Lettre d'information Ete 2008

Bonjour,

Tous les trois mois se pose la question de la sélection de l’information qui est tellement abondante. Nous essayons d’imaginer ce que pouvait intéresser les membres et sympathisants de INTI. Comme chaque fois, nous rendons compte de nos activités ici et donnons un résumé des nouvelles que nous recevons de nos amis nicaraguayens.

Philippe François choisit souvent un thème, cette fois-ci :

ARNECOM Nicaragua – un symbole de l’économie globale.

Cet article nous paraît très intéressant. Il donne des informations précises sur la réalité des conditions de travail et de salaire dans une « maquila » et il apporte en particulier la preuve que même après l’augmentation obtenue après une grève l’ouvrier ne parvient pas avec son seul salaire (98 $US/mois) à faire vivre sa famille. La réalité de l’industrialisation dans les zones franches en Amérique Centrale, c’est cela.

Deux thèmes d’actualité ont aussi retenu notre attention parce que d’une certaine façon, nous pouvons aussi agir ici par notre façon de vivre et de protester :

  • Les émeutes de la faim en Haïti, en tant qu’exemple, car la faim, l’augmentation constante des denrées alimentaires concerne aussi le Nicaragua et bien d’autre pays.
  • Les réactions de l’Amérique Latine par rapport à la Directive de la Honte au sujet de la politique d’immigration de l’Europe. (Lettre d’Evo Morales. Par ailleurs celle de Hugo Chavez va dans le même sens. Réaction du Parlement centraméricain et de l’Assemblée Nationale du Nicaragua)

 

Nous aimerions vous impliquer davantage et faire de cette lettre aussi un lieu qui reflète vos réflexions, interrogations et propositions. Nous avons besoin de vous car nous nous interrogeons sur la façon de continuer. Après le COSAPAC, c’est la revue de solidarité « VOLCANS » qui met la clé sous la porte avec un dernier numéro.

Le Nicaragua, faisant partie de l’ALBA (Alternative Bolivarienne des Amériques), nous réfléchissons de quelle façon INTI pourrait se rapprocher du groupe de Grenoble qui est très actif. Nous attendons aussi vos remarques à ce sujet.

Nous sommes toujours à la recherche d’un bénévole pour mettre à jour le site de INTI et le rendre plus attrayant en y mettant des photos.

Nous retournons au Nicaragua en octobre/novembre pour faire le point et …. Recharger nos batteries. Nous vous souhaitons un bel été. Ruth et Joseph

Quelques nouvelles de nos actions

La pluie a quelque peu gâché le Marché des Continents à Chambéry. Toutefois les Chambériens sont venus en grand nombre et les repas préparés se sont bien vendus. Cela représente beaucoup de travail.
Bénéfice : 237 €

Participation à L’Escale Troc’Planète.
 Le CCFD, L.A.C.I.M., Amnesty et INTI ont assuré les repas. Les empanadas et acras de morue ont connu un grand succès, les enchiladas un peu moins.
Bénéfice : 244 €

Le Club Nicaragua a fonctionné au ralenti. Toutefois les élèves ont vendu les calendriers en novembre et décembre et préparé et vendu des gâteaux, une fois même sous la neige. Un chèque de 1 500 € nous a été remis lors d’une petite réunion. Plusieurs élèves se sont engagés de continuer l’année prochaine avec le projet des faire des actions en faveur de l’Angelita Morales (au lieu des bourses d’études au Doris)

Nous avons de nouveau élaboré un calendrier avec l’aide de Didier Fleurantin et en collaboration avec Constellation.
 La vente du calendrier est une contribution importante au financement de nos projets. La diffusion est toujours difficile. Gilles qui était membre actif du COSAPAC nous a rejoint et à lui tout seul il va vendre 50 calendriers. Carlos a aussi adhéré à l’association et prend 15 calendriers,comme déjà l’année dernière. Des exemples à imiter !!! Et puis hier, la bonne nouvelle nous est arrivée de Constellation. Sylvaine a fait un travail remarquable et a réussi d’obtenir des commandes pour 700 calendriers (au lieu de 400 l’année dernière) Les calendriers seront disponibles vers la fin de ce mois.

