2,5 millions d’enfants travaillent en Amérique Centrale

Le 12 juin est la journée mondiale contre le travail des enfants.

J’ai voulu connaître la situation actuelle en Amérique centrale et je vous propose le résultat de mes recherches sur Internet. En effet, beaucoup d’articles de presse ont paru à cette occasion. Pour les statistiques, j’ai recouru aux rapports de l’OIT (Organisation internationale du Travail) les informations les plus récentes datant de septembre 2009. De toute façon les chiffres donnés ne peuvent qu’être approximatifs et il y a tout lieu à penser que la situation n’a pas vraiment changé.

Pauvreté et travail des enfants sont étroitement liés. En Amérique Centrale, la pauvreté frappe 40% des quelque 45 millions d’habitants.

Il faut donc savoir qu’il s’agit pour eux d’une question de survie pour les enfants concernés et leurs familles lors qu’on se propose d’interdire le travail des enfants.

Déjà dans les années 80, les enfants travailleurs au Nicaragua s’étaient organisés, non pour refuser de travailler, car conscients de cette nécessité, mais pour exiger le respect et l’accès à l’éducation et aux loisirs.
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Tant qu’il y aura la pauvreté, on ne pourra donc que tendre à éliminer les pires formes d’exploitation des enfants.

Les enfants aidant occasionnellement leurs familles – exclues de statistiques – peuvent même trouver du plaisir comme l’écrit Brisamar (11 ans), parrainée par INTI et scolarisée au DMMT (Doris Maria Morales Tijerino)

« Nous avons accompagné ma mère pour récolter du café, nous avons vu plusieurs serpents, Marcelo (9 ans) a récolté presque 3 latas (caisse en bois utilisée comme mesure au Nicaragua) par jour et avec ce qu’il a gagné, il s’est acheté le cartable qu’il voulait ; j’ai récolté deux latas et je me suis aussi acheté mon cartable, ma mère a récolté 3 latas par jour. C’était la première fois que nous le faisions et cela nous a plu. C’était une belle expérience dans la montagne entouré de la belle nature de notre pays avec de l’air pur ; le climat était frais, les arbres énormes, le Cèdre royal, le Caoba et d’autres bois précieux protégés par l’Etat. C’était si beau que nous avions envie de rester, mais ma mère a dû reprendre le travail. »



enfantschureca

Les Etats d’Amérique Centrale et les conventions internationales


Tous les Etats d’Amérique Centrale ont ratifié les différentes conventions concernant le travail des enfants.

La Convention 138 concerne l’âge minimum pour n’importe quel emploi, en général il est interdit avant 14 ans.

Elle a été signée par le Costa Rica en 1976, par le Salvador en 1996, le Guatemala en 1990, le Honduras en 1980, le Nicaragua en 1981 et le Panama en 2000.

La convention 182 concerne l’interdiction et l’élimination des pires formes de travail des enfants.

Le Costa Rica, le Guatemala et le Honduras l’ont signé en 2001, le Salvador, le Nicaragua et le Panama en 2000.

Tous ces pays ont également signé la convention des droits de l’enfant en 1990.

L’article 32 stipule : Les Etats reconnaissent les droits des enfants d’être protégés contre l’exploitation économique et contre tout travail qui pourra être dangereux ou empêchera son éducation ou qui sera nocif pour sa santé ou pour son développement physique, spirituel, moral ou social.

Le travail des enfants selon le genre garçons/filles

_

En Amérique Centrale, les garçons sont plus concernés par le travail que les filles :

Au Costa Rica 4,9% sont des garçons contre 1,4% de filles

Au Salvador 12,9% «  5,3% « 

Au Guatemala 25,9% « 16% « 

Au Honduras 16,5% « 8,1% « 

Au Nicaragua 22,2% « 8,9% «

Au Panama 6,5% «  1,4% « 

Cette différence selon le genre est due surtout au fait que c’est dans le secteur agricole que l’on rencontre le plus le travail des enfants, mais cela ne signifie pas qu’il y a davantage de filles allant à l’école ; sauf au Nicaragua qui accomplit un effort particulier dans ce domaine.

