les volcans, les poètes et les légendes

Nous ne savons pas si Victor Hugo a écrit son poème « les raisons du Momotombo » avant ou après sa rencontre avec le poète nicaraguayen Rubén Dario, son grand admirateur. Mais cela m ‘a donné envie de parler des volcans du Nicaragua qui se présente toujours comme

« pays des lacs et des volcans »

Le Momotombo , sur les rives du lac Xolotlan ou lac de Managua est l’un des plus majestueux. Il a une altitude de 1 258 m. La dernière éruption date de 1905.

La légende dit que le volcan n’accepta pas le changement de nom. Il se serait mis en activité au moment où le prêtre ordonnait le baptême. Devant cette manifestation volcanique, la peur aurait pris le dessus et ainsi le volcan a gardé son nom indigène.

Le volcan fut un lieu de sacrifice pour le dieu de la guerre ainsi que de sacrifices de jeunes adolescents au dieu de la pluie. Un site de 23 pétroglyphes a été découvert sur son flanc. Autour du Momotombo, on y voyait encore récemment des animaux mythologiques. L’un d’eux se présentait sous forme d’un petit cheval. Suivant la couleur, noire ou blanche, la rencontre avec lui était de bonne ou de mauvais augure pour les chasseurs. On raconte aussi que dans un cratère situé non loin du Momotombo, le Cerro del Hoyo, vivait une femme capable de donner la bonne direction aux chasseurs ou de les perdre.

Le San Cristobal est situé à 100 km de Managua, près de Chinandega. Avec 1 745 m, il est le plus haut du Nicaragua. La dernière éruption violente a eu lieu en 1987 et il reste actif. Le nom actuel lui a été donné en 1878. Le bas du volcan est boisé et 171 espèces d’arbres ont été recensées, dont un guanacaste noir de 900 ans. On y trouve aussi une grande variété d’orchidée, 28 espèces de mammifères et 92 espèces d’oiseaux.

La légende précolombienne, transmise oralement de génération à génération veut que par amour pour la princesse chorotega Donaji, le prince Chontal ait déplacé le volcan en son lieu actuel.

Le Cerro Negro Il a une hauteur de 675 m Le volcan est apparu en 1850. Au cours des 100 dernières années, il a fait 20 éruptions. Celle de 1947 a provoqué des dépôts de 20 à 30 cm de cendres dans la ville de Leon qui se trouve à une distance de 20 km. La dernière éruption a eu lieu en 1999.

Le Cerro Negro est actuellement le volcan qui marque le plus la population de la région nord du Nicaragua. Il tient son nom de la couleur du cône et le sable qui en sort est également très noir. La seconde origine viendrait d’un prêtre qui y vit le fils du diable et le baptisa alors Cerro Negro pour bien évoquer son origine diabolique. Deux petits volcans bordent actuellement le cône principal. L’un d’entre eux s’appelle Cristo Rey. Ils se sont formés parce que la lave ne pouvait pas sortir par le haut du volcan et s’est frayé un chemin à côté. Le 14 août de chaque année, une procession part de différents villages et de la ville de Leon (20 km) pour aller au pied du volcan. Cette procession mobilise plusieurs centaines de personnes et a pour origine l’éruption de 1947, l’une des plus importante et qui a détruit toutes les plantations et la fertilité des sols. Une petite chapelle avec une petite vierge a été érigée au pied du volcan.

Le Cerro de Oro La légende dit qu’en 1610, apparut un crabe géant dans le cratère du volcan. Beaucoup de gens l’avaient vu. Pour ces personnes, la vie devint alors meilleure. Les pauvres devinrent riches ……. Et les riches vécurent dans une opulence encore plus importante.

Le Cosiguina Il a une hauteur de 845 m et une lagune se trouve au fond du cratère. Le volcan permettait de surveiller tout le golfe bordant le Salvador, le Honduras et le Nicaragua. Le volcan a connu une énorme éruption en janvier 1835 comparable à celle du Vésuve qui a détruit Pompéi et Herculanum Elle fut si violente que l’onde sonore fut entendue an Colombie, la Jamaïque et au Mexique. Le phénomène dura presque une semaine, mais ce furent les 3 premiers jours les plus terribles. Pendant 36 heures, tout le pays fut dans l’obscurité et les cendres couvraient toute l’Amérique Centrale. Cette éruption a changé complètement le paysage. Avant c’était une forêt dense et des pâturages. Cette région est devenue une réserve naturelle, mais reste toujours un peu difficile d’accès.

Alexander von Humboldt (naturaliste allemand qui explora l’Amérique Centrale et du Sud de 1799 à1804 avec le français Bonpland) visita le Nicaragua en 1802 et fit une excursion au Cosiguina jusqu’au sommet enveloppé d’un épais brouillard. Le volcan avait alors une hauteur de 4 376 m, après l’éruption elle est tombée à 845m.

