Nicaragua et Guatemala dans les médias

La différence de traitement dans les médias entre les élections au Nicaragua et au Guatemala. Article de Frida Modak, journaliste, ancienne secrétaire de presse du président Salvador Allende, paru dans Alainet Résumé et traduit.

Les élections présidentielles au Nicaragua et au Guatemala ont eu lieu le même jour, le 6 novembre 2011, toutefois le traitement par les médias de ces deux processus électoraux a été très différent.

Personne ne semble inquiet de l’élection du général Otto Perez Molina qui a déjà été candidat à plusieurs reprises sans succès. Le fait que Sandra Torres, l’ex-épouse de l’actuel président Alvaro Colom a été empêchée à se présenter par un jugement du tribunal et que l’UNE (Union Nacional de la Esperanza) s’est trouvée sans candidat, a permis l’élection de Pérez Molina. Pourtant ce dernier a été signalé comme responsable de la mort de centaine de personnes, en majorité indigènes.Nicaragua

L’accusation a été de nouveau présenté devant les Nations Unies par l’organisation Waqib Kej dans un document qui le dit directement impliqué dans l’usage systématique de la torture et actes de génocide pendant le conflit interne au Guatemala. L’évêque Girardi avait enquêté pour la Commission National de Réconciliation sur ce thème et avait remis un document « Guatemala, plus jamais cela » dans lequel il avait relaté 54 000 violations des droits humains, dont l’armée était en plus grande partie responsable. Girardi fut atrocement assassiné… La campagne électorale de Molina s’est centré sur l’insécurité due à la délinquance, mais on parle peu de l’inexistence d’une police organisée. Les responsables de fait de la sécurité sont les 120 000 vigiles privés sans une vraie formation, mais armés.

Aux élections du Nicaragua, le président Daniel Ortega fut réélu avec 64% des votes et celui qui l’a suivi a obtenu 30%. Cependant on a essayé de ne pas reconnaître les résultats bien que les observateurs n’aient apporté des preuves d’une irrégularité. On a spéculé sur l’e rapport d’un groupe envoyé par l’Union Européenne, mais là non plus de preuves d’irrégularité, seulement des recommandations pour la suite. Même Dante Caputo et le secrétaire de l’OEA, José Miguel Insulza, déclarèrent qu’avec cette élection la paix et la démocratie ont avancé au Nicaragua. Et pourtant la droite continue à refuser les résultats ce qui fait le jeu des Etats-unis qui se déclarent »‘préoccupés ».

En bref

- Un communiqué de Prensa Latina du 21-11-2011révèle que l’Ambassade des Etats-Unis au Nicaragua a participé à un plan de déstabilisation interne. Le financement passait par la NED (fondation nationale pour la démocratie), l’Institut républicain (IRI) et l’Institut démocratique (NDI) d’un montant de 30 millions de $US par an à des organisations et au PLI-MRS. Ce plan a débuté avant les élections présidentielles et continue pour inciter l’opposition de ne pas accepter les résultats.

- Communiqué de ADITAL du 22-12-2011__

Plusieurs organisations des droits humains en Amérique Latine s’inquiètent d’un processus alarmant de militarisation, c’est-à-dire une extension des bases militaires nord-américaines. À travers le plan Mérida, les Etats-Unis dotent le Mexique et l’Amérique Centrale de 1 600 millions de $US qui reçoivent cette « aide » sous forme de matériel militaire ce qui a par ailleurs comme résultat que 70% de l’argent retourne à l’industrie d’armement des Etats-Unis

- De nouvelles bases nord-américaines au Honduras (28-11-2011)__
__ Le premier décret que Porfirio Lobo a émis après le coup d’Etat fut l’autorisation d’une nouvelle base à Caratasca et l’extension d’une base sur la petite île de Guanaja qui s’ajoutent à celles qui existent depuis des années 80. À ceci il faut ajouter la présence d’assesseurs militaires et plus de 300 agents de la DEA qui participent à des opérations militaires et de la police. Le Pentagone, la CIA, la DEA et le département d’Etat se basent sur un vieil accord militaire de 1954 et dur un autre de 2001 approuvé par Facussé pour justifier l’occupation militaire permanente. Les peuples originaires – pour leur défense- font valoir la convention 169 de l'OIT et la déclaration des droits humains. Pour eux la présence militaire est synonyme de violence, d’irrespect et de mort.

