Le changement climatique assèche le Nicaragua

José Adan Silva – avril 2016

Extraits :

Une sécheresse de trois ans à laquelle s’ajoute une déforestation massive ont asséché la plupart des sources superficielles du Nicaragua de sorte que la population a de plus en plus de difficultés d’ accès à l’eau potable.

La détérioration environnementale de la Réserve Biologique Indio Maïz et les réserves naturelles Cerro Silva et Punta Gorda a été plus importante entre 2009 et 2011 que dans les 26 années précédentes.

Selon l’entreprise britannique ERM qui , à la demande du consortium chinois HKNP, a fait l’étude sur la faisabilité du canal, les grandes réserves naturelles du sud du pays ont perdu jusqu’à 40% de la couverture forestière entre 1983 et 2011.

L’impact de la sécheresse a déjà une forte influence sur l’économie et la sécurité alimentaire dans une grande partie du pays où un tiers de la population survit avec moins de 2 $ US par jour et où 20% sont sous-alimentés.

Les éleveurs de bétail sont très préoccupés par le manque d’eau.

L’Union des Producteurs agricoles calculait qu’en 2015 les pertes occasionnées par la sécheresse s’élevaient à 200 millions de $US

J La Banque Centrale du Nicaragua a reconnu que la sécheresse a aussi affecté la production hydroélectrique en 2015.

Selon le sociologue Ciril Otero, la région appelée « Corridor seco » qui concerne 35 municipalités des 153 du pays a été la plus touchée par le manque d’eau. 100% des récoltes ont été perdues dans certaines régions et 90% des sources sont taries. Il critique que le gouvernement a adopté des mesures d’assistance en apportant de l’eau et des aliments aux populations au lieu de freiner le déboisement des forêts de pins des cordillères de Dipilto et Jalapa, principales causes de l’assèchement des rivières et des puits. « Il y a des familles qui n’ont que du maïs avec du sel à manger »

Jaime Incer Barquero, ex-ministre de « Environnement et Ressources Naturelles » et président de la Fondation nicaraguayenne pour le Développement durable (Fundenic-SOS) est l’une des voix qui a le plus dénoncé la détérioration environnementale du pays.

Plus de 100 rivières ont séché et les lagunes de Tiscapa et Najapa, parmi d’autres, sont polluées.

Le niveau d’eau du rio Coco, le plus long fleuve d’Amérique Centrale (680 km) qui sert de frontière avec le Honduras a tellement baissé que l’on peut le traverser à pied à beaucoup d’endroits.

Et malgré le dragage des dernières années, le rio San Juan, frontière avec le Costa Rica, présente de grands bancs de sable qui empêchent la navigation.

La baisse du niveau d’eau affecte aussi les deux grands lacs du Nicaragua : le Cocibolca et le Xolotlan.

L’ONG Centro Humboldt a aussi dénoncé la détérioration de la plus grande réserve biologique de l’Amérique Centrale, la réserve BOSAWAS (déclaré réserve de biosphère en 1997 par l’UNESCO)