Pression sur Obama pour la complicité des États-Unis avec la guerre sale du Honduras

Viernes 06 de Abril de 2012 11:50 Mark Weisbrot




Le soutien des États Unies pour un régime qui assassine les opposants et les journalistes est une tache honteuse pour l’administration d’Obama.

Les Honduriens continuent à souffrir les effets du coup d'État militaire de juin 2009 qui a renversé le gouvernement élu démocratiquement du président Manuel Zelaya. Le coup d'État a déclenché une vague de violence contre l'opposition politique, les journalistes, les petits agriculteurs et autres, en toute impunité par les forces de sécurité qui ont été impliqués dans ces meurtres. C'est exactement ce que ceux qui s'opposaient au régime installé par le coup - et sa consolidation au pouvoir avec des 'élections' en novembre 2009 - craignait aller se passer.

Sur le mauvais côté de cette lutte était l'administration d’Obama, qui - après quelques hésitations - a fait des déclarations contre le coup, mais a donc aidé le gouvernement putschiste réussir. Près de trois ans et des centaines d'assassinats politiques plus tard, il semble que cette administration soit encore sur le côté de la répression et contre les droits fondamentaux de l'homme pour les Honduriens.

Rien ne le démontre de plus comme les tentatives des membres démocrates du Congrès qui ont fait pression sur l’administration pour changer de tactiques vis-à-vis l’Honduras. Le 9 mars, 94 membres de la Chambre des représentants américaine a envoyé une lettre au secrétaire d'État Hillary Clinton lui demandant « de suspendre l'aide américaine à l'armée hondurienne et de la police, compte tenu des allégations crédibles de violations générales et graves des droits de l'homme, imputées aux forces de sécurité. »

Les membres du Congrès notent un « motif de violations des droits de l'homme dans laquelle les défenseurs des droits de l'homme, des journalistes, des dirigeants communautaires et militants de l'opposition font l'objet de menaces de mort, les attaques et les exécutions extrajudiciaires. » Ils notent particulièrement la situation dans la région du Bajo Aguán, environ 350 miles au nord-est de la capitale, où « 45 personnes associées aux organisations paysannes ont été tués. » Cette violence – qui est commis par des hommes armés des et les forces de sécurité des propriétaires contre les paysans qui luttent pour les droits fonciers – est un résultat direct du coup d'État; sous l'administration Zelaya, il y avait des négociations qui se déroulaient de manière pacifique pour résoudre les différends.

La lettre des membres du Congrès est politiquement frappante parce qu'il est signé par envers la moitié de tous les démocrates à la Chambre, y compris des membres dirigeants. Il s'agit d'une année électorale, et ces gens ne sont pas désireux de se battre avec leur président sur une question qui n'est pas susceptible d'être une préoccupation majeure dans leurs districts. Donc, ils doivent avoir été tout à fait convaincu que ce sont des violations scandaleuses des droits de l'homme - sur lequel le gouvernement américain a une responsabilité d'agir.

Mais les grands médias aux États-Unis ne semble pas remarquer cette lettre ou de son importance politique. Et il n'y avait aucun rapport sur une lettre semblable écrit quatre jours plus tôt à la Secrétaire Clinton par de nombreux sénateurs des États-Unis qui ont exprimé leur préoccupation face aux « rapports crédibles de meurtres et d'agressions violentes, présumés d’impliquer la police et les agents militaires, » et « l'échec des autorités de l'État du Honduras de poursuivre les contrevenants et de protéger les droits des victimes et leurs familles. »

Ces omissions sont d'autant plus frappantes vu que le vice-président Biden s'est rendu au Honduras le 6 mars, mettant le pays dans le cycle de nouvelles. Dans cette circonstance les grands médias servent de catalyseur en ne pas rapporter sur les actions des congressistes du même partie politique du président Obama. L'administration regarde la presse et, ne voyant rien, pense que personne n'a entendu l’arbre qui tombe dans la forêt, alors il n'a pas eu lieu.

Il n'y a pas eu de réponse jusqu'à présent du Département d'État, autre qu'une déclaration très trompeuse en ce qui concerne ce que les 94 membres du Congrès ont demandé. Considérant que la lettre appel pour une suspension de l'aide américaine à l'armée et police hondurienne jusqu’à que les massacres cesse de se poursuivre en toute impunité, la porte-parole du Département d’État, Victoria Nuland a dit:

« Je pense que les préoccupations que nous avons avec cette proposition, c'est qu'il appelle le découpage de l'ensemble des aides au Honduras ... cette recommandation de réduire le tout est un instrument relativement émoussé. »

Pire encore, en fait, l'administration d’Obama a augmenté l'aide militaire au Honduras pour 2012 - une de seulement deux hausses dans l’aide militaire dans la région (l'autre étant le Mexique). L'excuse, bien sûr, est le tristement célèbre « guerre aux drogues. » Il faut se demander ce que le gouvernement des États-Unis ferait si la violence liée aux trafics de drogues jamais ce calme. La guerre aux drogues est une commode justification pour les États-Unis pour légitimer l’augmentation de leur présence militaire et de sécurité dans la région - et l'influence politique qui va avec ces forces. Peut-être que c’est pour cette raison que l'administration d’Obama a été si froid envers les propositions sur la légalisation de certaines drogues que même des présidents soutenus par les États Unis comme Otto Pérez Molina du Guatemala et Juan Manuel Santos en Colombie, ainsi comme un certain nombre d'éminents anciens présidents et des dirigeants proposent.

Dans la dernière décennie et demie, l'Amérique du Sud s'est libérée de Washington, gagnant un historique « seconde indépendance » qui le rend presque imperméable aux genres de coups d'État soutenus par les États-qui ont jeté le Honduras dans cette vague de violence et de répression. Ces gouvernements se sont unanimement distancé de Washington en exigeant le retour inconditionnel du président Zelaya en 2009 et en s'opposant à des "élections" organisées dans la même année pour consolider le gouvernement putschiste.

Mais les nations d'Amérique du Sud ont besoin de faire beaucoup plus et commençait à voir l'Amérique centrale et les Caraïbes comme étant de leur région et non, comme Washington le voit, « notre petite région ici, qui n'a jamais fait la peine à personne ». L'accord de Carthagène qui a permis le retour de Zelaya contient des garanties aux droits de l’homme et autorise d'autres pays sud-américains (en dehors de la Colombie et le Venezuela, qui ont négocié l'accord) à participer à assurer le respect de l’accord.

Les Honduriens se battent courageusement pour leurs droits et la souveraineté nationale. Avec l'aide de l'Amérique du Sud – et de toutes les organisations et les militants qui ont réussi à obtenir que 94 membres du Congrès des États-Unis contester l'administration Obama pour leur complicité – ils vont mettre fin à cette répression violente.