Un groupe d’indigènes Rama au CDI Eduardo Contreras

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Par l’intermédiaire de l’Association d’éducation populaire Carlos Fonseca, une ONG fondée en 199O, après la défaite électorale du FSLN, dont l’objectif est de promouvoir l’effort d’alphabétisation de toute la population afin d’améliorer les conditions de vie, un groupe de 5 femmes et 3 hommes de Rama Caye ont été invités au CDI pour participer à des ateliers d’artisanat.

(Le sélecteur des médias n'a pas accepté les photos que j'ai reçu du groupe des indigènes Rama, je regrette. Ruth)



Les Ramas sont la minorité ethnique du Nicaragua. Sa population ne compte plus qu’environ 2000 personnes et peu parmi elles parlent encore leur langue.

Le groupe vient de la plus grande île de la Bahia de Bluefields (RAAS Région Autonome de l’Atlantique Sud) à l’embouchure du Rio Kukra. Rama Cay est constituée de deux îles mitoyennes reliées par une voie composée de coquilles d’huitres. Elle abrite près de 900 Ramas, des autochtones qui vivent dans des maisons de bois sur pilotis, couvertes de palmes ou tôles ondulées. La population est jeune : plus de 60% ont moins de 25 ans. Parfois plus de 20 personnes vivent ensemble sous le même toit.

Cette communauté vit dans cette région depuis 500 ans. Elle a un gouvernement autonome formé par un Conseil d’Anciens. L’île abrite une église morave construite en 1856. Il y a très peu d’activités génératrices de revenu en dehors de la pêche. C’est pour cela que le groupe est venue à Managua afin d’apprendre des techniques d’artisanat utilisant les ressources de leur île. Ainsi ils ont pu avoir des contacts avec les artisans de Masaya, et apprendre la technique de tissage du bambou pour faire des corbeilles etc.

Les Ramas vivent surtout de la pêche artisanale. Ils cultivent le cacao, les bananes, les ananas, les oranges, les fruits de l’arbre à pain, les noix de coco, du maïs, mais surtout des tubercules comme le manioc, le » malanga », le « quequisque » La cuisine des Caraïbes se distingue de celle de la Côte Pacifique. Ils élèvent des poules, des dindes et des cochons. Les Ramas ont assimilé la culture métisse et parlent le créole anglais et l’espagnol promu par l’Etat. Sur l’île se trouvent deux écoles bilingues.

Depuis 20 ans des efforts sont faits pour revitaliser et promouvoir la langue rama en tant que langue de culture, avec l’appui de l’Université URACCAN. La grammaire de cette langue s’apparente au groupe de langues chibcha de la Colombie. Les Ramas ont en grande partie perdu leur culture ancestrale. Toutefois il y a un regain d’intérêt aussi bien pour la langue que pour certaines coutumes. Ils continuent à élaborer des arcs et des flèches non seulement pour la chasse, mais aussi comme loisir culturel.

Dans la mythologie de la mort des Ramas on rencontre une cosmogonie similaire de celle des Miskitos et Mayangnas. L’esprit du mort va rencontrer un grand chien appelé Tansun Tara qui laissera passer les âmes de ceux qui ont respecté les règles de la communauté, mais vont dévorer les autres. Les terres ancestrales des Ramas ont fait l’objet d’un recensement pendant plusieurs années, une carte a été établie avec les noms d’origine et Daniel Ortega leur a remis les titres de propriété en 2010.

Rappelons que le Nicaragua est un état multiethnique, multilinguistique et multiculturel et que les deux régions de la Côte Caribéenne sont autonomes.