Les élections au Nicaragua du 6 novembre 2016

Extraits d’un article de Rebellion de Hedelberto Lopez Blanch

Plusieurs facteurs ont contribué à la réélection de Daniel Ortega du FSLN malgré la forte offensive de la droite en Amérique Latine contre les gouvernements progressistes de la région.

Mais la clé de la réussite a résidé sans doute dans les programmes sociaux des dernières années et dans le développement économique.

Après la défaite électorale en 1990, le pays a connu 16 années de gouvernements néolibéraux qui appliquèrent des politiques de privatisations imposées par le FMI et la Banque Mondiale lesquelles affectèrent gravement les programmes sociaux et la faible économie nicaraguayenne.

Denis Darce Solis qui fut alors le directeur de la Commission permanente des Droits Humains définissait ainsi la situation :

« la pauvreté, nous la voyons tous les jours, avec les gens qui arrivent dans les hôpitaux avec de hauts niveaux de dénutrition ; quand nous voyons qu’un million d’enfants restent en dehors du système scolaire chaque année ou que des milliers d’enfants travaillent dans les rues et qu’il y a une croissante exploitation sexuelle de mineurs.

Selon la Banque Mondiale, 40% des Nicaraguayens survivaient avec un peu plus d’un dollar par jour et le chômage atteignait 60% de la population économiquement active. L’analphabétisme monta à 35%.


Avec le retour du FSLN à la présidence en 2007, de nombreux programmes sociaux furent mis en place, parmi lesquels aussi une nouvelle campagne d’alphabétisation avec la méthode cubaine « Yo si puedo » (oui, je peux)

- Santé gratuite

- Opération Milagro qui a permis à des milliers de personnes de retrouver la vue

- Mission « Todos con voz » pour détecter les personnes handicapées afin de leur venir en aide

- Usura cero , crédit à bas taux d’intérêt

- Hambre cero, attribution d’animaux d’élevage à ceux qui possèdent un petit terrain

- Plan techo, consistant à l’attribution de tôles pour que les maisons soient étanches, construction de 25 000 maisons destinées aux familles qui vivaient dans des « maisons de carton »

Une enquête de l’Institut National de Développement a montré que la pauvreté avait diminué de 13 points entre 2009 et 2014, passant de 42,5% à 29,6% et la pauvreté extrême avait baissé de 6 points, passant de 14,6% à 8,3%.

Ainsi, es Nicaraguayens avaient déjà l’expérience de ce qu’aurait pu signifier un retour aux programmes néolibéraux et ils ont donc voté pour Daniel Ortega et sa compagne Rosario Murillo.


Résumé d’un article paru dans « Tortilla con Sal »

De Georgio Trucchi

Le 6 novembre dernier, Daniel Ortega a gagné les élections présidentielles avec 72,5% des votes et une participation de 68% des votants. Il a gagné contre une opposition très divisée qui a obtenu 25,3% des votes.

Les enquêtes avant les élections indiquaient que 25% des votants restaient indécis. Ceux-ci ont finalement voté pour les différents partis de droite ce qui a permis au Parti libéral Constitutionnel (PLC) à reprendre sa place comme premier parti d’opposition avec 15%. Dans les élections législatives, le FSLN a obtenu un pourcentage supérieur à celles de 2011, avec 66% et l’opposition avec le PLC en tête a obtenu un peu plus de 33%.

Au Nicaragua, les citoyens peuvent voter à partir de l’âge de 16 ans, ce qui fait que dans l’électorat les jeunes prédominent. Les élections se sont passées dans le calme. Seulement dans la région nord des Caraïbes on a observé quelques incidents violents provoqués par les sympathisants de Yatama.

Comme c’est le cas aux Etats Unis, au Mexique, en Argentine et en Uruguay, il n’a pas été fait appel officiellement à des observateurs étrangers. Néanmoins de nombreux groupes de visiteurs étrangers, des représentants de l’OEA et des membres du corps diplomatique, ainsi qu’un groupe d’experts et de spécialistes électoraux furent présents

Malgré cela les médias occidentaux, suivant en cela les Etats Unis et leurs critères néocoloniaux, ont manifesté du mépris quant aux élections au Nicaragua et à la décision souveraine de son peuple.

Une comparaison s’impose avec Haïti, ce pays sous tutelle occidentale depuis le coup d’Etat de 2004 à l’instigation du gouvernement étatsunien. Le peuple haïtien a été victime du fait que les élections ont été reportées ou annulées les unes après les autres, toujours sous influence du gouvernement étatsunien et ses alliés par l’intermédiaire de l’ONU et d’ONG’s occidentales.

Ce sont les mêmes qui critiquent maintenant la démocratie nicaraguayenne, tandis que les visiteurs témoignent du contraire. Parmi beaucoup d’autres témoignages de ceux qui ont passé le 6 novembre au Nicaragua visitant les bureaux de vote dans tout le pays, le Nord-Américain Richard Luckermeier note :

« Pour nous qui venons des Etats- Unis il est difficile d’éviter la comparaison entre le processus électoral des Etats-Unis et celui du Nicaragua. Je dois dire qu’aux Etats-Unis, les gens sont écœurés aussi bien du processus électoral que des candidats. Par contre ce que nous avons vu aujourd’hui en visitant les bureaux de vote, que les gens votent avec enthousiasme et on pourrait même dire avec joie. Ils disent que c’est une fête civique.

Avant les Etats-Unis furent un bon exemple de démocratie dans l’hémisphère. Mais maintenant c’est le Nicaragua, un petit pays, beaucoup plus petit que les Etats-Unis, qui est un bon exemple de la démocratie dans l’hémisphère, Nicaragua, le petit géant, pourrait t-on dire ».

Pour les différentes raisons, on peut affirmer que les élections au Nicaragua auront un important impact en Amérique Latine…

L’aspect le plus révolutionnaire de ces élections est peut-être l’égalité des genres. La moitié de toutes les candidatures doivent être représentées par des femmes. Peut-être qu’un jour prochain, les Etats-Unis et les alliés réussiront - ils à atteindre ce même but ?