Par contre il y a davantage de filles en charge des travaux domestiques.

La déficience d’infrastructure des services de l’eau et de l’énergie exige de consacrer beaucoup de temps à la recherche de l’eau et du combustible.

La différence de sexe dans la participation au travail domestique et au marché augmente avec l’âge. Certains enfants consacrent au moins 14 heures par semaine à des activités économiques et font en plus des travaux domestiques.

Les décisions des familles en ce qui concerne le travail infantile dépendent des ressources des foyers et des bénéfices espérés de l’éducation, du coût de l’éducation et surtout de l’éducation qu’a reçue la mère.

L’augmentation des revenus de la famille augmente l’assistance à l’école et diminue le travail infantile.

L’accès à l’eau est aussi un facteur important dans la décision de faire fréquenter l’école.

La situation au Guatemala

Le Guatemala est un pays culturellement très riche et aussi très peuplé. (12,5 millions d’habitants)

2,5 millions d’habitants vivent dans la capitale, soit 1/5ième de la population. 59,4% de la population est indigène, 80% vivent dans la pauvreté et 40% sont analphabètes.

Au Guatemala vivent environ 6000 enfants dans la rue. Ils sont ressortissants de familles qui furent souvent victimes de la guerre civile (1960-1996). Ils souffrent de l’éloignement de leurs lieux d’origine, sont souvent des orphelins et vivent dans la misère.

Ces jeunes vivent et travaillent dans la rue. Souvent il arrive qu’ils rejoignent les « maras », ces bandes juvéniles violentes. S’ils ne veulent pas mourir de faim, ils doivent trouver des petits jobs. Et pour oublier la faim, ils sniffent de la colle. De plus, ils vivent dans l’angoisse des « campagnes de nettoyage », car on les accuse d’être à l’origine de l’insécurité.

Selon les chiffres de l’OIT, le Guatemala a le pourcentage le plus élevé de travailleurs infantiles, soit un à 2 millions, dont 12 000 ont entre 5 et 7 ans et 56% sont des indigènes.

D’autres sources estiment le nombre d’enfants travailleurs entre 800 000 et 2 millions.

Beaucoup d’enfants travaillent aussi à la maison et ne reçoivent donc aucune rémunération et d’autres travaillent dans des emplois qui nuisent à leur santé, comme par exemple :

- casser des pierres pour des matériaux de construction

- dans les ateliers fabricant des feux d’artifices

- dans les plantations de canne à sucre et autres exploitations agricoles

- environ 17 000 filles travaillent comme domestiques

Pour échapper à la misère, les familles viennent à la capitale pour tenter leur chance.

Souvent, tous petits, les parents les emmènent à la décharge pour récupérer des matériaux utilisables qu’ils vendent pour gagner un peu d’argent. Pour l’école, il n’y a pas le temps.

Au Guatemala, l’adoption n’est plus un moyen pour offrir aux enfants orphelins ou abandonnés un vrai foyer, mais est devenue un article d’exportation vers les USA et l’Europe. Beaucoup de parents l’acceptent dans l’espoir que leurs enfants aient un meilleur avenir.

À la frontière entre le Guatemala et le Mexique, l’exploitation sexuelle des mineurs et des enfants est très répandue. Des 15 000 enfants concernés, 95% sont des filles.

Casa Alianza a identifié plus de 2000 victimes d’exploitation sexuelle.

La situation au Honduras


Le Honduras a 8 millions d’habitants dont un peu plus de 3 millions ont moins de 14 ans.

Au moins 60% des habitants vivent dans la pauvreté.

Chaque année des dizaines de milliers d’enfants abandonnent leur scolarité pour s’intégrer dans le monde illégal du travail infantile et c’est ainsi selon un rapport de l’UNICEF que commence le cercle vicieux qui reproduit la marginalisation et la pauvreté.




L’organisation humanitaire Casa Alianza s’insurge du fait que près d’un demi-million d’enfants honduriens sont soumis à des travaux forcés, tandis que d’autres meurent de faim ou sont victimes de la traite et de l’exploitation sexuelle, sans que les autorités locales ne s’en inquiètent

Beaucoup travaillent dans l’agriculture, la chasse, la pêche, dans les mines et la construction.

