Les effets dévastateurs des pesticides en Amérique Latine

(article traduit et résumé de Barometro internacional – Sylvie Ubal – 7 octobre 2012)

Selon l’OMS, environ 5 millions de personnes sont chaque année gravement intoxiquées par différents pesticides et l’on estime qu’ils causent la mort de quelques 900 000 personnes. Environ 99% des affectés vivent dans les pays en voie de développement. Les pesticides provoquent aussi des avortements, des malformations de nouveaux-nés, sans parler des dommages causés à l’environnement.

Les pesticides (agro toxiques) n’ont pas été inventés pour l’agriculture et n’ont pas été demandés par les paysans, ils sont le produit de la guerre.

Et aujourd’hui, quand nous constatons les problèmes dus aux pesticides, nous devons les désigner par leur vrai nom : poisons – arme chimique – agro toxiques.

Après l’explosion des premières bombes atomiques en 1945 à Hiroshima et Nagasaki, un bateau nord-américain apporta un chargement de phytocide pour asperger les plantations au Japon, appelés alors LN8 et LN14, et cela a détruit 30% des récoltes.

Plus tard ces substances furent utilisées dans la guerre au Vietnam comme composantes de la dioxine et tristement célèbre sous le nom d’ »agent orange »produit notamment par les sociétés Monsanto et Down Chimical responsable de la destruction de milliers de km2 de forêts et de cultures, ainsi que des milliers d’êtres humains.

Le DDT utilisé pour tuer des insectes, a aussi fait son apparition pendant la guerre par l’entreprise Dupont qui fabriquait alors des explosifs pour l’armée nord-américaine pendant la première et la deuxième guerre mondiale.

Dupont et General Motors (l’inventeur des CFC) recyclèrent tous ces agro toxiques. Plus de 500 000 tonnes de pesticides obsolètes interdits et périmés s’accumulèrent dans presque tous les pays en voie de développement, faisant miroiter aux paysans les effets bénéfiques. L’agriculture devint une sorte de décharge de l’industrie de la guerre.

Les Nations Unies considèrent le taux d’intoxication dans les pays d’Amérique Latine jusqu’à 13 fois plus grand que dans les pays industrialisés et déclarèrent les pesticides comme un des plus grands problèmes pour l’environnement mondial.

Mais en Argentine, en Uruguay, au Brésil, au Chili et au Paraguay on continue à les utiliser dans les plantations de tabac, de maïs, de soja, de coton d’eucalyptus, de pins etc. Parmi les multinationales se trouve MONSANTO accusé de contaminer des populations entières, des eaux et des sols. Elle contrôle 90% des semences OGM.

Le programme de vigilance épidémiologique des Ministères de la Santé et l’organisation panaméricaine de la santé des 7 pays d’Amérique Centrale estime que chaque année plus de 3 millions de personnes sont intoxiquées par les pesticides. Ceci signifie plus de 660 morts par jour.

Au Nicaragua 1383 travailleurs agricoles sont morts ces dernières années à cause des pesticides, en moyenne 46 morts chaque mois

En Argentine à « Ciudad de Misiones » cinq enfants sur mille naissent avec une malformation du système nerveux et l’on estime que 13% de cette population est atteinte d’un handicap

Le Paraguay est le 3ième exportateur et le 4ième producteur mondial de soja. 85% des semences viennent de MONSANTO. Le Ministère de la Santé a enregistré plus de 430 cas d’empoisonnement et morts entre 1999 et 2000. L’OIT signale que d’un total de 3-5 millions d’agriculteurs affectés, plus de 140 000 sont morts entre 2011 et 2012.

En Uruguay, Le Dr J.A. Vasalle du Ministère de la Santé écrit dans son livre que le cancer a augmenté de 64% dans les 30 dernières années.

En Colombie des milliers de personnes sont intoxiquées par l’épandage aérien de ROUNDUP dans les zones de culture illicite de coca mais qui touche également les cultures vivrières et pollue les rivières.

Au Pérou En octobre 1999, 24 enfants sont morts suite à une intoxication alimentaire à la cantine scolaire.

On a décelé dans les aliments du Parathion produit par Bayer. 22 autres enfants ont survécu avec de sérieux problèmes du système nerveux.

Les morts dus à l’herbicide Paraquat de Syngenta se comptent par milliers.

La Malaisie est un des 13 pays qui l’ont interdit, mais 120 pays continuent à l’utiliser.

Au Costa Rica cet herbicide est responsable d’un tiers de travailleurs agricoles morts par empoisonnement.

Il n’existe aucun traitement efficace contre l’empoisonnement par le Paraquat.

Au Chili, le « Lindana » a été interdit depuis 1998 par le Ministère de l’Agriculture et par l’OMS.

Néanmoins il continue à être utilisé sur les têtes des enfants pour combattre la pédiculose.

Au Mexique il est utilisé pour combattre les poux des cochons, sur le maïs et les haricots pour éviter d’être attaqués pendant le stockage.

Dans la région du Chiapas et la ville de Comitan, il est répandu par avionnette sans aucune précaution.

Beaucoup d’abeilles ont ainsi été éliminées et l’on y trouve le plus haut indice mondial de cancers de l’estomac.

Selon des enquêtes, il y aurait suffisamment de nourriture pour la population mondiale si l’agriculture était équitablement répartie, sans l’esprit destructif et accaparateur des grandes entreprises agricoles et de la mafia des multinationales comme Bayer et Monsanto.

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À noter un article du journal « Le Monde » par Internet du 27-10- 2012

« Au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et le Japon, la France est une championne de la consommation de produits phytosanitaires en tout genre, herbicides en tête. Avec les Pays-Bas et la Belgique, elle forme le trio des pays européens les plus gourmands en pesticides rapporté à l’hectare cultivé. En 2008 à l’issue du Grenelle de l’environnement le plan gouvernemental Ecophyto s’est fixé pour ambition de réduire de 50% l’usage des pesticides d’ici 2018 mais entre 2008 et 2011 les ventes ont augmenté de 2,6%. Les épandages aériens interdits par la loi continuent à bénéficier de multiples dérogations. »