Où en est la législation de l’IVG en Amérique Latine ?

Selon une étude réalisée par OMS et l’Institut Gutmacher sur la période de 2O10 à 2014, au niveau mondial se pratiquent 56 millions d’avortements, dont 22 millions dans des conditions clandestines, la plupart dans des pays en voie de développement. 47 000 femmes meurent à cause de ces avortements dangereux.

Les lois les plus restrictives sont celles d’Amérique Latine. Dans 6 pays aucune interruption de grossesse n’est permise : La République Dominicaine, El Salvador, Haïti ; le Honduras, le Nicaragua et Surinam. D’autres pays permettent l’IVG quand la vie de la femme est en danger.

Il n ‘y a que 4 pays d’Amérique Latine qui ont légalisé l’avortement : Uruguay, la Guyane, Cuba et Puerto Rica.

Le déclic qui m’a poussé à faire un article sur l’avortement en Amérique Latine fut un article du 25 août 2017 de Claudia Casal.

Au Chiapas, en l’espace de 3 ans (2012-2915) plus de 4000 filles de 10 à 14 ans sont devenues mères. 107 avaient entre 10 et 11 ans, 1022 entre 12 et 13 ans et 3037 avaient 14 ans. Les principaux facteurs qui empêchent les dénonciations tiennent au fait que les violeurs sont souvent des familiers ou des gens connus de la communauté. C’est pour cela que la défenseuse des droits de l’enfance, Jennifer Haza exhorte les Autorités de l’urgence à agir. Encore en 2017, sept viols ont été commis envers des enfants de 5 et 6 ans et trois cas d’abus sexuel sur des enfants de 5,7 et 13 ans.

Dans plusieurs pays, les femmes luttent pour la dépénalisation de l’avortement.

En Bolivie le débat a commencé pour autoriser l’avortement aux femmes pauvres et aux étudiantes avant 8 semaines de gestation quand elles peuvent prouver qu’elles n’ont pas les ressources suffisantes pour élever un enfant ou lors qu’elles en ont déjà 3 ou plus d’enfants.

Au Chili, la dépénalisation de l’avortement fut une promesse de campagne appuyée par 70% de la population. Mais la pression de la puissante église catholique et ses versions évangéliques ont sensiblement réduit ce droit. Au Chili, l’avortement était autorisé pour des raisons médicales de 1931 à 1989 mais l’interdiction totale s’imposa parmi les dernières mesures adoptées par la dictature. Les secteurs les plus réactionnaires de l’Eglise catholique avaient triomphé. L’éducation sexuelle reste très limitée. Le Chili est le pays d’Amérique Latine où le nombre de nouveau cas de VIH augmente le plus.

Au Guatemala l’IVG est autorisée si la vie de la femme est en danger après avis de deux médecins. Les avortements clandestins sont sanctionnés de 1 à 3 ans de prison.

En Argentine, l’IVG est autorisée en cas de viol ou lorsque la vie de la femme est en danger. C’est le pays où selon l ‘OMC se pratiquent environ 500 000 avortements par an, la majorité clandestinement.

Le Brésil autorise l’IVG en cas de viol ou de risque pour la mère, ou de malformation cérébrale du fœtus. En 2014, le Brésil a enregistré 1 612 IVG légales dont 94% pour viol.

La Colombie a la même législation.

Au Mexique la législation est différente dans chaque état. L’IVG est autorisée dans tous les états dans les cas de viol. A la capitale, la femme est libre d’avorter avant 12 semaines de gestation.

Au Paraguay l’IVG est seulement autorisée quand la vie de la femme est en danger.

Au Nicaragua la loi de 2006 pénalise l’avortement sans prévoir aucune exception, même lorsque la grossesse est le résultat d’un viol.

La violence sexuelle à l’intérieur des familles est très fréquente et touche avant tout les jeunes femmes et adolescentes. Ce sont surtout les pauvres qui doivent alors avoir recours à des avortements clandestins.

Depuis des années, des mouvements féministes manifestent contre cette loi, jusqu’à présent sans résultat à cause de l’énorme influence des églises. Toutefois contrairement à ce qui se passe au Salvador où des femmes sont en prison pour de longues années pour avoir avorté, le gouvernement nicaraguayen ne semble pas appliquer la loi. Il y a bien eu quelques dénonciations et convocations à la police, mais aucune peine de prison n’a été relevée.

En 2015, une initiative citoyenne a présenté à l’Assemblée Nationale une proposition de dépénalisation de l’avortement quand la vie de la femme est en danger ou en cas de viol. Elle avait été signée par plus de 6000 personnes. En avril 2017, l’Assemblée a rejeté cette initiative sans même l’avoir soumis au débat. Ceci est d‘autant plus incompréhensible qu’entre 1837 et 2006 la loi autorisait l’avortement thérapeutique, c’est à dire lorsque la poursuite mettait en danger la vie de la femme.

Le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination de la femme a demandé à plusieurs reprises aux Etats d’éliminer ces dispositions punitives de l’avortement. En déclarant en 2014 :

« L’avortement clandestin est une des principales causes de mortalité chez la femme. Pour cela, les Etats doivent légaliser l’avortement, au moins dans les cas de viol, d’inceste, de danger pour la vie de la mère ou lorsque le fœtus n’est pas viable. Ils doivent donner accès à une attention médicale de qualité après un avortement et surtout en cas de complications. »