics ou privés poursuivant des buts compatibles avec ceux de la COMUCRIS, comme par exemple la municipalité, les services publics d’Etat ou d’autres coopératives membres de la CECOMUCHI.</p>Les deux quartiers Roberto Gonzalez et David Andino où se trouve la casa comunal San Cristobalurn:md5:5f628ebbe2a1f4d1ef1d80258a8637d12010-05-03T14:09:00+00:002010-05-03T14:09:46+00:00Ruth MOUGELDossiers<p>Au recensement général de la population de 2005, les deux quartiers comptaient 8.430 habitants dont 1.400 avaient moins de 15 ans (17 %). Le nombre d’analphabètes voisinait 10 %, mais heureusement plus faible dans la tranche d’âge de 14 à 29 ans (de l’ordre de 5 %), par suite des efforts accomplis depuis 1980. Cependant, à l’autre extrémité du spectre éducatif, 200 personnes avaient accompli un cycle universitaire complet.</p> <p>La population économiquement active était de 3.200 personnes mais seulement 2.200 avaient un travail permanent (69 %). Dans cette population active, 5,6 % personnes travaillaient dans le secteur primaire (agriculture), 24,6 % dans le secteur secondaire (industrie), mais la majorité, 69,8 %, dans le secteur tertiaire (administration publique et privée, services).
Les deux quartiers comptaient 1.490 maisons occupées mais avec une minorité de locataires (240). 480 de ces maisons avaient encore un sol en terre battue (1/3) mais, heureusement, une minorité n’avait pas accès à l’électricité (49) et à l’eau potable (62). Sur 1.746 familles, 750 avaient une femme à leur tête (43 %). Les familles sont généralement nombreuses puisque 790 (45 %) comptaient plus de 4 personnes. La cuisine se faisait encore au bois dans près de 800 familles. Près de 330 d’entre elles devaient partager à plusieurs les services d’hygiène.
On trouvait en 2005 une activité économique à domicile dans près de 450 familles c’est-à-dire dans 26 % des cas. 373 familles comptaient un de leurs membres ayant émigré à l’étranger (21,3 %, une famille sur 4) et 276 recevaient des envois d’argent de ces derniers (15,8 %, une famille sur 6).
Enfin, sur 35 % des familles étaient sous la ligne de pauvreté (niveau de consommation inférieur à 428 US$ par personne et par an) et 22 % sous la ligne d’extrême pauvreté (2.240 calories d’alimentation par jour soit l’équivalent de 235 US$ par personne et par an). Cette dernière situation concernait 358 familles soit 2.264 personnes.</p>