Inti Solidarité Nicaragua Amérique Centrale - Mot-clé - Peinture2024-03-15T20:43:32+00:00urn:md5:907eed53dfae03cc7337bbe6fa447ee4DotclearOmetepeurn:md5:bae2c602e06bf67a38341a32c9f6d67e2009-01-25T10:47:00+01:002009-03-07T21:14:42+01:00OlivierDossiersNicaraguaPeinture<p>Écrire les deux jours passés à Ometepe, c’est se replonger dans ce calme, cette verdure mystérieuse sous laquelle on sent les traces d’une civilisation perdue.
C’est un lieu où les temps se croisent, le lointain avec le présent.
Je m’aperçois que je n’ai pas pris des photos des volcans, seulement la végétation.
Parce qu’une petite toile reflète mieux ce merveilleux paysage ?
Parce que mon regard se pose plus facilement sur les choses simples ?</p>
<pre> peinture de Salvador Guillén</pre> <p>Arrivés en bus jusqu’à Rivas, puis en taxi à San Jorge, nous embarquons dans le ferry qui doit nous amener à Moyogalpa. Le ferry avance lentement dans l’immensité du lac Cocibolca que les conquérants espagnols appelèrent « el mar dulce ». Au loin on aperçoit l’île. Cette lente approche des imposants volcans est magique.</p>
<p>Le volcan Concepcion s’élève à 1 610 m et le Madera à 1 394 m.
Le premier a connu 8 éruptions, la première en 1880 et la dernière en 1957. Il est encore en activité. L’éruption connue du Madera date d’il y a 800 ans.
Les noms des volcans ont changé plusieurs fois au cours de l’histoire.
Les premières ethnies nommaient le Concepcion Choncoteciguate , frère de la lune.
Le nom d’origine du Madera est Coatlan , lieu du soleil.</p>
<p>Le nom Ometepe signifie « deux collines » en nahuatl. Les migrations du Nord, les Olmecas, Toltecas, Nahuas, Mayas et Aztèques et les Chibchas et les Tiwanacos venant du Sud ont peuplé cette région depuis plus de 10 000 ans avant notre ère.
Ometepe la plus grande île d’eau douce au monde abrite environ 45 000 habitants.</p>
<p>Les peuples d’origine avaient une multitude de dieux et de déesses:
Les dieux créateurs – les dieux des lacs et des lagunes, ceux des montagnes, du soleil, du feu,
Des déesses de la lune, de la terre, de la fertilité, etc.
Avec l’arrivée des Espagnols, ils se changeaient en saints !
Ixchel et Tecuciztecatl, les déesses de la lune, devenaient la Vierge Marie,
Tonatiu, le dieu du soleil, fut remplacé par le Christ ressuscité,
Chacmol, le messager des dieux se convertit en archange Gabriel et
Huehuecoyotl, le dieu du feu se fit Satan.</p>
<p>La population, dans la partie du volcan Concepcion, est en majorité métisse, les groupes indigènes se rencontrent dans la partie du volcan Madera. Beaucoup de toponymes témoignent du passé des nahuas.
Dans son livre « L’inconnu sur la terre »J.M.G. Le Clezio parle de la musique des langues.
« Et puis les deux langues les plus belles, sans doute, les plus mystérieuses, où la phrase la plus insignifiante, quand vous l’entendez, vous enveloppe et vous fait frissonner comme si elle apportait toute la profondeur de l’existence, toute la connaissance, la musique : le portugais et le nahuatl.
Et Carlos Mantica, dans son livre « Le parler nicaraguayen » dit : la langue nahuatl est tellement puissante et le Nicaraguayen d’aujourd’hui parle réellement en nahuatl en utilisant les mots castillans.
Et en effet, je suis si souvent subjuguée par le son des voix de beaucoup de Nicaraguayens – pas tous bien sûr – que je les écoute comme de la musique.</p>
<p>Le débarquement au port de Moyogalpa fut un peu périlleux. Les pluies des derniers mois étaient tellement abondantes que le niveau du lac (170 Km sur 15km) a monté de 2m.
