samedi 12 janvier 2019

Nicaragua et les limites de la tolérance

Les autorités nicaraguayennes ont fait preuve d’une retenue remarquable face à l’assaut permanent des médias et ONG locaux, ce qui contraste nettement avec des cas aux États-Unis, tels que les attaques notoires perpétrées dans les années 1980 contre des organisations noires et autochtones, ou plus récentes contre Wikileaks et Julian Assange.

Par Stephen Sefton

Pendant trois mois à compter du 18 avril de 2018, l’opposition politique nicaraguayenne et ses alliés ont terrorisé la population à travers le pays. Lors d’attaques bien coordonnées, utilisant des armes à feu et des incendies criminels, ils ont détruit ou gravement endommagé les bureaux du gouvernement central et des autorités locales dans plus d’une douzaine de villes. Ils ont attaqué des ambulances, envahi des hôpitaux et des écoles et détruit des centaines d’entreprises et de maisons privées. Ils ont tué au moins deux cents personnes. Leurs militants armés et leurs délinquants rémunérés ont extorqué ou intimidé quiconque tentait de franchir les centaines de barrages routiers et barricades qu’ils avaient érigés. Ils ont abusé et torturé des centaines de personnes identifiées comme des partisans du gouvernement.

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Honduras

LE JOURNAL NOTRE AMERIQUE

DECEMBRE 2018 – JANVIER 2019 N° 40 / ANNEE V

REDACTEUR EN CHEF : ALEX ANFRUNS

Au Honduras, une foule en marche proteste contre la négation des Droits Humains

Depuis octobre 2018, les médias occidentaux se font l'écho d'un phénomène migratoire de grande ampleur parti du Honduras vers les États-Unis. Le mode opératoire est tout à fait contemporain puisque les migrants ont commencé à se regrouper à partir d'un appel lancé sur les réseaux sociaux. Les départs isolés sont très courants mais pour la première fois une migration de masse s'est organisée, avec l'espoir qu'il serait plus facile de passer les frontières en groupe. Le 18 octobre une première vague de deux mille Honduriens quittent la ville de San Pedro Sula. D'autres vagues suivront, de même ampleur.

Par Christine Gillard

Dans le même temps, une manifestation de soutien aux migrants a réuni quelques mille cinq cents personnes à Tegucigalpa, car ceux qui ne sont pas partis, le feront sans doute un jour, peut-être même leur famille est-elle déjà partie.

Pour remettre ce phénomène migratoire hondurien dans son contexte nous rappellerons quelques données économiques sociales et politiques avant de nous intéresser à la spécificité du phénomène : la migration en groupe.

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mardi 18 septembre 2018

Lettre d’info automne 2018

Bonjour,

L’irruption de la violence le 18 avril au Nicaragua nous a tous pris au dépourvu. Nous avons eu beaucoup de mal à comprendre.

Tout de suite il y a eu une avalanche d’informations terrifiantes, tel Ortega, dictateur qui massacre son peuple etc. Là, je me suis dit qu’il y a vraiment un problème car je connais quand-même ce pays depuis plus de 30 ans. Bien sûr nous avons eu des contacts suivis avec nos amis. Le premier témoignage de Rosario fut accablant et elle s’indigne que les associations des droits humains, les ambassades d’Allemagne et de France défendant seulement ceux qui protestent sans prendre en compte les assassinats de combattants historiques et toutes les atrocités des opposants, ni du rôle joué par une partie de la hiérarchie catholique. Elle écrit : « notre gouvernement n’est sans doute pas parfait, mais nous allions de l’avant et nous étions en paix » Et elle termine sa lettre : « C’est triste ce que nous vivons, mais nous ne nous rendrons pas et continuerons à défendre nos idéaux. »

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samedi 15 septembre 2018

LES PROGRAMMES EDUCATIFS DMMT septembre 2018

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Au mois d’avril 2018 notre pays a souffert d’une crise sociopolitique dont l’objectif principal était de renverser le Président Daniel Ortega. Des groupes de partis politiques de la droite ont manipulé la population civile et étudiante provoquant le chaos dans tous les secteurs, installant une guerre cybernétique appelée « coup d’Etat doux » et utilisant des techniques psychologiques qui ont créé de la peur au sein de la population.

Durant les mois d’avril, mai et juin, nous avons vécu une situation de grande violence et d’instabilité qui a affecté beaucoup l’année scolaire. Celle-ci a été interrompue dans certains établissements pour assurer la sécurité des élèves et à cause de l’absence des professeurs vivant dans des lieux en zones rurales et urbaines où les barrages et barricades empêchaient la circulation des véhicules et des piétons.

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jeudi 23 août 2018

Résumé d’une interview avec Carlos Fonseca Teran

(vice-secrétaire de relations internationales du FSLN)

… « La meilleure façon d’être préparé face à d’éventuelles nouvelles tentatives de déstabilisation, c’est d’approfondir le modèle de participation populaire dans les décisions du gouvernement. Si nous avions réussi à développer ce modèle politique pour la réforme de la sécurité sociale par exemple, la population après avoir été suffisamment informée, aurait pu la faire sienne et la manipulation consistant à présenter cette réforme comme le contraire de ce qu’elle était en réalité n’aurait pas pu avoir lieu et on aurait pu éviter les violences auxquelles nous avons assisté et qui ont affecté tout le monde.

Nous sommes à l’origine d’un accord entre les travailleurs, les entreprises privées et le gouvernement et on peut dire que pendant 10 ans cela été un succès puisque cela a permis d’augmenter le salaire minimum bien plus que durant la période précédente, cette dernière ayant d’ailleurs duré plus longtemps. Les travailleurs ont donc été les bénéficiaires de cet accord et celui-ci a eu aussi l’appui des entreprises.