Casa Alianza relate également qu’une des conséquences les plus dramatiques est l’abandon de la scolarité puisque cela contribue directement à la reproduction de la pauvreté.

Des enquêtes récentes décrivent la situation de ces mineurs qui souffrent de coups, de blessures superficielles, de fractures, de brûlures etc., souvent mal soignées.

Entre 2008 et 2010, 221 mineurs sont morts de mort violente.

Dans son enquête, la Casa Alianza chiffre la population d’enfants entre 6 et 17 ans à 2 633 967 dont 14,3% d’entre eux travaillent (377 158)

À ce chiffre s’ajoutent environ 9 000 enfants et jeunes vivant dans la rue.

20 000 filles entre 12 et 17 ans travaillent comme domestiques. Elles travaillent sans contrat et sans assurance. Elles se lèvent en premier pour préparer le petit-déjeuner et se couchent en dernier. Tout cela pour un salaire qui va de 700 à 2000 lempiras par mois (29 à 83 €)

Ces adolescentes viennent en général de la campagne.

Une enquête Casa Alianza révèle qu’elles travaillent de 5h du matin à 9h du soir, du lundi au samedi.

Normalement le travail infantile est réglementé au Honduras.

Les enfants doivent avoir 14 ans révolus pour obtenir une autorisation du secrétariat d’Etat du travail et de la sécurité sociale. Les journées de travail ne doivent pas excéder 6h par jour. Le travail de nuit n’est pas autorisé avant 16 ans.

La situation au Salvador


Le Salvador a une population de 6 millions d’habitants.

19% de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

30,6% des enfants ont entre 5 et 14 ans. 110 000 enfants entre 5 et 14 ans travaillent, soit 7,2%.

Selon un document de l’ONU, 188 343 enfants de 5 à 17 ans travaillent, la majorité d’eux pour les récoltes de canne à sucre, l’extraction de moules, l’élaboration de feux d’artifices, le tri des déchets ou les services domestiques.

4 enfants sur 10 de ces enfants n’assistent pas à l’école.

53% travaillent dans l’agriculture (récolte de café et de canne à sucre)

16% dans l’industrie

31% dans les services

Les orphelins et enfants de familles pauvres travaillent soit comme vendeurs ambulants ou aident dans les petits commerces informels.

Les situations les plus préoccupantes se rencontrent dans la fabrication de feux d’artifices, la culture et la récolte de la canne à sucre, la recherche de matériaux utilisables dans les décharges et la prostitution.

Parfois les petites filles de 9 ans travaillent déjà comme domestiques.

La récolte du café est certes fatigante –, – mais en général les plantations sont en altitude et à l’ombre - mais la récolte de la canne se passe en plein soleil et demande beaucoup plus d’effort physique, avec en plus le risque de se couper avec la machette.

L’OIT estime qu’il y a entre 5 000 et 30 000 mineurs travaillant dans les plantations de canne à sucre.

Par exemple Coca-Cola achète du sucre salvadorien pour ses boissons sans se préoccuper du fait qu’il est issu en partie du travail infantile.

Pendant la « zafra », la récolte de la canne, un grand nombre d’enfants déserte l’école, car pour certains c’est la seule façon de contribuer au coût de la scolarisation.

Au Salvador il est aussi normalement interdit de travailler avant 14 ans.

L’enseignement est obligatoire et gratuit jusqu’à cet âge mais dans la pratique, il représente des coûts pour les parents (inscription, matériel scolaire, vêtements etc.) Selon les statistiques de l’UNICEF 93% des enfants étaient inscrits dans les établissements scolaires du primaire, mais seulement 58% dans le secondaire.

À partir de 12 ans, les enfants sont autorisés à faire des travaux légers qui n’affectent pas leur santé et qui ne les empêchent pas de poursuivre leurs études.

La loi limite le travail des jeunes de 14-15 ans à 7h par jour.

