Quelques aspects de la situation au Nicaragua (octobre 2019)

Les évènements violents de l’année 2018 continuent à affecter le pays dans le domaine de l’économie. Le tourisme a repris doucement, toutefois la plupart des personnes qui avaient perdu leur emploi l’année dernière, ne l’ont pas retrouvé.

Un exemple : En 2017 Granada avait 146 hôtels, auberges et lieux d’hébergement. L’année dernière il n’y avait plus que 91. 202 établissements touristiques, tel que des hôtels, bars, restaurants ont fermé. Les pertes de ce coup d’état s’élèvent à 296 millions de dollars dans le secteur du tourisme selon les informations de Intur.(Institut nicaraguayen de tourisme)

Le gouvernement a lancé des campagnes pour inciter à entreprendre, aussi bien dans le domaine agricole que dans le recyclage et de faire preuve de créativité (de sorte que même un nouveau mot, le « emprenderismo » a fait son apparition)

Néanmoins le pays avance dans beaucoup de domaines :

- Amélioration de l’infrastructure routière, construction de ponts dans les régions autonomes

- L’attribution de titres de propriété continue pour des milliers de familles

- L’accession à la propriété pour des familles ayant peu de ressources

- Construction de nouveaux hôpitaux dont un très grand à Chinandega. Il fait aussi signaler les campagnes de vaccination, les campagnes pour éliminer les moustiques responsables de la dengue qui a provoqué beaucoup moins de morts que dans le Honduras voisin.

- L’énergie électrique étant une des priorités du gouvernement, la couverture atteint maintenant 96,8% du territoire, ce qui est loin d’être le cas dans d’autres pays. Cette énergie est en très grande partie produite par des énergies renouvelables. (solaires, éoliennes, géothermique, hydroélectrique et biomasse) Extrait d’un article :

Le Nicaragua ayant produit plus de 3000 gigawatt en face d’une demande nationale d’environ 700 gigawatt prévoit d’augmenter ses exportations énergétiques en Amérique centrale. Le réseau Amérique centrale dispose de 1790 km avec une tension de 230 Volt et une capacité de transmission de 300 mégawatt du Guatemala au Panama. Cette capacité du Nicaragua pour exporter de l’énergie aux pays voisins s’explique par un réseau performant qui s’étend sur tout le territoire national.

En 2006 la couverture électrique ne couvrait à peine 54% du territoire. C’était une époque où la nation était frappée par une crise énergétique avec des coupures de courant quotidiennes.

Après l’arrivée au pouvoir de Daniel Ortega, le gouvernement a mis en place un plan national pour étendre la couverture électrique.

Ainsi, dans l’espace de 10 ans, le chiffre de foyers disposant d’électricité est passé de 580 000 à 1.080 000.

En 2016 7000 panneaux solaires et 1 500 systèmes complémentaires ont été installés pour fournir l’énergie à des régions difficiles d’accès.

Et tout récemment la centrale photovoltaïque la plus grande d’Amérique Latine composée de 6.372 capteurs pour alimenter 1.943 maisons, soit plus de 7000 personnes, a été inaugurée dans l’archipel de Corn Island. Le biogaz : Cette technique a beaucoup évolué, permet de cuisiner, d’avoir la lumière, de puiser l’eau et d’irriguer, de réfrigérer le lait et …. de faire des économies. 1400 familles ont réussi d’adopter le système du biogaz ce qui signifie que 8000 Nicaraguayens ont abandonné l’utilisation du bois pour cuisiner ce qui a une influence très positive aussi bien pour freiner la déforestation que pour les émissions de CO2.

Ce système du biogaz produit aussi des fertilisants biologiques de très bonne qualité, le biol.

- Le Nicaragua est bien placé en ce qui concerne l’égalité hommes-femmes, surtout dans le domaine public. Au Forum économique mondial de 2018, le pays est passé de la position 62 en 2006 à la 5ième place.

Les femmes occupent 59,7% au pouvoir juridique, 56% au pouvoir exécutif, 45,7% à l’Assemblée Nationale, 46,7% comme maire, 60% comme maire adjoint, 50% comme conseiller avec des charges importantes au niveau gouvernemental tel vice-présidente, présidente de la Cour Suprême de Justice, vice-présidente à l’Assemblée Nationale, ministre de la défense, à la défense des droits humains, comme maire de Managua parmi d’autres.

Au pouvoir exécutif, 9 des 16 ministères ont une femme à la tête.

Malgré cela, il n’y a toujours pas de droit à l’avortement. Et un autre grand problème est la grossesse de mineures.

- La prévention des désastres naturels : Le Nicaragua est exposé aux cyclones, aux tremblements de terre, aux pluies diluviennes qui provoquent des inondations, glissements de terrains etc. d’où l’importance d’un excellent système de prévention. Dans les écoles et pour la population ont lieu régulièrement des exercices pour bien réagir dans ces cas.

L’intervention des équipes de secours se met immédiatement en place, les populations en danger sont évacuées, les personnes ayant subi des dommages sont tout de suite secourues

- Pour lutter contre la pauvreté en assurant l’autosuffisance alimentaire, le MEFCCA le Ministère de l’Economie Familiale, Communautaire, Coopérative et Associative a communiqué le 27 septembre 2019 sa stratégie de promotion de l’agriculture familiale pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle 2019-2020.