Mais face au risque que les entrepreneurs rompent cet accord et qu’il puisse se passer quelque chose – puisque que c’est la première fois qu’une telle décision a été prise – nous aurions dû avoir un plan pour faire face à cette situation sur les plans politique et organisationnel et préparer des assemblées populaires. C’est pour cela que nous avons un besoin urgent de préserver la solidarité des autres peuples avec la révolution sandiniste face à toutes les tentatives de déstabilisation forgées notamment par l’impérialisme nord-américain.

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mercredi 22 août 2018

Quand les mensonges gagnent et se convertissent en réalité acceptée.

De Giorgio Trucchi – 31 -5 - 2018

La mobilisation « bleu et blanc » du 30 mai pour les mères des victimes des affrontements a été gigantesque. Parallèlement le gouvernement a convoqué les militants sandinistes à une célébration pour la fête des mères. Là aussi, il y eut foule, mais tous n’arrivèrent pas à la destination. La caravane de bus venant du nord du pays fut attaquée par des inconnus en armes.

Pendant que la marche « bleu et blanc » arrivait sans problèmes majeurs à destination à la UCA (Université d’Amérique Centrale – université jésuite), à moins d’un km de là, le président Ortega terminait son appel à la paix. C’est à ce moment que des groupes de manifestants « pacifiques » se sont approchés du nouveau stade national de baseball, et sont entrés en contact avec des jeunes sandinistes qui revenaient d’une activité. On voit alors sur les photos prises comment ces manifestants « pacifiques » chargèrent les armes et commencèrent à tirer, attaquant les installations du stade et les policiers qui protégeaient les lieux. Il y eut des morts et des blessés des deux côtés, dont deux jeunes militants sandinistes. L’affrontement dura de longues minutes, ensuite les groupes de l’opposition se sont retirés vers l’UCA où de milliers de personnes se trouvaient tranquillement. Et pendant que les premières barricades se levèrent près de l’université des Ingénieurs (UNI) à quelques centaines de mètres du stade, la plateforme « SOS Nicaragua » et d’autres similaires s’est se sont mis à occuper envahir l’espace médiatique et les réseaux sociaux de mensonges, enlevant aux médias officiels la possibilité de dire ce qui s’était réellement passé, transformant une fois de plus le Nicaragua en prisonnier d’une réalité fictive.

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La izquierda sobre Nicaragua (la gauche sur le Nicaragua)

– Jorge Capelan et Stephen Sefton – Tortilla con sal – 16 mai 2018 – extraits

En premier lieu, dans les légitimes manifestations pacifiques du 18 avril contre la réforme de la sécurité sociale, les revendications étaient biaisées, irrationnelles et mal informées. Presque immédiatement, la manifestation pacifique s’est détériorée en chocs affrontements entre groupes de manifestants et groupes de jeunes proches du gouvernement. La réponse de la police fut proportionnelle aux évènements.

Ensuite se sont les groupes de choc violents de l’opposition politique du pays dirigés principalement par le MRS, maintenant liés à l’extrême droite des Etats-Unis et bénéficiaires depuis des décennies du financement du gouvernement de ce pays et d’ONG’s, qui sont entrés en action.

Pendant les journées des 19, 20 et 21 avril, les groupes armés de l’opposition politique se sont mélangés aux étudiants et jeunes. Ils ont aussi intégré en leur sein des centaines de délinquants recrutés dans différentes villes pour intensifier les attaques. Ils ont attaqué tout type d’infrastructure avec des armes conventionnelles, artisanales et des cocktails Molotov. Depuis le début, les protestations ont été violentes.

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Les étudiants et la protestation

Introduction de Ruth, présidente d’INTI Solidarité Nicaragua :

Autant que je comprenais les revendications des étudiants il y a quelques années pour obtenir le que 6% du budget national du Nicaragua soit affecté au financement des universités ce qui fut effectivement obtenu, autant, j’ai de grandes difficultés à comprendre leur implication d’aujourd’hui dans la déstabilisation, la destruction des locaux et des équipements destinés à l’enseignement ainsi que dans le blocage de l’année universitaire.

C’est pour cette raison que je crois nécessaire de vous faire part de larges extraits de l’interview réalisée le 1er août 2018 par Alex Anfruna, journaliste, de Luis Manuel Andino Paiz, président de l’Union nationale des étudiants du Nicaragua (UNEN)

Rappel des faits

L’Université National Autonome du Nicaragua (UNAN-Managua) était occupée et des barricades érigées aux alentours depuis le mois de mai jusqu’au 13 juillet date à laquelle elle fut finalement évacuée par les forces de l’ordre, ce qui a donné lieu à quelques arrestations mais aussi à de nouvelles protestations de la part des étudiants

L’évacuation de l’Université UNAN eut lieu lorsque des personnes retranchées derrières ces barricades se mirent à attaquer avec violence des militants sandinistes célébrant le « repliegue » (repli de Managua à la ville de Masaya décidé par les forces sandinistes en lutte contre la « guardia » de Anastasio Somoza, peu de temps avant la victoire finale du 19 juillet 1979). On s’est aperçu alors que ces personnes n’étaient pas toutes des étudiants, loin s’en faut, mais étaient surtout composées de bande de délinquants (pandilleros) souvent sous l’emprise de la drogue. Quant aux étudiants présents, on peut dire qu’ils ont perdu de fait leur statut d’universitaire en participant au saccage voire à la complète destruction de certains locaux et des équipements qu’ils contenaient ou en s’en rendant complice.

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