En juin, nous avons envoyé 6 680 $US pour les parrainages et bourses d’études et 1000 $ US pour l’Angelita. Nous ne savons pas encore si nous aurons la subvention du Conseil Général car il a pris du retard et la décision de l’attribution ne sera prise qu’au courant du mois de juillet.

Nos deux étudiants Eloïse et Romain terminent leur stage de 2 mois dans quelques jours. Après une période de flottement et d’adaptation, ils ont travaillé d’arrache-pied, donnant des cours d’anglais et de natation aux enfants de l’Angelita, remplacé un enseignant pendant quelques jours, préparé des fêtes, fabriqué des masques avec les enfants. Ils se sont aussi occupés des tout-petits de la crèche etc.etc.
 En attendant leur rapport, voici un témoignage qui nous a émus.

"Mercredi 26 juin : Une journée magnifique.
 Pourtant ça avait mal commencé. Ratage de réveil donc levé à 8h. Puis Rosario occupée alors que nous devions la voir et que tout le monde est au courant que nous devons la voir mais personne ne fait d'effort, c'est rageant. Nous voilà donc partis à l'Angelita avec toutes nos questions en suspens, grr. Nous avons fait les entretiens tout le matin et avons fait signer les cartes aux enfants pour la fête des professeurs de demain.
Oscar a écrit quelque chose de super beau : « merci pour tout professeur, merci de faire attention à nous et de nous comprendre dans les situations les plus difficiles ». Il allait mieux qu'hier, ouf.
Un poids qui s'en va. Je sais pourquoi je me suis attaché à ce gamin. J'ai senti qu'il a quelque chose de spécial, je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi.
À midi, comme prévu, nous avons décidé de partir avec eux, dans leur quartier. La prof a mis une grosse pression en leur disant de faire attention à nous, de ne jamais nous laisser seuls, en leur disant qu'ils savaient ce qu'il pouvait nous arriver là-bas si nous étions seuls, de nous raccompagner. Grosse boule au ventre. Nous avions envie de rebrousser chemin. Mais non.
Nous avons passé une après-midi magnifique avec eux. Découverte de leur quotidien. Un quartier pauvre, réellement pauvre. Et étrangement (ou plutôt non je le savais !), je me suis senti à ma place, bien avec eux, beaucoup mieux que dans le quartier riche de Las Colinas. Maria m'a dit «has visto como es feo aqui ? ». Non Maria, ce n'est pas moche, c'est différent, une autre vie, un autre quotidien, c'est dur, mais c'est comme ça. J'aurais aimé lui dire que je me sentais à l'aise dans son environnement, que je n'avais pas peur et que je ne voulais pas être ailleurs à ce moment précis, mais je n'ai pas trouvé les mots. J'ai serré fort sa petite main pour lui faire comprendre. Connaissance de la maison de Sandy, de Augusto et Yoel, de Jonny.
 Nous avons filmé quelques séquences pour notre film. Très drôle par moments. Plus triste à d'autres. Sandy ne m’a pas lâchée de toute l'après-midi. Il était fier de porter l'appareil photo, fier que je lui fasse confiance. Nous avons filmé quelques séquences tous les deux. Il riait. Irremplaçable rire. Il m'a tenu par la taille tout le temps, me parlait en espagnol. Je n'avais pas peur de lui parler espagnol, je ne sentais pas la pression que je ressens au centre.
Des fous rires que je n'aurais même pas osé espérer étant donné la barrière de la langue. Je ne peux même pas trouver de mots pour décrire à quel point je me sentais heureuse avec lui. Je sais également pourquoi je me suis autant attaché à lui. Il a été mon bonheur. Je ne pourrais jamais oublier ces moments. Quel petit bout de chou inoubliable. Je ne peux même pas trouver de mots assez fort pour décrire comment je me sentais bien en ces instants et je m'en veux de ne pas réussir à les trouver. La maison de Maria et Jonny est une maison en taule, une maison de bidonville. Un peu dur. Mais leur sourire fait oublier tout ça. Ils font face et restent des enfants.
 Nous sommes ensuite partis au marché accompagnés de Augusto, Juan Carlos et mon Sandy (qui s'était fait tout beau en l'espace de quelques minutes !!! Jean et chemise jaune, super propres !). Quel bien de prendre le bus avec eux, de tenter de dénicher des gâteaux indénichables dans les innombrables allées du marché Huembes, de partager quelques « galletas » avec eux, et puis de reprendre le bus avec eux pour rentrer, de leur dire à demain, comme une petite famille ! C'était tellement bien. Je les connais mieux maintenant et j'en suis plus qu'heureuse. Je crois que je n'aurais pas aimé connaître tout cela avant. C'était le meilleur moment, le moment où je me sentais le plus faible et où tout ça m'a redonné une force incomparable.
 C'est tellement dans ces moments-là que je me sens vivante. Voilà, il reste à peine trois semaines et je sais que je vais être triste de les laisser. Heureuse de rentrer et triste de laisser des choses derrières. Plus que jamais je sens la fin approcher.
Hier soir, Juan était nostalgique car il ne veut pas que l'on parte.