Abel Vargas, notre ami peintre qui nous accompagnait, n’avait jamais vu cela depuis sa naissance, il y a 50 ans.
Un ami d’Abel, chauffeur de taxi, nous permit de visiter une partie de l’île. Nous nous arrêtons dans la galérie de son frère aîné Carlos. Il était en train de peindre une très grande toile, mais fait également des miniatures d’une grande finesse.</p>
<p>Prochaine étape : le « charco verde », cet endroit entouré de légendes. Nous n’avons pu voir la lagune enchantée, le chemin étant inondé. Tout l’aménagement touristique n’existait pas lors de mon dernier passage. Maintenant s’y trouvent un restaurant, des logements touristiques, des pancartes. Le tourisme se développe avec sa contrepartie : les terres deviennent inaccessibles aux habitants de l’île.
Après le repas, nous continuons notre route à Altagracia où près des deux églises se trouvent quelques vestiges de ce passé détruit par la colonisation.</p>
<pre></pre>
<p>En 2000, le gouvernement du Nicaragua eut l’accord de la municipalité d’Altagracia pour prêter des idoles au Musée du Quai Branly, mais les habitants s’y opposèrent. Ils ne voulaient pas, une fois de plus, être dépouillés du peu de trésors qui leur restaient de leurs ancêtres.
Rigoberto Navarro Genie, archéologue nicaraguayen, a fait une thèse à la Sorbonne sur cette thématique et ,antérieurement, une étude sur les pétroglyphes de l’île.
Le Nicaragua est sans doute l’un des pays où il y a eu le plus de destructions par les conquérants espagnols, mais à mon humble avis le pays aussi, où il reste beaucoup à découvrir.
Mais la mise à sac archéologique continue. Tout récemment, en octobre 2004, le Nuevo Diario
relate qu’un énorme trafic de pièces archéologiques à destination de Barcelone est exécuté par des médecins d’une ONG espagnole . L’une des plus belles urnes funéraires est apparue à Lausanne, provenant de Barcelone..
Nous avons pu voir quelques-unes de ces magnifiques urnes, ainsi que des poteries polychromes dans le petit musée d’Altagracia. C’est un musée très modeste qui n’existe que grâce à l’effort de quelques personnes comme le professeur Manuel Hamilton Silva Monge.
Là, on voit que le Nicaragua reste un pays pauvre, économiquement mais non culturellement.
Une partie de ce petit musée est dédiée à l’écologie avec un premier recensement de 80 espèces d’oiseaux.
Au loin, nous entendons les tambours qui se préparent pour la traditionnelle fête avec le « baile del Zompopo » (les « zompopos » sont ces grosses fourmis qui dévorent tout sur leur passage.)
Nous avons vu cette danse au CDI où les enfants ont donné une représentation pour nous.</p>
<p>Ometepe, c’est aussi la rencontre avec les gens. Le chauffeur de taxi qui est également musicien et qui nous a raconté son expérience de combattant dans les montagnes.
Salvador Guillén,le peintre, musicien, qui travaille pour « Gallo mas Gallo », une chaîne d’élecro-ménager et qui nous dit deux de ses poèmes.
Et surtout, la sœur d’Abel. Une sympathie réciproque a fait que nous nous sentions comme chez nous. La mère de 93 ans, presque sourde, pleine de tendresse qui cuisine, chasse les poules en train de picorer le riz étendu sur un plastique devant la maison.
Brèves rencontres qui prolongent notre séjour sur l’île.
Ce séjour a réellement créé de vrais liens d’amitié avec Abel. Il n’était pas retourné sur l’île depuis plusieurs semaines et a constaté les dégâts causés par la montée des eaux. Toute une partie du terrain s’est affaissée, un arbre a des racines à l’air. Le petit ranchito, d’où il aime regarder avec ses jumelles les rives d’en face ou le passage d’un ferry se trouve maintenant au bord du précipice.
J’ai bien aimé la façon dont il s’occupe tout de suite des plantes, enlève les branches mortes des palmiers, explique qu’il a planté des « quiquisque » à cause de la beauté des feuilles. Cette harmonie avec la nature se retrouve dans ses tableaux d’un réalisme magique.
