Comment enfler une liste de morts contre un gouvernement

Cette investigation concernant les rapports des organismes des Droits humains se trouve sur le site Lista informativa Nicaragua y mas espanol et comporte tous les noms, âge, circonstance des personnes mortes dans le contexte des protestations.

1 -Le CENIDH - Centre Nicaraguayen des droits humains

Fondé en 1990, il est présidé par Vilma Nuñez de Escorcia. Il a émis trois rapports, le premier le 4 mai pour la période du 19 avril au 4 mai, le deuxième le 17 mai pour la période du 1ier au 15 mai et le troisième le 18 juin pour la période du 16 mai au 18 juin, sous le titre : Assassinés et blessés produit de la répression et de la violence du gouvernement. Il faut observer que ce titre affirme de façon irresponsable et arbitraire que ces morts sont la conséquence directe de la violence de la part du gouvernement. De leurs listes 167 morts ont été identifiés jusqu’à la date du 18 juin. Toutefois au moins 19 citoyens sont morts dans un contexte en dehors des protestations :

- Pendant le vol d’une moto ou voiture 6 personnes

- Vol : 2 personnes

- Assassinat : 3 personnes

- Bagarre entre bandes : 2 personnes

- Conflit pour la propriété : 2 personnes

- Accident de route : 1 personne - Tir accidentel : 1 personne

- Pendant le vol d’une arme à un vigile : 1 personne

- Suicide : 1 personne

En réalisant la vérification il résulte que 44 sandinistes furent assassinés par l’opposition. Dans la liste du CENIDH certains noms figurent 2 fois. Si on tient compte des noms avec des dates incomplètes, la liste ne devrait compter que 86 noms dont 35 correspondent à des personnes non impliquées dans les protestations, ce qui donne 51 citoyens. On ignore pourquoi l’information du CENIDH n’inclut pas la mort de 16 citoyens dont 15 furent assassinés par l’opposition et un n’était pas impliqué dans le conflit.

Résultat final de la vérification

Des trois rapports dans lesquels le CENIDH rend le gouvernement responsable de 167 morts, 92% correspondant à 153 citoyens ont pu être vérifiés. Pour les 8% restant (14 citoyens) les renseignements étaient soit faux, soit incomplets et il n’a pas été possible de déterminer le contexte dans lequel ils sont morts.

Le CIDH Comision interamericana de derechos humanos.

Les membres de cette organisation ont été invité par le gouvernement à visiter le pays du 17 au 21 mai. Ce n’est que le 22 juin que la CIDH a présenté son rapport devant le Conseil Permanent de l’Organisation des Etats Américain (OEA)

La liste des personnes mortes dans les affrontements entre le 19 avril et le 19 juin comporte 212 noms. Beaucoup d’irrégularités ont été constatées :

- noms répétés : 9

- citoyens morts dans un autre contexte que les protestations : 27 (vol de moto et de voiture 6, assassinat sans déterminer la motivation 5, accident de route 2, conflit de propriété 2, assassinat et vol 2, bagarre entre bandes 3, bagarre entre voisin 1)

La CIDH a inclus dans sa liste de morts attribués au gouvernement 49 sandinistes assassinés par l’opposition.

La liste se réduit ainsi à 127 noms. 59 noms de la liste manquent d’information.

Il est évident que le travail d’investigation de la CIDH se limitait à recevoir les dénonciations et de lire la presse d’opposition.

La liste de la CIDH oublie la mort de 11 citoyens dont 11 furent assassinés par l’opposition et un n’était pas impliqué dans la protestation.

L’Association Nicaraguayenne pour les droits humains ANPDH

fondée à Miami en 1986 dont le président émérite est Monseigneur Abelardo Mata a remis un rapport pour la période de 19 avril au 25 mai avec une liste de 285 morts.

On y trouve les mêmes irrégularités et imprécisions que dans les deux rapports précédents

Noms répétés : 2, non directement liés aux protestations : 49 (assassinat sans détermination de la motivation 9, conflits de propriété 8, vol de véhicule 7, effraction avec assassinat 5, accident de route 4, vol avec assassinat 4 Bagarra entre bandes et citoyens 4, bagarre entre voisins, familiers 3, accident pendant manipulation de l’arme 2, mort en volant l’arme à un vigil 1, Retard dans l’attention médical 2)

Tout comme les deux autres associations la ANPDH inclut dans sa liste les sandinistes assassinés par l’opposition tout en responsabilisant le gouvernement. 60 citoyens sandinistes furent assassinés par l’opposition

En excluant les noms répétés, les morts sans liens avec la protestation et les sandinistes la liste se réduit à 174 noms.

Les trois listes à la date du 25 juin totalisent 293 citoyens morts, toutefois le gouvernement n’est pas responsable de tous ces morts.

- Pas directement en relation avec la protestation : 51 citoyens

- Assassiné par l’opposition : 60 citoyens

- Noms avec des dates incomplètes qui ne permettent pas de déterminer le contexte : 77 citoyens, soit un total de 188 citoyens

Le 8 juin 2018 – Enrique Hendrix