- Massive présence militaire des Etats-Unis au Costa Rica (Eva Golinger)__
__ Le 1-7-2011 le Congrès du Costa Rica a autorisé l’arrivée de 46 navires de guerre et 7000 soldats pour réaliser des opérations militaires, ainsi que des sous-marins. Un document officiel stipule que ces soldats jouissent d’une totale impunité et ont toute liberté de mouvement pour réaliser les activités nécessaires à leur mission. Plusieurs partis s’opposent à cette présence militaire.

Dans un reportage du 17-6-2011 du journal « La Teja » il est question d’exercices militaires conjointes Costa Rica – Etats-Unis, présentés comme des olympiades. Et la journaliste se demande pourquoi ils étaient organisés par le Comando Sur des Etats-Unis et non par le comité olympique. Devant la menace d’une « imminente invasion » nicaraguayenne, une intense campagne nationaliste, xénophobe, pro-militariste, suggère la constitution d’une Police des Frontières qui serait comme une armée, avec le même équipement, le même entraînement, mais qui ne serait pas une armée !!! Ce n’est pas la première fois que le Costa Rica participe à des opérations militaires « Fuerzas Comando » qui ont débuté en 2004 parmi les 19 meilleures unités en Amérique Latine et le Costa Rica se trouve à la position 15.

« Si tu veux avoir une idée du futur imagine une botte qui écrase un visage continuellement »

George Orwell

- La rentrée scolaire 2012 au Nicaragua

Le gouvernement sandiniste continue ses efforts pour améliorer l’enseignement par la réhabilitation des infrastructures et différents programmes d’aide aux familles pauvres : distribution de 250 000 cartables avec fournitures scolaires et 200 000 paires de chaussures.

Pour la première fois il y a aussi un vaste programme de rattrapage scolaire pendant les vacances.

Le but est de permettre à tous les élèves de terminer au moins les six années d’école primaire.

Les inscriptions sont aussi prolongées jusqu’à fin mars pour que les familles qui sont éloignées de leur domicile (par exemple pour des récoltes de café) puissent inscrire leurs enfants à leur retour.

Dans toutes les écoles publiques les enfants ont droit à un goûter.

L’effort du gouvernement porte aussi sur l’enseignement supérieur avec un renforcement des liens entre les collèges et l’université afin que davantage d’élèves réussissent leurs examens d’admission.

Au Nicaragua, une police différente__
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En juin 2011 eut lieu la conférence internationale en appui à la stratégie de sécurité régionale. À cette occasion les représentants du SICA (Système d’Intégration Centraméricain) et d’organisations multilatérales latino-américaines ont félicité publiquement la Police Nationale Nicaraguayenne pour ses résultats obtenus en matière de prévention et d’investigation des délits. Malgré un faible effectif de policiers (9 agents pour 100 km2 contre presque 100 pour 100 km2 au Salvador) le Nicaragua a le taux d’homicides le plus faible.

Le Nicaragua 13 pour 100 000 habitants

Honduras 78 « « 

Salvador 69 « « 

Guatemala 42 « « 

Selon les autorités nicaraguayennes, le modèle de police « préventif, pro actif, et communautaire » ne pouvait exister sans un lien étroit avec la population. En accord avec les statistiques de la police, plus de 100 000 personnes font bénévolement un travail préventif sur tout le territoire national. Par le décret 16-2007 se sont créés les Conseils de Sécurité citoyenne (Consejos de Seguridad Ciudadana), des instances de coordination entre la police, l’Etat et les citoyens.

Tous se demandent pourquoi il n’y a pas de « maras » au Nicaragua, soit des bandes de jeunes très violents. « Pour nous c’est une problématique liée à l’exclusion sociale et nous avons adopté comme solution la prévention en incluant les jeunes » explique Aminta Granera, la chef de la police nationale.

La DAJUV (direction d’affaires de la jeunesse) intervient aussi dans les écoles.

Chaque année plus de 500 jeunes, membres de bandes (pandillas) réussissent leur réinsertion sociale. Un centre de formation technique et professionnelle a été ouvert pour 200 jeunes en danger.

La lutte contre la violence faite aux femmes est un autre défi pour la police. Des commissariats pour femmes existent dans le pays et se multiplient. Des promoteurs pour défendre les droits de femmes reçoivent une formation et cherchent à prévenir la violence intrafamiliale. Par ailleurs 35% des policiers sont des femmes.

Enfin la lutte contre le crime organisé et le narcotrafic a permis de désarticuler 63 cellules de cartels de la drogue.