Nous avons beaucoup parlé, découvert encore de nouvelles choses pas fameuses, mais bon. Je crois que l'on commence à s'habituer ! Demain, une grosse journée en prévision, mais pourra-t-elle être à la hauteur de ce que nous vécu aujourd'hui ? Je ne sais pas. "

Eloïse

Nouvelles du Nicaragua

Nos projets

Pour la prochaine lettre d’info, nous aurons sans doute un rapport détaillé des deux étudiants. Eloïse voulait surtout faire son stage avec les tout-petits de la crèche. Elle trouvait le CDI tellement bien organisé qu’elle ne savait pas trop ce qu’elle pouvait apporter. Et, en effet, le personnel est assez stable et, au fil des années, le centre s’est bien structuré.

Avec le changement de gouvernement, les contacts avec le Ministère de l’Education sont plus étroits. Les enseignants, chaque fin de mois, ont la possibilité de faire évaluer leur travail, ensemble avec ceux du secteur public, ce qui permet des échanges d’expériences et enrichissement des connaissances. Il y a aussi des petits séminaires pour améliorer l’enseignement et de travailler dans la perspective de l’éradication de l’analphabétisme. Il y a aussi des journées de vaccination. La célébration de la fête des mères où les enfants préparent toujours de petits spectacles a dû être interrompu à cause des fortes pluies.

Jesus Castro qui a animé les ateliers Constellation à Managua a trouvé un emploi dans un autre centre privé. Ce sont deux femmes déjà animatrices des ateliers qui prendront le relais.

Nous avons peu de nouvelles récentes de Chinandega. Les jeunes se sont lancés aussi dans le micro-crédit, aidés par un envoi de 300 $US de deux femmes sympathisantes de INTI.

La situation au Nicaragua

Comme tous les pays faisant partie de l’ALBA, le Nicaragua doit faire face à l’offensive de l’opposition de droite, fortement appuyée par les ambassadeurs des Etats-unis, mais aussi de l’Europe. La droite fait tout pour dénigrer toutes les actions du gouvernement, alimente le mécontentement et diffuse des messages mensongers. Avec la grève des transports, l’opposition cherchait aussi à affaiblir le gouvernement en exigeant que celui-ci gèle le prix du carburant à un peu plus de 2 $US par « galon » (env.4,4 litres), soit la moitié du prix du marché. Une grève similaire a eu lieu au Guatemala où le gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence.