La situation au Costa Rica


Le Costa Rica a une population de 4,6 millions. 20% de la population est pauvre et 5,7% vit dans la misère. Depuis les années 80 les conditions de vie se sont beaucoup améliorées, mais il reste un grand écart entre la population des villes et de la campagne, surtout en ce qui concerne la mortalité infantile et l’éducation.

Si l’indice de développement humain est relativement élevé (47 en rang sur 177 pays), il existe aussi des zones de grande pauvreté, des régions où il n’y a que du travail temporaire pendant les récoltes.

La plupart des enfants travailleurs viennent de familles vivant dans une grande pauvreté et où chaque membre doit contribuer à la survie.

Le Ministère du travail estime qu’il y a au moins 10% des mineurs au travail.

Entre 5 et 6% des enfants de 5 à 14 ans travaillent, soit env. 50 000 enfants et adolescents.

Parmi eux env. 25 000 réalisent des travaux considérés comme dangereux (70% des garçons et 30% des filles)

Parmi les travaux jugés dangereux il y a l’approvisionnement et la distribution de produits alimentaires, demandant la manipulation de produits pesant entre 20 et 70 kg, et de travailler la nuit de 7h du soir à 7h du matin sur les marchés des grossistes.

43% des enfants travaillent dans l’agriculture, mais l’éradication du phénomène est difficile du fait de sa longue histoire dans les exploitations familiales.

Certains doivent aussi aider à la pêche en mer, d’autres travaillent dans les mines et beaucoup sont vendeurs ambulants.

Ce qui est alarmant c’est l’augmentation de la traite des êtres humains. Des filles venant du Nicaragua, de la République Dominicaine, de la Colombie, du Panama, de la Russie, de la Bulgarie et des Philippines sont emmenées au pays pour une exploitation sexuelle tandis que des filles du Costa Rica sont emmenées aussi pour les mêmes raisons au Japon et aux USA.

Environ 14 000 jeunes filles travaillent comme employées de maison, certaines ayant commencé à un âge très jeune. Très peu arrivent à concilier ce travail avec la poursuite des études.

Tatiana se lève très tôt, prépare le petit-déjeuner et emmène les petits à la garderie où ils restent pendant la matinée, retourne pour faire le ménage, l’après-midi elle s’occupe des enfants. Sa sœur prend la relève la nuit et ainsi, elle peut aller au cours du soir pendant quelques heures. »

Rosita, 14 ans, ne peut jamais s’attarder un peu plus au lit, elle doit se lever très tôt, laver le linge et faire le ménage, préparer les repas pour ses frères et sœurs avant d’aller à l’école. Sa mère est malade et son père au chômage. Quand sa mère va un peu mieux et peut préparer les empanadas ou des pains de maïs, Rosita doit aller dans les villages pour les vendre Son frère, Manuel, l’accompagne à contrecœur et en pleurant car il a honte d’être vu par ses copains de classe.

En marchant vite, elle a pour une demi-heure pour atteindre l’école. C’est sa dernière année d’école primaire et elle aimerait bien continuer les études. Son rêve est de faire médecine plus tard, mais sa mère qui n’a pas terminé l’école primaire, dit qu’il n’en est pas question, qu’il n’y a pas l’argent pour cela. Pendant les vacances scolaires, elle doit aider une parente.

Yolande a 16 ans et elle est l’aînée de 4 enfants d’Evangelina. Le père d’une des files verse 43 $US de pension alimentaire par mois et c’est avec cela qu’ils vivent dans une toute petite maison sans patio. Parfois Evangelina trouve du travail et Yolanda doit alors assumer toutes les tâches de la maison. Elle a abandonné l’école car ses camarades de classe se moquaient toujours d’elle. Maintenant elle vend des gâteaux, des empanadas et des pains dans la rue. Sa mère n’est pas très rassurée. « Un jour, un homme de la commune m’a touchée. J’ai crié et il m’a laissée, mais l’autre jour, il m’a proposée 10 000 colones (16,5€) si je le laissais me toucher. J’ai refusé » Sa mère la pousse à reprendre l’école et de garder des enfants pour gagner un peu d’argent, mais ne veut plus qu’elle travaille dans la rue.