En fin d’après-midi, nous sommes assis sous le ranchito. Quel calme ! Quel contraste avec la bruyante capitale. Le soleil décline, se couche, mais la splendeur reste encore longtemps dans le ciel. Après, la nuit recouvre la terre, une nuit douce, les étoiles en haut, les lucioles en bas.</p>
<p>Ce temps trop bref ne nous a pas permis de voir les pétroglyphes qui se trouvent près du volcan Madera, mais qui deviennent présents par le livre de l’ami archéologue Rigoberto Navarro.
Nous sommes à table, Abel me tend le portable et j’entends : « Bonjour, comment allez-vous ? », en français. C’était lui qui téléphonait d’une autre île « Corn Island », l’île du maïs, où il entreprend de nouvelles recherches. Il y a encore beaucoup de travail pour les archéologues.
Le souvenir de Corn Island ressurgit avec les couleurs de l’eau allant du turquoise au bleu violet, et les plages de sable.
À Ometepe, les plages ont disparu, elles réapparaîtront sans doute au fil de la saison sèche.
Nous nous sommes baignés dans cette eau douce, le lendemain, à la Punta de la Paloma ou Punta Jesus Maria. Je nage en direction du Volcan Concepcion qui se montre dans toute sa majesté, coupé en deux par une ceinture de nuages.
Sur le chemin du retour, des oiseaux de toutes les couleurs s’enfuient à notre passage.
Un dernier succulent repas et il est grand temps d’attraper le ferry.
À Managua, nous avons rendez-vous avec des peintres primitivistes.</p>Le Nicaragua par Sylvaine Remy, présidente de Constellationurn:md5:c31c4585029d3b7ea776614981b269c62008-04-12T14:41:00+00:002009-03-07T09:58:38+00:00Ruth MOUGELDossiersNicaraguaPeinture<h4>Clin d’oeil sur ce pays </h4>
<p>Mon mari, Pierre-Louis et moi sommes allés au Nicaragua l'année dernière. Nous avons été merveilleusement accueillis par Rosario, la responsable de Constellation dans ce pays, par Jesus Castro, le coordinateur des ateliers de peinture et par tous, petits et grands, qui y travaillent. Il y a 5 groupes très différents et très dynamiques à Managua, la capitale, Niquinohomo le village natal du héros national, Sandino, et à Chinandega, dans le nord-ouest du pays. Jesus Castro veille à la bonne marche des ateliers, fait partager ses compétences de peintre, son enthousiasme et veut encore augmenter le nombre des ateliers dans le pays. </p> <p>Il a lui-même sollicité et formé des jeunes qui ont pris le relais pour aider les enfants à peindre. C'est une démarche magnifique de créativité et d'entraide. </p>
<h5>Freddy,peintre, animateur de l’équipe jeune à Chinandega </h5>
<p>« Bonjour et merci pour toute l'aide que vous nous apportez; je suis très heureux que notre pays vous ai plu. Je vais vous parler un peu de moi et du travail que nous avons fait pour que vous nous connaissiez mieux. </p>
<p>Je m'appelle Freddy Alberto Canales Hernandez et j'ai 22 ans; depuis tout petit j'aime dessiner des paysages et tout ce que j'observe autour de moi, mais je n'ai pas pu faire d'études artistiques car mes moyens financiers ne me le permettaient pas, Pourtant cela ne fut pas non plus un obstacle et j'ai pu medévelopper et acquérir des connaissances au fil des ans. </p>
<p>Il y a 4 ans, l'idée est venue de créer une commission des jeunes dans la maison communale; j'ai intégré cette commission et j'ai eu l'opportunité de donner des cours de peinture aux enfants. Au début je ne me sentais pas sûr de moi et cette responsabilité m'effrayait quelque peu car je ne me sentais pas capable de faire correctement les choses. Pourtant avec l'aide de mes camarades du comité et des dames j'ai trouvé le courage nécessaire et c'est comme cela que j'ai commencé à m'améliorer en peinture car à mesure que j'enseignais, j'apprenais aussi beaucoup aux cotés des enfants. J'ai commencé avec 15 enfants, nous <br />utilisions tous types de matériel à notre disposition: crayons de couleur, aquarelle, pastels et ensuite acrylique. J'ai aussi commencé à peindre des murales avec l'aide d'Humberto, une des personnes qui peignait avec moi. </p>