Au Nicaragua, le gouvernement a opté pour la voie de la négociation. L’opposition ne pouvait donc pas accuser l’Etat d’être répressif. Alors elle l’accusa de détourner les fonds provenant des accords pétroliers de l’ALBA. Or, une grande partie du combustible provenant du Venezuela sert à faire fonctionner les générateurs d’énergie électrique. Plus de 80% de l’énergie électrique est produite par des installations thermiques au fuel. Une autre partie sert à subventionner les transports urbains de Managua afin que le prix du transport reste accessible à une population de presque 2 millions.
Une autre partie est destinée à appui les coopératives agricoles. Pour terminer la grève, le gouvernement a accordé un rabais de 1 ½ $US par galon, ce qui fait passer le prix du galon à env. 3.20 $US. En plus, le gouvernement subventionne les engrais et les importations d’aliments. Ainsi, on voit qu’il a clairement opté pour la négociation et non pour le conflit et respecte son engagement de défendre les intérêts de la majorité appauvrie. De plus, les fonds provenant des accords de l’ALBA sont toujours utilisés en accord avec les pays participants.

Quelques éléments pour comprendre la situation politique

Toni Solo (Rebelion du 2 juillet 08)

Le 27 juin, le MRS (parti de rénovation sandiniste), avec les alliés de l’opposition de droite a organisé une marche (financée en grande partie par le gouvernement des Etats-unis) pour protester contre la suppression par le Conseil Suprême Supérieur de la personnalité juridique du MRS et du Parti Conservateur. L’article 173 de la Constitution autorise le CSE d’annuler la personnalité juridique d’un parti qui ne remplit pas les conditions. Le CSE argumenta que le MRS n’a de représentants constitués que dans 10 des 16 départements et des deux régions autonomes et que de ce fait, il ne remplit ni les conditions du CSE que ce parti a aussi voté en 1995, ni ses propres statuts.

L’opposition au Nicaragua est dépendante de l’appui externe, parmi lequel figure le « grupo de apoyo presupuestario » qui inclut les représentants de différents programmes de coopération des gouvernements étrangers et d’organisation multilatérales, le gouvernement des Etats-Unis, mais aussi quelques intellectuels réputés. Le lendemain de la publication du CSE, le « grupo de apoyo » a publié une déclaration payante dans les deux quotidiens du pays exprimant des doutes sur la légitimité du CSE et termine : « la communauté coopérante espère pouvoir continuer le dialogue étroit et constructif avec le gouvernement au sujet de ce thème et observe de près le développement de la situation » Dans le texte, la menace de retirer l’appui était latent et fut interprété comme un message néo-colonialiste . La résolution du CSE eut lieu au bout d’une grève de la faim de 11 jours de Dora Maria Tellez, une des leader du MRS et qui a obtenu beaucoup de publicité et d’appui international. Il paraît qu’elle a exigé la démission de Daniel Ortega.

 

Photo : Sylvaine Rémi – Nicaragua novembre 2007

Avec le financement extérieur, les ONG’s peuvent jouer un rôle significatif dans la politique nationale, vu qu’elles représentent la base du MRS qui a néanmoins obtenu à peine 7% des votes pendant les élections présidentielles de 2006 et ceci surtout dans la capitale et en milieu urbain. La réponse du vice-ministre de la Coopération Externe est qu’à son avis les donateurs n’ont pas accepté les changements substantiels et une transformation de fond dans les relations. « Nos deux mots clé sont : souveraineté et dignité »

Pouvoir résister à la déstabilisation dépendra en grande mesure de l’appui du Venezula et du fait de bénéficier de l’ALBA. Ni le gouvernement des Etats-Unis, ni ses alliés européens ne voient d’un bon œil le modèle de commerce et de coopération inspiré du socialisme. Comme l’a signalé Orlando Nunez, directeur du programme « Hambre Cero » (faim zéro), un programme important pour réduire l’extrême pauvreté rurale, la récente campagne de déstabilisation contre le gouvernement du Nicaragua signifie la continuation de la guerre de basse intensité pour rétablir le modèle néo-colonialiste et qui reposait sur la dette dont le remboursement est exigé avant d’obtenir une « aide » qui a été imposé pendant tant d’années à cette région. Cette campagne de déstabilisation vise à empêcher le succès de ce programme progressiste et faire perdre l’appui électoral. La prochaine bataille décisive aura lieu pendant les élections municipales en novembre prochain.