Un groupe de jeunes se sont exprimé à l’occasion de la journée internationale contre le travail infantile et ils ont souligné l’importance de

- demander un contrat pour définir les tâches à accomplir et d’inclure toujours la clause obligeant à respecter les adolescents et interdisant l’abus physique, émotionnel et sexuel de la part des employeurs

- de s’inscrire dans une organisation où ils peuvent recevoir de l’appui, de l’information et si nécessaire une protection

- de l’exercice par l’Etat d’un meilleur contrôle sur l’emploi des mineurs

Au Costa Rica, la scolarité est obligatoire et gratuite pour les 9 classes d’école primaire.

80% des enfants sont scolarisés. 48% des enfants travailleurs quittent l’école avant la fin.

95% de la population sait lire et écrire.

La situation au Belize (ex-Honduras britannique – indépendant depuis 1980)

Population : 327 719 habitants, 36,8% ont entre 0 et 14 ans ((120 600)

Belize est le pays d’Amérique Centrale où le pourcentage de la population atteinte du Sida est le plus élevé.

30% des prostituées ont entre 13 et 18 ans et beaucoup d’enfants ont perdu leurs parents à cause de ce fléau.

4020 enfants de 5 à 14 ans travaillent.

55,3% travaillent dans l’agriculture (plantations d’agrumes, de bananes et de canne)

5,9% travaillent dans l’industrie et le bâtiment

38,8% travaillent dans le secteur des services (cireurs de chaussures, vendeurs ambulants de journaux, nourriture, souvenirs)

L’école est obligatoire de 5 à 14 ans, mais le nombre d’enfants qui quittent l’école est assez élevé.

Seulement ¼ des enfants pauvres continuent leur scolarité au collège.

Seulement 51,9% des enfants travailleurs assistent à l’école.

La loi interdit le travail avant 14 ans.

La situation au Panama


Le Panama a une population de 3,5 millions

7% des enfants travaillent

Le gouvernement du Panama applique un programme pour les élèves des écoles publiques et une aide aux familles les plus pauvres à condition que leurs enfants aillent à l’école.

On sait que le travail des enfants est directement lié à la pauvreté. Il m’a donc semblé intéressant de décrire les habitations de ces familles, dont j’ai trouvé les statistiques pour ce pays.

En ville milieu rural ___ population indigène

Sol en terre 28% 26,9% ___ 54,2
%

Sol en ciment, carrelage, _.72% 73,1% _ 45,8
%

3-4 personnes par chambre 16,4%_ 22,4% ___ 69,4
%

moins 83,6%_ 77,6% _ 30,6
%

accès à l’eau potable _ 100%_ 83,5% _ 50,7
%

pas d’accès 16,4% _ 49,3
%

électricité 99,2% _ 60,6% _ 10,2
%

sans électricité _ 0,8% _ 39,4% ___ 89,8
%

Sanitaire raccordé

Ou fosse septique 70,6% _ 20,4% _ -

Latrine _ 29,1% 71% ___ 39
%

N’ont rien _ 0,3% 8,6% ___ 61
%

Combustible pour cuisiner
Gaz ou électricité_ 97,2% 56% _ 5,9
%

Bois, charbon,kérosène 2,3%_ 43,7% ___ 94,1
%

Ne cuisine pas 0,4% _ 0,8% _ --

Même si la pauvreté régresse, elle touche encore un fort pourcentage des Panaméens. En 2011 la pauvreté touchait 16,4% en milieu urbain et 52,1% en milieu rural.

La pauvreté extrême en milieu urbain était de 3,3% et en milieu rural 26,4%.

Le travail des enfants est très varié. Voici quelques exemples :

- agriculture (riz, maïs, haricots, fruits, café, cacao, légumes)

- vendeurs d’aliments, de boissons et d’articles divers

- transport (encaissement des frais de transport)

- pêche de fruits de mer

- garder des enfants ou des personnes âgées

- aider dans la construction ou dans la menuiserie

- nettoyage

- employée domestique

- couture, broderie

- aide-cuisinier

La situation au Nicaragua


Le Nicaragua a une population d’environ 6 millions d’habitants, cela signifie que la population a doublé dans l’espace de 30 ans. 52% sont des femmes.

