Rapport préliminaire de la Commission Vérité, Justice et Paix

Les informations suivantes sont prises du

Rapport préliminaire juillet 2018 de la Commission Vérité, Justice et Paix – Nicaragua

Le pays a subi des dégâts matériels très importants pendant ces mois de violences, la majorité par des bandes de délinquants de l’opposition.

Destructions du secteur public et privé

Ont été saccagés :

20 supermarchés – 15 magasins électrodomestiques – 5 restaurants – 4 médias de communications – 3 succursales de banque – 1 entreprise de téléphonie mobile – 3 restaurants rapides et 9 autres centres commerciaux au niveau national. 20 magasins Wal-Mart ont été saccagés – 14 supermarchés Pali, 5 Maxi Pali – 1 supermarché La Union – 2 magasins La Curacao – 1 dépôt Tropigas – Radio Shack.

Le secteur touristique a été le plus affecté. Au 2O juin l’activité hôtelière et de restaurants s’est réduit à 25,6%. A Granada et Leon, les principales villes touristiques, 25% des restaurants ont fermé.

Le secteur de la petite entreprise, particulièrement vulnérable a dû licencier du personnel

Entre le 18 avril et le 19 juin, 14 ambulances de la Croix Rouge ont été endommagées

Les médias de communications ont été partiellement ou totalement détruits :

Radio Dario de Leon – Radio Ya et radio Nicaragua de Managua – Radio Estero Yes de Matagalpa.

Le secteur public a subi des dommages significatifs :

INIFOM signale que 78 municipalités sont affectées par des incendies d’édifices publics, destructions des rues, incendies de machines, saccages d’équipements et destructions de parcs.

26 infrastructures municipales sont totalement détruites, 53 édifices partiellement, plus de 89 000 m de rues pavées détruites, 103 machines, 1 922 équipements informatiques et 3 572 mobiliers de bureaux détruits.

Les municipalités les plus affectées sont :

Managua, Masaya, Leon, Nagarote et Matagalpa.

Police Nationale

5 délégations présentent des dommages complets et 32 partiels

Managua, Leon, Chinandega, Masaya, Carazo, Esteli, Matagalpa, Jinotega, Boaco, Chontales

__ MINSA (Ministère de la santé)__

18 bâtiments endommagés, 107 véhicules détruits dont 15 totalement, 64 sont des ambulances, destruction d’appareils odontologiques, d’ultrasons, de cliniques mobiles et de médicaments

MTI (Ministère des transports et d’infrastructure)

Les dommages causés aux bâtiments et équipements retarderont tous les projets prévus pour 2018.

MINED (Ministère de l’Education)

Des centres éducatifs et instituts ont subi des dommages partiels à Managua, Carazo, Granada, Esteli, Nueva Segovia, Jinotega et Boaco

L’enseignement a été gravement perturbé dans beaucoup de secteurs.

Les dommages causés aux Universités n’ont pas encore pu être évalués car certains étaient encore illégalement occupées au moment de l’enquête ce qui constitue une violation envers les 160 OOO étudiants des différentes universités publiques et privées.

__ INATEC (Institut national de technologie)__

Des installations dans différents endroits du pays ont été saccagées ce qui a provoqué des dégâts estimés à 24 922 301 cordobas.

INSS (Institut de Sécurité Sociale)__ __
Il était prévu une croissance de la sécurité sociale de 8 à 9%. Des affiliations ont fortement baissé (moins de 44 272 assurés)

Destructions des installations à Ciudad Sandino, Linda Vista de Managua, à Masaya parmi d’autres Ironie de l’histoire : A ce jour on compte des pertes de plus de 3 mille millions de cordobas quand le 16 avril la réforme de l’INSS avait besoin de 790 millions de cordobas pour résoudre la situation financière

CSJ (Cours suprême de Justice)

Destruction de l’infrastructure de la délégation administrative de jugement du Masaya

Incendie des bâtiments du Tribunal local à Diriamba Carazo

EPN (Entreprise portuaire nationale)

Dommages des infrastructures des ports maritimes et lacustres du pays à Puerto Cabezas, Arlen Siu, El Bluff, Puerto Sandino, San Jorge, San Juan del Sur et Salvador Allende.

Grande perte aussi à cause de l’absence de touristes et de l’annulation des bateaux de croisières programmés pour les mois de mai, juin, juillet 2018.