Emeutes de la faim en Haïti

Ralf Leonhard – Lateinamerika Anders – juin 2008

La révolte a commencé le 4 avril à Les Cayes, la 3ième ville d’Haïti, dans le sud-ouest du pays. Environ 5000 personnes ont marché dans les rues pour protester contre les prix élevès de l’alimentation. Après, ces marches de protestation se sont poursuivies à Gonaïves, Jeremie, Petit-Goâve et finalement aussi dans les quartier périphériques de la capitale Port-au-Prince.

A Les Cayes les manifestants ont essayé de brûler le quartier général de la mission de l’ONU. Les barricades avec des pneus enflammés témoignèrent d’un climat de révolte. Des dépôts d’aliments ont été dévalisés. Il y eut au moins huit blessés dans les rues quand l’armée a tiré sur la foule. Les écoles, banques et magasins ont fermé. Pendant ces premiers jours d’avril huit personnes ont péri et il y eut au moins 60 blessés.

Déjà l’année dernière, on avait enregistré plus de 400 manifestations dans tout le pays. La plupart des familles haïtiennes sont menacées dans leur existence par l’augmentation drastique de l’alimentation, dont certains ont triplé. Selon l’OMS, 45% des enfants en dessous de 5 ans sont sous-alimentés.

Haïti importe 80% de ses besoins en riz des Etats-Unis. Bien que le riz ne figure pas parmi les aliments qui peuvent être transformé en agro-carburants, la forte demande et le prix du pétrole se sont répercutés sur le prix du riz. Haïti est, comme il est généralement admis, le pays le plus pauvre de l’Amérique, un morceau d’Afrique dans les Caraïbes. Autrefois, la colonie la plus riche des Bourbons français est aujourd’hui exténuée et détruite. La cause ne se trouve pas uniquement dans le démantèlement des plantations de sucre et leur partage entre les anciens esclaves après l’indépendance obtenue en 1804 contre Napoléon par des luttes sanglantes. Dans aucun autre pays des Amériques, les forêts tropicales n’ont été autant saccagées. L’érosion des sols permet à peine une agriculture rentable. Haïti doit importer presque tous les aliments de base.

Sous la dictature de Duvalier, les Etats-Unis ont introduit des zones franches, surtout pour assembler des textiles et des chaussures pour le marché mondial. Lors qu’avec la chute de Duvalier en février 1986 les troubles ont commencé, beaucoup d’entreprises ont transféré leur production dans d’autres pays, comme en République Dominicaine.

Un symbole drastique de la crise sont les galettes d’argile que certains habitants de Cité Soleil, le plus grand bidonville de la capitale, mangent. Elles consistent en terre + sel+huile et sont cuites au soleil. Le salaire des rares personnes qui ont un emploi ne suffit plus depuis longtemps à nourrir une famille. Le salaire journalier minimum est de 70 gourdes, soit env. 1.30€. Les 100 gourdes de salaire minimum que le président Préval veut imposer aux entreprises nationales et aux multinationales ne suffit pas à compenser les augmentations des denrées alimentaires. Les syndicats exigent 200 gourdes. Même certains entrepreneurs voient la nécessité d’agir. Ainsi, Pierre Léger, le président de la Chambre de Commerce du Sud d’Haïti juge insuffisante l’augmentation prévue des salaires. « La faim suscite des révoltes »

Ce que le gouvernement a reçu ces dernières années par la privatisation des quelques entreprises d’Etat, est parti en grande partie pour le paiement de la dette. Malgré cela, la dette extérieure accumulée pendant les trois décennies de la dictature Duvalier, ne s’est réduite que très faiblement. Seule une toute petite élite profite de la politique du libre commerce. Le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis constate qu’ à court terme on ne peut rien faire contre l’augmentation des prix alimentaires,: « Je ne peux faire des miracles. Vous devez vous serrer la ceinture ». Malgré la justesse de la constatation que la marge de manœuvre du gouvernement est faible, Alexis a été sacrifié par le président. Préval a démis de ses fonctions le Premier Ministre mal aimé, a promis des crédits pour les petits paysans et vendeurs ambulants, des investissements dans le réseau routier, dans l’eau et les canalisations, ainsi que des subventions pour les engrais et outils agricoles. Pour faire un geste symbolique supplémentaire,il a diminué le budget de voyage pour les membres du gouvernement et il a décrété un impôt spécial de 10% sur les salaires des fonctionnaires qui gagnent plus de 500€.