Et ce sont les foyers où la femme est seule à élever ses enfants qui sont les plus touchés par la pauvreté.

Dans les zones rurales 8 sur 10 habitants sont pauvres.

Actuellement plus de 3,5 millions de Nicaraguayens vivent dans des conditions de pauvreté et parmi eux plus de 2 millions vivent avec moins d’un dollar par jour.

Actuellement 900 000 enfants sont exclus de l’éducation due à la situation économique des familles.

Une enquête de l’OIT datée de 2005 a enregistré 239 220 enfants travailleurs de moins de 17 ans dont 135 380 travaillent dans l’agriculture. L’ONG E-changer parle de 300 000 enfants travailleurs.

Le gouvernement a mis en œuvre un programme pour éliminer les pires formes de travail infantile en 2015 en facilitant l’accès à l’éducation et la santé et en réduisant la pauvreté.

En 1992, avec l’appui d’éducateurs de rue et de quelques ONG’s s’est créé le mouvement des enfants travailleurs (NATRAS)

D’autres initiatives ont suivi luttant toutes pour une plus grande participation ou même d’auto-organisation comme des radios locales pour faire entendre leur voix et sensibiliser l’opinion publique.

En 1998, après un long processus consultatif et avec la participation d’enfants, l’Assemblée Nationale a promulgué un nouveau code de l’enfance et de l’adolescence. D’autres lois en relation avec les droits des enfants ont suivi, comme la loi générale de l’éducation (2005), la réforme de la loi d’adoption (2007), le nouveau code pénal (2008) qui sanctionne les délits contre l’intégrité physique et sexuelle des enfants et adolescents. En 2007, à souligner aussi une loi concernant la paternité et la maternité responsable.

La coordination d’ONG’s travaillant avec des enfants et adolescents CODENI réclame un nouveau code de la famille car l’autre remonte à 1904, ainsi qu’une nouvelle loi sur l’Etat Civil car il y a encore beaucoup d’enfants qui ne sont pas enregistrés officiellement et n’ont donc pas de carte d’identité.

Le programme AMOUR

Le Nicaragua est l’un des pays au monde avec la plus grande proportion de population infantile. En 2008, 50,6% de la population avait moins de 19 ans. Chaque femme a en moyenne 3,2 enfants (4,4 en milieu rural et 2,6 en ville). La croissance démographique est de 2,6%.

Cette même année 56,7% de la population infantile vivait en situation de pauvreté, et 27% souffrait de dénutrition.

Les deux priorités du gouvernement Ortega sont de lutter contre la pauvreté et de garantir la sécurité alimentaire. Il a lancé ainsi plusieurs programmes dont celui de « Hambre Cero » (faim zéro)

Parmi les programmes, celui de « Amour » s’adresse directement à la population infantile.

L’objectif est d’appuyer les familles pauvres dont les enfants travaillent dans la rue, ce qui inclut de donner aux mères un travail digne avec des revenus suffisants. Il veut aussi réactiver les CDI (centre de développement infantile), créés dans les années 80 et complètement négligés par les trois gouvernements néolibéraux qui ont suivi. Ces centres doivent garantir une attention professionnelle aux enfants dont les mères travaillent.

Le gouvernement interdit le travail des enfants et ne veut pas voir les enfants mendier ou vendre aux ronds-points de la capitale, mais il n’a pas encore les moyens d’apporter une aide suffisante aux familles.

Selon les statistiques officielles de 2008, plus de 600 000 enfants de moins de 15 ans travaillent pour apporter un soutien à leurs familles.

L’une des conséquences de la pauvreté est la migration massive. Environ 10% des Nicaraguayens vit à l’extérieur pour des raisons économiques. L’argent qu’ils envoient aux membres de leur famille restés au pays est souvent la seule source de revenus.

Seulement à Jinotega, dans une enquête portant sur 517 enfants et adolescents qui ont abandonné l’école, 57% d’entre eux ont reconnu avoir quitté l’école parce que leurs parents ont émigré au Costa Rica ou en Espagne et qu’ils n’avaient donc plus la possibilité de poursuivre leur scolarité.

