La caravane des mères d’Amérique Centrale

La caravane des mères d’Amérique Centrale à la recherche de leurs migrants disparus (fin 2013)

Cette caravane réunit 60 femmes du Honduras, du Nicaragua, d’El Salvador et du Guatemala dont les fils ont disparu pendant leur trajet vers le « rêve américain »

Elles ont parcouru 4000 Km en bus et se sont rendues dans un maximum de villes situées sur « la route des migrants », celle qui mène aux Etats-Unis.

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Réunion avant le départ

C’est la 9ième fois qu’une caravane traverse le Mexique. Elles partent en bus à partir du nord du Guatemala et le sud-est mexicains pour arriver au District Fédéral. L’initiative est appuyée par des organisations des droits humains qui travaillent pour défendre les immigrants s’Amérique Centrale et du Mexique.

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Chacune des femmes a une grande photo de l’être aimé avec son nom et un numéro de téléphone.



L’une d’elles est Carmen Cuarezma, Nicaraguayenne, résidant au Costa Rica . Son fils Alvaro Guadamuz Cuaresma est parti en direction des Etats-unis le 21 mars 2010. Il a disparu en 2011 et la dernière fois qu’il a téléphoné il se trouvait au Mexique.

Enlevé pour une rançon

« Álvaro venait d’avoir 27 ans et il faisait des études scientifiques à l’université, me dit Carmen. Mais son job à l’usine ne suffisait pas pour financer ses études. Il m’a dit qu’il voulait partir aux États-Unis, y trouver un travail et terminer ses études là-bas. C’était la première fois qu’il se lançait dans ce voyage.

« Il m’appelait toutes les semaines – du Nicaragua, du Guatemala, du sud du Mexique. En janvier 2011, il a appelé de Medias Aguas, dans l’État de Veracruz, et m’a dit qu’il avait été enlevé. Je devais transférer une rançon de 2 000 dollars à ses ravisseurs pour qu’ils le relâchent. J’ai fondu en larmes, car je n’avais aucun moyen de réunir cette somme. Je n’ai pu que prier pour lui. »

« J’ai eu le plus grand soulagement de ma vie deux mois plus tard, quand il m’a appelée et m’a dit : ‘‘Maman, je me suis échappé de mes ravisseurs, je suis parti en courant, je n’avais même pas de chemise’’. Mais notre joie a été de courte durée. C’était son dernier coup de fil à ce jour. Depuis, nous n’avons plus aucune nouvelle. »

Ce jour-là, Álvaro appelait de Tierra Blanca, aussi dans l’État de Veracruz. C’est l’un des tronçons les plus dangereux du trajet pour les milliers de personnes qui, tous les ans, quittent leur pays d’Amérique centrale et risquent tout pour se rendre aux États-Unis.

Les enlèvements, un phénomène de grande ampleur

L’enlèvement d’Álvaro est loin d’être un cas isolé. Trois mères guatémaltèques me racontent plus tard qu’elles aussi ont été sollicitées pour verser des rançons, ce qu’elles ont fait sans jamais avoir de nouvelles de leurs enfants pour autant. Les enlèvements de migrants qui traversent le Mexique prennent une telle ampleur qu’on pourrait les comparer à une épidémie. Pourtant, pratiquement rien n’est fait pour y mettre un terme.

Les coups, les arrestations arbitraires, le travail forcé, les sévices sexuels et les meurtres sont eux aussi monnaie courante. Comme dans le cas d’Álvaro, la grande majorité des agressions ne font l’objet d’aucune enquête et personne n’est tenu de rendre des comptes.

Elles sont en général commises par des bandes de criminels, mais souvent, aussi, avec la connivence de représentants des autorités. Ceux-ci ferment les yeux sur les activités de ces bandes, ou arrêtent des migrants pour les leur remettre.

Des milliers de migrants centraméricains ont disparu pendant le trajet du Sud du Mexique, sans que les autorités de ce pays fassent des efforts pour les rechercher.

Selon un organisme du Guatemala, plus de 5000 migrants centraméricains ont disparu dans la dernière décennie dans leur intention d’arriver aux Etats-unis