Il y a un très beau site en espagnol, bien illustré. http://www.manfut.org/chinandega/cosiguina.html

Un des volcans les plus visités est sans doute le volcan de Masaya accessible en voiture, situé dans le premier parc naturel créé en 1979 d’une superficie de 54 km2

À l’époque précolombienne, le volcan fut l’objet de culte de la part des indiens chorotegas. Pour calmer la colère des dieux, ils offrirent des sacrifices humains. Le chroniqueur espagnol, Fernando d’Oviedo a visité le volcan en 1529 lors qu’il était en pleine activité et « avec des flammes si hautes que sa lumière permit de lire dans la nuit à Granada », situé à 15 km de distance. Pour les religieux espagnols, le Masaya fut considéré comme « la bouche de l’enfer ». Pour conjurer le malin, ils firent ériger une grande croix en bois au bord du cratère Santiago. Les dernières éruptions du volcan furent ceux du cratère Nindiri, en 1670 qui remplirent d’effroi toute la population de la zone. Ils organisèrent des processions pour calmer la colère du Dieu. Puis une éruption en 1772. En 1852, s’ouvrit un nouveau cratère entre le Santiago et Nindiri Le cratère Santiago a une profondeur de 300 m et presque un demi km de diamètre d’où émane en permanence une fumerolle et l’odeur de souffre est intense. À 20 ou 30 années d’intervalle, le cratère Santiago montre pendant une période de 5 ans un lac de lave. Ce phénomène fait de lui un volcan unique sur le continent américain

À l’époque de la colonisation, quelques visiteurs crurent que la lave était de l’or fondu. En 1538, le frère Blas del Castillo a organisé une véritable expédition pour descendre au fond, dans une corbeille attaché par une corde pour obtenir le précieux liquide. Ils s’y sont même pris à trois fois pour ramener des échantillons et bien sûr ce n’était pas ce que, dans leur cupidité, ils crurent.

Un autre spectacle étonnant est la présence d’une multitude de perruches vertes dans les parois du cratère Santiaguito qui chantent à la tombée de la nuit.

Le Telica Il a une hauteur de 1061 m. Il est peut-être un des volcans les plus actifs du Nicaragua, avec des émanations de gaz et de vapeurs. Son cratère est profond et ample. Il est possible d’y grimper et d’y passer la nuit pour assister au spectacle de la lave bouillonnante. Au pied du volcan, depuis toujours, on peut voir des geysers de boue qui sont reliés au cœur du volcan. Une tribu indigène Telican vivait au pied du volcan. Elle a dû se déplacer plus loin à cause d’une éruption et fonda le village actuel de Telica

Le volcan de Casitas n'était plus en activité lorsque le cyclone Mitch a provoqué la catastrophe de fin octobre 1998 À l'intérieur du cratère, il y avait une lagune, une sorte d'immense piscine. Au 3e jour de pluie, l'eau est montée, a fait craquer le sommet, qui a cédé sous la pression. Et là, les gens ont entendu deux bruits sourds, comme ceux d'un tremblement de terre. Habitués aux séismes, les villageois n’ont pas eu peur. Mais le cratère a craqué, l’eau mélangée aux rochers et à la boue a tout dévasté sur son passage et a englouti cinq villages provoquant la mort de 2000 personnes.

Le Mombacho Ce volcan de 1 340 m de hauteur se trouve dans une réserve naturelle, créée en 1983, à partir de l’altitude de 850 m. Plus bas on cultive un des meilleurs café du Nicaragua. Il y règne un microclimat. Il est éteint depuis longtemps et couvert de végétation tropicale. Sa dernière éruption forma 350 îlots dans le lac Cocibolca. Cette forêt tropicale humide forme un écosystème très riche où vivent 50 espèces de mammifères, 118 espèces d’oiseaux et 87 orchidées dont certains sont endogènes. On y trouve aussi 467 espèces de plantes, un superbe papillon, unique au monde, le Momchoensis et la salamandre du Mombacho, également endémique du lieu. On peut monter au sommet à pied ou avec des camions à double traction. C’est vraiment très raide !! Au sommet on trouve un petit musée et un laboratoire scientifique Sur les sentiers, on voit beaucoup de trous d’où sortent des fumerolles. Les mythes et les légendes enveloppent le Mombacho comme les nuages entre les forêts. On dit que les eaux claires du sous-sol ont des pouvoirs magiques. On dit aussi que si un chasseur blesse un animal dans le Mombacho, il ne le retrouvera plus et si quelqu’un vole une plante, il aura du mal à retrouver le chemin vers sa maison. Un autre mythe parle d’une vieille, protectrice de la forêt qui apparaît dans la brume vêtue d’une longue robe blanche et qui disparaît dès qu’on s’approche. Il y a deux sites remarquable pour ceux qui veulent en savoir plus : http://www.mombacho.org et http://www.perso.ch/pveyrat/lieuxecotouristiques.htm

Nous avons déjà parlé de l’île Ometepe où se trouvent les deux volcans Le Concepcion, 1 610 m Un volcan d’une symétrie parfaite et considéré comme actif. Il avait traversé une longue période tranquille et se réveilla le 8/12/1880 et resta actif tout au long de l’année. Après il y a eu des éruptions en 1883,89, 1902 et 1924. La plus récente éruption très violente date de 1957. Le 28 juillet 2007, une explosion a secoué le cratère provocant des chutes de cendres relativement importantes et les jours suivants il y eut des émanations fuméroliennes assez intenses.

Le Madera 1394 m Il occupe l’autre partie de l’île et dans son cratère il y a une lagune. La dernière éruption a eu lieu au 12ième siècle et il est considéré comme éteint. La lagune ne fut découverte qu’en 1930 par le paysan Casimiro Murillo. Son flanc est couvert de forêt primaire et de plantations de café.