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mardi 1 novembre 2016

La défense des semences en Amérique Latine : perspectives et défis

Par Javier Carrera – ALAI

En 1999, la FAO nous alerte que l’humanité avait perdu, au long du 20ième siècle, 75% de ses ressources phytogénétiques, c’est à dire, des semences dont nous avons hérité de nos ancêtres.

Il est arrivé dans l’histoire qu’une mutation ait couvert l’épis d’une seule enveloppe ce qui a facilité l’extraction du grain. Ces paysans ont alors semé les plantes présentant cette mutation. Petit à petit ils ont sélectionné des grains les plus grands. Puis ils découvrirent une nouvelle mutation qui doublait la taille du grain et et celle-ci continuait à augmenter. Après de nombreuses générations ces mutations se stabilisèrent. Une nouvelle espèce était née : le maïs.

Dans chaque petite vallée, les paysans adaptèrent la plante aux conditions locales du sol, du climat, des désastres : un processus qui pouvait nécessiter quelques années ou plusieurs décennies. De cette façon surgirent de nouvelles espèces de maïs. A l’arrivée des Européens, il existait dans les Amériques des milliers de variétés adaptés aux plus diverses conditions géographiques.

Des processus similaires se firent dans la création de toutes les espèces et variétés dont nous avons hérité : les pommes au Kazakhstan, des agrumes et le riz dans le Sud-est asiatique, le café en Éthiopie, le blé, l’orge et l’avoine en Mésopotamie, les choux en Europe, le raisin et les olives en Méditerranée, etc.

Une impressionnante diversité agricole, fruit du travail de millions de petits paysans, tout au long de milliers d’années.

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mercredi 6 juillet 2016

Le changement climatique assèche le Nicaragua

José Adan Silva – avril 2016

Extraits :

Une sécheresse de trois ans à laquelle s’ajoute une déforestation massive ont asséché la plupart des sources superficielles du Nicaragua de sorte que la population a de plus en plus de difficultés d’ accès à l’eau potable.

La détérioration environnementale de la Réserve Biologique Indio Maïz et les réserves naturelles Cerro Silva et Punta Gorda a été plus importante entre 2009 et 2011 que dans les 26 années précédentes.

Selon l’entreprise britannique ERM qui , à la demande du consortium chinois HKNP, a fait l’étude sur la faisabilité du canal, les grandes réserves naturelles du sud du pays ont perdu jusqu’à 40% de la couverture forestière entre 1983 et 2011.

L’impact de la sécheresse a déjà une forte influence sur l’économie et la sécurité alimentaire dans une grande partie du pays où un tiers de la population survit avec moins de 2 $ US par jour et où 20% sont sous-alimentés.

Les éleveurs de bétail sont très préoccupés par le manque d’eau.

L’Union des Producteurs agricoles calculait qu’en 2015 les pertes occasionnées par la sécheresse s’élevaient à 200 millions de $US

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vendredi 24 juin 2016

Le Grand Canal du Nicaragua est une concession imposée à un pays vaincu

Entretien de Bernard Duterme du CETRI (Centre d’Etudes Tricontinentales Louvain-la-Neuve – Belgique)

avec Manuel Ortega Hegg, Président de l’Académie des Sciences du Nicaragua (ASN) du 17 mars 2016

 Quelles sont les principales critiques de l’ASN sur le projet du Grand Canal ? N’a-t-il pas un rapport coût/bénéfice positif, n’est-il pas une opportunité unique de développement, de prospérité et d’enrichissement pour le Nicaragua comme l’affirment ses promoteurs ?

Entre 2013 et novembre 2015, l’ASN a réuni cinq forums interdisciplinaires et deux ateliers internationaux sur le projet du canal avec des spécialistes de la communauté scientifique nationale et internationale. L’opinion qui s’en est dégagée fut unanime : le projet n’a pas suivi les bonnes pratiques reconnues internationalement, il fait preuve depuis son approbation de sérieuses déficiences quant à l’information et aux analyses de ses effets et, s’il est réalisé sans correction, il peut provoquer un désastre écologique et social de grande ampleur pour le pays et pour toute la région centraméricaine.

Tout ceci découle directement de l’opacité du processus ayant abouti à la concession et de l’absence d’études rigoureuses sur les risques environnementaux et sociaux susceptibles de démontrer que le rapport coût/bénéfice sera effectivement positif.

Nous critiquons sévèrement l’absence de transparence dans la négociation sur la concession et sur l’adjudication de celle-ci en secret et sans appel d’offres public. Or, selon des experts indépendants, plusieurs éléments de cette concession violent les principes et les droits de la Constitution politique du Nicaragua ainsi que d’autres conventions internationales ratifiées par le pays, comme la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail qui protège les droits des peuples indigènes. De ce point de vue cette concession ne peut être que défavorable pour le pays.

Nous critiquons aussi la précipitation avec laquelle on veut mettre la concession en application sans donner ni l’information, ni l’espace, ni le temps nécessaire pour que les citoyens et l’investigation scientifique puissent donner leur point de vue de manière indépendante, ce qui serait susceptible d’améliorer la décision prise.

