Le Nicaragua a approuvé la loi de biodiversité

(article de Giorgio Trucchi dans Rebellion du 6 octobre 2012)

Après un long processus de plus de 16 années, le Parlement nicaraguayen a approuvé par une large majorité une loi qui régule et protège les ressources génétiques du pays, ainsi que les connaissances dans ce domaine.

Cette loi garantit aux populations indigènes l’accès et une juste participation aux bénéfices, comme le retour des ressources génétiques qui leur ont été enlevées illégalement dans le passé.

Le Nicaragua est un des pays de la planète qui dispose d’une très importante biodiversité et avec la deuxième plus grande forêt tropicale d’Amérique (Réserve de Bosawas). Ces ressources génétiques représentent environ 75% de ses exportations.

La loi générale de l’environnement approuvée en 1996, formulait la nécessité d’élaborer une législation spécifique en matière de biodiversité.

En 2006, un projet de loi fut présenté au Parlement où il y avait le consensus de tous les secteurs impliqués dans la thématique environnementale.

S’en est suivi un long processus de consultations et de négociations destiné à y inclure les nouvelles avancées technologiques et juridiques ce qui a abouti enfin le 5 septembre 2012 à l’approbation de la loi de biodiversité par le Parlement.

« Cette loi représente une grande avancée pour le pays car elle organise la régulation de la conservation et de l’utilisation soutenable de la biodiversité, ainsi que la participation équitable et la distribution juste des bénéfices parmi les communautés indigènes présentes au Nicaragua qui ont pendant des siècles protégé et conservé nos ressources génétiques » dit Julio Sanchez du Centre Humboldt.

La loi définit aussi la propriété intellectuelle des ressources génétiques qui font partie du patrimoine national du Nicaragua, garantissant leur protection contre la « bio piraterie » Désormais il n’est plus possible de soustraire du pays des ressources génétiques pour se les approprier par des brevets comme ce fut le cas du Mexique et du Costa Rica, relate Sanchez

Selon l’expert en biodiversité, il y a des ressources qui ont été illégalement soutirées au Nicaragua. tant dans le projet GENOMA10K, où les gènes de plus de 10 millions d’espèces animales ont été collectionnées, que dans la Banque globale de semences SVALBARD, en Norvège, avec plus de 100 millions de semences et une capacité de stockage de plus de 2000 millions d’espèces,

« Il y a des preuves que par exemple le Centre d’agronomie tropicale de recherche et d’enseignement (CATIE) du Costa Rica a envoyé nos ressources génétiques à la Banque globale de semences.

Désormais cela ne sera plus possible.

Ensemble avec l’accord de biodiversité de 1993 et le protocole de Nagoya (2010) cette loi de biodiversité complète un instrument qui va être fondamental devant les impacts du changement climatique.

Plusieurs analyses mettent en lumière que les conséquences du changement climatique pourraient réduire la biodiversité centre-américaine jusqu’à 70%.

Il faut espérer que le Parlement approuve le règlement de cette loi et qu’il ratifie le protocole de Nagoya, puis que le Nicaragua est le seul pays d’Amérique Centrale qui ne l’a pas encore fait.