- Ce plan a comme but d’augmenter et de diversifier la production familiale pour l’autoconsommation et pour générer des revenus en commercialisant le surplus de la production. Il veut aussi promouvoir des habitudes de consommation d’aliments sains, riche en protéines, vitamines, fibres, calcium, fer.

- Le programme s’étend de septembre 2019 à décembre 2021 dans les zones rurales au niveau national. Les semences de maïs, riz, haricots rouges, manioc et sorgho sont enrichis de fer et de zinc. Il promeut des cultures nutritives anciennes : figues de barbarie, ajoche (un arbuste avec des feuilles fourragères et des fruits féculents à saveur de marron), amarante, calebasse (les graines sont riche en fer et on les prépare comme de céréales avec du lait), marango (séné), patate douce, cacahuètes.

- Création de banques de semences communautaires de tomates, aubergines, poivrons, piments, oignons, courges, concombres, melon, pastèques

- Promotion de la production de légumes à feuilles : épinards, bettes, moutarde chinoise, céleri, laitue et choux.

- Programme pour 50 000 protagonistes pour créer des potagers mixtes sur des petits terrains et en utilisant des engrais locaux.

- Promotion d’élevage (à partir de novembre) de poules, dindes, canards, cailles, moutons, chèvres, cochons, lapins et iguanes pour la consommation de protéines animales.

- Promotion de technologies selon les zones productives

- Promotion de semences anciennes et améliorées pour résister à la sécheresse et aux maladies

- Formation de 150 000 protagonistes dans les pratiques agro écologiques adaptées au changement climatique

- Formation de 120 000 protagonistes pour l’usage efficace de l’eau

- Organisation de rencontres, de foires technologiques, de congrès départementaux ou municipaux
permettant d’ échanger des technologies et connaissances agro écologiques, permettant la fertilisation des sols etc.…

Fortifier le modèle coopératif

Les 12 dernières années il est passé de 1722 coopératives inscrites en 2007 à 5 689 en 2019 avec 318 819 adhérents. C’est le secteur productif agricole et de la pêche qui détient 68% des coopératives. Le plan actuel cherche avant tout à promouvoir le modèle de l’économie créative en incitant les personnes à créer des activités innovantes dans différents secteurs dont parmi d’autres le secteur technologique, l’art, la culture, le tourisme, l’agriculture soutenable, et d’augmenter la rentabilité et la qualité par des formations, l’organisation, la commercialisation et la compétivité.

Les peuples indigènes

Le Nicaragua est l’un des rares pays permettant une réelle autonomie des peuples. Au printemps 2019 des élections ont eu lieu dans les deux régions de la côte atlantique.

Très longtemps le 12 octobre était célébré en Espagne et en Amérique Latine comme « dia de la raza » Au Nicaragua, depuis plusieurs années déjà, il est célébré comme « dia de la resistencia indigena y negra » ce qui change tout. Nous consacrerons prochainement un article plus important à cette région.

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A Cusmapa octobre 2019

Les Mayangnas, un des peuples indigènes du Nicaragua vit dans la région de la réserve naturelle BOSAWAS. MARENA, le Ministère des Ressources naturelles et celui de l’Environnement travaillent ensemble dans les domaines liés à la protection des écosystèmes, des réserves naturelles, des sources forestières et hydriques.

La FAO a informé que 100 millions de $US seront affectés pour le « Fonds vert du climat » destiné à la Réserve de la Biosphère BOSAWAS, INDIO MAIZ et la résilience des aires protégés.

Le gouvernement du Nicaragua va effectivement utiliser cet argent pour préserver essentiellement la biosphère BOSAWAS. C’est la première fois que le gouvernement prend cet engagement et inclut le développement des peuples indigènes et l’éducation à l’environnement.

La Réserve fut déclarée par l’UNESCO comme réserve de la biosphère en 1987. Cette réserve et d’autres forêts qui s’étendent jusqu’au Honduras voisin forment un territoire de forêt tropicale de 50 000 km2 et constituent ainsi la 2ième plus grande forêt de tout le continent américain.

Rappelons que des journées et campagnes de reforestation ont lieu sur tout le territoire du pays pendant toute l’année avec la participation de la population.




Le difficile dialogue avec l’opposition

La délégation de l’opposition brillait surtout par ses absences à la table de négociation. Une des revendications était la libération de tous les prisonniers impliqués dans les évènements violents en 2018 ce qui fut fait. En plus une loi d’amnistie générale fut votée.

J’ai cherché en vain le programme de l’opposition qui demande toujours des élections anticipées. Elle reste toujours très divisée.

Des réunions de dialogue ont eu lieu ces derniers mois, à plusieurs reprises interrompues par l’opposition ce qui a abouti finalement à la rupture par le gouvernement début octobre.

Le 24 janvier 2019 le parlement a approuvé La Loi de la culture du dialogue, de la réconciliation, de la sécurité, du travail et de la paix.

Cette loi fut le résultat d’un large processus de consultation et de dialogue avec des milliers de personnes dans tous les départements, parmi d’autres, dans le secteur de l’éducation.

La loi propose un changement culturel pour parvenir à trouver une solution aux conflits en promouvant la tolérance, la solidarité, la coopération, le respect des droits humains individuels et collectifs, l’élimination de la violence et ainsi vivre en paix.