Miguel d'Escoto

Miguel d’Escoto Brockmann, né le 5 février 1933 à Los Angeles et mort le 8 juin 2017 à Managua1, est un diplomate nicaraguayen et prêtre catholique.

Il est président de la 63e session de l’Assemblée générale de l’ONU de septembre 2008 à septembre 2009.

Biographie

Prêtre missionnaire, Miguel d'Escoto Brockmann appartient à la Congrégation Missionnaire de Maryknoll et conçoit son sacerdoce comme « un voyage pour la cause de la paix, de la justice, et de la dignité de mon peuple. »

Adhèrent aux principes de la théologie de la libération, il rejoint secrètement le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) dans les années 1970. Il est ministre des affaires étrangères de Daniel Ortega entre 1979 et 1990. À ce titre, en 1985, le Saint-Siège lui retire le droit d'exercer son ministère : suspens a divinis

Il obtient le prix Lénine pour la paix pour l'année 1985-1986 5 et le prix Thomas Merton en 1987.

À partir de 2007, il occupe le poste de conseiller principal pour les affaires étrangères, avec rang de ministre, auprès du président Daniel Ortega.

Ouvrant la séance de l'Assemblée générale du 24 novembre 2008, il dit que « le comportement de la police israélienne dans les Territoires palestiniens occupés semble si proche de celui de l’apartheid » qu'il appelle à poursuivre la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions « pour faire pression sur Israël » afin qu'il change sa façon de traiter les Palestiniens

Miguel d'Escoto Brockmann, ayant abandonné toute activité politique depuis 2010, demande au cardinal Leopoldo José Brenes Solórzano l'autorisation de pouvoir à nouveau célébrer l'eucharistie. Aussi, le 4 août 2014, le pape François accepte de lever la sanction et permet ainsi au prêtre de retrouver son ministère

Ce sont les renseignements de Wikipédia.

Ce qui est moins connu est que Miguel d’Escoto fut aussi un penseur, un bibliophile, un collectionneur de peinture et même le réalisateur d’un documentaire. Ce documentaire est le témoignage d’une communauté de la périphérie de León voulant construire ensemble des maisons ouvrières et dans lequel il oppose la vie d’une famille d’un maçon pauvre et celle d’un homme riche à qui il expose les problèmes de la pauvreté. Par son documentaire il voulait faire prendre conscience que si les structures changent sans que l’homme ne change, sans une transformation de l’esprit et du cœur qui permet de voir dans le prochain un frère, il n’y aura ni vie en commun, ni paix, mais une guerre civile.

C’était un homme très cultivé. Il avait fait des études de latin, grec, d’ingénierie civile, de philosophie, théologie, sciences, journalisme comparé et économie politique. Il fut le directeur du département de communication sociale de sa congrégation.

Deux de ses œuvres ont été publiées. La première rassemble 58 textes écrits entre 1974 et 2006 dans lesquels il exprime ses positions en faveur de la non-violence active et de son opposition déterminée à la belligérance impérialiste. Il admire Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King et Dorothy Day. Dans la deuxième « Oraisons et monologues » écrit entre 2006 et 2010 il expose ses pensées philosophiques et théologiques.

Mais revenons sur sa vie de militant. Après son ordination comme prêtre à New York en 1961, il adhère rapidement à la Théologie de la Libération. Sa collaboration avec le FSLN débuta en 1975 avec un comité de solidarité aux Etats-Unis.

Après le triomphe de la Révolution sandiniste, la Junte de Reconstruction Nationale fit appel à lui pour la charge de ministre des affaires étrangères qu’il exerça pendant toute la période du premier gouvernement sandiniste de 1980 à 1990. Après le retour au pouvoir de Daniel Ortega en janvier 2007, il exerça les fonctions d’assesseur des affaires limitrophes et des relations internationales.

D’Escoto n’était pas le seul prêtre au gouvernement. Ernesto Cardenal fut Ministre de la Culture, son frère Fernando Ministre de l’Education. C’est ce dernier qui avait dirigé la fameuse campagne d’alphabétisation. Tous furent sanctionnés sévèrement par le Vatican.

L’attitude du pape Jean-Paul II lors de sa visite à Managua, le 14 mars 1983 fut particulièrement scandaleuse. Le gouvernement, bien que qualifié de communiste et anticlérical, était venu à l’aéroport pour accueillir le pape. Après un discours de bienvenue, le président Daniel Ortega emmena le pape auprès des membres du gouvernement. Jean-Paul II souhaita les saluer un par un. Arrivé près d’Ernesto Cardenal, celui-ci enleva son fameux béret, s’agenouilla. Avec des gestes énergiques de la main droite, le pape le réprimanda à deux reprises : « Régularise ta position avec l’Eglise » La photo de cette réprimande et humiliation publique fit le tout du monde.

Fernando Cardenal, sur pression de Jean-Paul II, fut également exclu de la Compagnie de Jésus. Voici sa réponse à cette décision : « Il est possible que je me trompe comme jésuite et comme ministre, mais laissez-moi me tromper en faveur des pauvres, parce que l’Eglise s’est trompée pendant des siècles en faveur des riches. »