Les ministères suivants ont subi des dégâts importants :

INIFOM (assistance technique aux municipalités)

INTUR (institut de tourisme)

MEFCCA (Ministère de l’économie familiale communautaire) qui impulse des micro-projets et formation

MINGOB (ministère de gouvernement)

MAG (Ministère de l’agriculture)

Ministère des Relations extérieures

DGA (Direction générale des services de douane)

ENATREL (Entreprise d’état de transmission électrique)

ENACAL (Entreprise aqueducs et sanitaire)

Ministre de la Jeunesse

Pouvoir Judiciaire

Pronicaragua (agence officielle d’investissement et d’exportation)

Au 29 juin 2018 les dégâts sont estimés à 29,572,833,353 cordobas

Destructions du patrimoine culturel du Nicaragua

A Masaya, trois maisons datant d’environ de 1890 et le vieux marché municipal qui date de 1894 ont été incendiés et saccagés

La galerie historique du Musée des Héros et Martyrs dans l’édifice néoclassique de la Mairie de Masaya saccagée et le Musée du Folklore situé dans les principales salles du Centre Culturel de l’Ancien Marché de l’Artisanat dont les collections de vêtements et la muséographie ont été complètement détruits.

Dans la plus vieille ville du pays un édifice colonial de la municipalité et d’autres sites historiques datant de 1524 ont été incendiés. La mairie avait une façade remodelée par le premier architecte du Nicaragua, Julio Cardenal. Trois autres maisons à proximité du marché municipal ont été incendiées et détruites.

Impacte à l’Economie Nationale

Jusqu’à présent l’économie a enregistrée des pertes de 430 millions de $US. On estime aussi la perte de 85000 emplois. L’inflation va passer à 8
%

Les importations et exportations sont affectées.

Les chiffres de FUNIDES (Fondation nicaraguayenne pour le développement économique et social) sont encore plus alarmants. Dans son rapport du 20 juin elle prévoit la disparition de 215 000 emplois augmentant la pauvreté de 29,6% à 31,7%.

On estime que 131 000 personnes sont tombées dans la pauvreté pendant cette période de crise.

Attention médicale pendant la période de violence

La commission a prouvé que le Ministère de la Santé (MINSA) et l’INSS ont donné des ordres de dispenser des soins à ceux qui accourent aux hôpitaux et centres de soins etc. Des centaines de personnes ont été accueillies et soignées par ces institutions.

La dénonciation publique d’un refus de soins par l’hôpital Cruz Azul de Managua a été vérifiée.

Il s’avère que le personnel de sécurité de cet hôpital avait peur d’ouvrir la porte devant l’attitude agressive des demandeurs. C’était le seul cas identifié par la commission.

Il n’y a pas eu de refus de porter secours par ambulance de la part du MINSA ce qui se vérifie par les dommages subis de 64 d’entre elles en prêtant service (5O dans des barricades dans tout le pays et 14 lors d’autres secours)

Cela représente 20% du parc national des ambulances.

La Croix Rouge a aussi eu des pertes de 14 de ses unités.

Contrairement aux bruits qui couraient, la commission n’a eu connaissance d’aucun cas où le patient aurait été remis à la police.


Jusqu’au 2 juin, 505 personnes ont été arrêtées par la police nationale et 204 ont été transférées à la prison de Tipitapa. Cela constituait une violation des droits humains car elles restèrent détenues au-delà de ce que permet la Constitution. 64 parmi eux étaient âgés de 14 à 17 ans ce qui représente une violation de la loi n° 287. Ils ont aussi subi des traitements dégradants (ex. raser les cheveux)

La commission a aussi enquêté sur les dénonciations dans différents médias de personnes disparues, sans résultat.

En ce qui concerne l’emploi disproportionné de la force publique par la police, il faut mentionner que celle-ci devait répondre à l’attaque par des armes à feu conventionnelles et artisanales, (il faut signaler qu’un des premier mort fut un policier) 13 d’entre eux sont morts et plus d’une centaine blessés. Les armes conventionnelles ont été utilisés des deux côtés.

La censure de quelques médias (TV, radio, presse) au début des violences a été une erreur de la part des autorités et une violation de la liberté d’expression. Nous avons aussi eu connaissance d’agressions physiques aux journalistes et appropriation illégale de matériel ce qui constitue une violation et prive la population d’information.

Il y a eu des radios incendiées par des sympathisants du gouvernement : radio Dario à Leon et radio Yes de Matagalpa Et par l’opposition : Radio Ya et radio Nicaragua à Managua

Les réseaux sociaux ont propagé beaucoup de désinformation, des menaces, insultes, rumeurs infondées etc. ce qui a contribué à créer peur et insécurité parmi la population et a également contribué à augmenter l’agressivité sociale et politique

La présence de para-policiers et de manifestants armés est bien sûr contre l’ordre constitutif et social. L’absence de forces publiques dans le quotidien national (exigé par l’Eglise catholique pour participer au Dialogue National) a facilité l’augmentation de la délinquance, de prises de terres et de l’insécurité citoyenne.