On appelle les enfants de ces parents les « orphelins de l’émigration »

Une des premières mesures du gouvernement Ortega fut le décret garantissant la gratuité de l’enseignement public primaire et secondaire. Malgré cela les défis en matières d’éducation restent énormes.

40% de la population (2 millions 350 000) sont en âge scolaire.

Malgré cet effort 500 000 enfants (selon d’autres sources, le chiffre serait de 900 000, mais celui-ci inclurait les enfants en âge d’aller à la crèche et à la maternelle) en milieu rural et de familles pauvres sont exclus du système scolaire. Dans la région autonome de la Côte Caraïbe, 25% des enfants indigènes ne vont pas à l’école et de plus l’enseignement bilingue ne progresse que lentement.

Toutefois, grâce à l’introduction d’un repas gratuit, de donations de matériel scolaire, la fréquentation scolaire progresse et l’uniforme scolaire coûteux pour les familles n’est désormais plus obligatoire.

Un autre problème énorme est la violence envers les enfants au sein des familles, dont la violence sexuelle.

Beaucoup de filles mineures se trouvent ainsi enceintes. Et l’avortement, même thérapeutique, reste interdit. Le Nicaragua est l’un des pays qui enregistre le plus haut taux de grossesses d’adolescentes

Un autre problème grave est la prostitution infantile.

Parmi les pires formes de travail au Nicaragua, on trouve les tâches suivantes :

- casser et extraire des pierres (surtout à Chinandega)

- cueillir du café (Matagalpa et Jinotega)

- cultiver la palme africaine (Kukra Hill, Région autonome de l’Atlantique)

- cultiver des oranges (rio San Juan)

- travail dans l’élevage (Boaco et Chontales)

- extraire de la pierre ponce (Masaya)

- semer du tabac (Esteli et Jalapa)

- fabriquer des tuiles et des briques (Leon, Ocotal)

- ramasser des ordures (Managua, Chinandega)

- vendre dans la rue (Managua, Chinandega, Ocotal)

- travailler comme porteur (Somoto

Mais ce qui me semble personnellement le plus terrible, c’est de voir les enfants sur les décharges, et bien sûr la prostitution

Quelques témoignages

Axel a 8 ans, il ne va pas à l’école mais sait compter les sous qu’il gagne comme vendeur ambulant. Il vend des mangues coupées en tranches, mais aussi de l’eau fraîche, des chewing-gums, des bonbons et des cigarettes.

Il a 5 frères et sœurs qui vendent dans d’autres lieux de la capitale. Ses parents sont divorcés et le père ne donne rien, seules les chaussures qu’il a au pied, décolorées et trop grandes. Il aimerait bien aller à l’école, mais l’argent manque pour le matériel scolaire.

Esteban est un adolescent de 15 ans et il travaille dans un atelier de réparation de pneus. Il ne donne pas tout son salaire à la famille, mais contribue à payer les factures d’eau de d’électricité.

Il dit qu’il travaille parce qu’il a envie d’avoir un peu d’argent et pour occuper ses après-midi. Les matins, il va au collège et il est en 3ième année du secondaire. Sa mère l’encourage à continuer ses études. Il aimerait devenir ingénieur en électricité.

Carlos a à peine 11 ans, il est tout mince. On le voit tous les après-midi près d’un poste de police avec sa boîte de cirage. Il fait ce travail depuis 3 ans pour acheter de quoi manger pour ses frères et sœurs. Sa mère vend des textiles au marché oriental. Cependant Carlos va à l’école, ensemble avec ses deux frères en âge scolaire.

Ce qu’Axel et Carlos ont en commun, c’est que selon la législation, ils ne devraient pas travailler puis qu’ils n’ont pas atteint l’age de 14 ans.

À l’occasion de la journée internationale pour éradiquer le travail infantile, l’entreprise de téléphone Movistar a organisé un concours de photos sur ce thème, dont voici trois exemples.