Nous déplorons que le président Daniel Ortega n’ait pas ouvert d’espaces pour le débat et que semble prévaloir l’appât du gain pour l’investisseur, de même que l’agenda politique du gouvernement dominé par le FSLN qui semble pressé d’éveiller du rêve dans l’électorat à la veille des élections présidentielles de novembre 2016. Tout cela sans prendre en compte les risques écologiques, environnementaux et sociaux qui peuvent se révéler catastrophiques si le projet est réalisé dans la précipitation et sans les études rigoureuses et approfondies que requiert un projet de cette envergure.

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Nicaragua – Les déplacés du Canal

Voici un résumé d’un article de 18 pages de Wilfrido Mirando du 5 mai 2016 ( Confidencial & Conectas)

Plus de 120 000 personnes se verront affectées par la construction du canal.

Les journalistes ont parcouru la route où le canal devrait être construit. Ils ont commencé dans le département de Rivas. C’est à Brito que sera construite l’écluse. Les habitants ont vu arriver les chinois prenant des mesures des terres et des maisons. Ils sont très inquiets car la loi 84P établit dans son article 12 l’expropriation de n’importe quelle propriété dont le concessionnaire a besoin et ceux qui s’opposent peuvent seulement discuter le prix de l’indemnisation. Rien que dans cette région 7117 habitants se verraient affectés par ce projet.

Les paysans se sentent trahis par le gouvernement puis que la loi d’expropriation fut attribuée à Wang Jing, l’entrepreneur chinois, chargé du projet.

Lors des premières incursions de fonctionnaires de l’entreprise HKND, accompagnés d’effectifs de la police et de l’armée, d’un représentant du procureur, les habitants ont jeté des pierres sur une camionnette.

Une majorité d’habitants refuse de quitter ce lieu magnifique proche des plages où leurs ancêtres ont vécu.

Et même avec une indemnisation, personne ne dit où ils pourraient s’installer.

Ils vivent dans une attente qui les angoisse. Certains habitants ont dû interrompre la construction ou la réparation de leurs maisons.

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vendredi 25 mars 2016

Honduras

Les enfants de la mauvaise herbe. Pour Berta Caceres

Olivier Herrera Marin

« Dans nos cosmovisions nous sommes des êtres surgis de la terre, de l’eau et du maïs. Des rivières nous sommes des gardiens ancestraux, de plus le peuple Lenca est protégé par les esprits des filles qui nous apprennent à donner la vie sous de multiples formes, défendre des rivières signifie donner la vie pour le bien de l’humanité et cette planète »

Paroles de Berta Caceres à la réception du Prix Goldman, 2O15

La Terre est la mère féconde de tous les femmes et les hommes. Au commencement il y avait le soleil et la terre, les mers et le vent, la pluie et les rivières, puis vinrent la semence et le feu, le lait et le pain de maïs. Et les femmes ont donné naissances à des filles et des fils qui se sont dispersés en long et en large de la Pacha Mama peuplant toutes les terres, les vallées et les montagnes de la Terre.

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lundi 14 décembre 2015

Nicaragua octobre-novembre 2015 – Quelques impressions :

Première impression en traversant Managua la nuit : ces « arboles de la vida » (arbres de vie), ces immenses structures métalliques illuminées, admirés par les uns, fortement contestés par les autres, surtout à cause de leur coût et leur nombre toujours croissant.

Managua n’est pas une belle ville, mais c’est la capitale la plus verte d’Amérique Centrale avec de magnifiques arbres, des vrais !

arbol_de_la_vida.jpg

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vendredi 11 décembre 2015

Changement climatique et agriculture

Le cas du Nicaragua

Rencontre avec Javier PASQUIER, ingénieur agronome nicaraguayen,

représentant la FECODESA, l’une des 5 fédérations de coopératives agricoles, ainsi que les communautés indigènes de son pays

à la Conférence sur le changement climatique de Paris Le Bourget à partir du 7 décembre 2015

Samedi 12 décembre 2015 à la salle des fêtes du village du Châtelard de Bourg St Maurice

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samedi 18 juillet 2015

Le conuco vénézuélien

Thierry Deronne, Caracas, mai 2015

Le conuco vénézuélien est une variante du système traditionnel de production d’aliments en Amérique Latine. Basé sur le travail communautaire, la culture rotative et associé au troc. C’est la souveraineté alimentaire avant la lettre. Celle de la “milpa” en Amérique centrale, de la “chacra” au Pérou. C’est le conuco que les propriétaires coloniaux concédaient aux indigènes pour qu’ils puissent reproduire leur force de travail aux marges du “latifundio”.

La décroissance de l’agriculture vénézuélienne commença vers 1914 avec la culture du pétrole, sous la domination des États-Unis, jusqu’à ce que le capitalisme finisse par chasser vers les misérables barrios urbains la plupart des paysans, dépossédés de leurs moyens de subsistance. C’est la naissance d’une structure économique et sociale “rentière” et importatrice, qui se déclinera en populismes et clientélisme politiques, et qui étouffera le projet d’une nation agricole productive productive. Avec le sur-dimensionnement urbain comme centre d’hyper-consommation, la campagne vénézuélienne est devenue dans l’imaginaire le “monte y culebra” archaïque, régressif, méprisable.

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