Critique à la mission de l’ONU

La colère de la population ne se dirige pas seulement contre le gouvernement considéré comme inefficace, mais aussi contre les troupes de l’ONU qui ont été cherché après la chute du président Aristide, en 2004.

La mission des casques bleus, forte de 7000 hommes,placée sous la conduite du Brésil pour assurer la stabilité, intervient souvent avec armes et gaz lacrymogène à côté ou à la place de la police en cas de révolte.

Des milliers d’Haïtiens arrêtés pendant les manifestations attendent souvent des mois dans des prisons surpeuplées avant de voir un juge . Il y a 15 ans, les Nations Unies eurent comme objectif d’améliorer la justice et de faire une réforme du système judiciaire.

Il y a peu, 114 membres de la mission ont été renvoyés au Sri Lanka. Plusieurs soldats furent inculpés de viols de femmes et de jeunes filles. Au moins trois morts seraient le fait de soldats uruguayens de l’ONU pendant les émeutes.

Des organisations paysannes exigent maintenant le départ de tous les casques bleus. Leur budget annuel s’élève à 535 millions $US ce qui correspond à 9% du produit intérieur brut d’Haïti et pour ces organisations il vaudrait mieux investir ce budget dans la production.

L’Assemblée Nationale (AN) du Nicaragua et le parlement centraméricain (PARLACEN) s’opposent à la loi européenne anti-immigration

El Nuevo Diario du 2 juillet 08

Hier, à la fois l’AN et le PARLACEN ont chacun de leur côté émis des déclarations d’opposition à la loi anti-immigration approuvée le 18 juin par le Parlement Européen. Avec 63 votes pour, les députés nicaraguayens ont approuvé la déclaration proposée par la députée du MRS, Monica Baltodano de s’opposer à l’application des restrictions migratoires de la majorité des pays membres de l’Union Européenne. La déclaration législative établit que – dans le cadre de la globalisation- il est contradictoire de promouvoir la libre circulation des marchandises et l’ouverture des marchés, et en même temps fermer la possibilité de libre circulation à des personnes. Baltodano rappelle aux gouvernements européens qu’à un certain moment de l’histoire du monde, les citoyens du « Vieux Continent » furent aussi des migrants qui pour différentes raisons sont arrivés au « nouveau monde », particulièrement en Amérique Latine. « Les Européens, à certains moments ont dû fuir leurs pays, soit parce qu’il y avait des dictatures ou des problèmes économiques. Aujourd’hui, ce sont les citoyens latino-américains qui doivent chercher le soutien de leurs familles et du travail partout dans le monde, y compris en Europe » dit-elle.

Les députés du PARLACEN dont font partie le Nicaragua, le Honduras, El Salvador et le Guatemala ont également émis un document pour s’opposer aux mesures migratoires européennes qui – entre autres- inclut la détention des immigrants sans papiers jusqu’à 18 mois, avec une déportation ultérieure dans un pays qui n’est pas forcément le pays d’origine du migrant.

La déclaration du PARLACEN constitue un clair refus de la directive du retour, une mesure qui porte atteinte aux droits humains et aux droits du travail des migrants…. C’est une mesure criminalisante, discriminatrice et xénophobe.

Dans ce document, les députés centraméricains demandent instamment aux gouvernements de la région et des Caraïbes, ainsi que de l’Amérique du Sud de former un front commun pour la défense et la solidarité avec les millions de migrants qui se trouvent sur le continent européen.