Le peuple Maya Chorti

Le peuple Maya Chorti

Par Ollantay Itzamna

Le peuple indigène Maya Chorti se trouve actuellement dans la zone orientale du Guatemala et la zone occidentale du Honduras.

Au Honduras on compte avec une population de plus de 30 000 indigènes affiliés au Conseil National indigène Maya Chorti (CONIMCHH, créé en 1994) Ils sont repartis en 82 communautés, toutes près de la frontière avec le Guatemala.

Origine du peuple Maya Chorti

Lorsque les conquistadors envahirent l’Amérique Centrale, ils rencontrèrent différentes ethnies mayas, l’une d’elles étant les Mayas Chorti. Avec à la tête du cacique Copan Galel, ceux-ci résistèrent militairement à la présence espagnole près du site archéologique COPAN….

Les recherches archéologiques et anthropologiques se rejoignent dans la conclusion que les Chortis sont issus de l’échange culturel entre la civilisation maya et le peuple Chol. Ils ne sont donc pas seulement culturellement mayas mais aussi génétiquement et territorialement, même si, aujourd’hui, ce peuple n’est pas toujours conscient de ses racines millénaires.

Esclaves pendant la colonie espagnole, journaliers sans terre en République

Dans la 2ième moitié du 16ième siècle, les Espagnols avaient réduit ce peuple à quelques dizaines de familles qui s’étaient réfugiées dans les montagnes. Comme les Européens ne trouvèrent pas d’or sur place, ils les réduisirent en esclavages dans les mines du nord-est du Honduras (malgré la loi de 1542 qui interdisait les travaux forcés) Comme d’autres peuples indigènes, ils succombèrent aux maladies apportées par les Européens.

Après l’indépendance, la situation des Mayas Chort empira encore. Les quelques terres qu’ils cultivèrent pour leur subsistance furent attribuées par l’Etat à des propriétaires terriens métis. Les survivants de la colonisation devinrent ainsi des semi-esclaves sans terre.

La conséquence fut un appauvrissement économique et culturel.

La pauvreté et l’ignorance officielles au cours du 19ième siècle arriva à un tel degré que l’actuel site archéologique maya de Copan fut vendu au Consul des Etats-Unis pour 50 $US.

Pendant une bonne partie du 20ième siècle, l’Etat hondurien a refusé d’accorder la citoyenneté aux familles chorti appauvries . C’est seulement en 1996, que sous la pression internationale, le Honduras les a reconnus comme sujets de droit et leur a promis l’attribution de terres, la création d’écoles, de services de base etc. Promesse non tenue ; Environ 95% de ce peuple indigène survit dans la misère et 90% des enfants de moins de 5 ans sont dénutris.

L’organisation chorti « CONIMCHH » s’est montrée relativement inefficace pour entreprendre un processus de restitution de leur identité.

La Pintada, une communauté qui survit sans eau et sans terre

Cette communauté est située à 15 minutes de la ville de Copan Ruinas (le lieu où se trouve le site archéologique) Elle est composée d’environ 70 familles qui cultivent le maïs et les haricots sur des terres qu’elles doivent louer, alors qu’auparavant ces terres leur appartenaient.

À la fin du siècle passé, l’Etat avait acheté pour eux des terres avec l’argent de la coopération internationale. Mais, à cause de la déforestation, les sources d’eau se sont taries. Et les terres près du fleuve Copan sont dans les mains d’entrepreneurs guatémaltèques, qui de plus, amènent pour les cultiver leurs propres journaliers.

De leurs maisons, les Chortis observent le site archéologique, fréquenté par des millions de touristes étrangers, mais eux, ils ne peuvent pas entrer vu le coût élevé : 30$US par personne.

La seule chose que la CONIMCHH a pu obtenir ce sont deux emplois dans le domaine de la sécurité et du nettoyage


C’est la douloureuse réalité d’un peuple dont les racines datent de plus de six mille ans.

Un peuple folklorisé par l’industrie du tourisme, manipulé par des ONGs et les politiques pour obtenir des financements de la coopération internationale.

Un peuple génétiquement maya, mais aujourd’hui acculturé.

Un peuple avec un présent plein d’adversités et un futur avec un pronostic réservé.

Une réalité où chaque instant de vie est pratiquement un acte de foi.