Le programme d’action sociale de Movistar « Pronino » appuie actuellement 4 500 enfants travailleurs dans tout le pays. Ils reçoivent une bourse qui inclut du matériel scolaire, l’uniforme, les repas et un appui psychologique. Les parents et les enseignants sont inclus dans le projet. Les premiers reçoivent des formations qui devraient leur permettre de trouver un emploi et donc ne plus avoir besoin du travail de leurs enfants, des discussions sont organisées pour les enseignants.

Grâce à la coopération avec le Ministère de l’éducation et l’OIT, 9 sur 10 enfants bousiers ont réussi leur année scolaire.

Une autre initiative est menée à Jinotega avec l’appui d’une association suisse (voir www.e-changer.ch)

Fondée en 1994, l’ONG « Tuktan Sirpi » (petit enfant en miskito) accompagne et encadre les enfants et adolescents travaillant dans la rue et sur les marchés de la ville.

Souvent victimes d’abus sexuel, de violences et d’exploitation, beaucoup d’enfants travailleurs cherchent à oublier leur situation en sniffant de la colle ou des solvants.

Dans les années 80, suite à la révolution sandiniste, les familles et les enfants de Jinotega bénéficiaient de nombreux programmes sociaux mis en place par le gouvernement. Puis, les opérations menées par « la Contra » c’est-à-dire une guerre sanglante, financée par le gouvernement nord-américain et la CIA, suivie de programmes de réajustement structurel, ont fortement appauvri la population. La guerre avait vidé les campagnes, forçant des communautés entières à migrer en ville. De nombreux enfants, certains âgés tout au plus de 8 ans, ont alors envahi les marchés et les rues. Il y a une dizaine d’années, quelques 600 enfants travaillaient sur le marché de Jinotega.

Les dernières années, la situation s’est beaucoup améliorée, mais il reste toujours des problèmes de déscolarisation, notamment quand les parents ont émigré à l’étranger pour trouver du travail et que leurs enfants sont confiés à une parente qui a peu de moyens pour les élever.

L’ONG soutient l’engagement des enfants dans des opérations de communication, pour faire connaître leur situation précaire et sensibiliser la population à ce sujet.

Les jeunes participent aussi à la réalisation des programmes de radio et de TV.

Un des jeunes a été invité en Suisse pour parler devant des élèves et étudiants.

Quelles perspectives ?

La 3ième conférence mondiale sur le travail des enfants doit se tenir en 2013 au Brésil. Elle donnera suite aux engagements pris lors de la 2ième édition aux Pays-Bas, qui avait souligné l’importance de prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin aux pires formes de travail des enfants.

Ce sera aussi l’occasion de faire bénéficier les participants des expériences réussies dans ce domaine.

En 2013, la conférence évaluera les progrès réalisés et désignera les domaines dans lesquels plus d’efforts doivent être fournis.

CARE International sous l’auspice de l’Union Européenne a inauguré en avril de cette année le projet régional « primero aprendo en Centroamerica» (d’abord j’apprends) qui se déroulera pendant la période 2012-2014.

L’objectif est de faciliter des coordinations intersectorielles, des modèles éducatifs et des alliances pour que les enfants travailleurs jouissent pleinement de leur droit à l’éducation.

Ce projet travaillera au Guatemala avec les enfants domestiques dans le département de Solola, au Salvador avec les enfants exposés au risque d’exploitation sexuelle et de traite dans le département de San Miguel et au Nicaragua avec des enfants travailleurs du secteur agricole à Jinotega .

Conclusion

Les enquêtes réalisées ont démontré que malgré l’apport des revenus des enfants peu nombreuses sont les familles ayant réussi à sortir de la pauvreté.

Le travail infantile limite les possibilités d’éducation alors que l’on sait que c’est justement celle-ci qui permet d’améliorer la situation économique.

Il est donc très important que les gouvernements facilitent l’accès aux études et à une formation professionnelle. Il faut une forte volonté gouvernementale pour réaliser ces programmes et surtout une continuité pour garantir la soutenabilité, et donc faire en sorte que le politique ne soit pas interrompu lors d’un changement de la majorité (comme ce fut le cas au Nicaragua par exemple.)

L’éradication du travail infantile est une tache de longue haleine.