<p>Ce qui m'a donné la force de continuer c'est la volonté d'aider les enfants à développer cet art qu'ils portent en eux et c'est aussi votre soutien, ainsi que celui de Doña Rosario, de Jésus Castro et de toutes les personnes de Chinandega. Aujourd'hui il y a 22 enfants qui assistent aux ateliers tous les dimanches (pendant la semaine je prends des cours à l'université et je ne peux faire le trajet tous les jours). J'espère pouvoir continuer et faire grandir cet atelier en aidant les enfants qui veulent apprendre et développer leur art. » </p>
<p>Plusieurs des peintres de Constellation s'appuient sur des jeunes qu'ils ont formés au cours des ateliers. Ainsi à leur tour, ils peuvent donner et prendre confiance en eux en tant qu'animateurs. Ana Maria, Maritza font appel aux jeunes de l'université. Un rêve qui peut se réaliser et auquel les peintres de Constellation doivent penser: Les peintres forment des jeunes qui à leur tour vont former les enfants. Cela multiplie les forces et forme le jeune à l'animation. </p>
<h5>Une exposition réussie </h5>
<p>Nous avons commencé notre visite du Nicaragua en participant au vernissage d’une exposition d’enfants de Constellation, à Granada. Jesus Castro, Rosario Pasquier, Melinda, tous les jeunes y ont collaboré. </p>
<p>Les enfants ont fait de magnifiques peintures. Tous nous ont fait rêver à travers leurs oeuvres sur ce pays petit mais si rayonnant grâce à ses lacs, son grand lac Nicaragua, ses forêts et la mer si présente, autour. </p>
<p>Les enfants ont également peint des cartes de Noël, les semaines qui ont précédé l'exposition. Pendant cette exposition, ont été sélectionnées les cartes que la Poste a éditées et qui sont vendues au profit des ateliers de peinture. C’est grâce à leur travail que les enfants et les animateurs ont reçu de l'aide de la Poste Nicaraguayenne. C'est dans ce sens que Constellation veut obtenir de l'aide. </p>
<p>Les enfants travaillent créent, et parce que ce qu'ils font est beau, ils reçoivent. </p>
<p>A l'occasion de cette exposition, Rosario et Jesus ont renforcé les liens entre les enfants des différents groupes, puisque non seulement leurs oeuvres étaient exposées mais la plupart des enfants étaient eux-mêmes présents. Ils ont su aussi vous rendre présents. Plusieurs de vos travaux venant d'Afrique ou d'Amérique Latine étaient visibles au milieu de leurs propres tableaux. </p>
<p>Les enfants ont fêté notre venue en dansant les danses de leur pays; c'était une fête simple, où chacun a mis la main à la pâte. Les officiels ont observé la même philosophie de simplicité. Nous avons vraiment apprécié cette capacité à faire du beau avec des moyens simples. </p>
<p>Parmi ces enfants, certains sont handicapés. Il n'y a pas d'exclusion et ces enfants ont participé à la fête, comme les autres. </p>
<p>Un merveilleux exemple de compréhension des objectifs de Constellation et une bonne façon de faire vivre la différence et la création avec générosité. </p>
<p>Ce qui m'a frappé, c'est que chacune des personnes que j'ai rencontré cherche à aider et à mettre ses forces et son énergie pour que le pays se développe dans l’intérêt de tous. Il y a beaucoup de fierté et de joie de vivre dans ce pays qui, pourtant, sort d'années très difficiles et qui ne possède pas beaucoup de ressources. </p>
<p><em>Ce témoignage paraît dans la revue éditée par Constellation. La prochaine édition est sur le thème de l’arbre, tout en couleur. Vous pouvez vous le procurer auprès de<br />Sylvaine Remy – Villarbernon<br /> –73140 Saint Michel de Maurienne</em> </p>